[1,2] πῶς οὖν αὐτοὺς πείσομεν, ὅτι οὐ
βλαβερὸν μόνον τοῦτο, ἀλλὰ καὶ πικρόν; πῶς δὲ ἄλλως ἀλλ´
ἢ ἐξ αὐτῆς τῶν πραγμάτων τῆς φύσεως; Ἐρώμεθα οὖν
αὐτούς· εἴ τις πολυτελῆ τράπεζαν παραθεὶς, καὶ πολλῶν καὶ
ἡδίστων γέμουσαν ἐδεσμάτων, ἀπηγόρευε μετὰ
σφοδρᾶς τῆς ἀπειλῆς μὴ ἅπτεσθαί τινος τῶν προκειμένων,
ἆρα ἄν τις εἵλετο τοιαύτῃ παρακαθῆσθαι τραπέζῃ, καὶ
κολάζειν ἑαυτόν; Οὐκ ἔγωγε οἶμαι· οὐδὲ γὰρ τοσαύτην ἀπὸ
τῆς ὄψεως ἐκαρποῦτο τὴν ἡδονὴν, ὅσην ἀπὸ τῆς κωλύσεως
ὑπέμενε τὴν ἀθυμίαν. Τί δαὶ εἰ διψῶντι καὶ καιομένῳ
πηγήν τις ἐπιδείξας καθαράν τε καὶ διαυγῆ, μὴ μόνον
αὐτῆς μὴ ἀπογεύσασθαι, ἀλλὰ μηδὲ ἄκροις θιγεῖν τοῖς
δακτύλοις ἐπέτρεπεν, ἆρα ἂν ταύτης ἐγένετό τι πικρότερον
τῆς κολάσεως; Οὐδὲ ἐνταῦθα οἶμαί τινα ἀντερεῖν.
Τοσοῦτον γάρ ἐστι τοῦτο κακὸν, ὅτι καὶ τῶν ἔξωθεν οἱ
ταῦτα διασκέπτεσθαι μάλιστα ὄντες δεινοὶ, ἡδονῆς φύσιν
λέγω καὶ λύπης, θελήσαντες ποιῆσαι κολαζομένους τινὰς
σφοδρῶς, οὐκ ἄλλως ἐποίησαν, ἢ τούτῳ τῷ τρόπῳ· πλάσαντες
γάρ τινα μῦθον, ἄγουσιν ἐν τῷ μύθῳ τινὰ, ὃν ἔδει
δοῦναι δίκην ἐσχάτην, καὶ ἕτερον μὲν οὐδὲν, πανδαισίαν
δὲ παραθέντες αὐτῷ, καὶ παραρρέον δείξαντες ὕδωρ, οὐδενὸς
ἀπολαῦσαι τούτων συνεχώρουν, ἀλλ´ ὁμοῦ τε ἐξέτεινε
τὴν χεῖρα ἐκεῖνος καὶ τὰ ὁρώμενα ἅπαντα ἀφίπτατο, καὶ
τοῦτο ἐγίνετο διὰ παντός. Καὶ οὗτος τῆς κολάσεως ὁ
τρόπος ἦν κατὰ τὸν μῦθον τὸν ἔξωθεν. Καὶ φιλοσόφων δέ
τις ἰδών τινα τῶν αὐτῷ συνόντων καταφιλήσαντα νέον
εὔμορφον, ἐθαύμασεν εἰπὼν ὅτι καὶ εἰς πῦρ οὗτος ῥᾳδίως
ἂν κυβιστήσειεν ὁ τοσαύτην τολμήσας διὰ τοῦ φιλήματος
ἀνάψαι ἐν ἑαυτῷ κάμινον. Ἐγὼ δὲ τοσοῦτο μὲν οὐκ ἂν
εἴποιμι, ὅτι τὰς συνοικούσας φιλοῦσιν ἢ ἐπαφῶνται· εἰ δέ
τινες ἕτεροι ταῦτα κατηγοροῖεν, δεῖξαι πειράσομαι ὅτι,
κἂν μέχρι τοσούτου προΐωσι, πικροτέραν πάλιν καθ´ ἑαυτῶν
τῆς προτέρας ἐπισπῶνται τὴν βάσανον. Εἰ γὰρ ὄψις
μόνη τοσαύτην ἐντίθησιν ὀδύνην, ὅταν καὶ ἁφὴ προσῇ,
τῆς ὄψεως πολὺ παχυτέρα ἀπόλαυσις, μείζονα αἴρει τὴν
φλόγα, καὶ δριμυτέραν ἐργάζεται τὴν ἀλγηδόνα, καὶ
χαλεπώτερον ποιεῖ τὸ θηρίον. Ὅσῳ γὰρ ἂν αὔξωμεν τὰ τῆς
ἐπιθυμίας, καὶ ἰσχυροτέραν αὐτῇ παρέχωμεν τὴν τροφὴν,
τοσούτῳ καὶ τὰ τῆς ὀδύνης ἡμῖν ἐπιτείνεται. Καὶ καθάπερ
ὁ τῇ τραπέζῃ καὶ τῇ πηγῇ παρακαθήμενος οὐχ οὕτως
ὁρῶν ὀδυνᾶται, ὡς ὅταν καὶ τῇ χειρὶ θιγεῖν ἐπιτραπεὶς
ἀπογεύσασθαι κωλυθῇ πάλιν· οὕτω δὴ καὶ οἱ τῶν παρθενικῶν
σωμάτων ψαῦσαι ἐπιτρεπόμενοι, χαλεπώτερον τῆς
θέας ἀπὸ τῆς ἁφῆς κολάζονται, πικροτέραν ἐφελκόμενοι
τὴν ἐκ τῆς ἀποτυχίας ὀδύνην. Καὶ τί δεῖ ταῦτα ἀπὸ τῶν
ἔξωθεν πραγμάτων φιλοσοφεῖν; ἡ γὰρ τοῦ Θεοῦ ψῆφος ἡ
τούτων ἁπάντων ἰσχυροτέρα, αὕτη δείκνυσι τοῦτο τοιοῦτον
ὄν. Τὸν γὰρ Ἀδὰμ κολάσαι βουλόμενος, οὐ πόρρω τοῦ
παραδείσου κατῴκισεν, ἀλλ´ αὐτοῦ πλησίον ἐκείνου, ἵν´
ἔχῃ διηνεκῆ κόλασιν, τὴν θέαν τοῦ ποθουμένου χωρίου,
θεωρῶν μὲν αὐτὸν διὰ παντὸς, ἀπολαῦσαι δὲ οὐκ ἐπιτρεπόμενος.
Ἀλλ´ ἴσως εἴποι τις ἂν, Καὶ πῶς, εἰ πικρὸν
τοῦτο οὕτως ἐστὶ τῇ φύσει, μετὰ τοσαύτης αὐτὸ διώκουσιν
οἱ πολλοὶ τῆς σπουδῆς; Ἐγὼ δὲ πρὸς τοῦτο ἐκεῖνο ἂν
εἴποιμι, ὅτι αὐτὸ μὲν οὖν τοῦτο μέγιστον τεκμήριον τῆς
ἐσχάτης αὐτῶν ἀρρωστίας ἐστίν. Τοῦτο γὰρ τῶν νοσούντων
τὸ ἔθος, ψυχράν τινα καὶ ὀλιγοχρόνιον ἡδονὴν καρποῦσθαι,
καὶ μακρὰν ἑαυτοῖς ἐντεῦθεν κατασκευάζειν
κόλασιν. Τοῦτο καὶ ἐπὶ τῶν πυρεττόντων ἴδοι τις ἄν. Οἱ
μὴ βουλόμενοι καρτερῆσαι μικρὸν, δι´ ὀλιγοχρόνιόν τινα
ψυχαγωγίαν καὶ ποτῶν καὶ σιτίων κεκωλυμένων ἁπτόμενοι,
μακράν τινα καὶ χαλεπωτάτην ἑαυτοῖς ἐργάζονται νόσον.
Δεῖ δὲ τοὺς ὑγιαίνοντας οὐκ ἀπὸ τῶν νοσούντων λαμβάνειν
τὰς περὶ τῶν πραγμάτων ψήφους· ἐπεὶ, εἰ τούτοις ἑψόμεθα,
καὶ ἰατρικῆς καὶ φιλοσοφίας καταγνωσόμεθα. Οὐδὲ
γὰρ οὐδὲ ἐπὶ πυρετῶν, οὐδὲ ἐπὶ γυναικῶν, αὐτὸ πάσχουσι
μόνον, ἀλλὰ καὶ ἐπὶ χρημάτων καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων
οἱ τὰ τοιαῦτα νοσοῦντες. Καὶ γὰρ οἱ περὶ τὰ χρήματα
μεμηνότες, εἰδότες ὅτι τὰ μικρὰ ταῦτα ἐνταῦθα προέμενοι
τοῖς δεομένοις μυρία ἐκεῖ λήψονται ἀγαθὰ, κατέχουσιν
ὅμως αὐτὰ καὶ κατορύττουσι, καὶ πάντων ἐκπεσεῖν αἱροῦνται
τῶν ἀγαθῶν μᾶλλον διὰ τὴν ψυχρὰν ταύτην καὶ βραχεῖαν ἡδονὴν,
ἢ τῆς αἰωνίου κολάσεως ἀπαλλαγῆναι, καὶ
τὴν ἀθάνατον καρπώσασθαι ζωὴν, διὰ τῆς προσκαίρου
τούτων ὑπεροψίας. Τοῦτο δὴ καὶ οὗτοι πάσχουσι, τῆς
μικρᾶς ταύτης ἐπιθυμίας τῆς διὰ τῶν ὀφθαλμῶν οὐκ ἀνεχόμενοι
μικρὸν ἑαυτοὺς ἀποστῆσαι, ἀφόρητον ἑαυτοῖς
συνάγουσι πῦρ· καὶ ὅσῳπερ ἂν νομίζωσιν ἥδεσθαι, τοσούτῳ
μᾶλλον ἐμπλέκονται τῷ κακῷ, τοῦ διαβόλου τοῦτο τεχνησαμένου
πρὸς τὴν παραμονὴν τῆς φλογὸς καὶ ἐπίδοσιν,
ὅθεν καιόμενοι καὶ ἥδονται καὶ ἀλγοῦσιν, ἄτοπόν τινα
κρᾶσιν ἐν ταῖς ἑαυτῶν καταφυτεύοντες ψυχαῖς.
| [1,2] Comment donc persuaderons-nous à ceux pour qui nous écrivons, que la cohabitation
avec une vierge est un abus non seulement funeste, mais même amer? comment?
sinon par la nature même des choses. Si quelqu'un, pouvons-nous leur dire, devant une table
somptueuse, chargée de viandes variées et exquises, défendait avec des menaces terribles de
toucher aux mets qui sont servis, qui est-ce qui voudrait s'asseoir à cette table et devenir ainsi
son propre bourreau? — Personne à mon avis; la vue des mets causerait moins de jouissance
que la défense d'y toucher ne causerait de peine. Si quelqu'un montrait à un homme dévoré
d'une soif ardente une fontaine aux eaux pures et limpides et lui défendait d'en boire, même
d'y tremper l'extrémité de ses doigts, pourrait-on imaginer un supplice plus affreux?
Ici je ne pense pas avoir de contradicteur, ce supplice est si grand que les païens
eux-mêmes, qui savent si bien ce que c'est que la volupté et la peine, voulant représenter des
hommes en proie à de fortes souffrances, imaginent précisément une fiction de ce genre. Dans
cette fable, il est question de quelqu'un qui mérite d'être puni par les plus cruels supplices : on
place devant lui des mets de toutes sortes, il voit couler des ruisseaux limpides, et on lui
interdit l'usage de tout cela. Etend-il la main, tout ce qu'il voit s'enfuit et s'enfuit toujours.
Telle est la fiction relative à ce genre de tourment imaginé par les païens.
(Xénophon, Apomnemon I, 3, 9.)
Un philosophe (Xén. X), voyant un de ses amis embrasser un fort bel enfant, s'écria
tout étonné : voilà un homme qui sè précipiterait volontiers dans le feu, lui qui n'a pas craint
d'allumer, par ce baiser, un si grand incendie dans son coeur. Pour moi, je ne veux pas dire
que les hommes dont je parle se permettent des baisers ou des attouchements sur les vierges
qui habitent avec eux; supposons cependant que des calomniateurs osent l'avancer, et
prouvons qu'en se permettant de telles libertés, ils ne feraient qu'accroître leur tourment. Le
regard seul cause déjà une si vive douleur ! Si vous y joignez les attouchements, ce plaisir,
plus grossier que le plaisir produit par le regard, allume aussi une flamme plus ardente, cause
une douleur plus aiguë et excite plus violemment la passion devenue plus terrible qu'une bête
farouche. Plus nous donnons d'aliments au foyer de la concupiscence, plus grandes sont nos
souffrances; et de même que celui qui, assis à une table ou sur le bord d'une fontaine, doit se
contenter de regarder, est moins tourmenté que celui qui peut toucher sans pourtant goûter;
ainsi, ceux qui sont à même de se procurer certains attouchements sur des vierges sont plus
tourmentés par cet attouchement que par le simple regard; le toucher rendant la privation plus
pénible.
Et qu'est-il besoin d'emprunter nos raisonnements aux fictions païennes, lorsque nous
pouvons établir cette vérité sur un jugement de Dieu même? Lorsque le Seigneur veut punir
Adam de sa désobéissance, est-ce loin du paradis terrestre, qu'il l'envoie fixer sa demeure ?
non, c'est tout près de ce lieu de délices qu'il lui ordonne de rester, afin que la vue continuelle
du bonheur qu'il a perdu par sa faute, excite en lui une plus cuisante douleur de son péché. —
Mais, va sans doute m'objecter quelqu'un, si c'est quelque chose de si amer que d'habiter avec
une femme, comment se fait-il que la plupart s'y attachent avec tant d'ardeur? — Voici ma
réponse : Cette recherche ardente ne prouve qu'une chose, c'est que ces hommes sont malades
et à l'extrémité : ainsi agissent les malades, pour un petit rafraîchissement, pour un plaisir d'un
moment, ils s'exposent à prolonger et à augmenter leur mal chacun le peut constater dans les
fiévreux ; ils ne veulent pas se priver pour quelque temps du soulagement bien court que
procurent un mets, une boisson défendue, et ils tombent dans une maladie longue et difficile à
guérir. Mais ceux qui se portent bien ne doivent pas se conduire comme ceux qui sont
malades; autrement et la médecine et la saine philosophie les condamnent.
Cela n'arrive pas seulement à ceux que dévorent la fièvre ou l'amour et ses flammes
impures, mais aussi à ceux que la soif des richesses ou toute autre passion tourmente. Voyez
un avare : il n'ignore pas que des biens infinis sont réservés à ceux qui distribuent aux pauvres
ces trésors périssables et de si peu de valeur, et pourtant avec quelle âpre vigilance il les
garde ! avec quel soin il les enfouit ! Un fugitif et misérable plaisir qui doit être suivi d'un
supplice éternel, d'une part; de l'autre, la privation de quelques froides satisfactions, ayant
pour conséquence assurée une félicité sans terme comme sans mesure, voilà ce qui s'offre à
son choix, et c'est le premier lot qu'il préfère !.. C'est précisément ce qui arrive aux hommes
que j'attaque ici, ils n'ont pas le courage de priver leurs yeux d'un plaisir rapide et vain et ils
allument en eux des flammes insupportables ! plus ils s'imaginent se procurer de plaisir, plus
ils sont malheureux; le démon, avec un artifice digne de sa malice, fait en sorte, pour
augmenter et prolonger cet incendie, que ces malheureuses victimes jouissent et souffrent en
même temps, leur procurant, pour les tromper, je ne sais quel adoucissement dans leur torture.
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