[16] « Εἶἑν· ἀλλὰ τί παθὼν αὐτὸς ἐπιχειρεῖς
ἀκροᾶσθαι περὶ τῶν συμβολαίων καὶ δικάζειν; οὐ
γὰρ δὴ καὶ τοῦτό σε ὁ παιδαγωγὸς ἐδίδασκεν, ὃς
οὐδὲ εἰ ἄρξεις ἠπίστατο.» Δεινὸς δὲ ἀνέπεισε
γέρων, ὃν καὶ ὑμεῖς ὡς ὄντα μάλιστα αἰτιώτατον
τῶν ἐμῶν ἐπιτηδευμάτων ὀρθῶς ποιοῦντες
ξυλλοιδορεῖτέ μοι, καὶ τοῦτον δέ, εὖ ἴστε, ὑπ´
ἄλλων ἐξηπατημένον. Ὀνόματα ἥκει πρὸς ὑμᾶς
πολλάκις κωμῳδούμενα, Πλάτων καὶ Σωκράτης καὶ
Ἀριστοτέλης καὶ Θεόφραστος. Ἐκείνοις ὁ γέρων
οὗτος πεισθεὶς ὑπὸ ἀφροσύνης, ἔπειτα ἐμὲ νέον
εὑρών, ἐραστὴν λόγων, ἀνέπεισεν ὡς, εἰ τὰ πάντα
ἐκείνων ζηλωτὴς γενοίμην, ἀμείνων ἔσομαι τῶν μὲν
ἄλλων ἀνθρώπων ἴσως οὐδενός (οὐ γὰρ εἶναί μοι
πρὸς αὐτοὺς τὴν ἅμιλλαν), ἐμαυτοῦ δὲ πάντως.
Ἐγὼ δὲ (οὐ γὰρ εἶχον ὅ τι ποιῶ) πεισθεὶς οὐκέτι
δύναμαι μεταθέσθαι, καὶ ταῦτα ἐθέλων πολλάκις,
ἀλλ´ ὀνειδίζω μὲν ἐμαυτῷ, διότι μὴ ποιῶ πᾶσαν
ἄδειαν ἁπάντων ἀδικημάτων· ὕπεισι δέ με ἐκ τῶν
Πλάτωνος ὅσα ὁ Ἀθηναῖος διεξῆλθε ξένος.
«Τίμιος μὲν δὴ καὶ ὁ μηδὲν ἀδικῶν, ὁ δὲ μηδ´
ἐπιτρέπων τοῖς ἀδικοῦσιν ἀδικεῖν πλέον ἢ
διπλασίας τιμῆς ἄξιος ἐκείνου· ὁ μὲν γὰρ ἑνός, ὁ δὲ
πολλῶν ἀντάξιος ἑτέρων, μηνύων τὴν τῶν ἄλλων
τοῖς ἄρχουσιν ἀδικίαν. Ὁ δὲ καὶ συγκολάζων εἰς
δύναμιν τοῖς ἄρχουσιν, ὁ μέγας ἀνὴρ ἐν πόλει καὶ
τέλειος οὗτος ἀναγορευέσθω νικηφόρος ἀρετῆς.
Τὸν αὐτὸν δὴ τοῦτον ἔπαινον καὶ περὶ
σωφροσύνης χρὴ λέγειν καὶ περὶ φρονήσεως καὶ
ὅσα ἄλλα ἀγαθά τις κέκτηται, δυνατὰ μὴ μόνον
αὐτὸν ἔχειν, ἀλλὰ καὶ ἄλλοις μεταδιδόναι.»
Ταῦτα ἐδίδασκέ με νομίζων ἰδιώτην ἔσεσθαι· καὶ
γὰρ οὐδὲ προέγνω ταύτην ἐκ Διός μοι τὴν τύχην
ἐσομένην, εἰς ἣν νῦν ὁ θεὸς φέρων κατέστησεν.
Ἐγὼ δὲ αἰσχυνόμενος ἄρχων ἰδιώτου φαυλότερος
εἶναι, λέληθα ἐμαυτόν, οὐδὲν δέον, ὑμῖν τῆς
ἀγροικίας μεταδιδοὺς τῆς ἐμαυτοῦ. Καί με ἕτερος
τῶν Πλάτωνος νόμων ὑπομνησθέντα ἐμαυτοῦ
πεποίηκεν ἀπεχθάνεσθαι πρὸς ὑμᾶς, ὅς φησι δεῖν
αἰδῶ καὶ σωφροσύνην ἀσκεῖν τοὺς ἄρχοντας καὶ
τοὺς πρεσβυτέρους, ἵνα τὰ πλήθη πρὸς αὐτοὺς
ἀποβλέποντα κοσμῆται. Μόνῳ οὖν μοι, μᾶλλον δὲ
ξὺν ὀλίγοις ἐπιτηδεύοντι νῦν τοῦτο πρὸς θάτερα
περιέστη καὶ γέγονεν οὐκ ἀπεικότως ἐν ὀνείδει.
Ἑπτὰ γάρ ἐσμεν οἵδε παρ´ ὑμῖν ξένοι νεήλυδες, εἷς
δὲ καὶ πολίτης ὑμέτερος, Ἑρμῇ φίλος καὶ ἐμοί,
λόγων ἀγαθὸς δημιουργός, οἷς οὐδέν ἐστι πρός
τινα συμβόλαιον, οὐδὲ ἄλλην ὁδὸν βαδίζομεν ἢ
πρὸς τὰ τῶν θεῶν ἱερά, καὶ ὀλιγάκις, οὐ πάντες, εἰς
τὰ θέατρα· πεποιημένοι τὸ δυσκλεέστατον τῶν
ἔργων καὶ ἐπονείδιστον τοῦ βίου τέλος
(ἐπιτρέψουσί μοι πάντως οἱ τῶν Ἑλλήνων σοφοὶ
φάναι τι τῶν παρ´ ἡμῖν ἐπιπολαζόντων, οὐ γὰρ
ἔχω πῶς ἂν αὐτὸ μᾶλλον ἐνδειξαίμην), ἐπὶ τῆς
μεσιτείας αὑτοὺς ἐτάξαμεν, οὕτω περὶ πολλοῦ
ποιούμεθα τὸ προσκρούειν ὑμῖν καὶ ἀπεχθάνεσθαι,
δέον ἀρέσκειν καὶ θωπεύειν.
| [16] Soit; mais pourquoi t'ingérer dans la connaissance de nos affaires
commerciales et prétendre les décider? Je ne pense pas que ton
précepteur te l'ait enseigné, lui qui n'a pas deviné que tu serais empereur.
C'est pourtant ce maudit vieillard qui m'y a poussé : vous avez raison de
l'accuser avec moi d'être le principal auteur de mes façons de vivre; mais il
faut que vous sachiez que lui-même a été trompé. Vous n'êtes pas sans
avoir entendu quelquefois certains noms dont se rit la comédie, un
Platon, un Socrate, un Aristote, un Théophraste. Ce vieillard s'y était laissé
prendre par simplesse; et, me trouvant jeune, ami des lettres, il me
persuada que, en me faisant sans réserve leur disciple, je deviendrais
meilleur, non pas que tous les autres hommes, je n'ai la prétention de lutter
avec personne, mais du moins que moi-même. Alors moi, car comment
faire? je me laisse convaincre, et je ne puis désormais me changer : je l'ai
tenté souvent, et je m'en veux de ne pas accorder toute sécurité aux abus;
mais il me vient aussitôt à l'esprit le passage de Platon où l'hôte athénien
s'exprime en ces termes : « Honorable est celui qui ne commet aucune
injustice; mais celui qui détourne les autres d'un acte injuste mérite deux
fois autant et plus d'honneurs que le premier : l'un n'est juste que pour un
seul, et l'autre l'est pour un grand nombre, en révélant l'injustice des autres
aux magistrats. Quant à celui qui s'unit aux magistrats pour châtier de tout
son pouvoir les méchants, c'est un grand homme, un homme accompli, qui
mérite la palme de la vertu. Et cet honneur qu'on doit rendre à la justice, je
l'applique également à la tempérance, à la prudence, à toutes les vertus
qu'on peut non seulement posséder par soi-même, mais encore
communiquer aux autres. » Voilà ce que m'enseignait mon précepteur,
croyant que je resterais simple citoyen. Car il ne prévoyait pas que Jupiter
m'enverrait la fortune où ce dieu m'a élevé. Et moi, craignant, devenu
prince, d'être pire que de simples citoyens, je vous ai communiqué, sans le
vouloir et mal à propos, quelque chose de ma rusticité. Une autre loi de
Platon, que je me suis rappelée à moi-même, a soulevé votre inimitié
contre moi : c'est celle qui dit que la vie des hommes en place et des
vieillards doit être un modèle de pudeur et de tempérance, dont la vue
inspire aux masses la même pureté de sentiment. Seul ou du moins
avec un petit nombre d'amis, je m'attache aujourd'hui à cette manière de
vivre, mais la chose a tourné autrement que je ne croyais et m'a valu une
honte bien méritée. Nous sommes ici chez vous sept étrangers, sept intrus ;
joignez-y l'un de vos concitoyens, cher à Mercure et à moi-même,
habile artisan de paroles. Séparés de tout commerce, nous ne suivons
ici qu'une seule route, celle qui mène au temple des dieux, et encore la
prenons-nous rarement : jamais de théâtre, le spectacle nous paraissant la
plus honteuse des occupations, le but le plus blâmable de la vie. Tous ceux
des Grecs qui sont sages me permettront volontiers de nous caractériser
par notre qualité la plus éminente; et comme je ne trouve rien de plus
saillant en nous, c'est celle-là surtout que je fais valoir; tant nous désirons
vous molester et soulever votre haine, au lieu de chercher à vous plaire et
de vous flatter.
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