[7] Τούτοις ἐμαυτὸν ψυχαγωγήσας, ἐπ´ ἐκεῖνο τὸ μέρος
ἄπειμι πάλιν ὃ δοκεῖ τῇ μὲν ἀληθείᾳ μικρὸν εἶναι, πρὸς
δόξαν δὲ ὅμως οὐκ ἀγεννές. Ὁμήρου τοί φασι δεῖσθαι καὶ
τὸν Ἀλέξανδρον, οὐ δήπου συνόντος, ἀλλὰ κηρύττοντος
ὥσπερ Ἀχιλλέα καὶ Πάτροκλον καὶ Αἴαντε ἄμφω καὶ τὸν
Ἀντίλοχον. Ἀλλ´ ὁ μὲν ὑπερορῶν ἀεὶ τῶν παρόντων,
ἐφιέμενος δὲ τῶν ἀπόντων, οὐκ ἠγάπα τοῖς καθ´ ἑαυτὸν
οὐδὲ ἠρκεῖτο τοῖς δοθεῖσι· καὶ εἴπερ ἔτυχεν Ὁμήρου, τὴν
Ἀπόλλωνος ἴσως ἂν ἐπόθησε λύραν, ᾗ τοῖς Πηλέως
ἐκεῖνος ἐφύμνησε γάμοις, οὐ τῆς Ὁμήρου συνέσεως τοῦτο
πλάσμα νομίσας, ἀλλ´ ἀληθὲς ἔργον ἐνυφανθὲν τοῖς ἔπεσιν,
ὥσπερ οἶμαι τὸ " Ἠὼς μὲν κροκόπεπλος ἐκίδνατο πᾶσαν ἐπ´ αἶαν"
καὶ "Ἠέλιος δ´ ἀνόρουσε" καὶ "Κρήτη τις γαῖά ἐστι",
καὶ ὅσα τοιαῦτά φασιν οἱ ποιηταί, δῆλα καὶ ἐναργῆ τὰ μὲν
ὄντα καὶ εἰς ἡμᾶς ἔτι, τὰ δὲ γιγνόμενα. Ἀλλὰ τῷ μὲν
εἴτε μέγεθος ἀρετῆς ὑπάρχον καὶ τῶν προσόντων ἀγαθῶν
οὐδαμῶς ἐλάττων σύνεσις {δὲ} εἰς τοσαύτην ἐπιθυμίαν
τὴν ψυχὴν ἐξῆγεν, ὥστε μειζόνων ἢ κατὰ τοὺς ἄλλους
〈ἐφίεσθαι〉, εἴθ´ ὑπερβολή τις ἀνδρείας καὶ θάρσους εἰς
ἀλαζονείαν νεύουσα καὶ πρὸς αὐθάδειαν βλέπουσα, ἀφείσθω
σκοπεῖν ἐν κοινῷ τοῖς βουλομένοις ἐπαινεῖν ἢ ψέγειν
αὐτόν, εἴ τις ἄρα καὶ ταύτης ὑπολαμβάνει τῆς μερίδος
προσήκειν ἐκείνῳ. Ἡμεῖς δὲ τοῖς παροῦσιν ἀγαπῶντες ἀεὶ
καὶ τῶν ἀπόντων ἥκιστα μεταποιούμενοι, στέργομεν μέν,
ὁπόταν ὁ κήρυξ ἐπαινῇ, θεατής τε καὶ συναγωνιστὴς
πάντων ἡμῖν γεγονώς, 〈μὴ〉 τοὺς λόγους παραδεξάμενος
εἰς χάριν καὶ ἀπέχθειαν εἰκῇ πεπλασμένους· ἀρκεῖ δὲ ἡμῖν
καὶ φιλεῖν ὁμολογῶν μόνον, ἐς δὲ τὰ ἄλλα σιωπηλότερος
ὢν καὶ τῶν Πυθαγόρᾳ τελεσθέντων.
| [7] Après ces réflexions consolantes, je passe à un sujet qui, moins
intéressant en réalité, n'est pas à dédaigner cependant pour ce qui touche
à la renommée. On dit qu'Alexandre regrettait de ne pas avoir un Homère,
non comme ami, mais comme chantre de sa gloire, ainsi qu'il le fut de
la gloire d'Achille, de Patrocle, des deux Ajax et d'Antiloque. Mais ce
roi dégoûté sans cesse de ce qu'il avait et soupirant après ce qu'il
n'avait point, n'aimait pas les hommes de son temps et ne sut pas se
contenter des dons qu'il avait reçus. Il aurait trouvé un Homère, qu'il
eût regretté la lyre d'Apollon, sur laquelle ce dieu chanta les noces de
Pélée; sans réfléchir que cela même était une fiction d'Homère : il
aurait pris le fait pour une réalité tissue avec les vers du poète, comme
par exemple : "L'Aurore au manteau d'or éclairait l'univers",
et ailleurs : "
Le soleil se levait ..." ou bien : "La Crète est un pays ..."
et mille autres images du même genre, telles qu'en ont les poètes, pour
exprimer des faits visibles et manifestes, qui se passent sous nos yeux et
qui peuvent arriver encore. Était-ce grandeur de vertu ou conception plus
haute que tous les biens dont il disposait, qui poussait l'âme d'Alexandre
à des désirs plus vastes qu'aucun autre mortel, ou bien était-ce excès de
courage et d'audace, tombant dans la jactance et dégénérant en fol
orgueil, j'en laisse juges ceux qui veulent le louer ou le blâmer, s'il en
est toutefois qui croient pouvoir prendre ce parti. Pour nous qui savons
nous contenter du présent et nous passer des objets hors de notre portée,
nous sommes heureux quand nous trouvons pour chantre un témoin, un
compagnon de tous nos travaux, à qui ses discours ne sont point dictés au
hasard par la faveur ou par la haine. C'est assez pour mon cœur d'y
reconnaître un ami ; pour le reste, je suis plus silencieux que pas un des
adeptes de Pythagore.
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