[1,1] Ἐν Λέσβῳ θηρῶν ἐν ἄλσει Νυμφῶν θέαμα εἶδον κάλλιστον
ὧν εἶδον· εἰκόνα γραπτήν, ἱστορίαν ἔρωτος. Καλὸν
μὲν καὶ τὸ ἄλσος, πολύδενδρον, ἀνθηρόν, κατάρρυτον· μία
πηγὴ πάντα ἔτρεφε, καὶ τὰ ἄνθη καὶ τὰ δένδρα· ἀλλ´ ἡ
γραφὴ τερπνοτέρα καὶ τέχνην ἔχουσα περιττὴν καὶ τύχην
ἐρωτικήν· ὥστε πολλοὶ καὶ τῶν ξένων κατὰ φήμην ᾔεσαν,
τῶν μὲν Νυμφῶν ἱκέται, τῆς δὲ εἰκόνος θεαταί.
Γυναῖκες ἐπ´ αὐτῆς τίκτουσαι καὶ ἄλλαι σπαργάνοις κοσμοῦσαι,
παιδία ἐκκείμενα, ποίμνια τρέφοντα, ποιμένες ἀναιρούμενοι,
νέοι συντιθέμενοι, λῃστῶν καταδρομή, πολεμίων ἐμβολή.
Πολλὰ ἄλλα καὶ πάντα ἐρωτικὰ ἰδόντα με καὶ θαυμάσαντα
πόθος ἔσχεν ἀντιγράψαι τῇ γραφῇ· καὶ ἀναζητησάμενος
ἐξηγητὴν τῆς εἰκόνος τέτταρας βίβλους ἐξεπονησάμην,
ἀνάθημα μὲν Ἔρωτι καὶ Νύμφαις καὶ Πανί, κτῆμα
δὲ τερπνὸν πᾶσιν ἀνθρώποις, ὃ καὶ νοσοῦντα ἰάσεται, καὶ
λυπούμενον παραμυθήσεται, τὸν ἐρασθέντα ἀναμνήσει, τὸν
οὐκ ἐρασθέντα προπαιδεύσει. Πάντως γὰρ οὐδεὶς ἔρωτα
ἔφυγεν ἢ φεύξεται, μέχρις ἂν κάλλος ᾖ καὶ ὀφθαλμοὶ βλέπωσιν.
Ἡμῖν δ´ ὁ θεὸς παράσχοι σωφρονοῦσι τὰ τῶν ἄλλων γράφειν.
Πόλις ἐστὶ τῆς Λέσβου Μιτυλήνη, μεγάλη καὶ
καλή· διείληπται γὰρ εὐρίποις ὑπεισρεούσης τῆς θαλάσσης,
καὶ κεκόσμηται γεφύραις ξεστοῦ καὶ λευκοῦ λίθου. Νομίσαις
οὐ πόλιν ὁρᾶν ἀλλὰ νῆσον. Ταύτης τῆς πόλεως
τῆς Μιτυλήνης ὅσον ἀπὸ σταδίων διακοσίων ἀγρὸς ἦν ἀνδρὸς
εὐδαίμονος, κτῆμα κάλλιστον· ὄρη θηροτρόφα, πεδία πυροφόρα·
γήλοφοι κλημάτων, νομαὶ ποιμνίων· καὶ ἡ θάλασσα
προσέκλυζεν ἠϊόνι ἐκτεταμένῃ ψάμμου μαλθακῆς.
| [1,1] En l'île de Lesbos, chassant dans
un bois consacré aux Nymphes, je
vis la plus belle chose que j'aie vue
en ma vie, une image peinte, une histoire
d'amour. Le parc, de soi-même, était beau ;
fleurs n'y manquaient, arbres épais, fraîche
fontaine qui nourrissait et les arbres et les
fleurs; mais la peinture, plus plaisante encore
que tout le reste, était d'un sujet amoureux
et de merveilleux artifice; tellement que
plusieurs, même étrangers, qui en avaient
ouï parler, venaient là, dévots aux Nymphes,
et curieux de voir cette peinture. Femmes s'y
voyaient accouchant, autres enveloppant
de langes des enfants ; de petits poupards
exposés à la merci de fortune ; bêtes qui les
nourrissaient, pâtres qui les enlevaient;
jeunes gens unis par amour; des pirates
en mer, des ennemis à terre qui couraient
le pays, avec bien d'autres choses, et toutes
amoureuses, lesquelles je regardai en si grand
plaisir, et les trouvai si belles, qu'il me prit
envie de les coucher par écrit. Si cherchai
quelqu'un qui me les donnât à entendre par le
menu ; et ayant le tout entendu, en composai
ces quatre livres, que je dédie comme une
offrande à Amour, aux Nymphes et à Pan, espérant
que le conte en sera agréable à plusieurs
manières de gens, pour ce qu'il peut servir à
guérir le malade, consoler le dolent, remettre
en mémoire de ses amours celui qui autrefois
aura été amoureux, et instruire celui qui ne
l'aura encore point été. Car jamais ne fut ni
ne sera qui se puisse tenir d'aimer, tant qu'il
y aura beauté au monde, et que les yeux
regarderont. Nous-mêmes, veuille le Dieu
que sages puissions ici parler des autres !
Mitylène est ville de Lesbos, belle et
grande, coupée de canaux par l'eau de la
mer qui flue dedans et tout à l'entour, ornée
de ponts de pierre blanche et polie ; à voir,
vous diriez non une ville, mais comme un
amas de petites îles. Environ huit ou neuf
lieues loin de cette ville de Mitylène, un riche
homme avait une terre : plus bel héritage
n'était en toute la contrée ; bois remplis de
gibier, coteaux revêtus de vignes, champs
à porter froment, pâturages pour le bétail,
et le tout au long de la marine, où le flot
lavait une plage étendue de sable fin.
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