HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur un appartement

Chapitre 1-4

  Chapitre 1-4

[0] ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΟΙΚΟΥ. [0] Sur un appartement.
[1] Εἶτα Ἀλέξανδρος μὲν ἐπεθύμησεν ἐν τῷ Κύδνῳ λούσασθαι καλόν τε καὶ διαυγῆ τὸν ποταμὸν ἰδὼν καὶ ἀσφαλῶς βαθὺν καὶ προσηνῶς ὀξὺν καὶ νήξασθαι ἡδὺν καὶ θέρους ὥρᾳ ψυχρόν, ὥστε καὶ ἐπὶ προδήλῳ τῇ νόσῳ ἣν ἐνόσησεν ἀπ´ αὐτοῦ, δοκεῖ μοι οὐκ ἂν τοῦ λουτροῦ ἀποσχέσθαι· οἶκον δέ τις ἰδὼν μεγέθει μέγιστον καὶ κάλλει κάλλιστον καὶ φωτὶ φαιδρότατον καὶ χρυσῷ στιλπνότατον καὶ γραφαῖς ἀνθηρότατον οὐκ ἂν ἐπιθυμήσειε λόγους ἐν αὐτῷ διαθέσθαι, εἰ τύχοι περὶ τούτους διατρίβων, καὶ ἐνευδοκιμῆσαι καὶ ἐλλαμπρύνασθαι καὶ βοῆς ἐμπλῆσαι καὶ ὡς ἔνι μάλιστα καὶ αὐτὸς μέρος τοῦ κάλλους αὐτοῦ γενέσθαι, ἀλλὰ περισκοπήσας ἀκριβῶς καὶ θαυμάσας μόνον ἄπεισι κωφὸν αὐτὸν καὶ ἄλογον καταλιπών, μήτε προσειπὼν μήτε προσομιλήσας, ὥσπερ τις ἄναυδος φθόνῳ σιωπᾶν ἐγνωκώς; [1] Ainsi Alexandre, eut envie de se baigner dans le Cydnus en voyant les eaux belles, transparentes, profondes sans danger, doucement rapides, agréables au nageur, fraîches pendant l'été. Si bien que, quand il aurait pu prévoir la maladie qui en fut la conséquence, il n'aurait pas, je crois, résisté au plaisir de se plonger dans ce bain. De même, à la vue d'un appartement vaste et magnifique, éclairé de la lumière la plus pure, où l'or étincelle de toutes parts, où la peinture étale la richesse de ses couleurs, quel est l'orateur de profession qui ne désirerait y prononcer quelque discours, s'y faire applaudir, s'y créer une réputation, le faire remplir de danseurs, et contribuer ainsi de tous ses moyens à l'embellir ? Qui pourrait, après un examen attentif de tant de merveilles laisser ce lieu muet, sans y faire entendre sa voix, sans lui adresser la parole, sans converser avec lui ? Il faudrait être privé soi-même de la faculté de parler ou réduit au silence par l'envie.
[2] Ἡράκλεις, οὐ φιλοκάλου τινὸς οὐδὲ περὶ τὰ εὐμορφότατα ἐρωτικοῦ τὸ ἔργον, ἀγροικία δὲ πολλὴ καὶ ἀπειροκαλία καὶ προσέτι γε ἀμουσία, τῶν ἡδίστων αὑτὸν ἀπαξιοῦν καὶ τῶν καλλίστων ἀποξενοῦν καὶ μὴ συνιέναι ὡς οὐχ αὐτὸς περὶ τὰ θεάματα νόμος ἰδιώταις τε καὶ πεπαιδευμένοις ἀνδράσιν, ἀλλὰ τοῖς μὲν ἀπόχρη τὸ κοινὸν τοῦτο, ἰδεῖν μόνον καὶ περιβλέψαι καὶ τὼ ὀφθαλμὼ περιενεγκεῖν καὶ πρὸς τὴν ὀροφὴν ἀνακῦψαι καὶ τὴν χεῖρα ἐπισεῖσαι καὶ καθ´ ἡσυχίαν ἡσθῆναι δέει τοῦ μὴ ἂν δυνηθῆναι ἄξιόν τι τῶν βλεπομένων εἰπεῖν, ὅστις δὲ μετὰ παιδείας ὁρᾷ τὰ καλά, οὐκ ἄν, οἶμαι, ἀγαπήσειεν ὄψει μόνῃ καρπωσάμενος τὸ τερπνὸν οὐδ´ ἂν ὑπομείναι ἄφωνος θεατὴς τοῦ κάλλους γενέσθαι, πειράσεται δὲ ὡς οἷόν τε καὶ ἐνδιατρῖψαι καὶ λόγῳ ἀμείψασθαι τὴν θέαν. [2] Par Hercule ! ce ne serait pas agir en artiste, en homme qui se passionne pour les chefs-d'œuvre ; il y aurait grossièreté, lourdeur, absence totale de goût pour les arts, aveu de son incompétence en fait de beauté, éloignement barbare pour tout ce qui est grand, ignorance de ce principe que les hommes sans culture ne peuvent pas juger de certains spectacles comme ceux qui sont instruits. Il suffit aux premiers d'ouvrir les yeux, de jeter autour d'eux et de promener partout leurs regards, de lever la tête vers la voûte, de remuer la main en signe d'approbation, d'admirer en silence dans la crainte d'exprimer des sentiments qui ne soient point à la hauteur des objets dont ils sont frappés. Mais l'homme instruit, qui considère cette vue admirable, ne se contente pas de cette jouissance des yeux ; il ne reste pas spectateur muet de ces beautés ; il essaye, de son mieux, de s'en pénétrer et de les exprimer par une parole reconnaissante.
[3] δὲ ἀμοιβὴ οὐκ ἔπαινος τοῦ οἴκου μόνοντοῦτο μὲν γὰρ ἴσως ἐκείνῳ τῷ νησιώτῃ μειρακίῳ ἔπρεπε, τὴν Μενελάου οἰκίαν ὑπερεκπεπλῆχθαι καὶ πρὸς τὰ ἐν οὐρανῷ καλὰ τὸν ἐλέφαντα καὶ τὸν χρυσὸν αὐτῆς ἀπεικάζειν, ἅτε μηδὲν ἐν γῇ καλόν τι ἄλλο ἑωρακότιἀλλὰ καὶ τὸ εἰπεῖν ἐν αὐτῷ καὶ τοὺς βελτίστους συγκαλέσαντα λόγων ἐπίδειξιν ποιήσασθαι μέρος τοῦ ἐπαίνου καὶ τοῦτο γένοιτο ἄν. Καὶ τὸ πρᾶγμα ὑπερήδιστον, οἶμαι, οἴκων κάλλιστος ἐς ὑποδοχὴν λόγων ἀναπεπταμένος καὶ ἐπαίνου καὶ εὐφημίας μεστὸς ὤν, ἠρέμα καὶ αὐτὸς ὥσπερ τὰ ἄντρα συνεπηχῶν καὶ τοῖς λεγομένοις παρακολουθῶν καὶ παρατείνων τὰ τελευταῖα τῆς φωνῆς καὶ τοῖς ὑστάτοις τῶν λόγων ἐμβραδύνων, μᾶλλον δὲ ὡς ἄν τις εὐμαθὴς ἀκροατὴς διαμνημονεύων τὰ εἰρημένα καὶ τὸν λέγοντα ἐπαινῶν καὶ ἀντίδοσιν οὐκ ἄμουσον ποιούμενος πρὸς αὐτά· οἷόν τι πάσχουσι πρὸς τὰ αὐλήματα τῶν ποιμένων αἱ σκοπιαὶ ἐπαυλοῦσαι, τῆς φωνῆς ἐπανιούσης κατὰ τὸ ἀντίτυπον καὶ πρὸς αὑτὴν ἀναστρεφούσης· οἱ δὲ ἰδιῶται νομίζουσι παρθένον τινὰ εἶναι τὴν ἀμειβομένην τοὺς ᾄδοντας βοῶντας, ἐν μέσοις που τοῖς κρημνοῖς κατοικοῦσαν καὶ λαλοῦσαν ἐκ τῶν πετρῶν ἔνδοθεν. [3] Ici la reconnaissance ne consiste pas seulement dans l'éloge. Cela pouvait suffire à ce jeune insulaire qui, frappé de la beauté du palais de Ménélas, comparait à l'éclat des cieux l'ivoire et l'or qu'il y voyait briller, comme s'il n'eût rien vu d'aussi beau sur la terre. Mais prononcer un discours dans cette demeure, y rassembler les auditeurs les plus distingués pour y déployer son talent oratoire, c'est faire en partie son éloge. Rien n'est plus agréable, à mon avis, que de voir l'appartement le plus magnifique, où les louanges et les expressions de la faveur se font entendre de toutes parts, s'ouvrir pour recevoir nos discours, et qui, sonore comme les antres profonds, répète nos paroles, prolonge les derniers accents de la voix, retarde la fin de chaque période ou plutôt, tel qu'un auditeur dont la mémoire est facile, retient tout ce que l'on dit, fait l'éloge de celui qui parle, et lui paye ainsi le tribut littéraire de sa reconnaissance. C'est ainsi que les rochers élevés répètent les accords des flûtes pastorales ; le son revient sur lui-même, renvoyé par l'écho, tandis que le vulgaire croit que c'est une jeune fille qui répond à ceux qui chantent ou qui crient, du fond des rochers où elle habite et d'où partent les paroles qu'elle envoie.
[4] Ἐμοὶ γοῦν δοκεῖ καὶ συνεξαίρεσθαι οἴκου πολυτελείᾳ τοῦ λέγοντος γνώμη καὶ πρὸς τοὺς λόγους ἐπεγείρεσθαι, καθάπερ τι καὶ ὑποβαλλούσης τῆς θέας· σχεδὸν γὰρ εἰσρεῖ τι διὰ τῶν ὀφθαλμῶν ἐπὶ τὴν ψυχὴν καλόν, εἶτα πρὸς αὑτὸ κοσμῆσαν ἐκπέμπει τοὺς λόγους. τῷ μὲν Ἀχιλλεῖ πιστεύομεν τὴν ὄψιν τῶν ὅπλων ἐπιτεῖναι κατὰ τῶν Φρυγῶν τὴν ὀργήν, καὶ ἐπεὶ ἐνέδυ αὐτὰ πειρώμενος, ἐπαρθῆναι καὶ πτερωθῆναι πρὸς τὴν τοῦ πολέμου ἐπιθυμίαν, λόγου δὲ σπουδὴν μὴ ἐπιτείνεσθαι πρὸς κάλλη χωρίων; καίτοι Σωκράτει μὲν ἀπέχρησε πλάτανος εὐφυὴς καὶ πόα εὐθαλὴς καὶ πηγὴ διαυγὴς μικρὸν ἀπὸ τοῦ Ἰλισσοῦ, κἀνταῦθα καθεζόμενος Φαίδρου τε τοῦ Μυρρινουσίου κατειρωνεύετο καὶ τὸν Λυσίου τοῦ Κεφάλου λόγον διήλεγχε καὶ τὰς Μούσας ἐκάλει, καὶ ἐπίστευεν ἥξειν αὐτὰς ἐπὶ τὴν ἐρημίαν συλληψομένας τῶν περὶ τοῦ ἔρωτος λόγων, καὶ οὐκ ᾐσχύνετο γέρων ἄνθρωπος παρακαλῶν παρθένους συνᾳσομένας τὰ παιδεραστικά. ἐς δὲ οὕτω καλὸν χωρίον οὐκ ἂν οἰόμεθα καὶ ἀκλήτους αὐτὰς ἐλθεῖν; [4] Il me semble que la magnificence de ces lieux élève le génie de l'orateur ; son éloquence s'éveille ; il se sent inspiré par ce spectacle. Presque toujours, en effet, la beauté passe des yeux jusqu'à l'âme qui la prend pour modèle et la reproduit dans les discours. Comment ! nous croirions qu'Achille, à la vue de ses armes, redoubla de fureur contre les Phrygiens, qu'à peine les eut-il revêtues pour les essayer, il se sentit une nouvelle ardeur et des ailes pour les combats ; et la beauté de cette demeure n'enflammerait pas le génie de l'orateur ? Il suffisait à Socrate d'être assis à l'ombre d'un beau platane, sur un gazon fleuri, près d'une source limpide, voisine de l'Ilissus, pour diriger la pointe délicate de son ironie contre Phèdre de Myrrhine, en lui montrant les défauts du discours de Lysias, fils de Céphalus. Il invoquait les Muses, convaincu qu'elles viendraient en ce lieu solitaire lui prêter assistance dans ses discussions sur l'amour. Il ne rougissait point, vieillard, d'inviter des vierges à prendre part à ces entretiens philopédiques. Et nous ne croirons pas que les Muses viendront d'elles-mêmes dans un si beau séjour ?


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Dernière mise à jour : 6/05/2009