HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Discours Plataïque (texte complet)

Paragraphes 40-49

  Paragraphes 40-49

[40] Καὶ ταῦτ' ἐπὶ πλειόνων μὲν ἄν τις παραδειγμάτων ἔχοι διελθεῖν· τὰ δ' οὖν ἐφ' ἡμῶν γενόμενα τίς οὐκ οἶδεν, ὅτι καὶ Λακεδαιμόνιοι τὴν δύναμιν τὴν ὑμετέραν ἀνυπόστατον δοκοῦσαν εἶναι κατέλυσαν, μικρὰς μὲν ἀφορμὰς εἰς τὸν πόλεμον τὸν κατὰ θάλατταν τὸ πρῶτον ἔχοντες, διὰ δὲ τὴν δόξαν ταύτην προσαγόμενοι τοὺς Ἕλληνας, καὶ πάλιν ὑμεῖς τὴν ἀρχὴν ἀφείλεσθε τὴν ἐκείνων, ἐξ ἀτειχίστου μὲν τῆς πόλεως ὁρμηθέντες καὶ κακῶς πραττούσης, τὸ δὲ δίκαιον ἔχοντες σύμμαχον; (41) Καὶ τούτων ὡς οὐ βασιλεὺς αἴτιος ἦν τελευταῖος χρόνος σαφῶς ἐπέδειξεν· ἔξω γὰρ αὐτοῦ τῶν πραγμάτων γεγενημένου, καὶ τῶν μὲν ὑμετέρων ἀνελπίστως ἐχόντων, Λακεδαιμονίοις δὲ σχεδὸν ἁπασῶν τῶν πόλεων δουλευουσῶν, ὅμως αὐτῶν τοσοῦτον περιεγένεσθε πολεμοῦντες ὥστ' ἐκείνους ἀγαπητῶς ἰδεῖν τὴν εἰρήνην γενομένην. (42) Μηδεὶς οὖν ὑμῶν ὀρρωδείτω μετὰ τοῦ δικαίου ποιούμενος τοὺς κινδύνους, μηδ' οἰέσθω συμμάχων ἀπορήσειν, ἂν τοῖς ἀδικουμένοις ἐθέλητε βοηθεῖν ἀλλὰ μὴ Θηβαίοις μόνοις· οἷς νῦν τἀναντία ψηφισάμενοι πολλοὺς ἐπιθυμεῖν ποιήσετε τῆς ὑμετέρας φιλίας. Ἢν γὰρ ἐνδείξησθ' ὡς ὁμοίως ἅπασιν ὑπὲρ τῶν συνθηκῶν παρεσκεύασθε πολεμεῖν, (43) τίνες εἰς τοῦτ' ἀνοίας ἥξουσιν ὥστε βούλεσθαι μετὰ τῶν καταδουλουμένων εἶναι μᾶλλον μεθ' ὑμῶν τῶν ὑπὲρ τῆς αὑτῶν ἐλευθερίας ἀγωνιζομένων; Εἰ δὲ μή, τί λέγοντες, ἢν πάλιν γένηται πόλεμος, ἀξιώσετε προσάγεσθαι τοὺς Ἕλληνας, εἰ τὴν αὐτονομίαν προτείνοντες ἐκδώσετε πορθεῖν Θηβαίοις ἥντιν' ἂν βούλωνται τῶν πόλεων; (44) Πῶς δ' οὐ τἀναντία φανήσεσθε πράττοντες ὑμῖν αὐτοῖς, εἰ Θηβαίους μὲν μὴ διακωλύσετε παραβαίνοντας τοὺς ὅρκους καὶ τὰς συνθήκας, πρὸς δὲ Λακεδαιμονίους ὑπὲρ τῶν αὐτῶν τούτων προσποιήσεσθε πολεμεῖν; Καὶ τῶν μὲν κτημάτων τῶν ὑμετέρων αὐτῶν ἀπέστητε, βουλόμενοι τὴν συμμαχίαν ὡς μεγίστην ποιῆσαι, τούτους δὲ τὴν ἀλλοτρίαν ἔχειν ἐάσετε καὶ τοιαῦτα ποιεῖν ἐξ ὧν ἅπαντες χείρους εἶναι νομιοῦσιν ὑμᾶς; (45) δὲ πάντων δεινότατον, εἰ τοῖς μὲν συνεχῶς μετὰ Λακεδαιμονίων γεγενημένοις δεδογμένον ὑμῖν ἐστὶ βοηθεῖν, ἤν τι παράσπονδον αὐτοῖς ἐκεῖνοι προστάττωσιν, ἡμᾶς δ' οἳ τὸν μὲν πλεῖστον χρόνον μεθ' ὑμῶν ὄντες διατετελέκαμεν, τὸν δὲ τελευταῖον μόνον πόλεμον ὑπὸ Λακεδαιμονίοις ἠναγκάσθημεν γενέσθαι, διὰ ταύτην τὴν πρόφασιν ἀθλιώτατα πάντων ἀνθρώπων περιόψεσθε διακειμένους. (46) Τίνας γὰρ ἂν ἡμῶν εὕροι τις δυστυχεστέρους, οἵτινες καὶ πόλεως καὶ χώρας καὶ χρημάτων ἐν μιᾷ στερηθέντες ἡμέρᾳ, πάντων τῶν ἀναγκαίων ὁμοίως ἐνδεεῖς ὄντες ἀλῆται καὶ πτωχοὶ καθέσταμεν, ἀποροῦντες ὅποι τραπώμεθα, καὶ πάσας τὰς οἰκήσεις δυσχεραίνοντες· ἤν τε γὰρ δυστυχοῦντας καταλάβωμεν, ἀλγοῦμεν ἀναγκαζόμενοι πρὸς τοῖς οἰκείοις κακοῖς καὶ τῶν ἀλλοτρίων κοινωνεῖν· (47) ἤν θ' ὡς εὖ πράττοντας ἔλθωμεν, ἔτι χαλεπώτερον ἔχομεν, οὐ ταῖς ἐκείνων φθονοῦντες εὐπορίαις, ἀλλὰ μᾶλλον ἐν τοῖς τῶν πέλας ἀγαθοῖς τὰς ἡμετέρας αὐτῶν συμφορὰς καθορῶντες, ἐφ' αἷς ἡμεῖς οὐδεμίαν ἡμέραν ἀδακρυτὶ διάγομεν ἀλλὰ πενθοῦντες τὴν πατρίδα καὶ θρηνοῦντες τὴν μεταβολὴν τὴν γεγενημένην ἅπαντα τὸν χρόνον διατελοῦμεν. (48) Τίνα γὰρ ἡμᾶς οἴεσθε γνώμην ἔχειν ὁρῶντας καὶ τοὺς γονέας αὑτῶν ἀναξίως γηροτροφουμένους καὶ τοὺς παῖδας οὐκ ἐπὶ ταῖς ἐλπίσιν αἷς ἐποιησάμεθα παιδευομένους, ἀλλὰ πολλοὺς μὲν μικρῶν ἕνεκα συμβολαίων δουλεύοντας, ἄλλους δ' ἐπὶ θητείαν ἰόντας, τοὺς δ' ὅπως ἕκαστοι δύνανται τὰ καθ' ἡμέραν ποριζομένους, ἀπρεπῶς καὶ τοῖς τῶν προγόνων ἔργοις καὶ ταῖς αὑτῶν ἡλικίαις καὶ τοῖς φρονήμασι τοῖς ἡμετέροις; (49) δὲ πάντων ἄλγιστον, ὅταν τις ἴδῃ χωριζομένους ἀπ' ἀλλήλων μὴ μόνον πολίτας ἀπὸ πολιτῶν ἀλλὰ καὶ γυναῖκας ἀπ' ἀνδρῶν καὶ θυγατέρας ἀπὸ μητέρων καὶ πᾶσαν τὴν συγγένειαν διαλυομένην, πολλοῖς τῶν ἡμετέρων πολιτῶν διὰ τὴν ἀπορίαν συμβέβηκεν· γὰρ κοινὸς βίος ἀπολωλὼς ἰδίας τὰς ἐλπίδας ἕκαστον ἡμῶν ἔχειν πεποίηκεν. [40] 17. Un grand nombre d'exemples pourraient démontrer cette vérité. Qui peut ignorer ce qui s'est passé de nos jours et comment les Lacédémoniens, quoiqu'ils n'eussent au commencement que de très faibles ressources pour une guerre maritime, ont renversé votre puissance, à une époque où elle paraissait irrésistible, parce qu'ils avaient attiré les Grecs dans leur parti, à cause de leur bonne renommée ? et que vous leur avez repris l'empire, quand votre ville était déserte et sans murailles, parce que vous aviez, cette fois, la justice pour auxiliaire ? (41) Les événements accomplis dans ces derniers temps ont prouvé avec évidence que le Roi n'était pas l'auteur de ce résultat; car, à cette époque, il se trouvait en dehors des affaires de la Grèce ; nous étions dans une situation désespérée; presque toutes les villes étaient courbées sous le joug de Lacédémone, et cependant vous avez obtenu, dans cette guerre, une telle supériorité que les Lacédémoniens ont vu avec bonheur la paix se conclure. (42) 18. Qu'ainsi donc aucun de vous, quand il s'appuie sur la justice, ne redoute les dangers et ne croie que les alliés nous manqueront si vous accordez votre secours aux victimes de l'injustice, et non pas aux seuls Thébains ; soyez assurés au contraire qu'en vous déclarant contre eux, vous déciderez un grand nombre de peuples à rechercher votre amitié. Car, lorsque vous vous montrerez également prêts à faire la guerre à tous, pour la défense des traités, (43) quels peuples seraient assez insensés pour vouloir s'unir aux oppresseurs de la Grèce, plutôt qu'à vous, les défenseurs de leur liberté ? S'il en était autrement et que la guerre se rallumât, de quelles paroles pourriez-vous désormais vous servir pour entraîner les Grecs dans votre alliance, lorsqu'on leur promettant l'indépendance, vous livreriez à la fureur des Thébains toute ville vouée par eux à la destruction ? (44) Comment ne paraîtriez-vous pas agir en opposition avec vous-mêmes, si vous n'empêchiez pas les Thébains de violer les serments et les traités, en même temps que vous prétendriez faire la guerre aux Lacédémoniens pour le même sujet? (44) Comment, enfin, lorsque vous renoncez à ce qui vous appartient, pour étendre autant que possible le cercle de l'alliance, pourriez-vous permettre aux Thébains de s'emparer d'un territoire qui n'est pas à eux, et de commettre des actes dont la conséquence serait de vous faire passer aux yeux de tout l'univers pour inférieurs à ce que vous êtes? (45) Ne serait-ce pas le fait le plus odieux si, après avoir pris la résolution de secourir les peuples qui ont été les plus constamment attachés aux Lacédémoniens, dans le cas où ceux-ci exigeraient d'eux des choses contraires aux traités, vous nous abandonniez, nous qui avons si longtemps persisté dans votre alliance et qui, seulement dans la dernière guerre, avons été forcés d'obéir aux Lacédémoniens; si, dis-je, sous ce prétexte, vous nous abandonniez, lorsque nous sommes les plus malheureux des hommes? (46) 19. Qui pourrait trouver des mortels plus accablés par l'infortune? Dépouillés en un même jour de notre patrie, de nos champs, de nos richesses, et privés également de tout ce qui est nécessaire à la vie, nous sommes condamnés à l'existence des vagabonds et des mendiants, sans savoir où porter nos pas; redoutant tous les lieux habités, car, si nous rencontrons des hommes frappés par le malheur, nos calamités domestiques sont aggravées par la nécessité de partager des afflictions étrangères ; (47)et si nous sommes conduits chez ceux que la fortune favorise, notre position devient plus cruelle encore, non par les sentiments d'envie que nous portons à leur bonheur, mais parce que, contemplant nos désastres au milieu des prospérités de nos voisins, nous apprécions davantage l'étendue des malheurs sur lesquels nous ne passons pas un seul jour sans gémir, sans pleurer sur notre patrie, et sans déplorer le changement dont elle a été la victime. (48) Quel sentiment croyez-vous que nous devons éprouver, quand nous voyons nos parents nourris dans leur vieillesse d'une manière indigne de leur rang; nos enfants privés dans leur jeune âge des espérances au milieu desquelles nous leur avions donné le jour, la plupart forcés de servir pour un misérable salaire, d'autres soutenant leur existence par le travail de leurs mains, d'autres, enfin, cherchant â se procurer les choses nécessaires à la vie par tous les moyens possibles et par des travaux qui contrastent avec les œuvres de leurs pères, avec leur âge, avec nos propres sentiments? (49) Mais le spectacle le plus déchirant pour nous, c'est de voir non seulement les citoyens séparés les uns des autres, mais les épouses arrachées à leurs époux, les filles à leurs mères, les familles dispersées, Et voilà pourtant où la misère a réduit un grand nombre de nos concitoyens ! la vie commune est détruite, et chacun de nous est contraint de s'isoler dans ses espérances.


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Dernière mise à jour : 16/10/2008