[300]
οὐδένας γὰρ εἶναι πραοτέρους οὐδὲ κοινοτέρους οὐδ' οἷς οἰκειότερον ἄν τις τὸν ἅπαντα
βίον συνδιατρίψειεν οὕτω δὲ μεγάλαις χρῶνται ταῖς ὑπερβολαῖς, ὥστ' οὐδὲ τοῦτ'
ὀκνοῦσι λέγειν, ὡς ἥδιον ἂν ὑπ' ἀνδρὸς Ἀθηναίου ζημιωθεῖεν ἢ διὰ τῆς ἑτέρων
ὠμότητος εὖ πάθοιεν. Οἱ δὲ ταῦτα μὲν διασύρουσι, διεξιόντες δὲ τὰς τῶν συκοφαντῶν
πικρότητας καὶ κακοπραγίας ὅλης τῆς πόλεως ὡς ἀμίκτου καὶ χαλεπῆς οὔσης
κατηγοροῦσιν. (301) Ἔστιν οὖν δικαστῶν νοῦν ἐχόντων τοὺς μὲν τῶν τοιούτων λόγων
αἰτίους γιγνομένους ἀποκτείνειν ὡς μεγάλην αἰσχύνην τῇ πόλει περιποιοῦντας, τοὺς δὲ
τῶν ἐπαίνων τῶν λεγομένων περὶ αὐτῆς μέρος τι συμβαλλομένους τιμᾶν μᾶλλον ἢ τοὺς
ἀθλητὰς τοὺς ἐν τοῖς στεφανίταις ἀγῶσι νικῶντας· πολὺ γὰρ καλλίω δόξαν ἐκείνων
κτώμενοι τῇ πόλει τυγχάνουσι καὶ μᾶλλον ἁρμόττουσαν. (302) Περὶ μὲν γὰρ τὴν τῶν
σωμάτων ἀγωνίαν πολλοὺς τοὺς ἀμφισβητοῦντας ἔχομεν, περὶ δὲ τὴν παιδείαν
ἅπαντες ἂν ἡμᾶς πρωτεύειν προκρίνειαν. Χρὴ δὲ τοὺς καὶ μικρὰ λογίζεσθαι δυναμένους
τοὺς ἐν τοῖς τοιούτοις τῶν ἔργων διαφέροντας, ἐν οἷς ἡ πόλις εὐδοκιμεῖ, τιμῶντας
φαίνεσθαι, καὶ μὴ φθονερῶς ἔχειν, μηδ' ἐναντία τοῖς ἄλλοις Ἕλλησι γιγνώσκειν περὶ
αὐτῶν. (303) Ὧν ὑμῖν οὐδὲν πώποτ' ἐμέλησεν, ἀλλὰ τοσοῦτον διημαρτήκατε τοῦ
συμφέροντος, ὥσθ' ἥδιον ἔχετε δι' οὓς ἀκούετε κακῶς ἢ δι' οὓς ἐπαινεῖσθε, καὶ
δημοτικωτέρους εἶναι νομίζετε τοὺς τοῦ μισεῖσθαι τὴν πόλιν ὑπὸ πολλῶν αἰτίους ὄντας,
ἢ τοὺς ἅπαντας οἷς πεπλησιάκασιν εὖ διακεῖσθαι πρὸς αὐτὴν πεποιηκότας. (304) Ἢν
οὖν σωφρονῆτε, τῆς μὲν ταραχῆς παύσεσθε ταύτης, οὐχ οὕτω δ' ὥσπερ νῦν οἱ μὲν
τραχέως οἱ δ' ὀλιγώρως διακείσεσθε πρὸς τὴν φιλοσοφίαν, ἀλλ' ὑπολαβόντες κάλλιστον
εἶναι καὶ σπουδαιότατον τῶν ἐπιτηδευμάτων τὴν τῆς ψυχῆς ἐπιμέλειαν, προτρέψετε τῶν
νεωτέρων τοὺς βίον ἱκανὸν κεκτημένους καὶ σχολὴν ἄγειν δυναμένους ἐπὶ τὴν παιδείαν
καὶ τὴν ἄσκησιν τὴν τοιαύτην, (305) καὶ τοὺς μὲν πονεῖν ἐθέλοντας καὶ παρασκευάζειν
σφᾶς αὐτοὺς χρησίμους τῇ πόλει περὶ πολλοῦ ποιήσεσθε, τοὺς δὲ καταβεβλημένως
ζῶντας καὶ μηδενὸς ἄλλου φροντίζοντας πλὴν ὅπως ἀσελγῶς ἀπολαύσονται τῶν
καταλειφθέντων, τούτους δὲ μισήσετε καὶ προδότας νομιεῖτε καὶ τῆς πόλεως καὶ τῆς τῶν
προγόνων δόξης· μόλις γὰρ ἢν οὕτως ὑμᾶς αἴσθωνται πρὸς ἑκατέρους αὐτῶν
διακειμένους, ἐθελήσουσιν οἱ νεώτεροι καταφρονήσαντες τῆς ῥᾳθυμίας προσέχειν
σφίσιν αὐτοῖς καὶ τῇ φιλοσοφίᾳ τὸν νοῦν. (306) Ἀναμνήσθητε δὲ τὸ κάλλος καὶ τὸ
μέγεθος τῶν ἔργων τῶν τῇ πόλει καὶ τοῖς προγόνοις πεπραγμένων, καὶ διέλθετε πρὸς
ὑμᾶς αὐτοὺς καὶ σκέψασθε ποῖός τις ἦν καὶ πῶς γεγονὼς καὶ τίνα τρόπον
πεπαιδευμένος ὁ τοὺς τυράννους ἐκβαλὼν καὶ τὸν δῆμον καταραρὼν καὶ τὴν
δημοκρατίαν καταστήσας, ποῖος δέ τις ὁ τοὺς βαρβάρους Μαραθῶνι τῇ μάχῃ νικήσας
καὶ τὴν δόξαν τὴν ἐκ ταύτης γενομένην τῇ πόλει κτησάμενος, (307) τίς δ' ἦν, ὁ μετ'
ἐκεῖνον τοὺς Ἕλληνας ἐλευθερώσας καὶ τοὺς προγόνους ἐπὶ ἡγεμονίαν καὶ τὴν
δυναστείαν ἣν ἔσχον προαγαγών, ἔτι δὲ τὴν φύσιν τὴν τοῦ Πειραιέως κατιδὼν καὶ τὸ
τεῖχος ἀκόντων Λακεδαιμονίων τῇ πόλει περιβαλών, τίς δὲ ὁ μετὰ τοῦτον ἀργυρίου καὶ
χρυσίου τὴν ἀκρόπολιν ἐμπλήσας καὶ τοὺς οἴκους τοὺς ἰδίους μεστοὺς πολλῆς
εὐδαιμονίας καὶ πλούτου ποιήσας· (308) εὑρήσετε γάρ, ἢν ἐξετάζητε τούτων ἕκαστον,
οὐ τοὺς συκοφαντικῶς βεβιωκότας οὐδὲ τοὺς ἀμελῶς, οὐδὲ τοὺς τοῖς πολλοῖς ὁμοίους
ὄντας, ταῦτα διαπεπραγμένους, ἀλλὰ τοὺς διαφέροντας καὶ προέχοντας μὴ μόνον ταῖς
εὐγενείαις καὶ ταῖς δόξαις, ἀλλὰ καὶ τῷ φρονεῖν καὶ λέγειν, τούτους ἁπάντων ἀγαθῶν
αἰτίους γεγενημένους. (309) Ὧν εἰκὸς ὑμᾶς ἐνθυμουμένους ὑπὲρ μὲν τοῦ πλήθους
τοῦτο σκοπεῖν, ὅπως ἔν τε τοῖς ἀγῶσι τοῖς περὶ τῶν συμβολαίων τῶν δικαίων τεύξονται
καὶ τῶν ἄλλων τῶν κοινῶν μεθέξουσι, τοὺς δ' ὑπερέχοντας καὶ τῇ φύσει καὶ ταῖς
μελέταις, καὶ τοὺς τοιούτους γενέσθαι προθυμουμένους, ἀγαπᾶν καὶ τιμᾶν καὶ
θεραπεύειν, ἐπισταμένους ὅτι καὶ τὸ καλῶν καὶ μεγάλων ἡγήσασθαι πραγμάτων καὶ τὸ
δύνασθαι τὰς πόλεις ἐκ τῶν κινδύνων σώζειν καὶ τὴν δημοκρατίαν διαφυλάττειν ἐν τοῖς
τοιούτοις ἔνεστιν, ἀλλ' οὐκ ἐν τοῖς συκοφάνταις.
| [300] Et, en effet, il n'est pas
d'hommes plus sociables, ni d'un commerce plus doux, ni dans l'intimité desquels on
passerait plus volontiers sa vie entière. Leurs éloges mêmes sont empreints d'une telle
exagération, qu'ils affirment préférer un châtiment de la part d'un Athénien à un
bienfait de la barbarie des autres peuples. Les premiers cherchent, au contraire, à
infirmer ces louanges, et, déroulant le tableau des procédés pleins d'amertume et de
malice des sycophantes, ils accusent notre ville d'être insociable et inhospitalière.
(301) Il convient donc à des juges de condamner à mort ceux qui sont la cause de
semblables discours, comme des hommes qui impriment une grande honte à leur
pays, et d'honorer, plus que les athlètes vainqueurs dans les luttes où l'on remporte
des couronnes, ceux qui procurent à notre ville une partie des louanges dont elle est
l'objet, et qui acquièrent à leur patrie une gloire beaucoup plus noble et beaucoup plus
digne d'elle. (302) Dans les luttes où l'on déploie les facultés corporelles, nous avons
beaucoup de rivaux; tandis que, pour l'éducation, tout le monde nous accorde le
premier rang. Ceux même qui ne possèdent qu'une faible faculté de raisonner doivent
entourer de leur estime les hommes distingués par des travaux qui sont l'honneur de
leur pays ; ne pas leur porter envie, ne pas prononcer à leur égard un jugement
opposé à celui des autres Grecs. (303) Mais ce soin ne vous a jamais préoccupés, et
vous vous trompez tellement sur vos intérêts que votre bienveillance se porte sur des
hommes qui vous attirent des calomnies de préférence à ceux qui appellent sur vous
des applaudissements et des louanges ; vous considérez ceux qui attirent à votre ville
de nombreuses inimitiés comme plus dévoués à la démocratie que les hommes qui lui
font des amis de tous ceux dont ils s'approchent. (304) Par conséquent, si vous êtes
sages, vous mettrez fin à ce désordre, et l'on ne vous verra pas, comme aujourd'hui,
les uns dominés par la colère, les autres pleins d'indifférence envers la philosophie ;
vous comprendrez que la plus belle et la plus noble de toutes les occupations est la
culture de l'âme ; vous ferez en sorte de diriger les pensées des jeunes gens qui
possèdent assez de fortune pour avoir quelque loisir, vers ce genre d'éducation, et
vers les travaux qu'elle exige ; (305) vous entourerez de votre estime ceux qui
voudront se consacrer à l'étude et se rendre capables de servir utilement leur pays :
quant à ceux qui vivent d'une manière honteuse et qui n'ont pas d'autre pensée que de
jouir au sein de leurs dérèglements de la fortune dont ils ont hérité, vous les
poursuivrez de votre haine, et vous les regarderez comme traîtres envers la gloire de
leur pays et envers celle de leurs ancêtres. Et même alors que vous serez dans ces
dispositions à l'égard des uns et des autres, c'est à peine si les jeunes gens voudront,
méprisant la mollesse, porter leur attention sur eux-mêmes et vers la philosophie.
(306) Souvenez-vous de la beauté, de la grandeur des actions accomplies par notre
patrie et par nos ancêtres ; rappelez à votre mémoire quel était, de quelle race était
sorti, quelle éducation avait reçue celui qui chassa les tyrans, ramena le peuple dans
la ville et fonda la démocratie ; quel fut celui qui vainquit les Barbares dans les champs
de Marathon, et conquit à sa patrie la gloire qui s'est attachée à cette journée ; (307)
quel fut celui qui rendit après lui la liberté à la Grèce, éleva nos ancêtres à cette
suprématie, à cette souveraineté qu'ils obtinrent à cette époque, et, embrassant d'un
coup d'œil les avantages dont la nature avait doté le Pirée, couvrit Athènes d'un
rempart, malgré les Lacédémoniens ; enfin, quel fut celui qui remplit l'Acropole de si
abondantes richesses, et les maisons des citoyens de tant de prospérité et d'opulence.
(308) Vous trouverez, si vous examinez chacun d'eux, que tant d'actions mémorables
n'ont pas été faites par des hommes vivant de la vie des sycophantes, ou d'une vie
exempte de soins, ni par des hommes semblables à ceux de la foule ; mais que tant
de prospérités ont été l'œuvre de ceux qui s'élevaient au-dessus des autres et se
distinguaient non seulement par leur noblesse et leur réputation, mais par leur génie et
leur éloquence. (309) Pénétrés de ces vérités, c'est à vous qu'il appartient de faire en
sorte que le peuple obtienne justice dans les conflits relatifs aux transactions
particulières, et qu'il jouisse des droits dont la propriété est commune à tous ; et pour
ce qui concerne les hommes supérieurs aux autres, soit par les dons de la nature, soit
par leurs travaux, comme ceux qui sont animés du désir de les imiter, vous devez les
aimer, les honorer, les servir, convaincus que se placer à la tête d'entreprises nobles
et grandes, sauver les villes des dangers qui les menacent, préserver la démocratie,
est l'œuvre de pareils hommes, et non l'œuvre des sycophantes.
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