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[12] ΜΩΜΟΣ.
Τὸν Τροφώνιον, ὦ Ζεῦ, καὶ ὃ μάλιστά με
ἀποπνίγει, τὸν Ἀμφίλοχον, ὃς ἐναγοῦς ἀνθρώπου
καὶ μητρολῴου υἱὸς ὢν μαντεύεται ὁ γενναῖος ἐν
Κιλικίᾳ, ψευδόμενος τὰ πολλὰ καὶ γοητεύων τοῖν
δυοῖν ὀβολοῖν ἕνεκα. τοιγαροῦν οὐκέτι σύ, ὦ
Ἄπολλον, εὐδοκιμεῖς, ἀλλὰ ἤδη πᾶς λίθος καὶ
πᾶς βωμὸς χρησμῳδεῖ, ὃς ἂν ἐλαίῳ περιχυθῇ καὶ
στεφάνους ἔχῃ καὶ γόητος ἀνδρὸς εὐπορήσῃ,
οἷοι πολλοί εἰσιν. ἤδη καὶ ὁ Πολυδάμαντος
τοῦ ἀθλητοῦ ἀνδριὰς ἰᾶται τοὺς πυρέττοντας ἐν
Ὀλυμπίᾳ καὶ ὁ Θεαγένους ἐν Θάσῳ, καὶ Ἕκτορι
θύουσιν ἐν Ἰλίῳ καὶ Πρωτεσιλάῳ καταντικρὺ ἐν
Χερρονήσῳ. ἀφ´ οὗ δ´ οὖν τοσοῦτοι γεγόναμεν,
ἐπιδέδωκε μᾶλλον ἡ ἐπιορκία καὶ ἱεροσυλία, καὶ
ὅλως καταπεφρονήκασιν ἡμῶν—εὖ ποιοῦντες.
| [12] MOMUS. Alors parlons de Trophonius, Jupiter, et, ce qui
me dépite encore davantage, d'Amphiloque, qui, fils d'un
scélérat, meurtrier de sa mère, est mis au rang des dieux et
rend des oracles en Cilicie, avec force mensonges, tours de
passe-passe, le tout pour deux oboles. Depuis ce moment,
Apollon, tu perds ta célébrité ; il n'y a pas de pierre d'autel
arrosé d'huile ou couronné de fleurs, qui ne rende des oracles,
dès qu'il a trouvé son charlatan, et il n'en manque pas. La
statue de l'athlète Polydamas guérit les fiévreux à Olympie, et
celle de Théagène à Thase ; dans Ilion, on sacrifie à Hector, et
en face, dans la Chersonèse, à Protésilas. Aussi, depuis que
nous sommes devenus si nombreux, les parjures et les
sacrilèges se sont multipliés, nous en sommes en butte au
mépris des hommes, et ils ont raison.
| [13] Καὶ ταῦτα μὲν περὶ τῶν νόθων καὶ παρεγγράπτων.
ἐγὼ δὲ καὶ ξένα ὀνόματα πολλὰ
ἤδη ἀκούων οὔτε ὄντων τινῶν παρ´ ἡμῖν οὔτε
συστῆναι ὅλως δυναμένων, πάνυ, ὦ Ζεῦ, καὶ ἐπὶ
τούτοις γελῶ. ἢ ποῦ γάρ ἐστιν ἡ πολυθρύλητος
ἀρετὴ καὶ φύσις καὶ εἱμαρμένη καὶ τύχη, ἀνυπόστατα
καὶ κενὰ πραγμάτων ὀνόματα ὑπὸ βλακῶν
ἀνθρώπων τῶν φιλοσόφων ἐπινοηθέντα; καὶ
ὅμως αὐτοσχέδια ὄντα οὕτω τοὺς ἀνοήτους πέπεικεν,
ὥστε οὐδεὶς ἡμῖν οὐδὲ θύειν βούλεται, εἰδὼς
ὅτι, κἂν μυρίας ἑκατόμβας παραστήσῃ, ὅμως τὴν
τύχην πράξουσαν τὰ μεμοιραμένα καὶ ἃ ἐξ ἀρχῆς
ἑκάστῳ ἐπεκλώσθη. ἡδέως ἂν οὖν ἐροίμην σε,
ὦ Ζεῦ, εἴ που εἶδες ἢ ἀρετὴν ἢ φύσιν ἢ εἱμαρμένην;
ὅτι μὲν γὰρ ἀεὶ καὶ σὺ ἀκούεις ἐν ταῖς τῶν φιλοσόφων
διατριβαῖς, οἶδα, εἰ μὴ καὶ κωφός τις
εἶ, ὡς βοώντων αὐτῶν μὴ ἐπαΐειν.
Πολλὰ ἔτι ἔχων εἰπεῖν καταπαύσω τὸν λόγον·
ὁρῶ γοῦν πολλοὺς ἀχθομένους μοι λέγοντι καὶ
συρίττοντας, ἐκείνους μάλιστα ὧν καθήψατο ἡ
παρρησία τῶν λόγων.
| [13] Voilà ce que j'avais à dire au sujet des dieux bâtards et
indûment inscrits. Mais quels sont encore ces noms étrangers
que j'entends prononcer tous les jours, dont les objets ne sont
point parmi nous et ne peuvent pas même subsister ?
Vraiment, Jupiter, je ne puis m'empêcher d'en rire. Où donc est
cette vertu si vantée, et la Nature, et le Destin, et la Fortune,
noms illusoires et vides de sens, inventés par quelques
philosophes stupides ? Cependant ces noms, pris au hasard,
imposent tellement aux imbéciles, qu'aucun homme ne veut
plus nous offrir de sacrifices, convaincu que, nous immolât-il
dix mille hécatombes, la Fortune n'accomplira pas moins les
arrêts du Destin et ce qui est filé à chacun par les fuseaux des
Parques. Je te demanderais volontiers, Jupiter, si tu as jamais
vu la Vertu, la Nature ou le Destin. Car je ne doute pas que tu
n'entendes souvent prononcer ces mots dans les discussions
des philosophes, et, à moins d'être sourd, il me semble que
leurs cris doivent arriver à tes oreilles. J'en pourrais dire bien
davantage, mais je m'arrête. Je vois que mes discours
offensent ici beaucoup d'auditeurs : quelques-uns même me
sifflent, surtout ceux qu'a blessés la liberté de mon langage.
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