HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

Paragraphes 120-129

  Paragraphes 120-129

[120] Ἔτι τοίνυν πρὸς τούτοις ἀπορίας ἐνεγκεῖν στρατοπέδου καὶ πενίας, καὶ πάλιν εὐπορίας εὑρεῖν, τίς οὐκ ἂν τῶν συνεστρατευμένων πρὸς ἀμφότερα ταῦτα διαφέρειν ἐκεῖνον προκρίνειεν; Συνίσασι γὰρ αὐτῷ κατὰ μὲν ἀρχὰς τῶν πολέμων διὰ τὸ μηδὲν παρὰ τῆς πόλεως λαμβάνειν εἰς τὰς ἐσχάτας ἐνδείας καθιστάμενον, ἐκ δὲ τούτων εἰς τοῦτο τὰ πράγματα περιιστάναι δυνάμενον, ὥστε καὶ τῶν πολεμίων6 περιγίγνεσθαι καὶ τοῖς στρατιώταις ἐντελεῖς ἀποδιδόναι τοὺς μισθούς. (121) Οὕτω τοίνυν τούτων μεγάλων ὄντων καὶ σφόδρα κατεπειγόντων, ἐπὶ τοῖς ἐχομένοις δικαίως ἄν τις αὐτὸν ἔτι μᾶλλον ἐπαινέσειεν. Ὁρῶν γὰρ ὑμᾶς τούτους μόνους ἄνδρας νομίζοντας, τοὺς ἀπειλοῦντας καὶ τοὺς ἐκφοβοῦντας τὰς ἄλλας πόλεις καὶ τοὺς ἀεί τι νεωτερίζοντας ἐν τοῖς συμμάχοις, οὐκ ἐπηκολούθησε ταῖς ὑμετέραις γνώμαις, οὐδ' ἠβουλήθη βλάπτων τὴν πόλιν εὐδοκιμεῖν, ἀλλὰ τοῦτ' ἐφιλοσόφει καὶ τοῦτ' ἔπραττεν, ὅπως μηδεμία τῶν πόλεων αὐτὸν φοβήσεται τῶν Ἑλληνίδων, ἀλλὰ πᾶσαι θαρρήσουσι πλὴν τῶν ἀδικουσῶν. (122) Ἠπίστατο γὰρ τούς τε δεδιότας ὅτι μισοῦσι δι' οὓς ἂν τοῦτο πεπονθότες τυγχάνωσι, τήν τε πόλιν διὰ μὲν τὴν φιλίαν τὴν τῶν ἄλλων εὐδαιμονεστάτην καὶ μεγίστην γενομένην, διὰ δὲ τὸ μῖσος μικρὸν ἀπολιποῦσαν τοῦ μὴ ταῖς ἐσχάταις συμφοραῖς περιπεσεῖν. Ὧν ἐνθυμούμενος τῇ μὲν δυνάμει τῇ τῆς πόλεως τοὺς πολεμίους κατεστρέφετο, τῷ δ' ἤθει τῷ αὑτοῦ τὴν εὔνοιαν τὴν τῶν ἄλλων προσήγετο, νομίζων τοῦτο στρατήγημα μεῖζον εἶναι καὶ κάλλιον πολλὰς πόλεις ἑλεῖν καὶ πολλάκις νικῆσαι μαχόμενος. (123) Οὕτω δ' ἐσπούδαζε περὶ τὸ μηδεμίαν τῶν πόλεων μηδὲ μικρὰν ὑποψίαν περὶ αὐτοῦ λαβεῖν ὡς ἐπιβουλεύοντος, ὥσθ' ὁπότε ὁπότε μέλλοι τινὰ παραπλεῖν τῶν μὴ τὰς συντάξεις διδουσῶν, πέμψας προηγόρευε τοῖς ἄρχουσιν, ἵνα μὴ πρὸ τῶν λιμένων ἐξαίφνης ὀφθεὶς εἰς θόρυβον καὶ ταραχὴν αὐτοὺς καταστήσειεν. (124) Εἰ δὲ τύχοι καθορμισθεὶς πρὸς τὴν χώραν, οὐκ ἂν ἐφῆκε τοῖς στρατιώταις ἁρπάζειν καὶ κλέπτειν καὶ πορθεῖν τὰς οἰκίας, ἀλλὰ τοσαύτην εἶχεν ἐπιμέλειαν ὑπὲρ τοῦ μηδὲν γίγνεσθαι τοιοῦτον, ὅσην περ οἱ δεσπόται τῶν χρημάτων· οὐ γὰρ τούτῳ προσεῖχε τὸν νοῦν, ὅπως ἐκ τῶν τοιούτων αὐτὸς εὐδοκιμήσει παρὰ τοῖς στρατιώταις, ἀλλ' ὅπως πόλις παρὰ τοῖς Ἕλλησιν. (125) Πρὸς δὲ τούτοις τὰς δοριαλώτους τῶν πόλεων οὕτω πράως διῴκει καὶ νομίμως ὡς οὐδεὶς ἄλλος τὰς συμμαχίδας, ἡγούμενος, εἰ τοιοῦτος ὢν φαίνοιτο περὶ τοὺς πολεμήσαντας, τὴν μεγίστην πίστιν ἔσεσθαι δεδωκὼς ὡς οὐδέποτ' ἂν περί γε τοὺς ἄλλους ἐξαμαρτεῖν τολμήσειεν. (126) Τοιγάρτοι διὰ τὴν δόξαν τὴν ἐκ τούτων γιγνομένην πολλαὶ τῶν πόλεων τῶν πρὸς ὑμᾶς δυσκόλως ἐχουσῶν ἀναπεπταμέναις αὐτὸν ἐδέχοντο ταῖς πύλαις· ἐν αἷς ἐκεῖνος οὐδεμίαν ταραχὴν ἐποίησεν, ἀλλ' ὥσπερ οἰκουμένας αὐτὰς εἰσιὼν κατέλαβεν, οὕτως ἐξιὼν κατέλειπεν. (127) Κεφάλαιον δὲ πάντων τούτων· εἰθισμένων γὰρ τὸν ἄλλον χρόνον πολλῶν γίγνεσθαι καὶ δεινῶν ἐν τοῖς Ἕλλησιν, ἐπὶ τῆς ἐκείνου στρατηγίας οὐδεὶς ἂν οὔτ' ἀναστάσεις εὕροι γεγενημένας οὔτε πολιτειῶν μεταβολὰς οὔτε σφαγὰς καὶ φυγὰς οὕτως ἄλλ' οὐδὲν τῶν κακῶν τῶν ἀνηκέστων, ἀλλ' οὕτως αἱ τοιαῦται συμφοραὶ κατ' ἐκεῖνον τὸν χρόνον ἐλώφησαν, ὥστε μόνος ὧν ἡμεῖς μνημονεύομεν ἀνέγκλητον τὴν πόλιν τοῖς Ἕλλησι παρέσχε. (128) Καί τοι χρὴ στρατηγὸν ἄριστον νομίζειν οὐκ εἴ τις μιᾷ τύχῃ τηλικοῦτόν τι κατώρθωσεν ὥσπερ Λύσανδρος, μηδενὶ τῶν ἄλλων διαπράξασθαι συμβέβηκεν, ἀλλ' ὅστις ἐπὶ πολλῶν καὶ παντοδαπῶν καὶ δυσκόλων πραγμάτων ὀρθῶς ἀεὶ πράττων καὶ νοῦν ἐχόντως διατετέλεκεν· ὅπερ Τιμοθέῳ συμβέβηκεν. (129) Οἶμαι οὖν ὑμῶν τοὺς πολλοὺς θαυμάζειν τὰ λεγόμενα καὶ νομίζειν τὸν ἔπαινον τὸν ἐκείνου κατηγορίαν εἶναι τῆς πόλεως, εἰ τοσαύτας μὲν πόλεις ἑλόντα μηδεμίαν δ' ἀπολέσαντα περὶ προδοσίας ἔκρινε, καὶ πάλιν εἰ διδόντος εὐθύνας αὐτοῦ, καὶ τὰς μὲν πράξεις Ἰφικράτους ἀναδεχομένου, τὸν δ' ὑπὲρ τῶν χρημάτων λόγον Μενεσθέως, τούτους μὲν ἀπέλυσε, Τιμόθεον δὲ τοσούτοις ἐζημίωσε χρήμασιν ὅσοις οὐδένα πώποτε τῶν προγεγενημένων. [120] Quant à supporter les privations et la misère des camps, comme à y faire succéder l'abondance, quel est, parmi ses compagnons d'armes, celui qui se refuserait à reconnaître qu'il se distinguait également sous l'un et sous l'autre rapport? Ils savent tous qu'à l'ouverture de ses campagnes, en proie aux dernières nécessités, par suite de l'abandon dans lequel l'avait laissé la République, il trouvait, pour surmonter les embarras de sa position, des ressources telles que, non seulement il l'emportait sur ses ennemis, mais qu'il payait à ses troupes la totalité de leur solde. (121) Quelque grandes, cependant, quelque pressantes qu'aient été les circonstances de cette situation, il serait plus juste encore de le louer pour ce que je vais ajouter. Timothée, vous voyant considérer comme les seuls hommes dignes de votre estime ceux qui menaçaient, qui effrayaient les autres villes, et qui par des innovations mettaient constamment le trouble parmi nos alliés, ne prit point vos opinions pour règle de sa conduite, et ne chercha point à accroître sa propre renommée aux dépens de sa patrie; il eut soin d'agir de manière qu'aucune ville grecque ne le redoutât, et que toutes se livrassent à la confiance, excepté celles qui avaient violé la justice. (122) Il savait que la crainte produit, dans ceux qui l'éprouvent, la haine de ceux qui la leur font éprouver, et que notre ville, après avoir été redevable à la bienveillance des autres peuples du plus haut degré de prospérité et de grandeur, avait été au moment de tomber dans les dernières calamités par l'effet de leur haine. Réfléchissant sur ces faits, en même temps qu'il employait la puissance de la République pour vaincre ses ennemis, il gagnait les autres peuples par la générosité de son caractère, certain que de tels exploits sont plus nobles, plus glorieux, que de prendre d'assaut un grand nombre de villes et de remporter de nombreuses victoires les armes à la main. (123) Il apportait une si grande attention à empêcher qu'aucune ville pût redouter la moindre surprise de sa part, que, lorsqu'il devait passer avec sa flotte près de quelques-unes de celles qui ne payaient pas leur tribut, il envoyait prévenir les magistrats, afin que son apparition subite devant les ports ne devînt pas pour eux une cause d'agitation et de trouble. (124) Lorsqu'il abordait sur quelque plage, il ne permettait pas à ses soldats de piller, de voler, de détruire les habitations ; et il mettait autant de soin à prévenir de tels désordres qu'auraient pu en apporter les possesseurs eux mêmes, parce que son but n'était pas d'augmenter sa renommée aux yeux de ses soldats, mais d'accroître celle de sa patrie aux yeux de tous les Grecs. (125) Enfin, il administrait les villes qu'il avait soumises par la force des armes avec une douceur et une régularité que les villes alliées ne trouvaient pas dans les autres généraux, parce qu'il était convaincu qu'en se montrant généreux envers ceux qui lui avaient été hostiles, il donnerait la plus sûre garantie qu'il ne se permettrait jamais d'être dur et injuste envers les autres peuples. (126) Aussi la renommée qu'il obtint par cette conduite fut si grande que beaucoup de villes mal disposées pour nous lui ouvrirent spontanément leurs portes ; quant à lui, sans leur causer aucun trouble, telles il les avait trouvées en arrivant, telles il les laissait lorsqu'il se retirait. (127) En résumé, tandis qu'à d'autres époques, on était accoutumé à voir de nombreuses et terribles infortunes se produire chez les Grecs, on ne trouve, sous le commandement de Timothée, ni séditions excitées, ni bouleversements dans les institutions, ni massacres, ni exils, ni malheurs irrémédiables ; les calamités de cette nature avaient alors tellement disparu que, seul entre les hommes dont nous gardons le souvenir, il a placé notre ville dans une situation sans reproche à l'égard des Grecs. (128) Or il est juste de regarder comme un général accompli, non pas celui qui, par une faveur unique de la fortune, a obtenu, comme Lysandre, un succès qu'aucun autre n'avait atteint, mais celui qui n'a pas cessé d'agir avec autant de sagesse que d'habileté dans des situations nombreuses, variées, difficiles ; et c'est ce qu'a fait Timothée. (129) 26-7. Il me semble que beaucoup d'entre vous s'étonnent de mes paroles et voient dans la louange que je donne à Timothée l'accusation de notre patrie, parce qu'en effet cet homme, qui a pris un si grand nombre de villes, qui n'en a perdu aucune, elle l'a d'abord mis en jugement comme traître, et, lorsque ensuite il a rendu ses comptes, Iphicrate ayant pris la responsabilité de ses actes, Mnesthée celle de sa gestion, elle les a absous l'un et l'autre, et a frappé Timothée d'une plus forte amende qu'aucun de ceux qui avaient vécu avant lui.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 2/10/2008