[12] Εἰσβαλὼν οὖν ὁ Ἀλέξανδρος μετὰ τοιαύτης
τραγῳδίας διὰ πολλοῦ εἰς τὴν πατρίδα περίβλεπτός
τε καὶ λαμπρὸς ἦν, μεμηνέναι προσποιούμενος
ἐνίοτε καὶ ἀφροῦ ὑποπιμπλάμενος
τὸ στόμα· ῥᾳδίως δὲ τοῦτο ὑπῆρχεν αὐτῷ,
στρουθίου τῆς βαφικῆς βοτάνης τὴν ῥίζαν διαμασησαμένῳ·
τοῖς δὲ θεῖόν τι καὶ φοβερὸν ἐδόκει
καὶ ὁ ἀφρός. ἐπεποίητο δὲ αὐτοῖς πάλαι καὶ
κατεσκεύαστο κεφαλὴ δράκοντος ὀθονίνη ἀνθρωπόμορφόν
τι ἐπιφαίνουσα, κατάγραφος, πάνυ
εἰκασμένη, ὑπὸ θριξὶν ἱππείαις ἀνοίγουσά τε καὶ
αὖθις ἐπικλείουσα τὸ στόμα, καὶ γλῶττα οἵα δράκοντος
διττὴ μέλαινα προέκυπτεν, ὑπὸ τριχῶν
καὶ αὐτὴ ἑλκομένη. καὶ ὁ Πελλαῖος δὲ δράκων
προϋπῆρχεν καὶ οἴκοι ἐτρέφετο, κατὰ καιρὸν
ἐπιφανησόμενος αὐτοῖς καὶ συντραγῳδήσων,
μᾶλλον δὲ πρωταγωνιστὴς ἐσόμενος.
| [12] En ces jours où cette mascarade le harnacha pour le lancer à l'abordage de la mère-patrie
dont il avait été longuement absent, Alexandre éblouissait tous les yeux et portait beau. De
temps à autre, il simulait des transes et bavait à pleine bouche, sans se forcer aucunement,
puisqu'il lui suffisait pour ce faire d'avoir mâchouillé de la racine de saponaire, cette
plante bien connue des teinturiers. Ses compatriotes n'en tenaient pas moins cette salivation
pour un phénomène aussi prodigieux que terrifiant. Toujours à leur intention, il avait apprêté
et assemblé de longue date une tête de serpent en tissu, à l'aspect vaguement humanisé et
peinte avec un réalisme saisissant. Grâce à des crins de cheval, ses mandibules pouvaient
bâiller et se refermer et laissaient jaillir une langue noire et fourchue typiquement reptilienne,
qui était actionnée par le même mécanisme. En outre, Alexandre gardait en coulisse la bébête
de Pella, qu'il dorlotait à demeure, non sans se promettre, quand la conjoncture aurait mûri, de
la leur dévoiler et de la faire figurer dans sa pièce, ou plutôt de lui en attribuer la vedette.
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