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[13] Τό τε ἀξιόπιστον τῆς διαβολῆς οὐχ ὡς ἔτυχεν
ἐπινοοῦσιν, ἀλλ´ ἐν τούτῳ τὸ πᾶν αὐτοῖς ἐστιν
ἔργον δεδοικόσι τι προσάψαι ἀπῳδὸν ἢ καὶ
ἀλλότριον. ὡς γοῦν ἐπὶ πολὺ τὰ προσόντα τῷ
διαβαλλομένῳ πρὸς τὸ χεῖρον μεταβάλλοντες
οὐκ ἀπιθάνους ποιοῦνται τὰς κατηγορίας, οἷον
τὸν μὲν ἰατρὸν διαβάλλουσιν ὡς φαρμακέα, τὸν
πλούσιον δὲ ὡς τύραννον, τὸν τυραννικὸν δὲ ὡς
προδοτικόν.
| [13] Le délateur qui veut être cru n'invente rien au
hasard; c'est sur la vraisemblance qu'il concentre tous
ses efforts, dans la crainte de mêler à ses inventions
quelque trait discordant ou étranger. En général c'est
en forçant dans le mauvais sens les traits de caractère
de sa victime qu'il rend ses accusations croyables. C'est
ainsi qu'il diffame un médecin en le traitant d'empoisonneur,
un riche de tyran, un ministre de traître.
| [14] Ἐνίοτε μέντοι καὶ ὁ ἀκροώμενος αὐτὸς ὑποβάλλει
τῆς διαβολῆς τὰς ἀφορμάς, καὶ πρὸς τὸν
ἐκείνου τρόπον οἱ κακοήθεις αὐτοὶ ἁρμοζόμενοι
εὐστοχοῦσιν. ἢν μὲν γὰρ ζηλότυπον αὐτὸν ὄντα
ἴδωσι, Διένευσε, φασί, τῇ γυναικί σου παρὰ τὸ
δεῖπνον καὶ ἀπιδὼν ἐς αὐτὴν ἐστέναξε, καὶ ἡ
Στρατονίκη πρὸς αὐτὸν οὐ μάλα ἀηδῶς· καὶ ὅλως
ἐρωτικαί τινες καὶ μοιχικαὶ πρὸς αὐτὸν αἱ διαβολαί.
ἢν δὲ ποιητικὸς ᾖ καὶ ἐπὶ τούτῳ μέγα
φρονῇ, Μὰ Δί´ ἐχλεύασέ σου Φιλόξενος τὰ
ἔπη καὶ διέσυρε καὶ ἄμετρα εἶπεν αὐτὰ καὶ
κακοσύνθετα. πρὸς δὲ τὸν εὐσεβῆ καὶ φιλόθεον
ὡς ἄθεος καὶ ἀνόσιος ὁ φίλος διαβάλλεται καὶ
ὡς τὸ θεῖον παρωθούμενος καὶ τὴν πρόνοιαν
ἀρνούμενος· ὁ δὲ ἀκούσας εὐθὺς μύωπι διὰ
τοῦ ὠτὸς τυπεὶς διακέκαυται ὡς τὸ εἰκὸς καὶ ἀπέστραπται
τὸν φίλον οὐ περιμείνας τὸν ἀκριβῆ ἔλεγχον.
| [14] Parfois cependant, c'est celui qui écoute qui
fournit lui-même matière à la calomnie, et c'est en l'ajustant
à son caractère que ces diffamateurs touchent
leur but. Se sont-ils aperçus qu'il est jaloux : « Il a fait
signe à ta femme pendant le dîner, disent-ils, et après
l'avoir regardée fixement, il a poussé un soupir, et
Stratonice l'a vu sans déplaisir. » En général, c'est
d'aventures d'amour et d'adultères qu'ils accusent le
malheureux. Si le roi a du talent pour la poésie et s'en
fait une haute idée : « Par Zeus, disent-ils, Philoxène
a ri de tes vers, il les a abîmés et a déclaré qu'ils manquaient
à la mesure et qu'ils étaient mal composés".
Devant un prince pieux et qui aime les dieux, les délateurs
accusent le favori d'être athée, de rejeter la divinité
et de nier la providence. En entendant cela, le roi, comme
s'il avait été piqué par un taon dans l'oreille, s'enflamme
naturellement de colère et se détourne de son ami, sans
attendre que l'accusation soit exactement prouvée.
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