[36] Ὁ δ´ ὡς ἅπαξ τῶν ἐν Ἰταλίᾳ πραγμάτων ἐλάβετο,
μείζω ἀεὶ προσεπενόει καὶ πάντοσε τῆς
Ῥωμαίων ἀρχῆς ἔπεμπε χρησμολόγους, ταῖς
πόλεσι προλέγων λοιμοὺς καὶ πυρκαϊὰς φυλάσσεσθαι
καὶ σεισμούς· καὶ ἀσφαλῶς βοηθήσειν,
ὡς μὴ γένοιτό τι τούτων, αὐτὸς ὑπισχνεῖτο αὐτοῖς.
ἕνα δέ τινα χρησμόν, αὐτόφωνον καὶ αὐτόν, εἰς
ἅπαντα τὰ ἔθνη ἐν τῷ λοιμῷ διεπέμψατο· ἦν δὲ
τὸ ἔπος ἕν· Φοῖβος ἀκειρεκόμης λοιμοῦ νεφέλην ἀπερύκει.
καὶ τοῦτο ἦν ἰδεῖν τὸ ἔπος πανταχοῦ ἐπὶ τῶν
πυλώνων γεγραμμένον ὡς τοῦ λοιμοῦ ἀλεξιφάρμακον.
τὸ δ´ εἰς τοὐναντίον τοῖς πλείστοις
προὐχώρει· κατὰ γάρ τινα τύχην αὗται μάλιστα
αἱ οἰκίαι ἐκενώθησαν αἷς τὸ ἔπος ἐπεγέγραπτο.
καὶ μή με νομίσῃς τοῦτο λέγειν, ὅτι διὰ τὸ ἔπος
ἀπώλλυντο· ἀλλὰ τύχῃ τινὶ οὕτως ἐγένετο. τάχα
δὲ καὶ οἱ πολλοὶ θαρροῦντες τῷ στίχῳ ἠμέλουν
καὶ ῥᾳθυμότερον διῃτῶντο, οὐδὲν τῷ χρησμῷ
πρὸς τὴν νόσον συντελοῦντες, ὡς ἂν ἔχοντες
προμαχομένας αὑτῶν τὰς συλλαβὰς καὶ τὸν
ἀκειρεκόμην Φοῖβον ἀποτοξεύοντα τὸν λοιμόν.
| [36] Du jour où il mit le nez dans les affaires italiennes, son imagination s'emballa et il
dépêcha aux quatre coins de l'Imperium des estafettes porte-oracles, pour alerter les cités sur
les risques d'épidémies, d'incendies ou de tremblements de terre mais aussi leur proposer un
sérieux coup de main pour la prévention de toutes ces catastrophes. Lors de la peste, il fit
d'ailleurs parvenir à toutes les nations une autre maxime de la classe «autovocale», sertie
dans ce vers : «Phébus aux longs cheveux chasse la pestilence.»
On pouvait repérer la formule inscrite sur le portail de toutes les habitations, qu'elle
devait théoriquement préserver du fléau à l'instar d'un gri-gri. Dans bien des cas, ce fut le
contraire qui se produisit, le hasard décimant tout spécialement les demeures sur lesquelles
elle avait été apposée. Je ne pose nullement, tiens-le-toi pour dit, que ce serait précisément à
la présence de cette invocation qu'elles furent redevables de leur perte : il n'y eut là rien que
de fortuit, si ce n'est peut-être qu'en se reposant sur les vertus de l'incantation en question,
beaucoup baissaient leur garde, surveillaient moins leur hygiène de vie et, de ce fait,
compliquaient singulièrement la besogne du mantra, sûrs comme ils l'étaient que ces syllabes
nues leur seraient un rempart et qu'Apollon-aux-longs-cheveux monterait la garde pour
abattre l'infection avec force flèches.
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