[20] Ταῦτα δὲ συγγράψαντες καὶ ἀναγαγόντες εἰς ἀκρόπολιν Πύρωνα
Φεραῖον ἄνδρα, εἰθισμένον εἰσπλεῖν εἰς τὸν Πόντον, δίδομεν αὐτῷ φυλάττειν τὰς
συνθήκας, προστάξαντες αὐτῷ, ἐὰν μὲν διαλλαγῶμεν πρὸς ἡμᾶς αὐτούς, κατακαῦσαι
τὸ γραμματεῖον, εἰ δὲ μή, Σατύρω ἀποδοῦναι.
(21) Τὰ μὲν οὖν ἡμέτερ', ὦ ἄνδρες δικασταί, οὕτω διεπέπρακτο· Μενέξενος δ'
ὀργιζόμενος ὑπὲρ τῆς αἰτίας ἧς κἀκεῖνον Πασίων17 ᾐτιάσατο, λαχὼν δίκην ἐξῄτει τὸν
Κίττον, ἀξιῶν τὴν αὐτὴν Πασίωνι ψευδομένῳ γίγνεσθαι ζημίαν ἧσπερ ἂν αὐτὸς
ἐτύγχανεν, εἴ τι τούτων ἐφαίνετο ποιήσας. Καὶ οὗτος, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἐδεῖτο μου
ἀπαλλάττειν Μενέξενον, λέγων ὅτι οὐδὲν αὐτῷ πλέον ἔσται, εἰ τὰ μὲν χρήματ' ἐκ τῶν
συγγεγραμμένων εἰς τὸν Πόντον εἰσπλεύσας ἀποδώσει, αὐτὸς δ' ὁμοίως ἐνθάδε
καταγέλαστος ἔσοιτο· ὁ γὰρ παῖς, ἐὰν βασανίξηται, περὶ πάντων τἀληθῆ κατεπεῖ. (22)
Ἐγὼ δ' ἠξίουν πρὸς μὲν Μενέξενον πράττειν ὅ τι βούλοιτο, πρὸς δ' ἐμὲ ποιεῖν αὐτὸν τὰ
συγκείμενα. Ἐν ἐκείνῳ μὲν οὖν τῷ χρόνῳ ταπεινὸς ἦν, οὐκ ἔχων ὅ τι χρήσαιτο τοῖς
αὑτοῦ κακοῖς. Καὶ γὰρ οὐ μόνον περὶ τῆς βασάνου καὶ τῆς δίκης ἐκείνης ἐδεδοίκει τῆς
εἰληγμένης, ἀλλὰ καὶ περὶ τοῦ γραμματείου, ὅπως μὴ ὑπὸ τοῦ Μενεξένου
συλληφθήσοιτο.
(23) Ἀπορῶν δὲ καὶ οὐδεμίαν ἄλλην εὑρίσκων ἀπαλλαγήν, πείσας τοῦ ξένου τοὺς
παῖδας διαφθείρει τὸ γραμματεῖον, ὃ ἔδει Σάτυρον λαβεῖν, εἰ μή μ' ἀπαλλάξειεν οὗτος.
Καὶ οὐκ ἔφθη διαπραξάμενος ταῦτα καὶ θρασύτατος ἁπάντων ἀνθρώπων ἐγένετο, καὶ
οὔτ' εἰς τὸν Πόντον ἔφη μοι συμπλευσεῖσθαι οὔτ' εἶναι πρός ἔμ' αὐτῷ συμβόλαιον
οὐδέν, ἀνοίγειν τ' ἐκέλευε τὸ γραμματεῖον ἐναντιόν μαρτύρων. Τί ἂν ὑμῖν τὰ πολλὰ
λέγοιμι, ὦ ἄνδρες δικασταί; Εὑρέθη γάρ ἐν τὦ γραμματείῳ γεγραμμένος18 ἀφειμένος
ἁπάντων τῶν ἐγκλημάτων ὑπ' ἐμοῦ.
(24) Τὰ μὲν οὖν γεγενημένα, ὡς ἀκριβέστατα οἶός τ' ἦν, ἅπανθ' ὑμῖν εἴρηκα.
Ἡγοῦμαι δὲ Πασίων', ὦ ἄνδρες δικασταί, ἐκ τοῦ διεφθαρμένου γραμματείου τὴν
ἀπολογίαν ποιήσεσθαι καὶ τοὺτοις ἰσχυριεῖσθαι μάλιστα. Ὑμεῖς οὖν μοι τὸν νοῦν
προσέχετε· οἶμαι γὰρ ἐξ αὐτῶν τούτων φανερὰν ὑμῖν ποιήσειν τὴν τούτου πονηρίαν.
(25) Πρῶτον δ' ἐκ τούτου σκοπεῖσθε. Ὅτε γὰρ ἐδίδομεν τῷ ξένῳ τὴν συνθήκην,
καθ' ἣν οὗτος μὲν ἀφεῖσθαί φησι τῶν ἐγκλημάτων, ἐγὼ δ' ὡς ἔδει με παρὰ τοὺτου
κομίσασθαι τὸ χρυσίον, ἐκελεύομεν τὸν ξένον, ἐὰν μὲν διαλλαγῶμεν πρὸς ἡμᾶς αὐτούς,
κατακαῦσαι τὸ γραμματεῖον, εἰ δὲ μή, Σατύρῳ ἀποδοῦναι· καὶ ταῦτα ῥηθῆναι ὑπ'
ἀμφοτέρων ἡμῶν ὁμολογεῖται. (26) Καίτοι τί μαθόντες, ὦ ἄνδρες δικασταί,
προσετάττομεν ἀποδοῦναι Σατύρω τὸ γραμματεῖον, ἂν μὴ διαλλαγῶμεν, εἴπερ
ἀπηλλαγμένος ἤδη Πασίων ἦν ἐγκλημάτων καὶ τέλος εἶχεν ἡμῖν τὸ πρᾶγμα; Ἀλλὰ δῆλον
ὅτι ταύτας τὰς συνθήκας ἐποιησάμεθ' ὡς ὑπολοίπων ὄντων ἡμῖν ἔτι πραγμάτων, περί
ὦν ἔδει τοῦτον πρὸς ἐμὲ κατὰ τὸ γραμματεῖον διαλύσασθαι. (27) Ἔπειτ' ἐγὼ μέν, ὦ
ἄνδρες δικασταί ἔχω τὰς αἰτίας εἰπεῖν δι' ἃς οὗτος ὡμολόγησεν ἀποδώσειν τὸ χρυσίον·
ἐπεὶ γὰρ ἡμεῖς τε τῶν πρὸς Σάτυρον διαβολῶν ἀπηλλάγημεν καὶ τὸν Κιττον οὐχ οἶός τ'
ἐγένετ' ἀφανίσαι, τὸν συνειδότα περὶ τῆς παρακαταθήκης, ἡγησάμενος, εἰ μὲν ἐκδοίη
τὸν παῖδα βασανίσαι, (28) φανερός γενήσεσθαι πανουργῶν, εἰ δὲ μὴ ποιήσειε ταῦτ',
ὀφλήσειν τὴν δίκην, ἐβουλήθη πρὸς ἐμὲ ἀπαλλαγὴν ποιήσασθαι. Τοῦτον δὲ κελεύσατ'
ἀποδεῖξαι, τι κερδαίνων ἤ τίνα κίνδυνον φοβηθεὶς ἀφῆκ' αὐτὸν τῶν ἐγκλημάτων; Ἐάν δὲ
μηδὲν ἔχῃ τούτων ὑμῖν ἀποφαίνειν, πῶς οὐκ ἄν δικαίως ἐμοὶ μᾶλλον ἢ τούτῳ περὶ τοῦ
γραμματείου πιστεύοιτε; (29) Καὶ μὲν δή, ὦ ἄνδρες δικασταί, καὶ τόδε ῥᾴδιον πᾶσι
γνῶναι, ὅτι ἐμοὶ μέν, ὃς ἐνεκάλουν, εἰ τοὺς ἐλέγχους ἐφοβούμην, ἐξῆν καὶ μηδεμίαν
συνθήκην ποιησάμενον χαίρειν ἐᾶν τὸ πρᾶγμα· τούτῳ δὲ διά τε τὴν βάσανον καὶ τοὺς
ἀγῶνας τοὺς ἐν ὑμῖν οὐχ οἶόν τ' ἦν ὁπότε βούλοιτ' ἀπηλλάχθαι τῶν κινδύνων, εἰ μὴ
πείσειεν ἐμὲ τὸν ἐγκαλοῦντα. Ὥστ' οὐκ ἐμὲ περὶ τῆς ἀφέσεως ἀλλὰ τοῦτον περὶ τῆς
ἀποδόσεως τῶν χρημάτων ἔδει τὰς συνθήκας ποιεῖσθαι. Ἔτι δὲ κἀκεῖν' ὑπερφυές,
| [20] Nous écrivons un engagement;
nous conduisons à la citadelle Pyron de Phères, homme accoutumé aux
voyages du Pont ; nous lui donnons notre traité à garder, et nous ajoutons, pour
instruction, de brûler l'acte si nous terminons à l'amiable ; sinon, de le remettre à Satyrus.
(21) 11. Nos conventions, juges, avaient été faites dans ces termes. Ménexène,
cependant, irrité de l'accusation que Pasion avait aussi intentée contre lui, l'ayant
assigné en justice, demandait que Cittus lui fût livré, et prétendait faire payer à Pasion,
qui l'avait faussement accusé, l'amende à laquelle lui-même il aurait été condamne s'il
eût été jugé coupable de l'une des choses que Pasion lui imputait. Pasion me conjurait
d'apaiser Ménexène, en disant qu'il ne recueillerait aucun avantage si, faisant voile
vers le Pont, il me remettait les fonds, conformément à notre traité, et restait
également ici l'objet de la risée publique; car l'esclave, mis à la torture, déclarerait la
vérité sur tous les points. (2) Quant à moi, je l'engageais à faire, vis-à-vis de
Ménexène, tout ce qu'il jugerait convenable ; mais j'insistais pour qu'il accomplît à mon
égard ce qui avait été convenu. Alors Pasion s'humiliait, et ne savait quel parti prendre
au milieu des maux qui le menaçaient : il redoutait non seulement le résultat de la
torture et de l'action judiciaire qui lui avait été intentée, mais il tremblait que Ménexène
ne parvînt à s'emparer de notre acte.
12. Plein d'anxiété, et ne trouvant pas d'autre moyen, il corrompt les esclaves et
falsifie l'écrit qui devait être remis à Satyrus dans le cas où il ne s'acquitterait pas
envers moi. Mais il n'a pas plutôt exécuté cet acte coupable, qu'il devient le plus
audacieux des hommes. Il dit qu'il ne fera pas voile avec moi vers le Pont, qu'il n'existe
de sa part aucun engagement, et il demande qu'on ouvre l'écrit en présence de
témoins. Qu'est-il besoin, juges, de plus longs discours ? On trouve écrit que Pasion a
été affranchi par moi de toute réclamation.
(24) 13. Je vous ai exposé tout ce qui est arrivé avec autant d'exactitude qu'il a été
en mon pouvoir de le faire. Je prévois que Pasion cherchera à faire ressortir sa
justification de l'écrit qu'il a falsifié, et que c'est sur cette base qu'il établira
principalement sa défense. Prêtez-moi donc votre attention ; car j'ai la ferme
confiance, en puisant à la même source, de rendre sa perversité évidente à vos yeux.
(25) 14. Examinez d'abord ce point. Lorsque nous déposions entre les mains d'un
étranger le traité en vertu duquel Pasion prétend qu'il a été déchargé de toute
réclamation, et moi, que je dois rentrer dans mes fonds, nous avons donné pour
instruction à cet étranger, si nous parvenions à nous entendre, de brûler l'acte ; et,
dans la supposition contraire, de le remettre à Satyrus : c'est une instruction que nous
convenons tous les deux avoir été donnée par nous. (26) Or, quel motif aurions-nous
eu, juges, pour prescrire de remettre cet acte à Satyrus, dans le cas où nous ne
pourrions pas nous concilier, si Pasion avait été affranchi de toute réclamation de ma
part, et que l'affaire eût été complètement terminée? Il est évident que nous avons fait
le traité, parce qu'il nous restait encore des intérêts à régler, par suite desquels Pasion
devait, aux termes de l'acte même, se libérer envers moi. (27) Je puis d'ailleurs, juges,
vous faire connaître les motifs pour lesquels il a promis de me rendre mon argent.
Lorsque nous fûmes délivrés, mon père et moi, des accusations qui avaient été
intentées contre nous auprès de Satyrus, et que Pasion se vit dans l'impossibilité de
faire disparaître Cittus, qui connaissait les faits relatifs au dépôt, il calcula que s'il livrait
cet esclave pour être mis à la torture, (28) ses intrigues seraient dévoilées ; que s'il ne
le faisait pas, il serait condamné ; et alors il résolut de transiger directement avec moi.
Ordonnez-lui de vous montrer dans l'espoir de quel avantage ou dans la crainte de
quel danger je lui ai fait l'abandon de mes droits; et s'il lui est impossible de rien
articuler devant vous à cet égard, comment ne devez-vous pas, au sujet de l'acte,
m'en croire plutôt que lui? (29) Il est facile pour tout le monde de reconnaître que si
moi, qui l'accusais, j'avais éprouvé quelque appréhension d'en arriver à la preuve, il
était en mon pouvoir, même sans faire aucun traité, d'abandonner l'affaire ; tandis que
lui, au contraire, à cause de la torture et des débats qui auraient eu lieu devant vous, il
ne pouvait s'affranchir, par sa seule volonté, des dangers qui le menaçaient, à moins
qu'il ne me persuadât de me désister de ma plainte. Voilà pourquoi il fallait que nous
fissions un traité, non de désistement de ma part, mais de restitution de la sienne.
Enfin, c'eût été chose étrange,
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