[22] Ἔχρη οὖν καὶ ἐθέσπιζε, πολλῇ τῇ συνέσει
ἐνταῦθα χρώμενος καὶ τὸ εἰκαστικὸν τῇ ἐπινοίᾳ
προσάπτων, τοῖς μὲν λοξὰ καὶ ἀμφίβολα πρὸς
τὰς ἐρωτήσεις ἀποκρινόμενος, τοῖς δὲ καὶ πάνυ
ἀσαφῆ· χρησμῳδικὸν γὰρ ἐδόκει αὐτῷ τοῦτο.
τοὺς δὲ ἀπέτρεπεν ἢ προὔτρεπεν, ὡς ἄμεινον
ἔδοξεν αὐτῷ εἰκάζοντι· τοῖς δὲ θεραπείας προὔλεγεν
καὶ διαίτας, εἰδώς, ὅπερ ἐν ἀρχῇ ἔφην,
πολλὰ καὶ χρήσιμα φάρμακα. μάλιστα δὲ
εὐδοκίμουν παρ´ αὐτῷ αἱ κυτμίδες, ἀκόπου τι
ὄνομα πεπλασμένον, ἐκ λίπους ἀρκείου συντεθειμένου.
τὰς μέντοι ἐλπίδας καὶ προκοπὰς
καὶ κλήρων διαδοχὰς εἰσαῦθις ἀεὶ ἀνεβάλλετο,
προστιθεὶς ὅτι "ἔσται πάντα ὁπόταν ἐθελήσω
ἐγὼ καὶ Ἀλέξανδρος ὁ προφήτης μου δεηθῇ καὶ
εὔξηται ὑπὲρ ὑμῶν."
| [22] Alexandre se répandait donc en préceptes et vaticinations, non sans déployer beaucoup de
clairvoyance dans ses oeuvres, par un savant dosage d'intuition et de calcul : ses réponses aux
demandes que d'aucuns lui adressaient étaient soit emberlificotées et ambivalentes, soit d'une
complète obscurité, car il trouvait qu'oraculairement parlant, ce style était tout à fait seyant. A
certains de ses consultants, il assénait des mises en garde ou, à l'opposé, ne ménageait pas les
encouragements, suivant le parti que son instinct lui dictait. D'autres, enfin, se voyaient
prescrire des traitements et des régimes. Comme j'ai déjà pu l'indiquer d'entrée de jeu, il avait
en effet dans son fonds de commerce toute une pharmacopée de médications de choc. Il faisait
très ardemment l'article de ses «cytmides», un vocable qu'il avait sorti de son chapeau pour
baptiser une crème tonique à base de graisse de chèvre. Quant aux projets et perspectives
de gains ou de successions, il se débrouillait toujours pour les repousser à plus tard, la divinité
laissant tomber que «tout se réalisera, lorsque je le voudrai et qu'en ses implorations, mon
suppléant Alexandre aura intercédé en votre faveur».
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