[3,6] Μὴ τοίνυν φιλονεικῶμεν, μηδὲ ἐκεῖνο λέγωμεν,
Τοσοῦτον ἐνήστευσα χρόνον, καὶ νῦν μεταθήσομαι;
Δι´ αὐτὸ μὲν οὖν τοῦτο μετάθου· ἐπειδὴ τοσοῦτον
ἀπεσχίσθης χρόνον τῆς Ἐκκλησίας, ἐπάνελθε λοιπὸν
πρὸς τὴν μητέρα. Οὐδεὶς λέγει, Ἐπειδὴ τοσοῦτον
χρόνον ἐν ἔχθρᾳ διέμεινα, αἰσχύνομαι καταλλαγῆναι
νῦν. Αἰσχύνη γάρ ἐστιν, οὐ τὸ μεταβάλλεσθαι πρὸς
τὸ βέλτιον, ἀλλὰ τὸ μένειν ἐπὶ τῆς ἀκαίρου φιλονεικίας.
Τοῦτο καὶ Ἰουδαίους ἀπώλεσεν, οἳ τὴν παλαιὰν
ἐπιζητοῦντες ἀεὶ συνήθειαν, πρὸς ἀσέβειαν ἀπεσύροντο.
Καὶ τί λέγω περὶ νηστείας καὶ ἡμερῶν παρατηρήσεως,
ὁ Παῦλος τὸν νόμον διετέλει φυλάττων, καὶ
πολὺν ὑπέμεινεν ἱδρῶτα, καὶ πολλὰς μὲν ὁδοιπορίας,
πολλὰς δὲ ἠνέσχετο ταλαιπωρίας ἑτέρας, καὶ πάντων
ἐκράτει τῶν ὁμηλίκων κατὰ τὴν τῆς πολιτείας ἐκείνης
ἀκρίβειαν· ἀλλ´ ὅμως μετὰ τὸ πρὸς τὸ ἄκρον
ἐλάσαι τῆς πολιτείας ἐκείνης, ἐπειδὴ συνεῖδεν ὅτι
ἐπ´ ὀλέθρῳ καὶ βλάβῃ πάντα ἔπραττεν, εὐθέως
μετέθετο. Καὶ οὐκ εἶπε πρὸς ἑαυτὸν, Τί τοῦτο;
τοσαύτην ζημιοῦμαι σπουδήν; τοσοῦτον ἀπολῶ πόνον;
ἀλλὰ δι´ αὐτὸ μὲν οὖν τοῦτο ταχύτερον μετετέθη,
ἵνα μὴ μένῃ πάλιν ἐπὶ τῆς αὐτῆς ζημίας, καὶ
τῆς ἐν τῷ νόμῳ δικαιοσύνης κατεφρόνησεν, ἵνα τὴν
ἐκ πίστεως λάβῃ· καὶ βοᾷ λέγων, Ἅτινα ἦν μοι
κέρδη, ταῦτα ἥγημαι διὰ τὸν Χριστὸν ζημίαν.
Ἐὰν προσφέρῃς τὸ δῶρόν σου, φησὶν, ἐπὶ τὸ
(p. 870) θυσιαστήριον, κἀκεῖ μνησθῇς, ὅτι ὁ ἀδελφός
σου ἔχει τι κατὰ σοῦ, ὕπαγε, πρῶτον διαλλάγηθι
τῷ ἀδελφῷ σου, καὶ τότε ἐλθὼν πρόσφερε τὸ δῶρόν
σου· Τί λέγεις; ἂν μὲν ὁ ἀδελφός σου ἔχῃ τι
κατὰ σοῦ, οὐ συγχωρεῖ σοι προσενεγκεῖν τὴν θυσίαν,
ἕως ἂν αὐτῷ καταλλαγῇς· Ἐκκλησίας δὲ ὁλοκλήρου,
καὶ τοσούτων πατέρων ἐχόντων κατὰ σοῦ, τολμᾷς καὶ
ὑπομένεις, μὴ καταλύσας τὴν ἔχθραν τὴν ἄκαιρον
ταύτην, τοῖς θείοις προσελθεῖν μυστηρίοις; καὶ πῶς
ἂν δύναιο πάσχα ἐπιτελεῖν οὕτω διακείμενος; Ταῦτα
οὐχὶ πρὸς ἐκείνους λέγω μόνους, ἀλλὰ καὶ πρὸς ὑμᾶς
τοὺς ὑγιαίνοντας, ἵνα ὅσους ἂν ἴδητε τοιούτους ὄντας,
μετὰ ἀκριβείας πολλῆς καὶ προσηνείας ἐκλέγοντες
συναγάγητε, καὶ πρὸς τὴν μητέρα ἐπαναγάγητε.
Κἂν ἀντιτείνωσι, κἂν σκιρτῶσι, κἂν ὁτιοῦν ἕτερον
πράττωσι, μὴ ἀποκάμωμεν, ἕως ἂν αὐτοὺς πείσωμεν·
οὐδὲν γὰρ εἰρήνης ἴσον καὶ συμφωνίας. Διὰ
τοῦτο καὶ εἰσιὼν ὁ πατὴρ, οὐ πρότερον ἐπὶ τὸν θρόνον
ἀναβαίνει τοῦτον, ἕως ἂν ἅπασιν ὑμῖν εἰρήνην
ἐπεύξηται, καὶ ἀναστὰς οὐ πρότερον ἄρχεται τῆς
πρὸς ὑμᾶς διδασκαλίας, ἕως ἂν ἅπασι δῷ τὴν εἰρήνην.
Καὶ μέλλοντες εὐλογεῖν οἱ ἱερεῖς, πρότερον
τοῦτο ὑμῖν ἐπευξάμενοι, οὕτω τῆς εὐλογίας ἄρχονται.
Καὶ ὁ διάκονος δὲ κελεύων εὔχεσθαι μετὰ τῶν ἄλλων,
καὶ τοῦτο ἐπιτάττει κατὰ τὴν εὐχὴν, αἰτεῖν τὸν
ἄγγελον τῆς εἰρήνης, καὶ τὰ προκείμενα πάντα
εἰρηνικὰ, καὶ τῆς συνόδου ταύτης ἀπολύων ὑμᾶς,
τοῦτο ὑμῖν ἐπεύχεται λέγων, Πορεύεσθε ἐν εἰρήνῃ·
καὶ οὐδὲν ὅλως ἔνι οὔτε εἰπεῖν, οὔτε πρᾶξαι ταύτης
χωρίς. Αὕτη γάρ ἐστιν ἡ τροφὸς ἡμῶν καὶ μήτηρ,
θάλπουσα μετὰ πολλῆς τῆς ἀκριβείας ἡμᾶς. Εἰρήνην
δὲ λέγω, οὐ τὴν ἀπὸ προσρήσεως ψιλῆς, οὐδὲ τὴν ἀπὸ
τῆς κοινωνίας τῶν τραπεζῶν, ἀλλὰ τὴν κατὰ Θεὸν
εἰρήνην, τὴν ἐκ τῆς συμφωνίας τῆς πνευματικῆς,
ἣν πολλοὶ διασπῶσι νῦν, ὑπὲρ ἀκαίρου φιλονεικίας τὰ
ἡμέτερα καθαιροῦντες, καὶ τὰ Ἰουδαίων αὔξοντες,
ἐκείνους ἀξιοπιστοτέρους διδασκάλους τῶν οἰκείων
πατέρων ἡγούμενοι, καὶ τοῖς χριστοκτόνοις περὶ τοῦ
πάθους πιστεύοντες· οὗ τί γένοιτ´ ἂν ἀλογώτερον;
Οὐκ οἶδας ὅτι ἐκεῖνο τύπος, τοῦτο δὲ ἀλήθεια; Ὅρα
γὰρ πόσον τὸ διάφορον. Ἐκεῖνο Θάνατον ἐκώλυε σωματικὸν, τοῦτο ὀργὴν ἔλυσε τὴν κατὰ τῆς οἰκουμένης
φερομένην ἁπάσης· ἐκεῖνο Αἰγύπτου τότε ἀπήλλαξε,
τοῦτο εἰδωλολατρείας ἠλευθέρωσεν· ἐκεῖνο τὸν Φαραὼ,
τοῦτο τὸν διάβολον ἀπέπνιξε· μετ´ ἐκεῖνο Παλαιστίνη,
μετὰ τοῦτο οὐρανός.
| [3,6] 6. Ne nous obstinons donc pas, et gardons, nous de dire : il y a si longtemps que je
jeûne à telle époque et je changerais maintenant cette habitude ? Pour cette raison-là même,
vous devez la changer; puisque vous vous êtes tenu si longtemps éloigné de l'Eglise, revenez
désormais à cette bonne mère. Serait-il raisonnable de dire : Puisque j'ai si longtemps
persévéré dans la haine, j'aurais honte de me réconcilier maintenant? Il n'y a pas de honte à
changer pour devenir meilleur, il y en a à persister dans une obstination à contre-temps. C'est
là ce qui a perdu les Juifs ; leur opiniâtreté à garder l'ancienne Loi les a entraînés dans
l'impiété.
Mais que parlé je du jeûne et de l'observation légale des jours? Zélé partisan de la Loi
ancienne, saint Paul avait enduré pour elle sueurs, peines, fatigues; il avait entrepris de
nombreux voyages, surpassé tous ceux de son temps dans l'observation exacte des institutions
judaïques; néanmoins, quand, après tous les efforts et les sacrifices qu'il avait faits pour
atteindre à la perfection légale et mosaïque, il s'aperçut que tout ce qu'il faisait, loin de lui être
utile, tournait à son préjudice et à sa ruine, il ne balança pas un instant à quitter la Loi de
Moïse pour celle de Jésus-Christ. Et il ne se dit pas en lui-même : Quoi donc! Aurai-je pour
rien dépensé tant de zèle? Perdrai-je le fruit de si grands travaux? Ce fut précisément cette
raison qui le poussa à changer plus promptement, pour ne pas travailler davantage en pure
perte; et il méprisa la justice qui vient de la Loi, afin de recevoir celle qui vient de la foi; et il
S'écrie : Tout ce qui a été un gain pour moi, je le regarde à cause de Jésus Christ, comme
une perte. (Phil. III, 7)
Si vous apportez voire présent à l'autel, est-il dit, et que là, vous vous souveniez que
votre frère a quelque chose contre vous, allez, réconciliez-vous d'abord avec votre frère, et
après venez offrir votre présent. (Matth. V, 93) Quoi donc? Si votre frère a quelque chose
contre vous il ne vous est pas permis d'offrir le sacrifice, jusqu'à ce que vous vous soyez
réconcilié avec lui; et tandis que l'Eglise tout entière, et tant de Pères ont quelque chose contre
vous, vous ne craignez pas d'approcher des divins mystères sans avoir mis fin à cette haine si
funeste pour vous? Comment donc pourrez-vous célébrer la pâque dans de telles dispositions?
Je ne dis point cela pour les judaïsants seuls, mais pour vous aussi, mes Frères, qui êtes
exempts de cette maladie, afin qu'avec toute la diligence et la douceur dont vous êtes
capables, vous rassembliez tous les chrétiens judaïsants pour les ramener dans le sein de
l'Eglise notre mère.
Et quand même ils se raidiraient, regimberaient, et feraient toutes les résistances
imaginables, ne cédez pas, insistez, persistez jusqu'à ce que vous les ayez persuadés; on ne
saurait faire trop de sacrifices quand il s'agit de ramener dans l'Eglise la paix et l'union. C'est
pour cela que, quand l'évêque, votre Père entre, il ne monte pas sur son trône avant de vous
avoir souhaité la paix à tous ; et quand il s'est levé il ne commence pas à vous faire
l'instruction qu'il ne vous ait d'abord donné la paix à tous. Lorsque les prêtres vous bénissent,
c'est là ce qu'ils vous souhaitent tout d'abord, c'est ainsi qu'ils commencent la bénédiction.
Et quand le diacre avertit de prier avec les autres, il ordonne aussi d'invoquer l'ange de
la paix dans la prière; et tout ce qui est offert dans le sacrifice symbolise la paix; et celui qui
vous renvoie de cette réunion vous fait ce souhait: Retirez-vous en paix; et rien absolument ne
peut ni se dire ni se faire sans la paix. Car elle est notre nourrice et notre mère, qui nous
entretient avec beaucoup de soin. Et quand je dis la paix, je ne parle pas de celle qui consiste
dans un simple salut ni dans la communion de la table, mais de la paix qui est selon Dieu, qui
procède de la concorde spirituelle, paix que beaucoup troublent aujourd'hui, que détruisent
surtout ceux qui, par une obstination coupable, rabaissent le christianisme et exaltent le
judaïsme, croyant les Juifs des maîtres plus dignes de foi que nos propres Pères spirituels, et
s'en rapportant pour connaître la passion de Jésus-Christ, aux meurtriers de Jésus-Christ :
n'est-ce pas là ce que l'on peut concevoir de plus déraisonnable? Ne savez-vous pas que les
Juifs ont eu la figure, et nous la vérité ? Voyez donc combien grande est la différence. La Loi
ancienne défendait la mort corporelle, la Loi nouvelle a apaisé la colère divine soulevée
contre toute la terre; la Loi ancienne a fait sortir, un jour, de l'Egypte, le peuple hébreu, celle-
ci nous a délivrés de l'idolâtrie; celle-là a dompté Pharaon, celle-ci le diable; après celle-là la
Palestine, après celle-ci le ciel.
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