[15] Νῦν δὲ τὸ συνεχὲς ἀποδόντες τῷ παρόντι λόγῳ ἐπὶ
τὸν ἐξ ἀρχῆς ἐπανάγωμεν ὥσπερ οἱ προεκθέοντες ἐν τοῖς
δρόμοις. Ἐλέγετο δ´ οὖν ἐν τοῖς πρόσθεν ὡς αὐτὸν μέν
τινά φησι Πλάτων τὸν νοῦν καὶ τὴν ψυχήν, αὐτοῦ δὲ τὸ
σῶμα καὶ τὴν κτῆσιν. Ταῦτα δὲ ἐν τοῖς θαυμασίοις διώρισται
νόμοις. Ὥσπερ οὖν, εἴ τις ἐξ ἀρχῆς ἀναλαβὼν
λέγοι· «ὅτῳ ἀνδρὶ ἐς νοῦν καὶ φρόνησιν ἀνήρτηται πάντα
τὰ ἐς εὐδαιμονίαν φέροντα καὶ μὴ ἐν τοῖς ἐκτός, ἐξ ὧν εὖ
ἢ κακῶς πραξάντων ἢ καὶ πασχόντων πλανᾶσθαι ἀναγκάζεται,
τούτῳ ἄριστα παρεσκεύασται πρὸς τὸ ζῆν», οὐ
παρατρέπει τὴν λέξιν οὐδὲ παραποιεῖ, ἐξηγεῖται δὲ ὀρθῶς
καὶ ἑρμηνεύει, οὕτω δὲ καὶ ὅστις ἀντὶ τῆς «αὐτοῦ»
λέξεως τὸν θεὸν παραλαμβάνει οὐκ ἀδικεῖ. Εἰ γὰρ τὸν ἐν
ἡμῖν δαίμονα, ὄντα μὲν ἀπαθῆ τῇ φύσει καὶ θεῷ ξυγγενῆ,
πολλὰ δὲ ἀνατλάντα καὶ ὑπομείναντα διὰ τὴν πρὸς τὸ
σῶμα κοινωνίαν καὶ τοῦ πάσχειν τε καὶ φθείρεσθαι φαντασίαν
πολλοῖς παρασχόντα, τοῦ παντὸς ἐκεῖνος προΐσταται
βίου τῷ γε εὐδαιμονήσειν μέλλοντι, τί χρὴ προσδοκᾶν
αὐτὸν ὑπὲρ τοῦ καθαροῦ καὶ ἀμιγοῦς γηίνῳ σώματι διανοηθῆναι
νοῦ, ὃν δὴ καὶ θεὸν εἶναί φαμεν καὶ αὐτῷ τὰς
ἡνίας ἐπιτρέπειν τοῦ βίου χρῆναι παραινοῦμεν πάντα τε
ἰδιώτην καὶ βασιλέα, τόν γε ὡς ἀληθῶς ἄξιον τῆς ἐπικλήσεως
καὶ οὐ νόθον οὐδὲ ψευδώνυμον, συνιέντα μὲν
αὐτοῦ καὶ αἰσθανόμενον διὰ ξυγγένειαν, ὑφιέμενον δὲ αὐτῷ
τῆς ἀρχῆς καὶ ὑποχωροῦντα τῆς ἐπιμελείας ὡς ἔμφρονα;
ἀνόητον γὰρ καὶ μάλα αὔθαδες τὸ μὴ καθάπαξ ἐς δύναμιν
πείθεσθαι τῷ θεῷ ἀρετῆς ἐπιμελομένους· τούτῳ γὰρ μάλιστα
χαίρειν ὑποληπτέον τὸν θεόν. Οὐ μὴν οὐδὲ τῆς ἐννόμου
θεραπείας ἀποστατέον οὐδὲ τὴν τοιαύτην τιμὴν ὑπεροπτέον
τοῦ κρείττονος, θετέον δὲ ἐν ἀρετῆς μοίρᾳ τὴν εὐσέβειαν
τὴν κρατίστην· ἔστι γὰρ ὁσιότης τῆς δικαιοσύνης ἔκγονος·
αὕτη δὲ ὅτι τοῦ θειοτέρου ψυχῆς εἴδους ἐστίν, οὐδένα
λέληθε τῶν ὅσοι τὰ τοιαῦτα μεταχειρίζονται.
| [15] Notre digression ainsi motivée, revenons à notre point
de départ, comme des coureurs qui se sont avancés trop loin.
Nous disions donc avec Platon que l'être lui-même c'est l'esprit,
c'est l'âme : le corps n'est qu'une propriété individuelle. Voilà
ce qu'il démontre dans son admirable ouvrage des Lois.
Maintenant, si l'on établit, d'après ce principe, que l'homme,
pour lequel les circonstances qui font le bonheur dépendent de
l'esprit et de la prudence et non pas des objets extérieurs, dont
le bon ou le mauvais état rendrait son existence dépendante, a
tout ce qu'il faut pour vivre heureux, on n'altère point le langage
du philosophe, on ne le fausse point, on l'interprète et on
l'explique comme il faut. Car ce n'est pas altérer le texte que
de mettre le mot Dieu à la place du mot étre. Et de fait, si le
génie, qui réside en nous, impassible de sa nature, puisqu'il
participe de celle de Dieu, quoi qu'il ait à souffrir et à supporter
à cause de son union avec le corps, à ce point qu'il semble à
bien des gens souffrir et s'anéantir avec lui, est représenté par
ce philosophe comme dirigeant toute la vie de celui qui doit
étre heureux, que croyons-nous qu'il pense de cet être pur de
tout mélange avec un corps terrestre, que nous nommons Dieu,
à qui nous engageons tous les honnnes à confier les rênes de
leur existence, soit particulier, soit roi, vraiment digne de ce
nom, et non pas soi-disant prince et faux souverain, mais qui,
comprenant ce que c'est que Dieu et se rattachant à lui par la
communauté d'origine, lui fait abandon de tout son pouvoir et
lui confie, en homme prudent, toute la direction de son empire?
Il y aurait impudence et folie à ne pas obéir à Dieu, dans la
mesure de nos forces, si nous avons souci de la vertu. Or, on
doit penser que c'est là ce qui est le plus agréable à Dieu.
Cependant il faut aussi lui rendre un culte légitime et ne pas
négliger l'hommage dû à l'Être suprème. Une piété profonde
fait partie de la vertu, la religion étant fille de la justice, qui
est elle-même une des formes les plus divines de l'âme : vérité
qui n'a échappé à aucun de ceux qui ont traité ces sortes de matières.
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