[2,3] III.
1. Κἀγὼ οὖν προσδοκῶ ὑπό τινος τῶν ὠνομασμένων
ἐπιβουλευθῆναι καὶ ξύλῳ ἐμπαγῆναι, ἢ κἂν ὑπὸ Κρίσκεντος τοῦ
φιλοψόφου καὶ φιλοκόμπου.
2. οὐ γὰρ φιλόσοφον εἰπεῖν ἄξιον τὸν ἄνδρα, ὅς γε περὶ ἡμῶν ἃ
μὴ ἐπίσταται δημοσίᾳ καταμαρτυρεῖ, ὡς ἀθέων καὶ ἀσεβῶν
Χριστιανῶν ὄντων, πρὸς χάριν καὶ ἡδονὴν τῶν πολλῶν τῶν
πεπλανημένων ταῦτα πράττων.
3. εἴτε γὰρ μὴ ἐντυχὼν τοῖς τοῦ Χριστοῦ διδάγμασι κατατρέχει
ἡμῶν, παμπόνηρός ἐστι καὶ ἰδιωτῶν πολὺ χείρων, οἳ φυλάττονται
πολλάκις περὶ ὧν οὐκ ἐπίστανται διαλέγεσθαι καὶ ψευδομαρτυρεῖν· ἢ
εἰ ἐντυχών, μὴ συνῆκε τὸ ἐν αὐτοῖς μεγαλεῖον, ἢ συνείς, πρὸς τὸ μὴ
ὑποπτευθῆναι τοιοῦτος ταῦτα ποιεῖ, πολὺ μᾶλλον ἀγεννὴς καὶ
παμπόνηρος, ἰδιωτικῆς καὶ ἀλόγου δόξης καὶ φόβου ἐλάττων ὤν.
4. καὶ γὰρ προθέντα με καὶ ἐρωτήσαντα αὐτὸν ἐρωτήσεις τινὰς
τοιαύτας καὶ μαθεῖν καὶ ἐλέγξαι, ὅτι ἀληθῶς μηδὲν ἐπίσταται,
εἰδέναι ὑμᾶς βούλομαι.
5. καὶ ὅτι ἀληθῆ λέγω, εἰ μὴ ἀνηνέχθησαν ἡμῖν αἱ κοινωνίαι τῶν
λόγων, ἕτοιμος καὶ ἐφ’ ὑμῶν κοινωνεῖν τῶν ἐρωτήσεων πάλιν·
βασιλικὸν δ’ ἂν καὶ τοῦτο ἔργον εἴη.
6. εἰ δὲ καὶ ἐγνώσθησαν ὑμῖν αἱ ἐρωτήσεις μου καὶ αἱ ἐκείνου
ἀποκρίσεις, φανερὸν ὑμῖν ἐστιν ὅτι οὐδὲν τῶν ἡμετέρων ἐπίσταται· ἢ
εἰ καὶ ἐπίσταται, διὰ τοὺς ἀκούοντας δὲ οὐ τολμᾷ λέγειν, ὁμοίως
Σωκράτει ὡς προέφην, οὐ φιλόσοφος ἀλλὰ φιλόδοξος ἀνὴρ
δείκνυται, ὅς γε μηδὲ τὸ Σωκρατικὸν ἀξιέραστον ὂν τιμᾷ· Ἀλλ’ οὔτι γε
πρὸ τῆς ἀληθείας τιμητέος ἀνήρ.
7. ἀδύνατον δὲ Κυνικῷ, ἀδιάφορον τὸ τέλος προθεμένῳ, τὸ
ἀγαθὸν εἰδέναι πλὴν ἀδιαφορίας.
| [2,3] III. Moi aussi, je m'attends à me voir poursuivi et attaché au bois
du supplice par quelqu'un de ceux que j'ai nommés ou par
Crescens, cet ami du bruit (philosophe) et de la parade. <2> Le nom
de philosophe ne convient pas à un homme qui nous accuse en
public, alors qu'il ne nous connaît pas, qui traite les chrétiens
d'athées et d'impies, pour plaire à une multitude égarée. <3> S'il
nous poursuit, sans avoir lu les enseignements du Christ, c'est un
infâme ; il est moins excusable que les ignorants : eux du moins
souvent se gardent de juger et de calomnier ce qu'ils ne
connaissent pas. S'il les a lus, il n'en a pas compris la grandeur : s'il
l'a comprise, c'est pour n'être pas soupçonné d'être chrétien qu'il se
conduit ainsi, et alors il est d'autant plus misérable et infâme ; il est
esclave d'une opinion aveugle et insensée ; il obéit à la crainte. <4>
Je lui ai proposé sur ce sujet des questions ; je l'ai interrogé : or j'ai
pu me convaincre, je veux que vous le sachiez, qu'il n'en sait pas le
premier mot. <5> Pour prouver ce que j'avance, si vous n'avez pas
eu connaissance de nos discussions, je suis prêt à l'interroger de
nouveau devant vous : ce serait digne de votre puissance
souveraine. <6> Si vous avez eu connaissance de mes questions et
de ses réponses, vous avez pu voir qu'il ne sait rien de notre
doctrine. S'il la connaît, et que, comme je l'ai dit plus haut, la
crainte de ceux qui l'écoutent l'empêche de parler, il montre par là
qu'il n'est pas ami de la sagesse, mais ami de l'opinion : il méprise
la belle maxime de Socrate : « La vérité doit passer avant l'homme.» <7> Mais il est impossible qu'un cynique, qui place la fin dernière
dans l'indifférence, connaisse un autre bien que l'indifférence.
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