[33] Πρῶτον μὲν οὖν ὑπομνησθῶμεν μικρὰ τῶν ἔμπροσθεν,
ὁπότε τῆς ὑπὲρ τούτων διηγήσεως ἀπεπαυόμεθα.
Ἔφαμέν που χρῆναι τοὺς σπουδαίους τῶν ἀληθινῶν
ἐπαίνων ἀκροατὰς οὐκ εἰς ταῦτα ὁρᾶν, ὧν ἡ τύχη καὶ τοῖς
μοχθηροῖς πολλάκις μεταδίδωσιν, εἰς δὲ τὰς ἕξεις καὶ τὴν
ἀρετήν, ἧς μόνοις μέτεστι τοῖς ἀγαθοῖς ἀνδράσι καὶ φύσει
σπουδαίοις. Εἶτα ἐντεῦθεν ἑλόντες τὴν ἀρχὴν τοὺς ἑξῆς
ἐπεραίνομεν λόγους, ὥσπερ κανόνα τινὰ καὶ στάθμην
ἀπευθύνοντες, ᾗ τοὺς τῶν ἀγαθῶν ἀνδρῶν καὶ βασιλέων
ἐπαίνους ἐναρμόττειν ἐχρῆν. Καὶ ὅτῳ μὲν ἀληθὴς καὶ
ἀπαράλλακτος ἁρμονία πρὸς τοῦτο γέγονε τὸ ἀρχέτυπον,
ὄλβιος μὲν αὐτὸς καὶ ὄντως εὐδαίμων, εὐτυχεῖς δὲ οἱ μεταλαβόντες
τῆς τοιαύτης ἀρχῆς· ὅστις δὲ ἐγγὺς ἀφίκετο,
τῶν πλέον ἀπολειφθέντων ἀμείνων καὶ εὐτυχέστερος· οἱ δὲ
ἀπολειφθέντες παντελῶς ἢ καὶ τὴν ἐναντίαν τραπόμενοι
δυστυχεῖς καὶ ἀνόητοι καὶ μοχθηροί, αὑτοῖς τε καὶ ἄλλοις
τῶν μεγίστων αἴτιοι συμφορῶν. Εἰ δὴ οὖν καὶ ὑμῖν ταύτῃ
πη ξυνδοκεῖ, ὥρα ἐπεξιέναι τοῖς ἔργοις ἃ τεθαυμάκαμεν.
Καὶ ὅπως μή τις ὑπολάβῃ τὸν λόγον καθ´ αὑτὸν ἰόντα,
καθάπερ ἵππον ἀνταγωνιστοῦ στερόμενον ἐν τοῖς δρόμοις,
κρατεῖν καὶ ἀποφέρειν τὰ νικητήρια, πειράσομαι πῆ ποτε
διαφέρετον ἀλλήλων ὅ τε ἡμέτερος καὶ ὁ τῶν σοφῶν
ῥητόρων ἔπαινος δεῖξαι. Οὐκοῦν οἱ μὲν τὸ προγόνων
γενέσθαι δυναστῶν καὶ βασιλέων θαυμάζουσι μάλα, ὀλβίων
καὶ εὐδαιμόνων μακαρίους ὑπολαμβάνοντες τοὺς ἐκγόνους·
τὸ δὲ ἐπὶ τούτοις οὔτε ἐνενόησαν οὔτε ἐσκέψαντο, τίνα
τρόπον διατελοῦσιν ἀλλήλοις χρώμενοι. Καίτοι γε τοῦτο ἦν
τῆς εὐτυχίας ἐκείνης τὸ κεφάλαιον καὶ σχεδὸν ἁπάντων
τῶν ἐκτὸς ἀγαθῶν (εἰ μή τις καὶ πρὸς τοὔνομα δυσχεραίνει),
τὴν κτῆσιν ὑπὸ τῆς ἔμφρονος χρήσεως ἀγαθήν, καὶ φαύλην
ὑπὸ τῆς ἐναντίας γίγνεσθαι συμβαίνειν· ὥστε οὐ μέγα,
καθάπερ οἴονται, τὸ βασιλέως πλουσίου καὶ πολυχρύσου
γενέσθαι, μέγα δὲ ἀληθῶς τὸ τὴν ἀρετὴν τὴν πατρῴαν
ὑπερβαλλόμενον ἄμεμπτον αὑτὸν τοῖς γειναμένοις παρασχεῖν εἰς ἅπαν.
| [33] Mais, d'abord, revenons un peu à ce que nous avons dit
plus haut, lorsque nous avons cessé de poursuivre notre récit.
Nous disions que les auditeurs qui aiment les vrais éloges ne
doivent pas considérer les avantages que la fortune accorde
parfois même aux méchants, mais les habitudes de l'âme et la
vertu, qui ne peut appartenir qu'à des hommes d'une nature
bonne et excellente. Prenant de là notre point de départ, nous
en avons fait dépendre la suite de notre discours, comme d'une
règle et d'une mesure, à laquelle il convient de rapporter les
louanges des hommes de bien et des princes. Or, celui qui se
trouve dans une harmonie pure et parfaite avec ce type est
véritablement heureux, et à sa félicité réelle se joint le bonheur
de ceux qui vivent sous un pareil empire. Quiconque en approche
de plus près est meilleur et plus fortuné que ceux qui s'en
écartent davantage. Quant à ceux qui s'en éloignent tout à fait
et qui se sont jetés dans une voie opposée, malheureux, insensés
et méchants, ils sont, pour eux-mêmes et pour les autres,
la cause des plus grands malheurs. Si vous êtes d'accord avec
moi sur ce point, il est temps de revenir aux oeuvres que nous
avons admirées. Toutefois, afin qu'on ne s'imagine pas que mon
discours s'élance de lui-même, comme un cheval qui, n'ayant
pas de concurrent, est sûr de vaincre à la course et de remporter
le prix de la victoire, j'essayerai de montrer en quoi
mon panégyrique diffère de celui de nos habiles rhéteurs.
Ceux-ci se plaisent à exalter l'honneur d'être issu de princes et
de rois, estimant heureux les descendants des hommes qui ont
été heureux et fortunés. Or, ils n'ont pas songé, ils n'ont pas
remarqué de quelle manière ceux qu'ils louent ont usé de cet
avantage. Autrement, la naissance serait le premier des bonheurs
et de presque tous les biens qui nous viennent du dehors,
à moins que, ne tenant aucun compte du nom, on ne trouve
que cet avantage n'est bon que par l'usage sacré qu'on en fait,
et qu'il est mauvais si l'on en use contrairement au bien. Cela
posé, c'est peu de chose, ainsi qu'on le pense, d'être né d'un
prince riche et opulent; mais c'est beaucoup de s'élever au-dessus
de la vertu de ses ancêtres, et de se montrer en tout
irréprochable comme eux.
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