HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Éloge de l'impératrice Eusébie

Chapitre 15

  Chapitre 15

[15] Βούλεσθε οὖν τὰ μετὰ ταῦτα πάλιν ἔργα καὶ ὅσα ἔδρασεν ἡμᾶς ἀγαθὰ καθ´ ἕκαστον λεπτουργοῦντες ἀπαγγέλλωμεν; τά γε ἐντεῦθεν ἀθρόως ἑλόντες, καθάπερ ἔδρασεν αὕτη, πάντα ὁμοῦ διηγησώμεθα; ὁπόσους μὲν εὖ ἐποίησε τῶν ἐμοὶ γνωρίμων, ὅπως δὲ ἐμοὶ μετὰ τοῦ βασιλέως τὸν γάμον ἥρμοσεν. Ὑμεῖς δὲ ἴσως ποθεῖτε καὶ τὸν κατάλογον ἀκούειν τῶν δώρων, Ἕπτ´ ἀπύρους τρίποδας, δέκα δὲ χρυσοῖο τάλαντα καὶ λέβητας ἐείκοσιν. Ἀλλ´ οὔ μοι σχολὴ περὶ τῶν τοιούτων ἀδολεσχεῖν· ἑνὸς δὲ ἴσως τῶν ἐκείνης δώρων τυχὸν οὐκ ἄχαρι καὶ εἰς ὑμᾶς ἀπομνημονεῦσαι, μοι δοκῶ καὶ αὐτὸς σφόδρα ἡσθῆναι διαφερόντως· βίβλους γὰρ φιλοσόφων καὶ ξυγγραφέων ἀγαθῶν καὶ ῥητόρων πολλῶν καὶ ποιητῶν, ἐπειδὴ παντελῶς ὀλίγας οἴκοθεν ἔφερον, ἐλπίδι καὶ πόθῳ τοῦ πάλιν οἴκαδε ἐπανελθεῖν τὴν ταχίστην ψυχαγωγούμενος, ἔδωκεν ἀθρόως τοσαύτας, ὥστε ἐμοῦ μὲν ἀποπλῆσαι τὴν ἐπιθυμίαν σφόδρα ἀκορέστως ἔχοντος τῆς πρὸς ἐκεῖνα συνουσίας, μουσεῖον δὲ Ἑλληνικῶν ἀποφῆναι βιβλίων ἕκητι τὴν Γαλατίαν καὶ τὴν Κελτίδα. Τούτοις ἐγὼ προσκαθήμενος συνεχῶς τοῖς δώροις, εἴ ποτε σχολὴν ἄγοιμι, οὐκ ἔστιν ὅπως ἐπιλανθάνωμαι τῆς χαρισαμένης· ἀλλὰ καὶ στρατευομένῳ μοι ἕν γέ τι πάντως ἕπεται οἷον ἐφόδιον τῆς στρατείας πρὸς αὐτόπτου πάλαι ξυγκείμενον. Πολλὰ γὰρ δὴ τῆς τῶν παλαιῶν ἔργων ἐμπειρίας ὑπομνήματα ξὺν τέχνῃ γραφέντα τοῖς ἁμαρτοῦσι διὰ τὴν ἡλικίαν τῆς θέας ἐναργῆ καὶ λαμπρὰν εἰκόνα φέρει τῶν πάλαι πραχθέντων, ὑφ´ ἧς ἤδη καὶ νέοι πολλοὶ γερόντων μυρίων πολιὸν μᾶλλον ἐκτήσαντο τὸν νοῦν καὶ τὰς φρένας, καὶ τὸ δοκοῦν ἀγαθὸν ἐκ τοῦ γήρως ὑπάρχειν τοῖς ἀνθρώποις μόνον, τὴν ἐμπειρίαν, δι´ ἣν πρεσβύτης Ἔχει τι λέξαι τῶν νέων σοφώτερον, τοῖς οὐ ῥᾳθύμοις τῶν νέων ἔδωκεν. Ἔστι δὲ οἶμαί τις ἐν αὐτοῖς καὶ παιδαγωγία πρὸς ἦθος γενναῖον, εἴ τις ἐπίσταιτο τοὺς ἀρίστους ἄνδρας καὶ λόγους καὶ πράξεις, οἷον ἀρχέτυπα προτιθέμενος δημιουργός, πλάττειν ἤδη πρὸς ταῦτα τὴν αὑτοῦ διάνοιαν καὶ ἀφομοιοῦν πρὸς τοὺς λόγους· ὧν εἰ μὴ πάμπληθες ἀπολειφθείη, τυγχάνοι δὲ καὶ ἐπ´ ὀλίγον τῆς ὁμοιότητος, οὐ σμικρὰ ἂν ὄναιτο, εὖ ἴστε. δὴ καὶ αὐτὸς πολλάκις ξυννοῶν παιδιάν τε οὐκ ἄμουσον ἐν αὐτοῖς ποιοῦμαι καὶ στρατευόμενος καθάπερ σιτία φέρειν ἀναγκαῖα καὶ ταῦτα ἐθέλω· μέτρον δέ ἐστι τοῦ πλήθους τῶν φερομένων καιρός. [15] Voulez-vous connaître les faits qui suivirent, et faut-il que j'énumère en détail et par ordre tous les biens qu'elle m'a faits? Ou les accumulerai-je sans choix, tous ensemble, comme elle les a répandus sur moi, et vous en ferai-je le récit? Et les faveurs dont elle a comblé mes amis? Et l'alliance qu'elle m'a fait contracter avec la famille de l'empereur ? peut-être aussi voudriez-vous entendre le catalogue des présents que j'ai reçus d'elle, "Sept trépieds qui du feu n'ont pas senti I'atteinte, Dix talents d'un or pur, vingt bassins tout brillants" ? Mais je n'ai pas le loisir d'entrer dans ces minuties. Il est pourtant un de ces présents qu'il m'est doux de vous rappeler, à cause du plaisir extrême qu'il m'a causé. Je n'avais apporté de chez moi qu'un très petit nombre de livres, œuvres de bons philosophes et de bons historiens avec celles de plusieurs orateurs et de plusieurs poètes, tant j'avais au fond de l'âme l'espérance, mêlée de regret, de retourner promptement à mes foyers! Eusébie m'en donna une telle quantité, que j'eus de quoi satisfaire pleinement mon désir, quelque insatiable que fût mon avidité pour ce commerce de l'esprit, et que, ainsi, la Gaule et la Germanie devinrent pour moi un musée de livres grecs. Sans cesse attaché à ces trésors, dès que j'ai un instant de loisir, je ne saurais oublier la main qui me les a donnés. Quand je suis en expédition, un de ces livres ne manque point de me suivre comme partie de mon bagage militaire, et c'est toujours un ouvrage écrit jadis sur un sujet semblable. En effet, les nombreux monuments de l'expérience des anciens, écrits avec art, offrent une image vive et brillante des faits passés à ceux que leur âge a tenus éloignés de ce spectacle. Aussi voit-on des jeunes gens avoir la maturité du génie et la prudence qui manquent à des milliers de vieillards, et posséder un bien qui n'arrive aux hommes qu'avec la vieillesse, je veux dire l'expérience, grâce à laquelle un vieillard "peut tenir un langage plus sensé qu'un jeune homme, mais que peut acquérir un jeune homme laborieux". Les livres sont, en outre, une excellente école de morale : on y apprend à connaître les hommes illustres, leurs paroles, leurs actions : ce sont des modèles qu'un se met sous les yeux, comme fait un artiste, pour y conformer ses pensées et y assimiler son langage. A moins de s'en éloigner absolument, on arrive peu à peu à cette ressemblance, et ce n'est point un médiocre profit, sachez-le bien. Pour ma part, après y avoir souvent réfléchi, j'y puise une instruction solide; dans mes campagnes, je veux emporter mes livres comme des vivres nécessaires, et je mesure la quantité de ceux que j'emporte à la durée de mes opérations.


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Dernière mise à jour : 10/01/2007