[3,20] κʹ. Ἄννα τις ἦν Ἰουδαία γυνή· αὕτη ἡ Ἄννα παιδίον
ἔτεκεν ἓν, καὶ οὐ προσδοκῶσα τέξεσθαι ἕτερον· καὶ γὰρ
καὶ τοῦτο μόλις καὶ μετὰ πολλῶν ἔλαβε τῶν δακρύων·
στείρα γὰρ ἦν. Ὁρῶσα δὲ τὴν ἀντίζηλον αὐτῆς διὰ
τοῦτο πολλάκις ἐπεμβαίνουσαν αὐτῇ, οὐδὲ οὕτως ἔπαθέ
τι τοιοῦτον οἷον ὑμεῖς, ἀλλ´ ἐπειδὴ τὸν υἱὸν ἔσχεν ἐκεῖνον,
τοσοῦτον εἴασε παρ´ ἑαυτῇ μεῖναι χρόνον, ὅσον
γαλακτοτροφηθῆναι ἔδει μόνον. Ἐπειδὴ δὲ οὐκέτι
ταύτης ἐδεῖτο τῆς τροφῆς, λαβοῦσα αὐτὸν εὐθέως ἀνέθηκε τῷ
Θεῷ, καὶ τῆς πατρῴας οὐκέτι ἐπιβῆναι παρεκάλεσεν
οἰκίας, ἀλλ´ ᾤκει διαπαντὸς ἐν τῷ ναῷ τοῦ Θεοῦ· καὶ εἴ
ποτε αὐτὸν ἰδεῖν ἐπεθύμησεν, οἷα δὴ μήτηρ, οὐκ ἐκάλει
παρ´ ἑαυτὴν τὸ παιδίον, ἀλλ´ αὐτὴ πρὸς ἐκεῖνον
ἀνέβαινε μετὰ τοῦ πατρὸς, καθάπερ ὄντος ἀναθήματος
ἀπεχομένη λοιπόν. Καὶ οὕτω γενναῖος καὶ μέγας ὁ νεανίας
ἐγένετο ἐκεῖνος, ὡς τὸν Θεὸν ἀποστραφέντα τὸ τῶν
Ἑβραίων γένος διὰ τὴν κατακεχυμένην κακίαν, καὶ οὐ
χρῶντα αὐτοῖς, οὐδὲ ὄψιν τινὰ φαίνοντα λοιπὸν, ἐπισπάσασθαι
πάλιν διὰ τῆς ἀρετῆς, καὶ πεῖσαι παρέχειν
τὰ αὐτὰ, ἅπερ καὶ πρότερον, καὶ τὴν προφητείαν
ἀποπτᾶσαν ἀνακαλέσασθαι πάλιν. Καὶ ταῦτα ἴσχυσεν
οὐκ ἐφ´ ἡλικίας γενόμενος, ἀλλ´ ἔτι παιδίον ὢν μικρόν·
Οὐκ ἦν γὰρ, φησὶν, ὅρασις διαστέλλουσα, καὶ ῥῆμα
τίμιον ἦν. Ἀλλ´ ὅμως καὶ τούτων τοιούτων ὄντων,
ἔχρα αὐτῷ συνεχῶς ὁ Θεός. Τοσοῦτόν ἐστι κέρδος ἀεὶ
τῶν οἰκείων παραχωρεῖν κτημάτων αὐτῷ, καὶ πάντων
ἐξίστασθαι οὐχὶ χρημάτων μόνον, οὐδὲ κτημάτων, ἀλλὰ
καὶ τῶν τέκνων αὐτῶν. Εἰ γὰρ ἐπὶ τῆς ἡμετέρας ψυχῆς
κελευόμεθα τοῦτο ποιεῖν, πολλῷ μᾶλλον ἐπὶ τῶν ἄλλων
ἁπάντων. Τοῦτο γὰρ καὶ ὁ πατριάρχης ἐποίησεν Ἀβραὰμ,
μᾶλλον δὲ πολλῷ μεῖζον· διὸ καὶ μετὰ πλείονος δόξης
ἀπέλαβε τὸν υἱόν. Καὶ γὰρ τότε μάλιστα ἔχομεν τὰ
ἡμέτερα παιδία, ὅταν αὐτὰ τῷ Δεσπότῃ παραδῶμεν.
Πολλῷ γὰρ μειζόνως αὐτῶν ἐκεῖνος προστήσεται, ἐπειδὴ
καὶ μειζόνως κήδεται. Οὐχ ὁρᾶτε καὶ ἐν ταῖς οἰκίαις τῶν
(p. 384) πλουτούντων ταῦτα γινόμενα; Καὶ γὰρ ἐκεῖ τοὺς μὲν
κάτω μετὰ τῶν πατέρων οἰκοῦντας, οὐχ οὕτως ὄντως
λαμπροὺς ἔστιν ἰδεῖν, οὐδὲ τοσαύτην ἔχοντας δύναμιν·
ὅσους δ´ ἂν τῶν γονέων ἀποστήσαντες οἱ δεσπόται
προσνείμωσιν αὐτῶν τῇ διακονίᾳ καὶ τῇ φυλακῇ τῶν
ταμιείων, οὗτοι δὴ καὶ εὐνοίας ἀπολαύουσι πλείονος καὶ
παῤῥησίας, καὶ τοσοῦτον τῶν ὁμοδούλων εἰσὶ λαμπρότεροι,
ὅσον τῶν οἰκετῶν οἱ δεσπόται. Εἰ δὲ ἄνθρωποι
περὶ τοὺς διακονουμένους οὕτως εἰσὶ χρηστοὶ καὶ εὔνοι,
πολλῷ μᾶλλον ἡ ἄπειρος ἀγαθότης, τοῦτ´ ἔστιν, ὁ Θεός.
Ἐῶμεν τοίνυν αὐτοὺς ὑπηρετεῖν, οὐκ εἰς ναὸν ἄγοντες
καθάπερ τὸν Σαμουὴλ, ἀλλ´ εἰς αὐτὸν τὸν οὐρανὸν μετὰ
τῶν ἀγγέλων, μετὰ τῶν ἀρχαγγέλων. Ὅτι γὰρ μετ´
ἐκείνων διακονήσονται πάντως καὶ ὑπηρετήσουσιν οἱ
ταύτης ἐπειλημμένοι τῆς φιλοσοφίας παντί που δῆλόν
ἐστι. Καὶ οὐχ ἑαυτῶν μόνον, ἀλλὰ καὶ ὑμῶν μετὰ
πλείονος προστήσονται τῆς παῤῥησίας. Εἰ γάρ τινες διὰ
πατέρας παραμυθίας ἔτυχόν τινος, πολλῷ μᾶλλον διὰ
παῖδας πατέρες. Ἐκεῖ μὲν γὰρ τὸ τῆς φύσεως μόνον
δικαίωμα ἦν, ἐνταῦθα δὲ καὶ τὸ τῆς ἀνατροφῆς, πολλῷ
τῆς φύσεως μεῖζον ὄν. Καὶ ταῦτα ὑμῖν ἀμφότερα ἀπὸ
τῶν θείων πιστώσομαι Γραφῶν. Τὸν γὰρ Ἐζεκίαν ἐνάρετον
μὲν ὄντα καὶ εὐσεβῆ, οὐκ ἔχοντα δὲ τοσαύτην
παῤῥησίαν ἀπὸ τῶν κατορθωμάτων, ὥστε καὶ πρὸς
τοσοῦτον κίνδυνον στῆναι, ἀπὸ τῆς τοῦ πατρὸς ἔφησε
σώζειν ἀρετῆς ὁ Θεός. Ὑπερασπιῶ γὰρ, φησὶ, τῆς πόλεως
ταύτης τοῦ σῶσαι αὐτὴν δι´ ἐμὲ, καὶ διὰ
Δαυῒδ τὸν παῖδά μου. Καὶ Τιμοθέῳ δὲ περὶ γονέων
ἐπιστέλλων ἔλεγεν ὁ Παῦλος, ὅτι Σωθήσονται διὰ τῆς
τεκνογονίας, ἐὰν μείνωσιν ἐν πίστει καὶ ἀγάπῃ καὶ
ἁγιασμῷ μετὰ σωφροσύνης. Καὶ τὸν Ἰὼβ δὲ ὥσπερ
ἀπὸ τῶν ἄλλων ἐπῄνεσεν ἡ Γραφὴ, οἷον ὅτι δίκαιος καὶ
ἀληθινὸς καὶ θεοσεβὴς ἦν, οὕτω καὶ ἀπὸ τῆς περὶ τοὺς
παῖδας ἐπιμελείας. Αὕτη δὲ ἦν οὐ χρυσὸν συνάγειν
αὐτοῖς, οὐδὲ ἐπιδόξους ποιεῖν καὶ λαμπροὺς, ἀλλὰ τί;
Ἄκουσον τῆς Γραφῆς λεγούσης· Ὅταν συνετελέσθησαν
αἱ ἡμέραι τοῦ πότου αὐτῶν, ἀπέστελλεν Ἰὼβ,
καὶ ἐκαθάριζεν αὐτοὺς, καὶ ἀνιστάμενος τῷ πρωῒ
προσέφερε περὶ αὐτῶν θυσίαν κατὰ τὸν ἀριθμὸν
αὐτῶν, καὶ μόσχον ἕνα περὶ ἁμαρτίας ὑπὲρ τῶν
ψυχῶν αὐτῶν· ἔλεγε γὰρ Ἰὼβ ἐν τῇ καρδίᾳ αὐτοῦ,
Μή ποτε οἱ υἱοί μου ἐν τῇ διανοίᾳ αὐτῶν κακὰ ἐνενόησαν
πρὸς Θεόν. Ἆρα ἔσται τις ἡμῖν ἀπολογία
λοιπὸν τοιαῦτα τολμῶσιν; Εἰ γὰρ ὁ πρὸ τῆς χάριτος,
ὁ πρὸ τοῦ νόμου, ὁ μηδεμιᾶς ἀπολαύσας διδασκαλίας,
τοσαύτην τῶν παίδων ἐποιεῖτο πρόνοιαν, ὡς καὶ ὑπὲρ
τῶν ἀδήλων τρέμειν ἁμαρτημάτων, τίς ἡμᾶς ἐξαιρήσεται
λοιπὸν τοὺς ἐν τῇ χάριτι, τοὺς καὶ τοσούτων
διδασκάλων τετυχηκότας, τοὺς τοιαῦτα ὑποδείγματα
ἔχοντας καὶ τοσαύτας παραινέσεις, οὐ μόνον ὑπὲρ τῶν
ἀδήλων οὐ δεδοικότας, ἀλλὰ καὶ τῶν δήλων καταφρονοῦντας,
καὶ οὐ καταφρονοῦντας μόνον, ἀλλὰ καὶ τοὺς
βουλομένους αὐτὰ διορθοῦν ἐλαύνοντας; Καὶ τὸν Ἀβραὰμ
δὲ, καθάπερ ἔφθην εἰπὼν, μετὰ τῶν ἄλλων κατορθωμάτων
καὶ τοῦτο λαμπρὸν ἐποίει.
| [3,20] Il y avait une femme juive, nommée Anne. Or, Anne eut un enfant lorsqu’elle ne
s’attendait plus à éprouver ce bonheur; encore ne l’eut-elle qu’avec beaucoup de souffrances
et de larmes : car elle était stérile; souvent sa rivale lui avait injurieusement reproché sa
stérilité; néanmoins elle fut moins faible pour cet enfant de larmes et de prières, que vous ne
l’êtes pour les vôtres. Elle le garda seulement près d’elle le temps qu’il fallut pour le nourrir
de son lait. Et dès qu’il n’eut plus besoin de cette nourriture, elle le prit et l’offrit à Dieu,
l’invitant à ne plus revenir à la maison paternelle; et il habitait continuellement dans le temple
du Seigneur. Quand sa tendresse maternelle lui inspirait le désir de le voir, elle ne le faisait
pas venir près d’elle, mais elle montait elle-même avec son père vers lui; le reste du temps,
elle se privait de sa présence, parce qu’elle l’avait offert à Dieu. Et ce jeune homme devint si
illustre et si grand par sa vertu, qu’il attira de nouveau, sur les Hébreux , les faveurs de Dieu,
qui s’était détourné de ce peuple à cause de sa perversité. Dieu ne rendait plus d’oracles et ne
montrait plus sa face dans Israël; mais le jeune Samuel obtint du Seigneur les mêmes faveurs
qu’auparavant, et l’on vit renaître les prophéties qui avaient disparu. Le fils d’Anne gagna ces
grâces avant même qu’il fût parvenu à l’adolescence, et lorsqu’il n’était encore que petit
enfant. Car, dit l’Ecriture, il n’y avait plus de vision certaine, mais la parole de Dieu était
rare et précieuse. (I Rois. III, 1) Dans cette conjoncture, Dieu révélait continuellement ses
oracles au petit Samuel. Tant il y a d’avantage à lui sacrifier ses biens, et à se dessaisir en sa
faveur de ses trésors et de ses biens, et même de ses enfants! Certes si nous sommes obligés
de lui donner notre propre vie, à plus forte raison tout le reste de ce qui nous appartient. C’est
ce que fit également le patriarche Abraham. Il fit même davantage encore, et c’est pour cela
qu’il recouvra son fils en acquérant en outre une grande gloire. Nos enfants nous
appartiennent surtout lorsque nous les avons offerts au souverain Maître. Ils seront mieux
sous sa tutelle que sous la nôtre, car il est plus soigneux de leurs intérêts que nous-mêmes. Ne
voyez-vous pas aussi la même chose dans les palais des riches? En effet, les enfants de basse
condition qui demeurent avec leurs parents sont loin d’avoir une position aussi brillante , aussi
avantageuse, que ceux que des maîtres opulents ont tirés de leurs familles pour les préposer à
quelque service ou intendance; c’est à ces derniers qu’appartiennent les faveurs, le crédit, ils
sont autant au-dessus des autres serviteurs que les maîtres au-dessus de leurs intendants.
Si les hommes sont bons et bienveillants à ce point pour ceux qui les servent, combien plus
Dieu, qui est la bonté infinie.
Laissons donc nos enfants le servir; menons-les, non pas au temple, comme Samuel,
mais conduisons-les au ciel même avec les anges et les archanges; car il est évident pour tous
que ceux qui auront embrassé la vie ascétique serviront Dieu et formeront sa cour avec ces
puissances supérieures, et c’est dans ces fonctions élevées qu’ils travailleront pour leur gloire
et pour la vôtre avec la confiance et le crédit que leur donnera la sainteté de leur état. Si
quelques enfants ont obtenu des grâces à cause de leurs parents, à plus forte raison les parents
en recevront-ils à cause de leurs enfants. En effet des pères aux enfants il n’y a que le droit de
la nature, des enfants aux pères il y a encore celui de l’éducation, qui l’emporte de beaucoup
sur le premier : deux vérités que je vais prouver par les saintes Ecritures.
Ezéchias était un prince qui avait de la vertu et de la piété. Cependant il ne faisait point
assez de fond sur ses bonnes actions pour croire qu’il serait préservé du péril dont il était
menacé, en considération de ses propres mérites. Dieu lui promit de le sauver à cause de la
vertu de son père: J’étendrai, dit-il, mon bouclier sur cette ville, pour la sauver à cause de
moi et à cause de David mon serviteur. (IV Rois. XIX, 34) Et saint Paul écrivant à Timothée,
lui dit des pères qu’ils seront sauvés par leurs enfants, pourvu qu’ils persévèrent avec sagesse
dans la foi, dans la charité et la sainteté. (I Tim. II, 15) La sainte Ecriture en louant Job pour
ses autres qualités, par exemple parce qu’il était juste et véridique et craignant Dieu, n’a pas
oublié de le louer aussi spécialement du soin qu’il prenait de ses enfants. Ce soin ne
consistait pas à leur amasser de l’or, à les rendre illustres et brillants de la gloire du monde.
Ecoutez ce qu’en dit la sainte Ecriture: Quand les jours de leur festin étaient écoulés, Job
envoyait pour les purifier, et se levant dès le matin, il offrait pour eux un sacrifice selon leur
nombre, et pour leur âme, un veau destiné à laver leur péché: car Job se disait dans son cœur
: si par hasard mes enfants avaient pensé le mal dans leur coeur contre Dieu... (Job, I, 5)
Nous restera-t-il quelque moyen de nous justifier, si nous commettons les mêmes fautes? Si
Job, qui vécut avant la Grâce, même avant la Loi, qui était privé du secours des saintes
Ecritures, avait pour ses enfants tant de prévoyance, et tremblait même pour des fautes
incertaines, quelle sera notre excuse à nous qui vivons sous la loi de Grâce, qui avons eu tant
de maîtres, reçu tant d’exemples et tant de conseils, et qui, loin de trembler pour des fautes
incertaines, négligeons même les péchés manifestes, que dis-je, nous qui persécutons ceux
qui voudraient les redresser? Je ne répète point ainsi ce que j’ai déjà dit d’Abraham qui dut sa
gloire au sacrifice de son enfant non moins qu’à ses autres grandes actions.
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