HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Anacharsis ou des exercices du corps

Paragraphes 35-36

  Paragraphes 35-36

[35] (ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ) Εἶτα, Σόλων, σιδηροφορεῖν μὲν οὐδενὸς ἀναγκαίου ἕνεκα περιττὸν ὑμῖν δοκεῖ, καὶ τῶν ὅπλων φείδεσθε, ὡς μὴ διὰ χειρὸς ὄντα φθείροιτο, ἀλλὰ φυλάττετε ἀποκείμενα ὡς χρησόμενοι τότε, τῆς χρείας ἐπιστάσης· τὰ δὲ σώματα τῶν νέων οὐδενὸς δεινοῦ ἐπείγοντος καταπονεῖτε παίοντες καὶ ὑπὸ τῶν ἱδρώτων καταναλίσκοντες, οὐ ταμιευόμενοι πρὸς τὸ ἀναγκαῖον τὰς ἀλκὰς αὐτῶν, ἀλλ´ εἰκῆ ἐν τῷ πηλῷ καὶ τῇ κόνει ἐκχέοντες; (ΣΟΛΩΝ) Ἔοικας, Ἀνάχαρσι, τοιόνδε τι δυνάμεως πέρι ἐννοεῖν, ὡς οἴνῳ ὕδατι ἄλλῳ τῶν ὑγρῶν ὁμοίαν αὐτὴν οὖσαν. δέδιας οὖν μὴ ὥσπερ ἐξ ἀγγείου κεραμεοῦ λάθῃ διαρρυεῖσα ἐν τοῖς πόνοις κᾆτα ἡμῖν κενὸν καὶ ξηρὸν οἴχηται τὸ σῶμα καταλιποῦσα ὑπὸ μηδενὸς ἔνδοθεν ἀναπληρούμενον. τὸ δὲ οὐχ οὕτως ἔχει σοι, ἀλλὰ ὅσῳ τις ἂν αὐτὴν ἐξαντλῇ τοῖς πόνοις, τοσῷδε μᾶλλον ἐπιρρεῖ κατὰ τὸν περὶ τῆς Ὕδρας μῦθον, εἴ τινα ἤκουσας, ὡς ἀντὶ μιᾶς κεφαλῆς τμηθείσης δύ´ ἀεὶ ἄλλαι ἀνεφύοντο. ἢν δὲ ἀγύμναστος ἐξ ἀρχῆς καὶ ἄτονος μηδὲ διαρκῆ τὴν ὕλην ἔχῃ ὑποβεβλημένην, τότε ὑπὸ τῶν καμάτων βλάπτοιτο ἂν καὶ καταμαραίνοιτο, οἷόν τι ἐπὶ πυρὸς καὶ λύχνου γίγνεται. ὑπὸ γὰρ τῷ αὐτῷ φυσήματι τὸ μὲν πῦρ ἀνακαύσειας ἂν καὶ μεῖζον ἐν βραχεῖ ποιήσειας παραθήγων τῷ πνεύματι, καὶ τὸ τοῦ λύχνου φῶς ἀποσβέσειας οὐκ ἔχον ἀποχρῶσαν τῆς ὕλης τὴν χορηγίαν, ὡς διαρκῆ εἶναι πρὸς τὸ ἀντιπνέον· οὐ γὰρ ἀπ´ ἰσχυρᾶς, οἶμαι, τῆς ῥίζης ἀνεφύετο. [35] (ANACHARSIS) Alors, Solon, il vous paraît inutile de porter des armes sans nécessité et vous les ménagez pour ne pas les gâter en les maniant, et vous les gardez en réserve pour vous en servir en cas de besoin, et cependant, sans être pressés par aucun danger, vous épuisez les corps de vos jeunes gens en les frappant, en les consumant de sueur, et au lieu de ménager leurs forces pour le jour où vous en aurez besoin, vous les répandez mal à propos dans la boue et dans la poussière? (SOLON) Il semble, Anacharsis, que tu te fais de la force du corps l'idée qu'on se fait du vin ou de l'eau ou de tout autre liquide. Tu crains qu'elle ne s'écoule furtivement dans les travaux comme d'un vase d'argile et qu'elle ne s'en aille en laissant notre corps vide et sec, sans que rien y supplée de l'intérieur. Mais il n'en est pas ainsi, mon ami; plus on épuise la vigueur par les travaux, plus elle afflue. C'est l'histoire de l'hydre, dont tu as peut-être entendu parler : pour une tête qu'on lui coupait, il en repoussait toujours deux. Si on ne s'exerce pas de longue main pour acquérir du ressort et si l'on n'a point par devers soi de substance suffisante, les travaux nuisent au corps et le flétrissent. Il en est ici comme du feu et de la lampe. Du même souffle tu peux allumer le feu et le faire grandir en un instant, si tu l'avives en soufflant dessus, et éteindre la lumière de la lampe, parce qu'elle n'est pas assez bien approvisionnée de matière pour résister à l'action de l'air, et qu'elle ne jaillit pas, ce me semble, d'une forte source.
[36] (ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ) Ταυτὶ μέν, Σόλων, οὐ πάνυ συνίημι· λεπτότερα γὰρ κατ´ ἐμὲ εἴρηκας, ἀκριβοῦς τινος φροντίδος καὶ διανοίας ὀξὺ δεδορκυίας δεόμενα. ἐκεῖνο δέ μοι πάντως εἰπέ, τίνος ἕνεκα οὐχὶ καὶ ἐν τοῖς ἀγῶσι τοῖς Ὀλυμπίασι καὶ Ἰσθμοῖ καὶ Πυθοῖ καὶ τοῖς ἄλλοις, ὁπότε πολλοί, ὡς φής, συνίασιν ὀψόμενοι τοὺς νέους ἀγωνιζομένους, οὐδέποτε ἐν ὅπλοις ποιεῖσθε τὴν ἅμιλλαν, ἀλλὰ γυμνοὺς εἰς τὸ μέσον παραγαγόντες λακτιζομένους καὶ παιομένους ἐπιδείκνυτε καὶ νικήσασι μῆλα καὶ κότινον δίδοτε; ἄξιον γὰρ εἰδέναι τοῦτό γε, οὗτινος ἕνεκα οὕτω ποιεῖτε. (ΣΟΛΩΝ) Ἡγούμεθα γάρ, Ἀνάχαρσι, τὴν εἰς τὰ γυμνάσια προθυμίαν οὕτως ἂν πλείω ἐγγενέσθαι αὐτοῖς, εἰ τοὺς ἀριστεύοντας ἐν τούτοις ἴδοιεν τιμωμένους καὶ ἀνακηρυττομένους ἐν μέσοις τοῖς Ἕλλησι. καὶ διὰ τοῦτο ὡς εἰς τοσούτους ἀποδυσόμενοι εὐεξίας τε ἐπιμελοῦνται, ὡς μὴ αἰσχύνοιντο γυμνωθέντες, καὶ ἀξιονικότατον ἕκαστος αὑτὸν ἀπεργάζεται. καὶ τὰ ἆθλα, ὥσπερ ἔμπροσθεν εἶπον, οὐ μικρά, ἔπαινος παρὰ τῶν θεατῶν καὶ τὸ ἐπισημότατον γενέσθαι καὶ δείκνυσθαι τῷ δακτύλῳ ἄριστον εἶναι τῶν καθ´ αὑτὸν δοκοῦντα. τοιγάρτοι πολλοὶ τῶν θεατῶν, οἷς καθ´ ἡλικίαν ἔτι ἄσκησις, ἀπίασιν οὐ μετρίως ἐκ τῶν τοιούτων ἀρετῆς καὶ πόνων ἐρασθέντες. ὡς εἴ γέ τις, Ἀνάχαρσι, τὸν τῆς εὐκλείας ἔρωτα ἐκβάλοι ἐκ τοῦ βίου, τί ἂν ἔτι ἀγαθὸν ἡμῖν γένοιτο, τίς ἄν τι λαμπρὸν ἐργάσασθαι ἐπιθυμήσειεν; νῦν δὲ καὶ ἀπὸ τούτων εἰκάζειν παρέχοιεν ἄν σοι, ὁποῖοι ἐν πολέμοις ὑπὲρ πατρίδος καὶ παίδων καὶ γυναικῶν καὶ ἱερῶν γένοιντ´ ἂν ὅπλα ἔχοντες οἱ κοτίνου πέρι καὶ μήλων γυμνοὶ τοσαύτην προθυμίαν εἰς τὸ νικᾶν εἰσφερόμενοι. [36] (ANACHARSIS) Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire, Solon. Ce sont des idées trop subtiles pour moi, et qui demandent une réflexion approfondie et une intelligence pénétrante. Cependant dis-moi une chose : pourquoi aux jeux olympiques, isthmiques, pythiques et autres, où des foules, comme tu dis, se rassemblent pour voir concourir les jeunes gens, ne les faites-vous jamais lutter avec des armes, tandis que, les introduisant nus dans l'arène, vous les montrez échangeant des coups de pied et des coups de poing et donnez aux vainqueurs des pommes et de l'olivier sauvage? Il vaut la peine de connaître la raison qui vous fait agir de la sorte. (SOLON) C'est que nous pensons, Anacharsis, que leur zèle pour ces exercices grandira, quand ils verront qu'on honore ceux qui y excellent et qu'on proclame leurs noms en présence de tous les Grecs. Aussi, comme ils doivent se mettre nus devant tant de spectateurs, veillent-ils à se maintenir en forme pour n'avoir pas à rougir de leur nudité et pour se rendre autant que possible dignes de la victoire. Et les prix, comme je l'ai dit précédemment, ne sont pas méprisables, puisqu'ils consistent à être loué par les spectateurs, considéré et montré du doigt et à passer pour le meilleur de ses contemporains. C'est pourquoi beaucoup de spectateurs encore en âge de s'exercer s'en retournent à la suite de ces spectacles fortement épris de la vertu et des durs travaux. Si vraiment, Anacharsis, on bannissait du monde l'amour de la gloire, quel bien nous resterait-il? Qui voudrait entreprendre une action éclatante? Par contre, ces luttes te permettent de deviner ce que seraient dans les combats, les armes à la main, pour défendre leur patrie, leurs enfants, leurs femmes et leur religion, des gens qui, pour une branche d'olivier sauvage ou pour des pommes, mettent tant d'ardeur à gagner la victoire.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 25/10/2007