[14] Λείπεται δὴ λοιπόν, ὡς εἰκός, ὑπέρ τε τῆς ἁγιστείας
αὐτῆς καὶ τῆς ἁγνείας διεξελθεῖν, ἵνα καὶ ἐντεῦθεν
λάβωμεν εἰς τὴν ὑπόθεσιν εἴ τι συμβάλλεται. Γελοῖον δὲ
αὐτίκα τοῖς πᾶσιν ἐκεῖνο φαίνεται κρεῶν μὲν ἅπτεσθαι
δίδωσιν ὁ ἱερὸς νόμος, ἀπαγορεύει δὲ τῶν σπερμάτων.
Οὐκ ἄψυχα μὲν ἐκεῖνα, ταῦτα δὲ ἔμψυχα; Οὐ καθαρὰ μὲν
ἐκεῖνα, ταῦτα δὲ αἵματος καὶ πολλῶν ἄλλων οὐκ εὐχερῶν
ὄψει τε καὶ ἀκοῇ πεπληρωμένα; Οὐ τὸ μέγιστον, ἐκείνοις
μὲν πρόσεστι τὸ μηδένα ἐκ τῆς ἐδωδῆς ἀδικεῖσθαι, τούτοις
δὲ τὸ καταθύεσθαι καὶ κατασφάττεσθαι τὰ ζῷα ἀλγοῦντά
γε, ὡς εἰκός, καὶ τρυχόμενα; Ταῦτα πολλοὶ καὶ τῶν
περιττῶν εἴποιεν ἄν· ἐκεῖνα δὲ ἤδη κωμῳδοῦσι καὶ τῶν
ἀνθρώπων οἱ δυσσεβέστατοι· τὰ μὲν ὄρμενά φασιν ἐσθίεσθαι
τῶν λαχάνων, παραιτεῖσθαι δὲ τὰς ῥίζας, ὥσπερ γογγυλίδας
Καὶ σῦκα μὲν ἐσθίεσθαί φασι, ῥοιὰς δὲ οὐκέτι καὶ
μῆλα πρὸς τούτοις. Ταῦτα ἀκηκοὼς μινυριζόντων πολλῶν
πολλάκις, ἀλλὰ καὶ εἰρηκὼς πρότερον, ἔοικα ἐγὼ μόνος ἐκ
πάντων πολλὴν εἰδέναι τοῖς δεσπόταις θεοῖς μάλιστα μὲν
ἅπασι, πρὸ τῶν ἄλλων δὲ τῇ Μητρὶ τῶν θεῶν, ὥσπερ ἐν
τοῖς ἄλλοις ἅπασιν, οὕτω δὲ καὶ ἐν τούτῳ χάριν ὅτι με μὴ
περιεῖδεν ὥσπερ ἐν σκότῳ πλανώμενον, ἀλλά μοι πρῶτόν
γε ἐκέλευσεν ἀποκόψασθαι, οὔτι κατὰ τὸ σῶμα, κατὰ δὲ
τὰς ψυχικὰς ἀλόγους ὁρμὰς καὶ κινήσεις τῇ νοερᾷ καὶ
προεστώσῃ τῶν ψυχῶν ἡμῶν αἰτίᾳ τὰ περιττὰ καὶ μάταια·
ἐπὶ νοῦν δὲ ἔδωκεν αὕτη λόγους τινὰς ἴσως οὐκ ἀπᾴδοντας
πάντη τῆς ὑπὲρ θεῶν ἀληθοῦς ἅμα καὶ εὐαγοῦς ἐπιστήμης.
Ἀλλ´ ἔοικα γάρ, ὥσπερ οὐκ ἔχων ὅ τι φῶ, κύκλῳ περιτρέχειν·
ἐμοὶ δὲ πάρεστι μὲν καὶ καθ´ ἕκαστον ἐπιόντι σαφεῖς
καὶ τηλαυγεῖς αἰτίας ἀποδοῦναι τοῦ χάριν ἡμῖν οὐ θέμις
ἐστὶ προσφέρεσθαι ταῦτα ὧν ὁ θεῖος εἴργει θεσμός· καὶ
ποιήσω γε αὐτὸ μικρὸν ὕστερον· ἄμεινον δὲ νῦν ὥσπερ
τύπους τινὰς προθεῖναι καὶ κανόνας, οἷς ἑπόμενοι, κἄν τι
πολλάκις ὑπὸ τῆς σπουδῆς παρέλθῃ τὸν λόγον, ἕξομεν
ὑπὲρ τούτων κρῖναι.
| [14] Il me reste maintenant, ce qui va de soi-même, à parler des abstinences
et des purifications et à y puiser ce qui peut se rattacher à mon sujet.
Au premier abord il semble ridicule à tout le monde que la loi sainte
permette l'usage des viandes et qu'elle interdise les légumes. Les légumes
ne sont-ils point inanimés, tandis que les viandes ont été animées? Les
premiers ne sont-ils pas purs, tandis que les autres sont remplies de sang
et de beaucoup d'antres substances qu'on n'aime ni voir, ni entendre
nommer? Et, chose plus frappante, n'est-il pas vrai que, en se nourrissant
de légumes, on ne nuit à aucun être vivant, tandis que l'on ne peut se
nourrir de viande sans immoler et égorger des animaux, qui souffrent et
qui sont réellement tourmentés? Voilà ce que pourraient nous dire nombre
de gens sensés : voilà ce que tournent en ridicule les plus impies des
hommes. On permet, disent-ils, de manger les légumes à tige, et l'on
défend les racines, par exemple les raves; on laisse aussi manger des
figues, mais on défend les grenades et les oranges. J'ai entendu
maintes et maintes fois chuchoter ces propos, et je les ai même tenus
autrefois. Mais maintenant, seul peut-être entre tous, je me reconnais
infiniment redevable à tous les dieux souverains, et surtout à la Mère des
dieux, de ce que, sans parler de ses autres faveurs, elle ne m'a point
laissé errer en quelque sorte dans les ténèbres; mais, après
m'avoir commandé de me mutiler, non du corps sans doute, mais de tous les
appétits déraisonnables de l'âme et de tous les mouvements superflus et
inutiles à la cause intelligente, qui gouverne nos âmes, elle a de plus
enrichi mon esprit d'idées, qui, loin d'être aucunement étrangères à la
connaissance véritable des dieux, composent la vraie science religieuse.
Mais j'ai l'air de ne plus savoir que dire, engagé que je suis dans les
circuits de mon discours. Je puis, au contraire, en pénétrant dans les
détails de mon sujet, indiquer les causes précises et manifestes pour
lesquelles il n'est pas permis d'user de certains aliments, qu'interdit la
loi divine; et c'est ce que je vais faire avant peu. Toutefois il vaut
mieux commencer par établir des principes et des règles, d'après lesquels,
lors même que la rapidité de mon discours me ferait commettre quelques
omissions, nous aurions toujours un criteriun assuré.
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