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[21] Τὴν μὲν τοίνυν ψυχὴν μουσικῇ τὸ πρῶτον καὶ
ἀριθμητικῇ ἀναρριπίζομεν, καὶ γράμματα γράψασθαι
καὶ τορῶς αὐτὰ ἐπιλέξασθαι διδάσκομεν·
προϊοῦσιν δὲ ἤδη σοφῶν ἀνδρῶν γνώμας καὶ
ἔργα παλαιὰ καὶ λόγους ὠφελίμους ἐν μέτροις
κατακοσμήσαντες, ὡς μᾶλλον μνημονεύοιεν, ῥαψῳδοῦμεν
αὐτοῖς. οἱ δὲ καὶ ἀκούοντες ἀριστείας
τινὰς καὶ πράξεις ἀοιδίμους ὀρέγονται κατὰ
μικρὸν καὶ πρὸς μίμησιν ἐπεγείρονται, ὡς καὶ αὐτοὶ
ᾄδοιντο καὶ θαυμάζοιντο ὑπὸ τῶν ὕστερον. οἷα
πολλὰ Ἡσίοδός τε ἡμῖν καὶ Ὅμηρος ἐποίησαν.
Ἐπειδὰν δὲ πλησιάζωσι πρὸς τὴν πολιτείαν
καὶ δέῃ αὐτοὺς ἤδη μεταχειρίζεσθαι τὰ κοινά—
καίτοι ἔξω τοῦ ἀγῶνος ἴσως ταῦτα· οὐ γὰρ ὅπως
τὰς ψυχὰς αὐτῶν ἀσκοῦμεν ἐξ ἀρχῆς προὔκειτο
εἰπεῖν, ἀλλὰ δι´ ὅ τι τοῖς τοιούτοις πόνοις καταγυμνάζειν
αὐτοὺς ἀξιοῦμεν. ὥστε αὐτὸς ἐμαυτῷ
σιωπᾶν προστάττω, οὐ περιμείνας τὸν κήρυκα
οὐδὲ τὸν Ἀρεοπαγίτην σέ, ὃς ὑπ´ αἰδοῦς, οἶμαι,
ἀνέχῃ ληροῦντα ἤδη τοσαῦτα ἔξω τοῦ πράγματος.
(ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ)
Εἰπέ μοι, ὦ Σόλων, πρὸς δὲ δὴ τοὺς τὰ ἀναγκαιότατα
μὴ λέγοντας ἐν Ἀρείῳ πάγῳ, ἀλλὰ
ἀποσιωπῶντας, οὐδὲν τῇ βουλῇ πρόστιμον ἐπινενόηται;
(ΣΟΛΩΝ)
Τί τοῦτο ἤρου με; οὐδέπω γὰρ δῆλον.
(ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ)
Ὅτι τὰ κάλλιστα καὶ ἐμοὶ ἀκοῦσαι ἥδιστα
παρείς, τὰ περὶ τῆς ψυχῆς, τὰ ἧττον ἀναγκαῖα
λέγειν διανοῇ, γυμνάσια καὶ διαπονήσεις τῶν σωμάτων.
(ΣΟΛΩΝ)
Μέμνημαι γάρ, ὦ γενναῖε, τῶν ἀπ´ ἀρχῆς
προρρήσεων καὶ ἀποπλανᾶν οὐ βούλομαι τὸν
λόγον, μή σου ἐπιταράξῃ τὴν μνήμην ἐπιρρέων.
πλὴν ἀλλὰ καὶ ταῦτα ἐρῶ διὰ βραχέων, ὡς οἷόν
τε· τὸ γὰρ ἀκριβὲς τῆς περὶ αὐτῶν διασκέψεως
ἑτέρου ἂν εἴη λόγου.
| [21] Nous éveillons d'abord l'âme des enfants par la
musique et l'arithmétique et nous leur apprenons à
écrire et à lire distinctement. Quand ils avancent en âge,
nous leur récitons les maximes des sages, les faits illustres
de l'antiquité, les discours utiles que nous avons revêtus
de la forme du vers, pour qu'ils les retiennent mieux.
En entendant certains exploits, certaines actions célèbres,
ils aspirent peu à peu et sont poussés à les imiter, pour
être chantés eux aussi et admirés par la postérité. Hésiode
et Homère ont composé pour nous un grand nombre de
récits de ce genre. Quand enfin ils abordent la politique
et sont obligés de manier les affaires publiques... Mais
cela est peut-être en dehors de notre sujet; car ce n'est
pas la manière dont nous exerçons les âmes que je me
proposais d'exposer au début, mais les motifs pour lesquels
nous jugeons à propos d'exercer les jeunes gens à
de tels travaux. Je m'impose donc silence à moi-même
sans attendre le héraut, ni l'aréopagite que tu es. C'est
par déférence pour moi, je suppose, que tu me laisses
divaguer ainsi hors du sujet.
(ANACHARSIS)
Dis-moi, Solon, contre ceux qui ne traitent pas devant
l'Aréopage les points essentiels et les gardent pour eux,
est-ce que le Conseil n'a point imaginé de peine supplémentaire?
(SOLON)
Pourquoi me fais-tu cette question? Je n'en vois pas
bien le sens.
(ANACHARSIS)
C'est que tu te proposes de passer les points les plus
intéressants et les plus agréables à entendre pour moi,
ceux qui regardent l'âme, et de traiter ce qui est moins
essentiel, la gymnastique et l'entraînement physique.
(SOLON)
Je me rappelle, mon brave, ce que tu as dit au début,
et je ne veux pas que la discussion s'écarte de son cours,
de peur que ses débordements ne brouillent ta mémoire.
Je ne laisserai pas pourtant de traiter brièvement cette
question, du mieux que je pourrai. J'en réserve l'examen
approfondi pour un autre entretien.
| [22] Ῥυθμίζομεν οὖν τὰς γνώμας αὐτῶν νόμους τε
τοὺς κοινοὺς ἐκδιδάσκοντες, οἳ δημοσίᾳ πᾶσι
πρόκεινται ἀναγιγνώσκειν μεγάλοις γράμμασιν
ἀναγεγραμμένοι, κελεύοντες ἅ τε χρὴ ποιεῖν καὶ
ὧν ἀπέχεσθαι, καὶ ἀγαθῶν ἀνδρῶν συνουσίαις,
παρ´ ὧν λέγειν τὰ δέοντα ἐκμανθάνουσι καὶ
πράττειν τὰ δίκαια καὶ ἐκ τοῦ ἴσου ἀλλήλοις
συμπολιτεύεσθαι καὶ μὴ ἐφίεσθαι τῶν αἰσχρῶν
καὶ ὀρέγεσθαι τῶν καλῶν, βίαιον δὲ μηδὲν ποιεῖν.
οἱ δὲ ἄνδρες οὗτοι σοφισταὶ καὶ φιλόσοφοι πρὸς
ἡμῶν ὀνομάζονται. καὶ μέντοι καὶ εἰς τὸ θέατρον
συνάγοντες αὐτοὺς δημοσίᾳ παιδεύομεν ὑπὸ κωμῳδίαις
καὶ τραγῳδίαις ἀρετάς τε ἀνδρῶν παλαιῶν
καὶ κακίας θεωμένους, ὡς τῶν μὲν ἀποτρέποιντο,
ἐπ´ ἐκεῖνα δὲ σπεύδοιεν. τοῖς δέ γε κωμῳδοῖς καὶ
λοιδορεῖσθαι καὶ ἀποσκώπτειν ἐφίεμεν εἰς τοὺς
πολίτας οὓς ἂν αἰσχρὰ καὶ ἀνάξια τῆς πόλεως
ἐπιτηδεύοντας αἴσθωνται, αὐτῶν τε ἐκείνων χάριν,
ἀμείνους γὰρ οὕτω γίγνονται ὀνειδιζόμενοι, καὶ
τῶν πολλῶν, ὡς φεύγοιεν τὸν ἐπὶ τοῖς ὁμοίοις ἔλεγχον.
| [22] Nous formons donc leurs esprits en leur faisant
apprendre par coeur les lois de la communauté, qui sont
exposées publiquement, pour que tout le monde les lise,
et sont écrites en gros caractères; elles prescrivent ce
que l'on doit faire et ce dont il faut s'abstenir. Puis nos
jeunes gens apprennent dans le commerce des gens vertueux
à dire ce qu'il faut dire, à pratiquer la justice, à
vivre ensemble sous le régime de l'égalité, à ne rien désirer
de honteux, à rechercher le beau, à ne commettre aucune
violence. Ces hommes vertueux portent chez nous le nom
de sophistes et de philosophes. En outre, nous les conduisons
au théâtre, où nous les instruisons publiquement
par des tragédies et des comédies qui mettent sous leurs
yeux les vertus des anciens héros et les vices des hommes,
afin qu'ils se détournent des uns et poursuivent les autres
avec ardeur. Nous permettons même aux auteurs comiques
de ridiculiser et d'invectiver les citoyens dont ils savent
que les moeurs sont dépravées et indignes de la ville,
et cela dans l'intérêt non seulement de ces citoyens
mêmes, qui deviennent meilleurs en se voyant réprimandés,
mais encore des autres, pour qu'ils évitent le
reproche de tomber dans les mêmes fautes.
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