[35] καὶ οὗτος ὁ χρησμὸς τῶν αὐτοφώνων ἦν.
Ἐρομένῳ δὲ αὐτῷ ποτε καὶ περὶ γάμου ῥητῶς ἔφη·
Γῆμον Ἀλεξάνδρου τε Σεληναίης τε θύγατρα.
διεδεδώκει δὲ πάλαι λόγον ὡς τῆς θυγατρός, ἣν
εἶχεν, ἐκ Σελήνης αὐτῷ γενομένης· τὴν γὰρ
Σελήνην ἔρωτι ἁλῶναι αὐτοῦ καθεύδοντά ποτε
ἰδοῦσαν, ὅπερ αὐτῇ ἔθος, κοιμωμένων ἐρᾶν τῶν
καλῶν. ὁ δ´ οὐδὲν μελλήσας ὁ συνετώτατος
Ῥουτιλιανὸς ἔπεμπεν εὐθὺς ἐπὶ τὴν κόρην καὶ
τοὺς γάμους συνετέλει ἑξηκοντούτης νυμφίος καὶ
συνῆν, τὴν πενθερὰν Σελήνην ἑκατόμβαις ὅλαις
ἱλασκόμενος καὶ τῶν ἐπουρανίων εἷς καὶ αὐτὸς
οἰόμενος γεγονέναι.
| [35] La prémonition en cause ressortissait pourtant elle aussi à la catégorie des «autovocaux».
Le ponte devait également s'enquérir de questions matrimoniales ; la repartie fut explicite :
«D'Alexandre et Sélène épouse donc la fille.»
Depuis pas mal de temps, Alexandre avait en effet orchestré la diffusion d'un bruit voulant
que sa fille fût le fruit d'une idylle avec Sélène, la lune s'étant amourachée de lui pour l'avoir
zyeuté endormi : il est notoire, n'est-ce pas, qu'elle en pince pour les beaux gars assoupis.
Futée comme elle l'était, notre grosse légume ne se le fit pas redire : Rutilien envoya quérir la
main de la donzelle, puis, en parfait fiancé sexagénaire, célébra le mariage dans les formes et
le consomma, non sans avoir eu à coeur de séduire sa lunaire belle-maman à grand renfort
d'hécatombes et tout en soutenant mordicus s'être ainsi ménagé une place au panthéon.
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