[14] Τὸ μέγιστον δὲ μικροῦ με διέφυγεν
εἰπεῖν, ὅτι τούτων ἁπάντων ἄρχειν ἐκ παίδων διδασκόμενος, ἄρχεσθαι κρεῖττον ἔμαθες,
ἀρχῇ τῇ πασῶν ἀρίστῃ καὶ δικαιοτάτῃ φύσει τε καὶ νόμῳ σαυτὸν ὑποτιθείς· πατρὶ γὰρ
ὑπήκουες ἅμα καὶ βασιλεῖ· ὧν εἰ καὶ θάτερον ὑπῆρχεν ἐκείνῳ μόνον, ἄρχειν αὐτῷ
πάντως προσῆκον ἦν. Καίτοι τίνα ποτ´ ἄν τις ἐξεύροι βασιλικὴν τροφὴν καὶ παιδείαν
ἀμείνω ταύτης πάλαι γενομένην; οὔτε γὰρ οἱ Λακεδαιμόνιοι τῶν Ἑλλήνων οἵπερ δὴ
δοκοῦσιν ἀρίστης ἀρχῆς τῆς τῶν βασιλέων μεταλαβεῖν, οὕτω τοὺς Ἡρακλείδας ἐπαίδευον,
οὔτε τῶν βαρβάρων οἱ Καρχηδόνιοι, βασιλευόμενοι διαφερόντως, τῆς ἀρίστης
ἐπιμελείας τὸν ἄρχοντα σφῶν ἠξίουν· ἀλλὰ πᾶσιν ἦν κοινὰ τὰ παρὰ τῶν νόμων τῆς
ἀρετῆς γυμνάσια καὶ τὰ παιδεύματα καθάπερ ἀδελφοῖς τοῖς πολίταις, ἄρξειν τε καὶ
ἀρχθήσεσθαι μέλλουσι, καὶ οὐδὲν διάφορον προσῆν εἰς παιδείας λόγον τοῖς ἡγεμόσι τῶν
ἄλλων. Καίτοι πῶς οὐκ εὔηθες ἀπαιτεῖν μὲν ἀρετῆς μέγεθος ἀνυπέρβλητον παρὰ τῶν
ἀρχόντων, προνοεῖν δὲ μηδὲν ὅπως ἔσονται τῶν πολλῶν διαφέροντες; Καὶ τοῖς μὲν
βαρβάροις ἅπασιν ἐν κοινῷ τῆς ἀρχῆς ταύτης προκειμένης, τῷ τὴν ἐπιμέλειαν τῶν
ἠθῶν ὁμοίαν γίγνεσθαι παράσχοις συγγνώμην· τὸν Λυκοῦργον δὲ τοῖς ἀφ´ Ἡρακλέους
ἀστυφέλικτον τὴν βασιλείαν διαφυλάττοντα καὶ μηδεμίαν ὑπεροχὴν ἐν ταῖς ἐπιμελείαις
τῶν νέων εὑρόντα σφόδρα ἄν τις εἰκότως μέμψαιτο. Οὐδὲ γὰρ εἰ πάντας Λακεδαιμονίους
ἀθλητὰς ἀρετῆς καὶ τροφίμους ᾤετο δεῖν εἶναι, τῆς ἴσης ἀξιοῦν ἐχρῆν τροφῆς καὶ
παιδείας τοὺς ἰδιώτας τοῖς ἄρχουσιν. Ἡ γὰρ τοιαύτη κατὰ μικρὸν ὑποδυομένη συνήθεια
ταῖς ψυχαῖς πέφυκεν ἐντεκεῖν ὑπεροψίαν τῶν κρειττόνων· ὅλως γὰρ οὐδὲ κρείττονας
νομιστέον τοὺς οὐ δι´ ἀρετὴν πρωτεύειν λαχόντας. Τοῦτο δὲ οἶμαι καὶ Σπαρτιάτας
χαλεπωτέρους ἀρχθῆναι τοῖς βασιλεῦσι παρεῖχε πολλάκις· χρήσαιτο δ´ ἄν τις σαφεῖ
τεκμηρίῳ τῶν ῥηθέντων τῇ Λυσάνδρου πρὸς Ἀγησίλαον φιλοτιμίᾳ καὶ ἄλλοις πλείοσιν,
ἐπιὼν τὰ πεπραγμένα τοῖς ἀνδράσιν. Ἀλλὰ τοῖς μὲν ἡ πολιτεία τὰ πρὸς ἀρετὴν
ἀρκούντως παρασκευάζουσα, εἰ καὶ μηδὲν διαφέρον ἐπιτηδεύειν ἐδίδου τῶν πολλῶν,
ἀλλὰ τὸ καλοῖς κἀγαθοῖς ὑπάρχειν παρεῖχεν ἀνδράσι· Καρχηδονίων δὲ οὐδὲ τὰ κοινὰ τῶν
ἐπιτηδευμάτων ἐπαινεῖν ἄξιον· ἐξελαύνοντες γὰρ τῶν οἰκιῶν οἱ γονεῖς τοὺς παῖδας
ἐπέταττον εὐπορεῖν διὰ τῶν πόνων τῶν πρὸς τὴν χρείαν ἀναγκαίων, τὸ δρᾶν τι τῶν
δοκούντων αἰσχρῶν ἀπαγορεύοντες. Τὸ δὲ ἦν οὐ τὴν ἐπιθυμίαν ἐξελεῖν τῶν νέων, ἀλλὰ
τὸ λαθεῖν πειρᾶσθαι δρῶντα προστάττειν· πέφυκε γὰρ οὐ τρυφὴ μόνον ἦθος
διαφθείρειν, ἀλλὰ καὶ ἡ τῶν ἀναγκαίων ἐνδεὴς δίαιτα, ἐφ´ ὧν οὔπω τὸ κρίνειν ὁ λόγος
προσλαβὼν ἕπεται ταῖς χρείαις ὑπὸ τῆς ἐπιθυμίας ἀναπειθόμενος, ἄλλως τε εἰ καὶ
τούτου μὴ κρατοίη τοῦ πάθους, πρὸς χρηματισμὸν ἐκ παίδων συνεθιζόμενος καί τινας
ἀμοιβὰς ἐμποριῶν καὶ καπηλείας τὰς μὲν αὐτὸς εὑρὼν τὰς δὲ παρὰ τῶν εἰδότων μαθών,
ὑπὲρ ὧν οὐ λέγειν μόνον, ἀλλ´ οὐδὲ ἀκούειν ἄξιον ἐλευθέρῳ παιδί, πλείστας ἂν
κηλῖδας ἐναπόθοιτο τῇ ψυχῇ, ὧν πασῶν καθαρὸν εἶναι χρὴ καὶ τὸν ἐπιεικῆ πολίτην,
ἀλλ´ οὐ τὸν βασιλέα καὶ στρατηγὸν μόνον.
| [14] Mais j'allais presque oublier un fait admirable entre tous, c'est que, formé dès
ton enfance à commander à tous ces peuples, tu as appris mieux encore à obéir à la
plus parfaite et à la plus juste des autorités, en te soumettant à la nature et
à la loi. Tu t'es montré docile à celui qui était à la fois ton père et ton
empereur, et à qui un seul même de ces deux titres donnait le droit de te
commander. Aussi comment trouver dans l'antiquité une éducation et une
instruction royale supérieure à la tienne? Ni chez les Grecs, les Lacédémoniens,
qui passent pour avoir eu le meilleur gouvernement monarchique,
n'élevèrent ainsi les Héraclides; ni chez les Barbares, les Carthaginois,
qui eurent une excellente administration royale, ne donnèrent une éducation
aussi parfaite à celui qu'ils plaçaient à leur tête. Chez eux, en effet, d'après
la loi, les exercices et l'enseignement de la vertu étaient communs à tous les
citoyens, confondus ensemble comme des frères, qu'ils dussent commander ou
obéir, et il n'y avait aucune différence entre l'éducation des chefs et celle
des autres. Et cependant n'est-il point absurde d'exiger des princes le plus
haut degré de vertu, sans aviser au moyen de les rendre meilleurs que leurs
concitoyens? Que des barbares, chez lesquels l'autorité absolue est accessible à
tous, croient que l'éducation morale doit être la même, c'est une erreur
pardonnable. Mais que Lycurgue, qui voulait assurer la royauté dans la maison
des Héraclides, n'ait établi aucune forme distinctive dans l'éducation des
jeunes princes, c'est une conduite digne de reproche. Car, bien qu'il eût la
prétention de faire de tous les Lacédémoniens autant d'athlètes et de
nourrissons de la vertu, ce n'était pas un motif d'assujettir à la même
nourriture et à la même éducation les particuliers et les gouvernants. Une telle
familiarité fait pénétrer peu à peu dans les âmes un sentiment de dédain pour
les hommes d'un rang supérieur. On ne peut se décider à considérer comme
supérieurs ceux qui ne priment point par la vertu. Et voilà pourquoi, selon moi,
les Spartiates montrèrent souvent de la répugnance à obéir à leurs rois. On
trouvera la preuve évidente de ce que je dis dans le différend de Lysandre et
d'Agésilas, et dans beaucoup d'autres faits analogues que nous fournit
l'histoire. Cependant, comme chez les Spartiates la forme du gouvernement
préparait suffisamment à la vertu, tout en ne donnant point l'essor à l'ambition
des particuliers, elle assurait à tous les moyens d'être bons et honnêtes. Mais
citez les Carthaginois nous n'avons point à louer ce commun avantage. Les
parents congédiaient les enfants de la maison paternelle, en leur commandant de
vivre de leur travail, à la condition de ne commettre jamais aucune action
qu'ils croiraient honteuse. Or, ce n'était point arracher la cupidité du coeur
des jeunes gens, mais leur proposer pour labeur de tout faire pour la
déguiser. En effet, il n'y a point que la vie molle qui corrompe les moeurs,
mais aussi la privation des choses nécessaires à la vie, à une époque où la
raison n'étant pas assez mûre pour choisir se laisse entraîner aux besoins que
lui impose la cupidité. Il lui est surtout impossible de dominer la passion chez
des sujets accoutumés au gain dès leur enfance, à faire des échanges et des
trafics par des procédés qu'ils ont inventés ou que leur ont enseignés les
habiles : toutes choses qu'un enfant bien né ne doit ni dire ni entendre, parce
qu'elles ne peuvent que souiller l'âme; et si un honnête citoyen doit s'en
conserver pur, à plus forte raison un roi et un chef de l'État.
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