| [12] Ἐμοὶ γὰρ βασιλεὺς οὑτοσὶ σχεδὸν ἐκ παιδὸς νηπίου
 γεγονὼς ἤπιος, πᾶσαν ὑπερεβάλετο φιλοτιμίαν, κινδύνων τε
 ἐξήρπασε τηλικούτων, οὓς οὐδὲ ἡβῶν ἀνὴρ εὖ μάλα
 διαφύγοι μὴ θείας τινὸς καὶ ἀμηχάνου σωτηρίας τυχών,
 εἶτα τὴν οἰκίαν καταληφθεῖσαν καθάπερ ἐπ´ ἐρημίας παρά
 του τῶν δυναστῶν ἀφείλετο ξὺν δίκῃ καὶ ἀπέφηνεν αὖθις
 πλούσιον. Καὶ ἄλλα ἂν ἔχοιμι περὶ αὐτοῦ πρὸς ὑμᾶς εἰπεῖν
 εἰς ἐμαυτὸν ἔργα πολλῆς ἄξια χάριτος, ὑπὲρ ὧν τὸν
 ἅπαντα χρόνον εὔνουν ἐμαυτὸν ἐκείνῳ καὶ πιστὸν παρέχων,
 οὐκ οἶδα ἐκ τίνος αἰτίας τραχυτέρως ἔχοντος ᾐσθόμην
 ἔναγχος· ἡ δὲ ἐπειδὴ τὸ πρῶτον ἤκουσεν ἀδικήματος
 μὲν οὐδενὸς ὄνομα, ματαίας δὲ ἄλλως ὑποψίας, ἠξίου
 διελέγχειν καὶ μὴ πρότερον προσέσθαι μηδὲ ἐνδέξασθαι
 ψευδῆ καὶ ἄδικον διαβολήν, καὶ οὐκ ἀνῆκε ταῦτα δεομένη
 πρὶν ἐμὲ ἤγαγεν ἐς ὄψιν τὴν βασιλέως καὶ τυχεῖν ἐποίησε
 λόγου· καὶ ἀπολυομένῳ πᾶσαν αἰτίαν ἄδικον συνήσθη, καὶ
 οἴκαδε ἐπιθυμοῦντι πάλιν ἀπιέναι πομπὴν ἀσφαλῆ παρέσχεν, 
 ἐπιτρέψαι πρῶτον {τὸν} βασιλέα ξυμπείσασα. Δαίμονος 
 δέ, ὅσπερ οὖν ἐῴκει μοι τὰ πρόσθεν μηχανήσασθαι, 
 ἤ τινος ξυντυχίας ἀλλοκότου τὴν ὁδὸν ταύτην ὑποτεμομένης, 
 ἐποψόμενον πέμπει τὴν Ἑλλάδα, ταύτην αἰτήσασα
 παρὰ βασιλέως ὑπὲρ ἐμοῦ καὶ ἀποδημοῦντος ἤδη τὴν
 χάριν, ἐπειδή με λόγοις ἐπέπυστο χαίρειν, καὶ παιδείᾳ τὸ
 χωρίον ἐπιτήδειον εἶναι ξυννοοῦσα. Ἐγὼ δὲ τότε μὲν
 αὐτῇ καὶ πρώτῳ γε, ὡς εἰκός, βασιλεῖ πολλὰ καὶ ἀγαθὰ
 διδόναι τὸν θεὸν ηὐχόμην, ὅτι μοι τὴν ἀληθινὴν ποθοῦντι
 καὶ ἀγαπῶντι πατρίδα παρέσχον ἰδεῖν· ἐσμὲν γὰρ τῆς
 Ἑλλάδος οἱ περὶ τὴν Θρᾴκην καὶ τὴν Ἰωνίαν οἰκοῦντες
 ἔγγονοι, καὶ ὅστις ἡμῶν μὴ λίαν ἀγνώμων, ποθεῖ προσειπεῖν
 τοὺς πατέρας καὶ τὴν χώραν αὐτὴν ἀσπάσασθαι. Ὃ δὴ καὶ
 ἐμοὶ πάλαι μὲν ἦν, ὡς εἰκός, ποθεινόν, καὶ ὑπάρξαι μοι
 τοῦτο ἐβουλόμην μᾶλλον ἢ πολὺ χρυσίον καὶ ἀργύριον·
 ἀνδρῶν γὰρ ἀγαθῶν φημι ξυντυχίαν πρὸς χρυσίου πλῆθος
 ὁσονδηοῦν ἐξεταζομένην καθέλκειν τὸν ζυγὸν καὶ οὐκ
 ἐπιτρέπειν τῷ σώφρονι κριτῇ οὐδὲ ἐπ´ ὀλίγον ῥοπῆς
 ἐπιστῆσαι. Παιδείας δὲ ἕνεκα καὶ φιλοσοφίας πέπονθεν
 οἶμαι νῦν τὰ τῆς Ἑλλάδος παραπλήσιόν τι τοῖς Αἰγυπτίοις
 μυθολογήμασι καὶ λόγοις· λέγουσι γὰρ δὴ καὶ Αἰγύπτιοι τὸν
 Νεῖλον παρ´ αὐτοῖς εἶναι τά τ´ ἄλλα σωτῆρα καὶ εὐεργέτην 
 τῆς χώρας καὶ ἀπείργειν αὐτοῖς τὴν ὑπὸ τοῦ πυρὸς
 φθοράν, ὁπόταν ἥλιος διὰ μακρῶν τινων περιόδων ἄστροις
 γενναίοις συνελθὼν καὶ συγγενόμενος ἐμπλήσῃ τὸν ἀέρα
 πυρὸς καὶ ἐπιφλέγῃ τὰ σύμπαντα· οὐ γὰρ ἰσχύει, φασίν,
 ἀφανίσαι οὐδὲ ἐξαναλῶσαι τοῦ Νείλου τὰς πηγάς. Οὔκουν
 οὐδὲ ἐξ Ἑλλήνων παντελῶς οἴχεται φιλοσοφία, οὐδὲ ἐπέλιπε 
 τὰς Ἀθήνας οὐδὲ τὴν Σπάρτην οὐδὲ τὴν Κόρινθον· 
 ἥκιστα δέ ἐστι τούτων τῶν πηγῶν ἕκητι τὸ Ἄργος πολυδίψιον· 
 πολλαὶ μὲν γὰρ ἐν αὐτῷ τῷ ἄστει, πολλαὶ δὲ καὶ
 πρὸ τοῦ ἄστεος περὶ τὸν παλαιὸν ἐκεῖνον Μάσητα· τὴν
 Πειρήνην δὲ αὐτὴν ὁ Σικυὼν ἔχει καὶ οὐχ ἡ Κόρινθος· τῶν
 Ἀθηνῶν δὲ πολλὰ μὲν καὶ καθαρὰ καὶ ἐπιχώρια τὰ νάματα,
 πολλὰ δὲ ἔξωθεν ἐπιρρεῖ καὶ ἐπιφέρεται τίμια τῶν ἔνδον
 οὐ μεῖον· οἱ δὲ ἀγαπῶσι καὶ στέργουσι, πλουτεῖν ἐθέλοντες
 οὗ μόνου σχεδὸν ὁ πλοῦτος ζηλωτόν.
 | [12] Dès mon enfance, notre empereur me 
témoigna une tendresse, qui ne saurait avoir de 
rivale. Il m'arracha à des dangers auxquels un 
homme dans la force de l'âge n'aurait pu échapper 
que par une protection spéciale et divine. Ensuite 
il retira, par un acte de justice, ma maison 
abandonnée, comme dans un désert, d'entre 
les mains des puissants, et la rétablit dans sa 
splendeur. J'aurais encore à citer d'autres traits de 
sa bonté, dignes de toute ma reconnaissance, et 
pour lesquels je lui ai voué un attachement et une 
fidélité inaltérables. Naguère cependant, je ne sais 
pour quel motif, j'ai remarqué en lui un peu 
d'aigreur. Mais alors l'impératrice, ayant eu vent 
d'une ombre de grief, de quelques soupçons 
injustes dirigés contre moi, pria l'empereur de faire 
une enquête, avant d'admettre et d'accueillir une 
accusation inique et mensongère ; et elle continua 
ses instances jusqu'à ce qu'elle m'eût conduit en 
présence du prince et mis à portée de m'expliquer 
devant lui. Quand je me fus lavé de toute fausse 
inculpation, elle s'en réjouit avec moi, et comme je 
lui témoignai le désir de retourner dans ma 
maison, elle prépara tout pour m'y faire conduire 
en sûreté, après avoir obtenu d'abord l'agrément 
de son époux. Cependant le démon, qui semblait 
avoir ourdi contre moi les premières trames, ou 
bien quelque incident étrange, ayant interrompu 
ce voyage, elle m'envoya visiter la Grèce, en 
ayant demandé pour moi la permission à 
l'empereur, durant mon absence même. Elle 
connaissait bien mon goût pour les études 
littéraires, et elle savait cette contrée favorable à 
l'instruction. Pour moi, je priai le ciel, comme cela 
devait être, de répandre ses biens sur elle et sur 
son époux, auxquels j'allais devoir le bonheur de 
revoir ma véritable et chère patrie. Car nous, 
habitants de la Thrace et de l'Ionie, nous sommes 
tout à fait Grecs d'origine, et ceux d'entre nous qui 
ne sont point trop ingrats désirent embrasser leurs 
pères et saluer leur pays. Je soupirais donc 
depuis longtemps après ce bonheur, et j'eusse 
donné, pour en jouir, beaucoup d'or et d'argent. 
Car, selon moi, le commerce avec des hommes 
vertueux, placé en regard d'une masse d'or, si 
grosse qu'elle soit, ne manquerait point d'entraîner 
la balance, et il n'y a pas de juge impartial, qui 
l'empêche un seul instant de pencher.
Sous le rapport de l'instruction et de la 
philosophie, il me semble qu'on peut appliquer à la 
Grèce actuelle ce qu'on trouve dans les légendes 
et dans les récits des Égyptiens. 
Les Égyptiens disent que le Nil, qui est déjà, à beaucoup 
d'égards, le sauveur et le bienfaiteur de leur 
contrée, les empêche aussi d'être dévorés par le 
feu, aux époques où le soleil, dans ses plus 
longues révolutions périodiques, parcourt les 
grandes constellations, près desquelles il glisse, 
remplit l'air de ses feux et va tout consumer. Mais 
il ne peut épuiser ni tarir les sources du Nil. 
De la même manière, la philosophie n'a jamais 
totalement disparu de la Grèce; elle n'a point 
abandonné Athènes, Sparte, Corinthe, ni même 
cette Argos que l'éloignement de toute source a 
fait surnommer l'altérée. En effet, il y a 
beaucoup de fontaines et dans cette ville et dans 
le pays qui l'avoisine, près de l'ancien bourg de 
Masès. Pirène est tout aussi bien à 
Sicyone qu'à Corinthe; et Athènes, qui offre dans 
son enceinte un grand nombre de sources et de 
courants d'eau pure, en voit couler et serpenter en 
dehors qui valent bien ceux de l'intérieur. 
Quiconque veut s'enrichir les aime et les chérit 
comme étant la seule richesse digne d'envie.
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