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[4] ἐπεὶ δὲ πλησίον ἐγένοντο καὶ εἶδον ἀλλήλους,
οἱ μὲν Ἰνδοὶ προτάξαντες τοὺς ἐλέφαντας
ἐπῆγον τὴν φάλαγγα, ὁ Διόνυσος δὲ τὸ μέσον
μὲν αὐτὸς εἶχε, τοῦ κέρως δὲ αὐτῷ τοῦ δεξιοῦ μὲν
ὁ Σιληνός, τοῦ εὐωνύμου δὲ ὁ Πὰν ἡγοῦντο·
λοχαγοὶ δὲ καὶ ταξίαρχοι οἱ Σάτυροι ἐγκαθειστήκεσαν·
καὶ τὸ μὲν σύνθημα ἦν ἅπασι τὸ εὐοῖ.
εὐθὺς δὲ τὰ τύμπανα ἐπαταγεῖτο καὶ τὰ κύμβαλα
τὸ πολεμικὸν ἐσήμαινε καὶ τῶν Σατύρων τις
λαβὼν τὸ κέρας ἐπηύλει τὸ ὄρθιον καὶ ὁ τοῦ
Σιληνοῦ ὄνος ἐνυάλιόν τι ὠγκήσατο καὶ αἱ
Μαινάδες σὺν ὀλολυγῇ ἐνεπήδησαν αὐτοῖς δράκοντας
ὑπεζωσμέναι κἀκ τῶν θύρσων ἄκρων ἀπογυμνοῦσαι
τὸν σίδηρον. οἱ Ἰνδοὶ δὲ καὶ οἱ
ἐλέφαντες αὐτῶν αὐτίκα ἐγκλίναντες σὺν οὐδενὶ
κόσμῳ ἔφευγον οὐδ´ ἐντὸς βέλους γενέσθαι
ὑπομείναντες, καὶ τέλος κατὰ κράτος ἑαλώκεσαν
καὶ αἰχμάλωτοι ἀπήγοντο ὑπὸ τῶν τέως καταγελωμένων,
ἔργῳ μαθόντες ὡς οὐκ ἐχρῆν ἀπὸ τῆς
πρώτης ἀκοῆς καταφρονεῖν ξένων στρατοπέδων.
| [4] Quand les deux partis se sont rapprochés et mis en présence, les
Indiens placent les éléphants sur leur front de bandière, et les appuient de la
phalange. Bacchus, de son côté, se place au centre de ses troupes, tandis
que Silène commande l'aile droite et Pan l'aile gauche. Les Satyres
remplissent les fonctions de lochages et de taxiarques. Le cri de guerre
général est : "Évohé !" Tout à coup le tambour résonne, les cymbales font
entendre un bruit guerrier. Un des Satyres, prenant une corne, sonne le
nome orthien. L'âne de Silène se met à braire d'un ton martial. Les
Ménades, ceintes de serpents, bondissent en hurlant, et mettent à nu le fer
de leurs thyrses. Les Indiens et leurs éléphants ploient bientôt et prennent la
fuite en désordre, sans oser s'avancer à la portée du trait. Enfin, ils sont
complètement vaincus et emmenés prisonniers par ceux mêmes dont ils se
moquaient tout à l'heure, apprenant par cette issue qu'il ne faut jamais
mépriser, sur le bruit de la renommée, des troupes que l'on ne connaît pas.
| [5] Ἀλλὰ τί πρὸς τὸν Διόνυσον ὁ Διόνυσος
οὗτος; εἴποι τις ἄν. ὅτι μοι δοκοῦσι—καὶ πρὸς
Χαρίτων μή με κορυβαντιᾶν ἢ τελέως μεθύειν
ὑπολάβητε, εἰ τἀμὰ εἰκάζω τοῖς θεοῖς—ὅμοιόν τι
πάσχειν οἱ πολλοὶ πρὸς τοὺς καινοὺς τῶν λόγων
τοῖς Ἰνδοῖς ἐκείνοις, οἷον καὶ πρὸς τοὺς ἐμούς·
οἰόμενοι γὰρ σατυρικὰ καὶ γελοῖά τινα καὶ κομιδῇ
κωμικὰ παρ´ ἡμῶν ἀκούσεσθαι—τοιαῦτα γὰρ πεπιστεύκασιν,
οὐκ οἶδ´ ὅ τι δόξαν αὐτοῖς ὑπὲρ ἐμοῦ
—οἱ μὲν οὐδὲ τὴν ἀρχὴν ἀφικνοῦνται, ὡς οὐδὲν
δέον παρέχειν τὰ ὦτα κώμοις γυναικείοις καὶ σκιρτήμασι
σατυρικοῖς καταβάντας ἀπὸ τῶν ἐλεφάντων,
οἱ δὲ ὡς ἐπὶ τοιοῦτό τι ἥκοντες ἀντὶ τοῦ
κιττοῦ σίδηρον εὑρόντες οὐδ´ οὕτως ἐπαινεῖν
τολμῶσι τῷ παραδόξῳ τοῦ πράγματος τεθορυβημένοι.
ἀλλὰ θαρρῶν ἐπαγγέλλομαι αὐτοῖς,
ὅτι ἢν καὶ νῦν ὡς πρότερόν ποτε τὴν τελετὴν
ἐθελήσωσιν ἐπιδεῖν πολλάκις καὶ ἀναμνησθῶσιν
οἱ παλαιοὶ συμπόται κώμων κοινῶν τῶν τότε
καιρῶν καὶ μὴ καταφρονήσωσιν τῶν Σατύρων
καὶ Σιληνῶν, πίωσι δὲ ἐς κόρον τοῦ κρατῆρος
τούτου, ἔτι βακχεύσειν καὶ αὐτοὺς καὶ πολλάκις
μεθ´ ἡμῶν ἐρεῖν τὸ εὐοῖ.
| [5] Mais que fait à Bacchus ce conte bachique ? dira-t-on. Le voici, et ne
me croyez pas, au nom des Grâces, agité de la folie des Corybantes ou
plongé dans l'ivresse, si je compare mes oeuvres à celles des dieux ! Il me
semble que la plupart des auditeurs, auxquels on annonce quelques
nouvelles compositions, les miennes par exemple, font absolument comme
les Indiens. Ils s'imaginent que je débite des pièces satyriques, plaisantes,
vraiment comiques, croient ce qu'on leur dit sans examen, et se font de moi
je ne sais quelle opinion. Les uns s'abstiennent de venir à mes séances, et,
dédaignant de prêter l'oreille à des folies de Bacchantes, à des danses de
Satyres, ne descendent pas de leurs éléphants ; d'autres attirés par ces
objets mêmes, sont tout étonnés de trouver à la place du pampre une pointe
de fer, et, troublés de cette découverte inattendue, n'osent plus revenir. Moi,
je leur annonce en toute confiance que, s'ils veulent encore aujourd'hui être
initiés comme autrefois à nos mystères, si mes anciens convives se
rappellent la gaieté qui régnait dans nos festins, et si, sans mépriser les
Satyres et les Silènes, ils veulent boire dans cette coupe jusqu'à l'ivresse,
remplis à leur tour de l'esprit de Bacchus, ils s’écrieront souvent avec moi :
"Évohé !"
| [6] οὗτοι μὲν οὖν—ἐλεύθερον
γὰρ ἀκοή—ποιούντων ὅ τι καὶ φίλον.
Ἐγὼ δέ, ἐπειδήπερ ἔτι ἐν Ἰνδοῖς ἐσμέν, ἐθέλω
καὶ ἄλλο ὑμῖν διηγήσασθαί τι τῶν ἐκεῖθεν, οὐκ
ἀπροσδιόνυσον οὐδ´ αὐτό, οὐδ´ ὧν ποιοῦμεν ἀλλότριον.
ἐν Ἰνδοῖς τοῖς Μαχλαίοις, οἳ τὰ λαιὰ τοῦ
Ἰνδοῦ ποταμοῦ, εἰ κατὰ ῥοῦν αὐτοῦ βλέποις,
ἐπινεμόμενοι μέχρι πρὸς τὸν Ὠκεανὸν καθήκουσι,
παρὰ τούτοις ἄλσος ἐστὶν ἐν περιφράκτῳ, οὐ
πάνυ μεγάλῳ χωρίῳ, συνηρεφεῖ δέ· κιττὸς γὰρ
πολὺς καὶ ἄμπελοι σύσκιον αὐτὸ ἀκριβῶς ποιοῦσιν.
ἐνταῦθα πηγαί εἰσι τρεῖς καλλίστου καὶ
διειδεστάτου ὕδατος, ἡ μὲν Σατύρων, ἡ δὲ Πανός,
ἡ δὲ Σιληνοῦ. καὶ εἰσέρχονται εἰς αὐτὸ οἱ Ἰνδοὶ
ἅπαξ τοῦ ἔτους ἑορτάζοντες τῷ θεῷ, καὶ πίνουσι
τῶν πηγῶν, οὐχ ἁπασῶν ἅπαντες, ἀλλὰ καθ´
ἡλικίαν, τὰ μὲν μειράκια τῆς τῶν Σατύρων, οἱ
ἄνδρες δὲ τῆς Πανικῆς, τῆς δὲ τοῦ Σιληνοῦ οἱ κατ´
ἐμέ.
| [6] Ils en feront, du reste, tout ce qui leur plaira. L'audition est libre. Mais,
puisque nous sommes dans les Indes, je veux encore vous raconter une des
merveilles du pays. Elle n'est pas étrangère à Bacchus et rentre parfaitement
dans notre sujet. Chez les Indiens Machlées, qui occupent la rive gauche du
fleuve Indus, si vous considérez la direction de son cours, et qui descendent
jusqu'à l'Océan, il est un bois sacré renfermé dans une enceinte. Son
étendue n'est pas considérable, mais il est touffu, le lierre et la vigne y
forment un épais ombrage. Dans ce bois sont trois sources d'une eau fort
belle et fort limpide, l'une consacrée aux Satyres, l'autre à Pan, la troisième à
Silène. Tous les ans, les Indiens se rendent dans ce bois, afin d'y célébrer la
fête de Bacchus, et ils boivent à ces fontaines, non pas indistinctement, mais
chacun suivant son âge, les jeunes gens à la fontaine des Satyres, les
hommes faits à celle de Pan, et les vieillards de mon âge à celle de Silène.
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