[6] Ἥδιστα ἄν σοι τοὺς ἐμαυτοῦ πόνους διεξῆλθον καὶ
τὰ ἐπικρεμασθέντα παρὰ τῶν φίλων καὶ ξυγγενῶν, ὅτε τῆς
παρ´ ὑμῖν ἠρχόμην παιδείας, δείματα, εἰ μὴ σφόδρα αὐτὸς
ἠπίστασο. Τὰ δὲ ἐν Ἰωνίᾳ πρὸς τὸν καὶ γένει προσήκοντα
καὶ φιλίᾳ μᾶλλον οἰκεῖον ὄντα μοι πραχθέντα πρότερον
ὑπὲρ ἀνδρὸς ξένου μικρὰ παντελῶς γνωρίμου μοι γενομένου,
τοῦ σοφιστοῦ φημί, λέληθεν οὐδέν σε. Ἀποδημίας δὲ οὐχ
ὑπέστην τῶν φίλων ἕνεκα; Καίτοι Καρτερίῳ μὲν οἶσθ´
ὅπως συνηράμην πρὸς τὸν ἑταῖρον ἡμῖν ἀφικόμενος Ἀράξιον
ἄκλητος, ὑπὲρ αὐτοῦ δεησόμενος· ὑπὲρ δὲ τῶν τῆς
θαυμασίας Ἀρετῆς κτημάτων καὶ ὧν ἐπεπόνθει παρὰ τῶν
γειτόνων οὐκ εἰς τὴν Φρυγίαν τὸ δεύτερον ἀφικόμην ἐν
οὐδὲ ὅλοις μησὶ δύο, ἀσθενοῦς ἤδη μοι παντελῶς ὄντος τοῦ
σώματος διὰ τὴν ἐπιγενομένην ὑπὸ τῆς πρότερον κακοπαθείας
ἀρρωστίαν; Ἀλλὰ δὴ τὸ τελευταῖον πρὸ τῆς εἰς
τὴν Ἑλλάδα διαγενομένης ἡμῖν ἀφίξεως, ὅτε περὶ τῶν
ἐσχάτων, ὡς ἂν εἴποιεν οἱ πολλοί, κινδυνεύων ἐγὼ τῷ
στρατοπέδῳ παρέμενον, ὁποίας ἔγραφον ἐπιστολὰς πρὸς
σέ, νῦν ὑπομνήσθητι, μήποτε ὀδυρμῶν πλήρεις, μήτι
μικρὸν ἢ ταπεινὸν ἢ λίαν ἀγεννὲς ἐχούσας· ἀπιὼν δὲ ἐπὶ
τὴν Ἑλλάδα πάλιν, ὅτε με φεύγειν ἐνόμιζον πάντες, οὐχ
ὡς ἐν ἑορτῇ τῇ μεγίστῃ τὴν τύχην ἐπαινῶν ἡδίστην ἔφην
εἶναι τὴν ἀμοιβὴν ἐμοὶ καὶ τὸ δὴ λεγόμενον
«Χρύσεα χαλκείων, ἑκατόμβοι´ ἐννεαβοίων»
ἔφην ἀντηλλάχθαι; Οὕτως ἀντὶ τῆς ἐμαυτοῦ ἑστίας τὴν
Ἑλλάδα λαχὼν ἐγαννύμην, οὐκ ἀγρόν, οὐ κῆπον, οὐ δωμάτιον
ἐκεῖ κεκτημένος. Ἀλλὰ ἴσως ἔοικα ἐγὼ τὰς μὲν
δυσπραγίας οὐκ ἀγεννῶς φέρειν, πρὸς δὲ τὰς παρὰ τῆς
τύχης δωρεὰς ἀγεννής τις εἶναι καὶ μικρός, ὅς γε ἀγαπῶν
τὰς Ἀθήνας μᾶλλον τοῦ νῦν περὶ ἡμᾶς ὄγκου, τὴν σχολὴν
δήπουθεν ἐκείνην ἐπαινῶν, διὰ δὲ τὸ πλῆθος τῶν πράξεων
τοῦτον αἰτιώμενος τὸν βίον;
| [6] Ces labeurs, j'aurais grand plaisir à te les retracer, et les craintes
menaçantes que me causaient mes amis et mes parents, à l'époque où je
commençai mon éducation auprès de vous, si tu n'en étais parfaitement
instruit. Quant à ma conduite en Ionie et à ce que j'ai fait en prenant
contre un homme auquel j'étais uni par le sang et plus encore par
l'amitié, la défense d'un étranger que je connaissais à peine, je veux
parler d'un certain sophiste, tu ne l'ignores point non plus. N'ai-je
pas voyagé pour rendre service à des amis? Tu sais comment, venant en aide
à Cartérius, j'allai solliciter en sa faveur Araxius, notre
compagnon, sans en avoir été prié. Lorsque la vertueuse Arété eut à se
plaindre de ses voisins au sujet de ses propriétés, ne me suis-je pas
transporté en Phrygie deux fois dans l'espace de deux mois, le corps tout
faible et à peine remis d'une première maladie? En dernier lieu, avant mon
départ pour la Grèce, lorsque j'étais, comme on pourrait le dire, exposé
aux plus grands dangers, en demeurant à l'armée, rappelle-toi quelles
lettres je t'écrivais. Étaient-elles remplies de larmes? Y trouvait-on
quelque petitesse, un ton bas et indigne d'un homme de cœur? Quand je
retournai en Grèce, au moment où chacun croyait que je partais pour
l'exil, n'ai-je point béni la fortune comme en un jour de grande fête, et
n'ai-je pas dit qu'il n'y avait pas pour moi de plus agréable échange que
de troquer, comme on dit, "Une armure d'airain contre une armure d'or,
Le prix de neuf taureaux pour toute une hécatombe?"
Tant j'étais heureux d'échanger mon foyer contre la Grèce, où je ne
possédais ni champ, ni jardin, ni maison ! Peut-être te paraîtrai-je
supporter l'adversité avec assez de courage, tandis que je me montre
faible et petit devant les présents de la fortune, moi qui préfère Athènes
à la pompe dont nous sommes environnés, et qui, louant le repos dont je
jouissais, accuse ma vie présente envahie par la multiplicité des occupations.
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