HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Justin (Saint), Dialogue avec le juif Tryphon (texte complet)

Chapitre 4

  Chapitre 4

[4] IV. 1 Φησὶ γὰρ Πλάτων, ἦν δ' ἐγώ, αὐτὸ τοιοῦτον εἶναι τὸ τοῦ νοῦ ὄμμα καὶ πρὸς τοῦτο ἡμῖν δεδόσθαι, ὡς δύνασθαι καθορᾶν αὐτὸ ἐκεῖνο τὸ ὂν εἰλικρινεῖ αὐτῷ ἐκείνῳ, τῶν νοητῶν ἁπάντων ἐστὶν αἴτιον, οὐ χρῶμα ἔχον, οὐ σχῆμα, οὐ μέγεθος, οὐδὲ οὐδὲν ὧν ὀφθαλμὸς βλέπει· ἀλλά τι ὂν τοῦτ' αὐτό, φησί, ὂν ἐπέκεινα πάσης οὐσίας, οὔτε ῥητὸν οὔτε ἀγορευτόν, ἀλλὰ μόνον καλὸν καὶ ἀγαθόν, ἐξαίφνης ταῖς εὖ πεφυκυίαις ψυχαῖς ἐγγινόμενον διὰ τὸ συγγενὲς καὶ ἔρωτα τοῦ ἰδέσθαι. 2 Τίς οὖν ἡμῖν, ἔλεγε, συγγένεια πρὸς τὸν θεόν ἐστιν; καὶ ψυχὴ θεία καὶ ἀθάνατός ἐστι καὶ αὐτοῦ ἐκείνου τοῦ βασιλικοῦ νοῦ μέρος; Ὡς δὲ ἐκεῖνος ὁρᾷ τὸν θεόν, οὕτω καὶ ἡμῖν ἐφικτὸν τῷ ἡμετέρῳ νῷ συλλαβεῖν τὸ θεῖον καὶ τοὐντεῦθεν ἤδη εὐδαιμονεῖν; Πάνυ μὲν οὖν, ἔφην. Πᾶσαι δὲ αὐτὸ διὰ πάντων αἱ ψυχαὶ χωροῦσι τῶν ζώων, ἠρώτα, ἄλλη μὲν ἀνθρώπου, ἄλλη δὲ ἵππου καὶ ὄνου; Οὔκ, ἀλλ' αἱ αὐταὶ ἐν πᾶσίν εἰσιν, ἀπεκρινάμην. 3 Ὄψονται ἄρα, φησί, καὶ ἵπποι καὶ ὄνοι εἶδόν ποτε τὸν θεόν; Οὔ, ἔφην· οὐδὲ γὰρ οἱ πολλοὶ τῶν ἀνθρώπων, εἰ μή τις ἐν δίκῃ βιώσαιτο, καθηράμενος δικαιοσύνῃ καὶ τῇ ἄλλῃ ἀρετῇ πάσῃ. Οὐκ ἄρα, ἔφη, διὰ τὸ συγγενὲς ὁρᾷ τὸν θεόν, οὐδ' ὅτι νοῦς ἐστιν, ἀλλ' ὅτι σώφρων καὶ δίκαιος; Ναί, ἔφην, καὶ διὰ τὸ ἔχειν νοεῖ τὸν θεόν. Τί οὖν; Ἀδικοῦσί τινα αἶγες πρόβατα; Οὐδὲν οὐδένα, ἦν δ' ἐγώ. 4 Ὄψονται ἄρα, φησί, κατὰ τὸν σὸν λόγον καὶ ταῦτα τὰ ζῶα; Οὔ· τὸ γὰρ σῶμα αὐτοῖς, τοιοῦτον ὄν, ἐμπόδιόν ἐστιν. Εἰ λάβοιεν φωνὴν τὰ ζῶα ταῦτα, ὑποτυχὼν ἐκεῖνος, εὖ ἴσθι ὅτι πολὺ ἂν εὐλογώτερον ἐκεῖνα τῷ ἡμετέρῳ σώματι λοιδοροῖντο· νῦν δ' ἐάσωμεν οὕτω, καί σοι ὡς λέγεις συγκεχωρήσθω. Ἐκεῖνο δέ μοι εἰπέ· ἕως ἐν τῷ σώματί ἐστιν ψυχὴ βλέπει, ἀπαλλαγεῖσα τούτου; 5 Καὶ ἕως μέν ἐστιν ἐν ἀνθρώπου εἴδει, δυνατὸν αὐτῇ, φημί, ἐγγενέσθαι διὰ τοῦ νοῦ, μάλιστα δὲ ἀπολυθεῖσα τοῦ σώματος καὶ αὐτὴ καθ' ἑαυτὴν γενομένη τυγχάνει οὗ ἤρα πάντα τὸν χρόνον. καὶ μέμνηται τούτου πάλιν ἐν ἀνθρώπῳ γενομένη; Οὔ μοι δοκεῖ, ἔφην. Τί οὖν ὄφελος ταῖς ἰδούσαις, τί πλέον τοῦ μὴ ἰδόντος ἰδὼν ἔχει, εἰ μηδὲ αὐτὸ τοῦτο ὅτι εἶδε μέμνηται; 6 Οὐκ ἔχω εἰπεῖν, ἦν δ' ἐγώ. Αἱ δὲ ἀνάξιαι ταύτης τῆς θέας κριθεῖσαι τί πάσχουσιν; ἔφη. Εἴς τινα θηρίων ἐνδεσμεύονται σώματα, καὶ αὕτη ἐστὶ κόλασις αὐτῶν. Οἴδασιν οὖν ὅτι διὰ ταύτην τὴν αἰτίαν ἐν τοιούτοις εἰσὶ σώμασι καὶ ὅτι ἐξήμαρτόν τι; Οὐ νομίζω. 7 Οὐδὲ ταύταις ἄρα ὄφελός τι τῆς κολάσεως, ὡς ἔοικεν· ἀλλ' οὐδὲ κολάζεσθαι αὐτὰς λέγοιμι, εἰ μὴ ἀντιλαμβάνονται τῆς κολάσεως. Οὐ γάρ. Οὔτε οὖν ὁρῶσι τὸν θεὸν αἱ ψυχαί, οὔτε μεταμείβουσιν εἰς ἕτερα σώματα· ᾔδεσαν γὰρ ἂν ὅτι κολάζονται οὕτως, καὶ ἐφοβοῦντο ἂν καὶ τὸ τυχὸν ἐξαμαρτεῖν ὕστερον. Νοεῖν δὲ αὐτὰς δύνασθαι ὅτι ἔστι θεὸς καὶ δικαιοσύνη καὶ εὐσέβεια καλόν, κἀγὼ συντίθεμαι, ἔφη. Ὀρθῶς λέγεις, εἶπον. [4] IV. 1 — Platon nous dit que l'œil de l'âme est doué d'une pénétration si vive, qu'avec lui, et c'est aussi pour cet usage qu'il a été donné, nous pouvons voir l'être par excellence, l'auteur de toutes les choses intellectuelles, qui n'a lui-même ni couleur, ni figure, ni étendue, rien en un mot de ce qui tombe sous les sens. Qu'est-ce que Dieu, en effet, sinon l'être au-dessus de toute essence, ineffable, incompréhensible, seul beau, seul bon, remplissant d'une lumière soudaine les âmes pures, à cause de leur affinité avec lui et de leur désir de le voir? 2 — Quelle est donc, reprit le vieillard, cette affinité que vous leur supposez avec Dieu? L'âme serait-elle Immortelle, divine, une partie de cette grande âme qui régit le monde? Comme elle voit Dieu, nous pouvons donc déjà, par notre esprit, le contempler et être heureux. — Oui, certainement, répondis-je. — Mais les âmes des animaux peuvent-elles aussi s'élever jusque-là, reprit-il, ou bien l'âme de l'homme diffère-t-elle de celle du cheval, de l'âne, etc. ? — Nullement. Elle est la même chez tous. 3 — Les chevaux et les ânes ont donc vu Dieu ou le verront un jour ? — Non, certes. Il est même des hommes, et je parle ici du vulgaire, qui ne le verront pas ; c'est un privilège réservé seulement à l'homme de bien, rendu à sa pureté primitive par la pratique de la justice et de toutes les autres vertus. — Ainsi, reprit-il, ce n'est point à cause de son affinité avec Dieu que l'âme le voit, ni même parce qu'elle est une intelligence, mais uniquement parce qu'elle est juste, pure, vertueuse ? — Dites aussi, lui répondis-je, parce qu'elle a l'idée de Dieu. — Mais les chèvres et les brebis peuvent-elles nuire, faire du mal? — Non, sans doute. 4 — Eh bien ! d'après votre raisonnement, elles aussi verront Dieu ? — Point du tout, la conformation de leur corps s'y oppose. — Ah ! si ces animaux pouvaient parler, que ne diraient-ils pas de la conformation du nôtre ! Sachez qu'ils auraient bien plus sujet de s'en moquer. Mais laissons là cette discussion. Je veux bien vous accorder tout ce que vous avancez. Répondez à une autre question : Quand est-ce que l'âme voit Dieu ? est-ce pendant qu'elle est unie au corps, ou lorsqu'elle en est séparée? 5 — Lors même qu'elle est enfermée sous cette enveloppe matérielle, loi répondis-je, elle peut déjà embrasser Dieu par la pensée ; mais c'est surtout quand elle sera délivrée de sa prison et rendue à toute sa liberté, qu'elle jouira complètement et pour toujours de l'objet aimé. — Rentrée dans l'homme, se souvient-elle de ce qu'elle a vu? — Je ne le pense pas. — A quoi lui sert-il donc d'avoir vu Dieu ? Quel avantage a-t-elle sur l'âme qui ne l'a pas vu, si elle ne se souvient même pas d'avoir vu ? 6 — Je ne saurais ici vous répondre. — Mais quelles peines souffrent les âmes qui ne sont pas jugées dignes de voir Dieu? — Elles sont enfermées dans le corps de quelques bêtes comme dans une prison. Tel est leur châtiment. — Mais savent-elles pour quelle raison on les enferme dans ces nouveaux corps, leur a-t-on dit que c'était pour les fautes qu'elles avaient commises? — Je ne pense pas qu'elles le sachent 7 — Alors le châtiment me paraît inutile; je pourrais même dira qu'elles ne sont pas punies, si elles ne savent pas que c'est ici un châtiment? — Non, sans doute. — Ainsi donc ces âmes ne voient point Dieu, elles ne passent pas non plus dans d'autres corps, car si elles y étaient envoyées elles sauraient que c'est une punition, et elles craindraient désormais de commettre la plus légère faute. Ce que vous dites d'ailleurs qu'elles ont l'idée de Dieu, qu'elles savent qu'il est beau de pratiquer la justice, la piété, je l'admets avec vous. — Vous avez raison, lui dis-je.


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Dernière mise à jour : 12/03/2009