[3] III.
1 Καί μου οὕτως διακειμένου ἐπεὶ ἔδοξέ ποτε πολλῆς ἠρεμίας
ἐμφορηθῆναι καὶ τὸν τῶν ἀνθρώπων ἀλεεῖναι πάτον, ἐπορευόμην εἴς τι
χωρίον οὐ μακρὰν θαλάσσης. Πλησίον δέ μου γενομένου ἐκείνου τοῦ
τόπου, ἔνθα ἔμελλον ἀφικόμενος πρὸς ἐμαυτῷ ἔσεσθαι, παλαιός τις
πρεσβύτης, ἰδέσθαι οὐκ εὐκαταφρόνητος, πρᾶον καὶ σεμνὸν ἦθος
ἐμφαίνων, ὀλίγον ἀποδέων μου παρείπετο. Ὡς δὲ ἐπεστράφην εἰς αὐτόν,
ὑποστὰς ἐνητένισα δριμύτερον αὐτῷ.
2 Καὶ ὅς· Γνωρίζεις με; ἔφη.
Ἠρνησάμην ἐγώ.
Τί οὖν, μοι ἔφη, οὕτως με κατανοεῖς;
Θαυμάζω, ἔφην, ὅτι ἔτυχες ἐν τῷ αὐτῷ μοι γενέσθαι· οὐ γὰρ
προσεδόκησα ὄψεσθαί τινα ἀνδρῶν ἐνθάδε.
Ὁ δέ· Οἰκείων τινῶν, φησί μοι, πεφρόντικα. Οὗτοι δέ μοί εἰσιν
ἀπόδημοι· ἔρχομαι οὖν καὶ αὐτὸς σκοπήσων τὰ περὶ αὐτούς, εἰ ἄρα
φανήσονταί ποθεν. Σὺ δὲ τί ἐνθάδε; Ἐμοὶ ἐκεῖνος.
Χαίρω, ἔφην, ταῖς τοιαύταις διατριβαῖς· ἀνεμπόδιστος γάρ μοι ὁ
διάλογος πρὸς ἐμαυτὸν γίνεται, {μὴ ἐναντία δρώσαις ὡσανεί,} φιλολογίᾳ τε
ἀνυτικώτατά ἐστι τὰ τοιάδε χωρία.
3 Φιλόλογος οὖν τις εἶ σύ, ἔφη, φιλεργὸς δὲ οὐδαμῶς οὐδὲ
φιλαλήθης, οὐδὲ πειρᾷ πρακτικὸς εἶναι μᾶλλον ἢ σοφιστής;
Τί δ' ἄν, ἔφην ἐγώ, τούτου μεῖζον ἀγαθὸν ἄν τις ἐργάσαιτο, τοῦ δεῖξαι
μὲν τὸν λόγον ἡγεμονεύοντα πάντων, συλλαβόντα δὲ καὶ ἐπ' αὐτῷ
ὀχούμενον καθορᾶν τὴν τῶν ἄλλων πλάνην καὶ τὰ ἐκείνων ἐπιτηδεύματα,
ὡς οὐδὲν ὑγιὲς δρῶσιν οὐδὲ θεῷ φίλον; Ἄνευ δὲ φιλοσοφίας καὶ ὀρθοῦ
λόγου οὐκ ἄν τῳ παρείη φρόνησις. Διὸ χρὴ πάντα ἄνθρωπον φιλοσοφεῖν
καὶ τοῦτο μέγιστον καὶ τιμιώτατον ἔργον ἡγεῖσθαι, τὰ δὲ λοιπὰ δεύτερα καὶ
τρίτα, καὶ φιλοσοφίας μὲν ἀπηρτημένα μέτρια καὶ ἀποδοχῆς ἄξια,
στερηθέντα δὲ ταύτης καὶ μὴ παρεπομένης τοῖς μεταχειριζομένοις αὐτὰ
φορτικὰ καὶ βάναυσα.
4 Ἦ οὖν φιλοσοφία εὐδαιμονίαν ποιεῖ; ἔφη ὑποτυχὼν ἐκεῖνος.
Καὶ μάλιστα, ἔφην ἐγώ, καὶ μόνη.
Τί γάρ ἐστι φιλοσοφία, φησί, καὶ τίς ἡ εὐδαιμονία αὐτῆς, εἰ μή τι κωλύει
φράζειν, φράσον.
Φιλοσοφία μέν, ἦν δ' ἐγώ, ἐπιστήμη ἐστὶ τοῦ ὄντος καὶ τοῦ ἀληθοῦς
ἐπίγνωσις, εὐδαιμονία δὲ ταύτης τῆς ἐπιστήμης καὶ τῆς σοφίας γέρας.
5 Θεὸν δὲ σὺ τί καλεῖς; ἔφη.
Τὸ κατὰ τὰ αὐτὰ καὶ ὡσαύτως ἀεὶ ἔχον καὶ τοῦ εἶναι πᾶσι τοῖς ἄλλοις
αἴτιον, τοῦτο δή ἐστιν ὁ θεός. Οὕτως ἐγὼ ἀπεκρινάμην αὐτῷ· καὶ ἐτέρπετο
ἐκεῖνος ἀκούων μου, οὕτως τέ με ἤρετο πάλιν.
Ἐπιστήμη οὐκ ἔστι κοινὸν ὄνομα διαφόρων πραγμάτων; Ἔν τε γὰρ
ταῖς τέχναις ἁπάσαις ὁ ἐπιστάμενος τούτων τινὰ ἐπιστήμων καλεῖται, ἔν τε
στρατηγικῇ καὶ κυβερνητικῇ καὶ ἰατρικῇ ὁμοίως. Ἔν τε τοῖς θείοις καὶ
ἀνθρωπείοις οὐχ οὕτως ἔχει. Ἐπιστήμη τίς ἐστιν ἡ παρέχουσα αὐτῶν τῶν
ἀνθρωπίνων καὶ τῶν θείων γνῶσιν, ἔπειτα τῆς τούτων θειότητος καὶ
δικαιοσύνης ἐπίγνωσιν;
Καὶ μάλα, ἔφην.
6 Τί οὖν; Ὁμοίως ἐστὶν ἄνθρωπον εἰδέναι καὶ θεόν, ὡς μουσικὴν καὶ
ἀριθμητικὴν καὶ ἀστρονομίαν ἤ τι τοιοῦτον;
Οὐδαμῶς, ἔφην.
Οὐκ ὀρθῶς ἄρα ἀπεκρίθης ἐμοί, ἔφη ἐκεῖνος· αἱ μὲν γὰρ ἐκ μαθήσεως
προσγίνονται ἡμῖν ἢ διατριβῆς τινος, αἱ δὲ ἐκ τοῦ ἰδέσθαι παρέχουσι τὴν
ἐπιστήμην. Εἴ γέ σοι λέγοι τις ὅτι ἐστὶν ἐν Ἰνδίᾳ ζῶον φυὴν οὐχ ὅμοιον τοῖς
ἄλλοις πᾶσιν, ἀλλὰ τοῖον ἢ τοῖον, πολυειδὲς καὶ ποικίλον, οὐκ ἂν πρότερον
εἰδείης ἢ ἴδοις αὐτό, ἀλλ' οὐδὲ λόγον ἂν ἔχοις εἰπεῖν αὐτοῦ τινα εἰ μὴ
ἀκούσαις τοῦ ἑωρακότος.
7 Οὐ γάρ, φημί.
Πῶς οὖν ἄν, ἔφη, περὶ θεοῦ ὀρθῶς φρονοῖεν οἱ φιλόσοφοι ἢ λέγοιέν τι
ἀληθές, ἐπιστήμην αὐτοῦ μὴ ἔχοντες, μηδὲ ἰδόντες ποτὲ ἢ ἀκούσαντες;
Ἀλλ' οὐκ ἔστιν ὀφθαλμοῖς, ἦν δ' ἐγώ, αὐτοῖς, πάτερ, ὁρατὸν τὸ θεῖον
ὡς τὰ ἄλλα ζῶα, ἀλλὰ μόνῳ νῷ καταληπτόν, ὥς φησι Πλάτων, καὶ ἐγὼ
πείθομαι αὐτῷ.
Ἔστιν οὖν, φησί, τῷ νῷ ἡμῶν τοιαύτη τις καὶ τοσαύτη δύναμις, ἢ μὴ τὸ
ὂν δι' αἰσθήσεως ἔλαβεν; Ἢ τὸν θεὸν ἀνθρώπου νοῦς ὄψεταί ποτε μὴ ἁγίῳ
πνεύματι κεκοσμημένος;
| [3] III.
1 Cette disposition d'esprit me faisait chercher les plus profondes
solitudes et fuir toute trace d'hommes, je me retirai donc dans une
campagne à peu de distance de la mer ; comme j'approchais de l'endroit
que j'avais choisi pour être seul avec moi-même, je m'aperçus qu'un
vieillard d'un aspect vénérable, et d'une physionomie pleine de douceur et
de gravité, me suivait d'assez près ; je m'arrêtai, en me tournant vers lui et
je le regardai avec beaucoup d'attention :
2 — Vous me connaissez donc, me dit-il?
— Non, lui répondis-je.
— Pourquoi donc me regarder ainsi?
— Je m'étonne, lui répondis-je, de vous voir avec moi dans ce lieu, je
m'y croyais seul.
— Je suis inquiet, me dit le vieillard, de quelques-uns de mes amis;
ils sont partis pour un long voyage: je n'en ai pas de nouvelles. Je suis
venu sur les bords de la mer pour tâcher de les découvrir de quelque
côté. Mais vous, quel motif vous amène en ces lieux?
— J'aime, répondis-je, les promenades solitaires où rien ne distrait
l'esprit, où l'on peut librement causer avec soi-même. Ces lieux sont bien
propres aux graves études.
3 — Je le vois, vous êtes philologue, c'est-à-dire ami des mots, et
non des œuvres et de la vérité. Vous aimez mieux être un raisonneur
qu'un homme d'action.
— Eh ! lui dis-je, quoi de plus grand et de plus utile que de montrer
aux hommes que c'est la raison qui doit commander en nous; que
d'étudier, en la prenant soi-même pour guide et pour appui, les passions
et les erreurs qui travaillent les autres; que de sentir combien leur
conduite est insensée et déplaît à Dieu ! Sans la philosophie et sans une
droite raison, il n'y a pas de sagesse dans l'homme; tout homme doit donc
s'appliquer à la philosophie, la regarder comme la plus noble, la plus
importante des études, et placer les autres au second ou au troisième
rang. D'ailleurs celles-ci, selon moi, ne sont utiles, estimables qu'autant
qu'un peu de philosophie vient s'y mêler; mais sans philosophie, elles sont
fastidieuses, indignes d'un homme libre, et bonnes à être reléguées parmi
les arts purement mécaniques.
4 — Ainsi, selon vous, la philosophie fait le bonheur?
— Oui, lui répondis-je, elle et elle seule.
— Eh bien! dites-moi ce que c'est que la philosophie et quel est le
bonheur qu'elle procure, si toutefois rien ne vous empêche de nous le dire?
— La philosophie, répondis-je, c'est la science de ce qui est, c'est la
connaissance du vrai ; et le bonheur, c'est la possession même de cette
science, de cette connaissance si précieuse.
5 — Mais qu'est-ce que Dieu? me dit-il.
— Je définis Dieu, l'être qui est toujours le même et toujours de la
même manière, la raison et la cause de tout ce qui existe.
Le vieillard m'écoutait avec plaisir; il me fit ensuite cette question :
— Ce que vous appelez science n'est-ce pas un mot générique qui
s'applique à différentes choses? Ainsi, vous direz d'un homme qui
possède un art, qu'il en a la science : par exemple, on dira de lui qu'il a la
science du commandement, la science du gouvernement, la science de la
médecine. Mais pour les choses qui concernent Dieu et l'homme, existe-t-il
une science qui les fasse connaître, qui montre ce qu'elles ont de juste
et de divin?
— Assurément, lui dis-je.
6 — Quoi donc ! il serait aussi facile de connaître Dieu et l'homme
que la musique, l'arithmétique, l'astronomie ou quelque autre science
semblable?
— Oh non ! lui dis-je.
— Vous n'avez donc pas bien répondu à ma question, reprit-il.
Certaines connaissances exigent de l'étude et du travail, d'autres ne
demandent que des yeux. Si l'on vous disait qu'il existe dans l'Inde un
animal qui ne ressemble à aucun autre, qu'il est de telle ou telle manière,
de plusieurs formes, de diverses couleurs, avec tout cela vous ne sauriez
pas ce qu'il est, si vous ne le voyiez de vos yeux, et vous n'en pourriez
raisonner si vous n'en aviez jamais entendu parler à quelqu'un qui l'eût vu ?
7 — Bien certainement, lui dis-je.
— Comment donc les philosophes peuvent-ils avoir une idée juste de
Dieu, ou affirmer quelque chose de vrai sur son être ; car ils ne le
connaissent pas, puisque ni leurs yeux, ni leurs oreilles n'ont pu leur en
rien apprendre?
— Mais, lui répondis-je, on ne peut voir Dieu des yeux du corps
comme les autres êtres. L'esprit seul peut le concevoir, ainsi que
l'enseigne Platon, dont je professe la doctrine.
— Mais, reprit le vieillard, dites-moi ce que vous pensez de l'âme.
Saisit-elle plus vite les objets que ne le fait l'œil du corps, ou bien peut-elle
voir Dieu sans le secours de l'Esprit saint?
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