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[15] (ΣΟΛΩΝ)
Τὰ μὲν πάντα οὐ ῥᾴδιον, ὦ ἑταῖρε, διελθεῖν ἐν
βραχεῖ, ἀλλὰ κατὰ μέρη ἐπιὼν εἴσῃ ἕκαστα, οἷα
μὲν περὶ θεῶν, οἷα δὲ περὶ γονέων ἢ περὶ γάμων
ἢ τῶν ἄλλων δοκεῖ ἡμῖν. ἃ δὲ περὶ τῶν νέων
γιγνώσκομεν καὶ ὅπως αὐτοῖς χρώμεθα, ἐπειδὰν
πρῶτον ἄρξωνται συνιέναι τε τοῦ βελτίονος καὶ
τῷ σώματι ἀνδρίζεσθαι καὶ ὑφίστασθαι τοὺς
πόνους, ταῦτα ἤδη σοι διέξειμι, ὡς μάθοις οὗτινος
χάριν τὰς ἀσκήσεις ταύτας προτεθείκαμεν αὐτοῖς
καὶ διαπονεῖν τὸ σῶμα καταναγκάζομεν, οὐ μόνον
ἕνεκα τῶν ἀγώνων, ὅπως τὰ ἆθλα δύναιντο ἀναιρεῖσθαι
—ἐπ´ ἐκεῖνα μὲν γὰρ ὀλίγοι πάνυ ἐξ ἁπάντων
χωροῦσιν—ἀλλὰ μεῖζόν τι ἁπάσῃ τῇ πόλει
ἀγαθὸν ἐκ τούτου καὶ αὐτοῖς ἐκείνοις προσκτώμενοι.
κοινὸς γάρ τις ἀγὼν ἄλλος ἅπασι τοῖς
ἀγαθοῖς πολίταις πρόκειται καὶ στέφανος οὐ
πίτυος οὐδὲ κοτίνου ἢ σελίνων, ἀλλ´ ὃς ἐν αὑτῷ
συλλαβὼν ἔχει τὴν ἀνθρώπου εὐδαιμονίαν, οἷον
ἐλευθερίαν λέγω αὐτοῦ τε ἑκάστου ἰδίᾳ καὶ κοινῇ
τῆς πατρίδος καὶ πλοῦτον καὶ δόξαν καὶ ἑορτῶν
πατρίων ἀπόλαυσιν καὶ οἰκείων σωτηρίαν, καὶ
συνόλως τὰ κάλλιστα ὧν ἄν τις εὔξαιτο γενέσθαι
οἱ παρὰ τῶν θεῶν. ταῦτα πάντα τῷ στεφάνῳ ὅν
φημι συναναπέπλεκται καὶ ἐκ τοῦ ἀγῶνος ἐκείνου
περιγίγνεται ἐφ´ ὃν αἱ ἀσκήσεις αὗται καὶ οἱ πόνοι ἄγουσιν.
| [15] (SOLON)
Il n'est pas facile, camarade, de passer tout en
revue, en quelques moments. C'est en abordant chaque
sujet l'un après l'autre que tu connaîtras quelles opinions
nous avons des dieux, des parents, des mariages et du
reste. Pour le moment, je vais t'exposer notre façon de
penser au sujet des jeunes gens et l'éducation que nous
leur donnons, aussitôt qu'ils commencent à comprendre
ce qu'est la vertu et qu'ayant acquis la vigueur de l'âge
viril, ils sont en état de supporter les travaux. Par là tu
connaîtras dans quel but nous leur avons prescrit ces
exercices et nous les forçons à s'endurcir à la fatigue.
Ce n'est pas uniquement en vue des concours, pour qu'ils
puissent y remporter des prix, car il y en a fort peu dans
la foule qui puissent y arriver, mais c'est parce qu'ils
retirent encore de ces exercices un bien plus grand pour
tout l'État et pour eux-mêmes. Il y a en effet un autre
concours public ouvert à tous les citoyens et une couronne
qui n'est ni de pin, ni d'olivier sauvage, ni d'ache, mais
qui renferme en elle la félicité humaine, je veux dire la
liberté pour chaque individu en particulier et pour la
patrie en général, la richesse, la gloire, la jouissance des
fêtes établies par nos pères, le salut de notre famille,
en un mot les plus belles faveurs qu'on puisse souhaiter
d'obtenir des dieux. Tous ces avantages sont entrelacés
à la couronne dont je parle et dérivent de cette lutte où
ces exercices et ces travaux les préparent.
| [16] (ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ)
Εἶτα, ὦ θαυμάσιε Σόλων, τοιαῦτά μοι καὶ
τηλικαῦτα ἔχων ἆθλα διεξιέναι, μῆλα καὶ σέλινα
διηγοῦ καὶ θαλλὸν ἐλαίας ἀγρίας καὶ πίτυν;
(ΣΟΛΩΝ)
Καὶ μήν, ὦ Ἀνάχαρσι, οὐδ´ ἐκεῖνά σοι ἔτι δόξει
μικρὰ εἶναι, ὁπόταν ἃ λέγω καταμάθῃς· ἀπὸ γάρ
τοι τῆς αὐτῆς γνώμης γίγνεται, καὶ μέρη πάντα
ταῦτά ἐστι μικρὰ τοῦ μείζονος ἐκείνου ἀγῶνος καὶ
τοῦ στεφάνου ὃν κατέλεξα τοῦ πανευδαίμονος. ὁ
δὲ λόγος, οὐκ οἶδ´ ὅπως ὑπερβὰς τὴν τάξιν, ἐκείνων
πρότερον ἐπεμνήσθη τῶν Ἰσθμοῖ γιγνομένων καὶ
Ὀλυμπίασι καὶ ἐν Νεμέᾳ. πλὴν ἀλλὰ νώ—
σχολὴν γὰρ ἄγομεν καὶ σύ, ὡς φής, προθυμῇ
ἀκούειν—ἀναδραμούμεθα ῥᾳδίως πρὸς τὴν ἀρχὴν
καὶ τὸν κοινὸν ἀγῶνα δι´ ὅν φημι πάντα ταῦτα
ἐπιτηδεύεσθαι.
(ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ)
Ἄμεινον, ὦ Σόλων, οὕτως· καθ´ ὁδὸν γὰρ ἂν ἡμῖν
ὁ λόγος μᾶλλον προχωροίη, καὶ τάχ´ ἂν ἴσως ἀπὸ
τούτων πεισθείην μηδὲ ἐκείνων ἔτι καταγελᾶν,
εἴ τινα ἴδοιμι σεμνυνόμενον κοτίνῳ ἢ σελίνῳ
ἐστεφανωμένον. ἀλλ´ εἰ δοκεῖ, εἰς τὸ σύσκιον
ἐκεῖσε ἀπελθόντες καθίσωμεν ἐπὶ τῶν θάκων, ὡς
μὴ ἐνοχλοῖεν ἡμῖν οἱ ἐπικεκραγότες τοῖς παλαίουσιν.
ἄλλως τε—εἰρήσεται γάρ—οὐδὲ τὸν
ἥλιον ἔτι ῥᾳδίως ἀνέχομαι ὀξὺν καὶ φλογμώδη
ἐμπίπτοντα γυμνῇ τῇ κεφαλῇ. τὸν γὰρ πῖλόν
μοι ἀφελεῖν οἴκοθεν ἔδοξεν, ὡς μὴ μόνος ἐν ὑμῖν
ξενίζοιμι τῷ σχήματι. ἡ δὲ ὥρα τοῦ ἔτους ὅ τι
περ τὸ πυρωδέστατόν ἐστι, τοῦ ἀστέρος ὃν ὑμεῖς
κύνα φατὲ πάντα καταφλέγοντος καὶ τὸν ἀέρα
ξηρὸν καὶ διακαῆ τιθέντος, ὅ τε ἥλιος κατὰ
μεσημβρίαν ἤδη ὑπὲρ κεφαλῆς ἐπικείμενος φλογμὸν
τοῦτον οὐ φορητὸν ἐπάγει τοῖς σώμασιν.
ὥστε καὶ σοῦ θαυμάζω, ὅπως γηραιὸς ἤδη ἄνθρωπος
οὔτε ἰδίεις πρὸς τὸ θάλπος ὥσπερ ἐγὼ
οὔτε ὅλως ἐνοχλουμένῳ ἔοικας, οὐδὲ περιβλέπεις
σύσκιόν τι ἔνθα ὑποδύσῃ, ἀλλὰ δέχῃ τὸν ἥλιον εὐμαρῶς.
(ΣΟΛΩΝ)
Οἱ μάταιοι γὰρ οὗτοι πόνοι, ὦ Ἀνάχαρσι, καὶ
αἱ συνεχεῖς ἐν τῷ πηλῷ κυβιστήσεις καὶ αἱ
ὕπαιθροι ἐν τῇ ψάμμῳ ταλαιπωρίαι τοῦτο ἡμῖν
τὸ ἀμυντήριον παρέχουσι πρὸς τὰς τοῦ ἡλίου
βολάς, καὶ οὐκέτι πίλου δεόμεθα ὃς τὴν ἀκτῖνα
κωλύσει καθικνεῖσθαι τῆς κεφαλῆς.
| [16] (ANACHARSIS)
Ah ! étonnant Solon, tu pouvais me parler de prix
de cette valeur et de cette importance, et tu ne m'as
entretenu que de pommes, d'ache, d'olivier sauvage et de pin.
(SOLON)
Mais, Anacharsis, ces prix mêmes ne te paraîtront
plus frivoles, lorsque tu auras compris ce que je veux dire.
Ils sortent en effet de la même pensée et sont tous de
petites parties de ce grand concours et de cette couronne
de parfaite félicité dont je parlais tout à l'heure. Mais
notre conversation s'est écartée, je ne sais comment,
de l'ordre naturel, et est tombée sur ce qui se passe à
l'Isthme, à Olympie et à Némée. Mais puisque nous
sommes de loisir tous les deux et que tu es, dis-tu, désireux
de m'entendre, il nous sera facile de remonter au
commencement et à ce combat commun en vue duquel
je prétends que nous pratiquons tous ces exercices.
(ANACHARSIS)
Ce sera mieux ainsi, Solon; car en procédant méthodiquement
dans notre entretien, nous avancerons plus
vite, et bientôt peut-être la connaissance de ces prix
dont tu viens de parler m'engagera à ne plus me moquer
des autres, quand je verrai des gens s'enorgueillir d'une
branche d'olivier sauvage ou porter une couronne d'ache.
Cependant, si tu le veux bien, allons nous mettre à l'ombre
là-bas et asseyons-nous sur les bancs, afin de n'être pas
dérangés par ceux qui applaudissent les lutteurs. D'ailleurs,
je l'avouerai, je ne supporte pas non plus facilement
ce soleil piquant et brûlant qui tombe sur ma
tête nue; car j'ai cru devoir laisser mon bonnet au logis,
pour ne pas paraître seul parmi vous dans un costume
étranger. Et puis nous sommes justement dans la saison
la plus chaude de l'année, où l'astre que vous appelez
le Chien brûle tout et dessèche et embrase l'air, et le
soleil, qui à cette heure de midi est juste sur nos têtes,
nous verse une chaleur insupportable. Aussi je m'étonne
qu'à l'âge déjà avancé où tu es, la chaleur ne te fasse pas
suer comme moi, que tu n'en sois pas du tout incommodé
et que tu ne cherches même pas d'endroit ombragé pour
t'y glisser, mais que tu supportes le soleil si aisément.
(SOLON)
Ce sont ces travaux inutiles, Anacharsis, ces culbutes
continuelles dans la boue et ces luttes en plein air dans
le sable qui nous servent de rempart contre les traits
du soleil. C'est pour cela que nous n'avons plus besoin
de bonnet pour empêcher ses rayons d'atteindre notre tête.
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