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[17] Ἀπίωμεν δ´ οὖν. καὶ ὅπως μὴ καθάπερ νόμοις
προσέξεις οἷς ἂν λέγω πρὸς σέ, ὡς ἐξ ἅπαντος
πιστεύειν αὐτοῖς, ἀλλ´ ἔνθα ἄν σοι μὴ ὀρθῶς τι
λέγεσθαι δοκῇ, ἀντιλέγειν εὐθὺς καὶ διευθύνειν
τὸν λόγον. δυοῖν γὰρ θατέρου πάντως οὐκ ἂν
ἁμάρτοιμεν, ἢ σὲ βεβαίως πεισθῆναι ἐκχέαντα
ὁπόσα οἴει ἀντιλεκτέα εἶναι ἢ ἐμὲ ἀναδιδαχθῆναι
ὡς οὐκ ὀρθῶς γιγνώσκω περὶ αὐτῶν. καὶ ἐν
τούτῳ πᾶσα ἄν σοι ἡ πόλις ἡ Ἀθηναίων οὐκ
ἂν φθάνοι χάριν ὁμολογοῦσα· ὅσα γὰρ ἂν ἐμὲ
παιδεύσῃς καὶ μεταπείσῃς πρὸς τὸ βέλτιον,
ἐκείνην τὰ μέγιστα ἔσῃ ὠφεληκώς. οὐδὲν γὰρ
ἂν ἀποκρυψαίμην αὐτήν, ἀλλ´ εὐθὺς εἰς τὸ μέσον
καταθήσω φέρων καὶ καταστὰς ἐν τῇ πνυκὶ ἐρῶ
πρὸς ἅπαντας, "Ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἐγὼ μὲν ὑμῖν
ἔγραψα τοὺς νόμους οἵους ᾤμην ὠφελιμωτάτους
ἔσεσθαι τῇ πόλει, ὁ δὲ ξένος οὑτοσί"—δείξας σέ,
ὦ Ἀνάχαρσι—"Σκύθης μέν ἐστι, σοφὸς δὲ ὢν
μετεπαίδευσέ με καὶ ἄλλα βελτίω μαθήματα καὶ
ἐπιτηδεύματα ἐδιδάξατο· ὥστε εὐεργέτης ὑμῶν
ὁ ἀνὴρ ἀναγεγράφθω καὶ χαλκοῦν αὐτὸν ἀναστήσατε
παρὰ τοὺς ἐπωνύμους ἢ ἐν πόλει παρὰ τὴν
Ἀθηνᾶν." καὶ εὖ ἴσθι ὡς οὐκ αἰσχυνεῖται ἡ
Ἀθηναίων πόλις παρὰ βαρβάρου καὶ ξένου τὰ
συμφέροντα ἐκμανθάνοντες.
| [17] Mais allons nous mettre à l'ombre. Cependant
garde-toi d'écouter ce que je pourrai dire avec le respect
qu'on doit à des lois et d'y prêter une foi absolue; au
contraire, si tu entends quelque chose qui ne te paraîtra
pas juste, contredis-moi aussitôt et redresse mon
raisonnement. Par ce moyen nous atteindrons sûrement
un de ces deux avantages : ou bien tu seras fermement
persuadé, quand tu auras épuisé toutes les objections
que tu croiras devoir faire, ou j'aurai appris que mes
idées sur le sujet n'étaient pas justes. Et en ce cas,
Athènes entière ne tardera pas à te témoigner sa reconnaissance;
car, chaque fois que tu m'auras instruit et
converti à des vues meilleures, tu lui auras rendu les plus
grands services. Je ne puis en effet rien lui cacher; j'irai
tout de suite en faire part au public et, me rendant au
Pnyx, je dirai au peuple : « Athéniens, j'ai rédigé pour
vous les lois que j'ai jugées les plus utiles à l'État; mais
l'étranger que voici, et je te montrerai, Anacharsis, cet
étranger qui est scythe, mais rempli de sagesse, m'a fait
changer d'avis et m'a fait connaître des principes et des
institutions meilleurs. Inscrivez-le donc au rang de vos
bienfaiteurs et dressez-lui une statue d'airain à côté
des héros éponymes ou sur l'acropole, près d'Athéna.
Et sois sûr qu'Athènes ne rougira pas d'apprendre des
choses utiles d'un barbare et d'un étranger.
| [18] (ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ)
Τοῦτ´ ἐκεῖνο ἦν ἄρα, ὃ ἐγὼ περὶ ὑμῶν ἤκουον
τῶν Ἀθηναίων, ὡς εἴητε εἴρωνες ἐν τοῖς λόγοις.
ἐπεὶ πόθεν ἂν ἐγὼ νομὰς καὶ πλάνης ἄνθρωπος,
ἐφ´ ἁμάξης βεβιωκώς, ἄλλοτε ἄλλην γῆν ἀμείβων,
πόλιν δὲ οὔτε οἰκήσας πώποτε οὔτε ἄλλοτε
ἢ νῦν ἑωρακώς, περὶ πολιτείας διεξίοιμι καὶ
διδάσκοιμι αὐτόχθονας ἄνδρας πόλιν ταύτην
ἀρχαιοτάτην τοσούτοις ἤδη χρόνοις ἐν εὐνομίᾳ
κατῳκηκότας, καὶ μάλιστα σέ, ὦ Σόλων, ᾧ τοῦτο
ἐξ ἀρχῆς καὶ μάθημα, ὡς φασίν, ἐγένετο, ἐπίστασθαι
ὅπως ἂν ἄριστα πόλις οἰκοῖτο καὶ
οἷστισιν νόμοις χρωμένη εὐδαιμονήσειε; πλὴν
ἀλλὰ καὶ τοῦτο ὡς νομοθέτῃ πειστέον σοι, καὶ
ἀντερῶ ἤν τί μοι δοκῇ μὴ ὀρθῶς λέγεσθαι, ὡς
βεβαιότερον μάθοιμι.
Καὶ ἰδοὺ γὰρ ἤδη ἐκφυγόντες τὸν ἥλιον ἐν τῷ
συνηρεφεῖ ἐσμεν, καὶ καθέδρα μάλα ἡδεῖα καὶ
εὔκαιρος ἐπὶ ψυχροῦ τοῦ λίθου. λέγε οὖν τὸν
λόγον ἐξ ἀρχῆς καθ´ ὅ τι τοὺς νέους παραλαβόντες
ἐκ παίδων εὐθὺς διαπονεῖτε, καὶ ὅπως
ὑμῖν ἄριστοι ἄνδρες ἀποβαίνουσιν ἐκ τοῦ πηλοῦ
καὶ τῶν ἀσκημάτων τούτων, καὶ τί ἡ κόνις καὶ
τὰ κυβιστήματα συντελεῖ πρὸς ἀρετὴν αὐτοῖς.
τοῦτο γὰρ δὴ μάλιστα ἐξ ἀρχῆς εὐθὺς ἐπόθουν
ἀκοῦσαι· τὰ δ´ ἄλλα εἰς ὕστερον διδάξῃ με κατὰ
καιρὸν ἕκαστον ἐν τῷ μέρει. ἐκείνου μέντοι, ὦ
Σόλων, μέμνησό μοι παρὰ τὴν ῥῆσιν, ὅτι πρὸς
ἄνδρα βάρβαρον ἐρεῖς. λέγω δὲ ὡς μὴ περιπλέκῃς
μηδὲ ἀπομηκύνῃς τοὺς λόγους· δέδια γὰρ μὴ
ἐπιλανθάνωμαι τῶν πρώτων, εἰ τὰ μετὰ ταῦτα
πολλὰ ἐπιρρέοι.
| [18] (ANACHARSIS)
Voilà bien ce que j'avais entendu dire de vous
autres, Athéniens, que vos discours étaient toujours
ironiques. Car comment moi, un nomade, un vagabond,
qui ai passé ma vie sur un chariot, errant de contrée
en contrée, qui n'ai jamais habité de ville et n'en ai
jamais vu ailleurs qu'ici, comment pourrais-je discourir
sur la constitution d'un État et instruire un peuple
autochthone qui vit depuis tant de siècles sous une excellente
législation dans une ville si ancienne? Comment
t'instruire, toi surtout, Solon, qui dès l'enfance t'es fait,
dit-on, une étude de connaître les moyens de fonder
le meilleur gouvernement et les lois qu'un État doit
observer pour être heureux. Mais, au sujet de ce que tu
me demandes, comme en tout le reste, je t'obéirai comme
à un législateur et je te ferai mes objections, si tu dis
quelque chose qui ne me semble pas juste, afin de m'instruire
plus solidement. Mais vois, nous avons échappé
au soleil et à présent nous sommes à l'ombre, et voici
fort à propos un siège agréable sur cette pierre fraîche.
Remonte donc au commencement et dis-moi pourquoi,
prenant les jeunes gens dès l'enfance, vous les soumettez
aussitôt aux travaux et comment vous en faites des
hommes excellents avec la boue et les exercices dont
tu parles, et en quoi la poussière et les culbutes contribuent
à les former à la vertu. Voilà ce que je désirais le
plus apprendre dès le début; le reste, tu me l'enseigneras
plus tard, en traitant chaque question à son tour, quand
l'occasion s'en présentera. Seulement souviens-toi d'une
chose, Solon, en faisant ton discours, c'est que tu vas
parler à un barbare. Je te le dis pour que tu ne compliques
pas et n'allonges pas tes raisonnements; car
je craindrais d'avoir oublié les premiers, si tu les fais
suivre de longs développements.
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