HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la paix (texte complet)

Paragraphes 40-49

  Paragraphes 40-49

[40] ἔπειθ' ὅτι καταγέλαστόν ἐστι τὰς μὲν καύσεις καὶ τὰς τομὰς τῶν ἰατρῶν ὑπομένειν, ἵνα πλειόνων ἀλγηδόνων ἀπαλλαγῶμεν, τοὺς δὲ λόγους ἀποδοκιμάζειν πρὶν εἰδέναι σαφῶς εἰ τοιαύτην ἔχουσι τὴν δύναμιν ὥστ' ὠφελῆσαι τοὺς ἀκούοντας. (41) Τούτου δ' ἕνεκα ταῦτα προεῖπον, ὅτι περὶ τῶν λοιπῶν οὐδὲν ὑποστειλάμενος ἀλλὰ παντάπασιν ἀνειμένως μέλλω τοὺς λόγους ποιεῖσθαι πρὸς ὑμᾶς. Τίς γὰρ ἄλλοθεν ἐπελθὼν καὶ μήπω συνδιεφθαρμένος ἡμῖν, ἀλλ' ἐξαίφνης ἐπιστὰς τοῖς γιγνομένοις, οὐκ ἂν μαίνεσθαι καὶ παραφρονεῖν ἡμᾶς νομίσειεν, οἳ φιλοτιμούμεθα μὲν ἐπὶ τοῖς τῶν προγόνων ἔργοις καὶ τὴν πόλιν ἐκ τῶν τότε πραχθέντων ἐγκωμιάζειν ἀξιοῦμεν, οὐδὲν δὲ τῶν αὐτῶν ἐκείνοις πράττομεν, (42) ἀλλὰ πᾶν τοὐναντίον; Οἱ μὲν γὰρ ὑπὲρ τῶν Ἑλλήνων τοῖς βαρβάροις πολεμοῦντες διετέλεσαν, ἡμεῖς δὲ τοὺς ἐκ τῆς Ἀσίας τὸν βίον ποριζομένους ἐκεῖθεν ἀναστήσαντες ἐπὶ τοὺς Ἕλληνας ἠγάγομεν· κἀκεῖνοι μὲν ἐλευθεροῦντες τὰς πόλεις τὰς Ἑλληνίδας καὶ βοηθοῦντες αὐταῖς τῆς ἡγεμονίας ἠξιώθησαν, ἡμεῖς δὲ καταδουλούμενοι καὶ τἀναντία τοῖς τότε πράττοντες ἀγανακτοῦμεν, εἰ μὴ τὴν αὐτὴν τιμὴν ἐκείνοις ἕξομεν, (43) οἳ τοσοῦτον ἀπολελείμμεθα καὶ τοῖς ἔργοις καὶ ταῖς διανοίαις τῶν κατ' ἐκεῖνον τὸν χρόνον γενομένων, ὅσον οἱ μὲν ὑπὲρ τῆς τῶν Ἑλλήνων σωτηρίας τήν τε πατρίδα τὴν αὑτῶν ἐκλιπεῖν ἐτόλμησαν, καὶ μαχόμενοι καὶ ναυμαχοῦντες τοὺς βαρβάρους ἐνίκησαν, ἡμεῖς δ' οὐδ' ὑπὲρ τῆς ἡμετέρας αὐτῶν πλεονεξίας κινδυνεύειν ἀξιοῦμεν, ἀλλ' ἄρχειν μὲν ἁπάντων ζητοῦμεν, (44) στρατεύεσθαι δ' οὐκ ἐθέλομεν, καὶ πόλεμον μὲν μικροῦ δεῖν πρὸς ἅπαντας ἀνθρώπους ἀναιρούμεθα, πρὸς δὲ τοῦτον οὐχ ἡμᾶς αὐτοὺς ἀσκοῦμεν, ἀλλ' ἀνθρώπους τοὺς μὲν ἀπόλιδας τοὺς δ' αὐτομόλους τοὺς δ' ἐκ τῶν ἄλλων κακουργιῶν συνερρυηκότας, οἷς ὁπόταν τις διδῷ πλείω μισθόν, μετ' ἐκείνων ἐφ' ἡμᾶς ἀκολουθήσουσιν. (45) Ἀλλ' ὅμως οὕτως αὐτοὺς ἀγαπῶμεν ὥσθ' ὑπὲρ μὲν τῶν παίδων τῶν ἡμετέρων, εἰ περί τινας ἐξαμάρτοιεν, οὐκ ἂν ἐθελήσαιμεν δίκας ὑποσχεῖν, ὑπὲρ δὲ τῆς ἐκείνων ἁρπαγῆς καὶ βίας καὶ παρανομίας μελλόντων τῶν ἐγκλημάτων ἐφ' ἡμᾶς ἥξειν οὐχ ὅπως ἀγανακτοῦμεν, ἀλλὰ καὶ χαίρομεν ὅταν ἀκούσωμεν αὐτοὺς τοιοῦτόν τι διαπεπραγμένους. (46) Εἰς τοῦτο δὲ μωρίας ἐληλύθαμεν, ὥστ' αὐτοὶ μὲν ἐνδεεῖς τῶν καθ' ἡμέραν ἐσμέν, ξενοτροφεῖν δ' ἐπικεχειρήκαμεν, καὶ τοὺς συμμάχους τοὺς ἡμετέρους αὐτῶν ἰδίους λυμαινόμεθα καὶ δασμολογοῦμεν, ἵνα τοῖς ἁπάντων ἀνθρώπων κοινοῖς ἐχθροῖς τὸν μισθὸν ἐκπορίζωμεν. (47) Τοσούτῳ δὲ χείρους ἐσμὲν τῶν προγόνων, οὐ μόνον τῶν εὐδοκιμησάντων ἀλλὰ καὶ τῶν μισηθέντων, ὅσον ἐκεῖνοι μὲν εἰ πολεμεῖν πρός τινας ψηφίσαιντο, μεστῆς οὔσης ἀργυρίου καὶ χρυσίου τῆς ἀκροπόλεως ὅμως ὑπὲρ τῶν δοξάντων τοῖς αὑτῶν σώμασιν ὤοντο δεῖν κινδυνεύειν, ἡμεῖς δ' εἰς τοσαύτην ἀπορίαν ἐληλυθότες καὶ τοσοῦτοι τὸ πλῆθος ὄντες ὥσπερ βασιλεὺς μέγας μισθωτοῖς χρώμεθα τοῖς στρατοπέδοις. (48) Καὶ τότε μὲν εἰ τριήρεις πληροῖεν, τοὺς μὲν ξένους καὶ τοὺς δούλους ναύτας εἰσεβίβαζον, τοὺς δὲ πολίτας μεθ' ὅπλων ἐξέπεμπον· νῦν δὲ τοῖς μὲν ξένοις ὁπλίταις χρώμεθα, τοὺς δὲ πολίτας ἐλαύνειν ἀναγκάζομεν, ὥσθ' ὁπόταν ἀποβαίνωσιν εἰς τὴν τῶν πολεμίων, οἱ μὲν ἄρχειν τῶν Ἑλλήνων ἀξιοῦντες ὑπηρέσιον ἔχοντες ἐκβαίνουσιν, οἱ δὲ τοιοῦτοι τὰς φύσεις ὄντες οἵους ὀλίγῳ πρότερον διῆλθον, μεθ' ὅπλων κινδυνεύουσιν. (49) Ἀλλὰ γὰρ τὰ κατὰ τὴν πόλιν ἄν τις ἰδὼν καλῶς διοικούμενα περὶ τῶν ἄλλων θαρρήσειεν, ἀλλ' οὐκ ἂν ἐπ' αὐτοῖς τούτοις μάλιστ' ἀγανακτήσειεν; Οἵτινες αὐτόχθονες μὲν εἶναί φαμεν καὶ τὴν πόλιν ταύτην προτέραν οἰκισθῆναι τῶν ἄλλων, προσῆκον δ' ἡμᾶς ἅπασιν εἶναι παράδειγμα τοῦ καλῶς καὶ τεταγμένως πολιτεύεσθαι, χεῖρον καὶ ταραχωδέστερον τὴν ἡμετέραν αὐτῶν διοικοῦμεν τῶν ἄρτι τὰς πόλεις οἰκιζόντων, [40] et que, si l'ordre des médecins suffit pour nous faire supporter, afin d'éviter de plus grands maux, des opérations qui s'accomplissent par le feu et par le fer, rien ne serait plus contraire à la raison que de rejeter un discours avant de s'être assuré s'il n'aura pas la puissance d'être utile à ceux qui l'entendront. (41) 16. Je vous ai présenté ces réflexions préliminaires parce que je dois vous entretenir avec un entier abandon, et sans rien dissimuler, sur les objets qui me restent à traiter. Quel homme arrivant d'un pays étranger, n'ayant pas encore participé à notre corruption et se trouvant tout à coup placé au milieu de nos désordres, ne nous croirait tombés dans une sorte de fureur et de délire, nous qui nous enorgueillissons des œuvres de nos ancêtres, nous qui vantons notre patrie pour les grandes choses accomplies de leur temps, et qui, loin de les imiter, (42) marchons dans une voie absolument contraire ? Nos ancêtres faisaient aux Barbares une guerre incessante dans l'intérêt de la Grèce, tandis que nous avons appelé, pour les conduire contre les Grecs, les malfaiteurs qui vivaient aux dépens de l'Asie ; nos ancêtres, en donnant la liberté aux villes grecques, en les secourant dans leurs dangers, ont mérité d'être placés à leur tête; et nous, qui réduisons les villes en esclavage, nous qui faisons des actes contraires à ceux dont ils se glorifiaient, nous nous indignons de ne pas obtenir le même honneur ! (43) Nous sommes si loin des hommes de cette époque, par nos actions comme par nos sentiments, que, lorsqu'ils n'ont pas craint d'abandonner leur patrie pour le salut de la Grèce, qu'ils ont combattu les Barbares sur terre et sur mer, qu'ils les ont vaincus partout, nous ne voulons pas même exposer notre vie dans l'intérêt de notre ambition. Nous prétendons commander à tous les peuples, (44) et nous ne voulons pas prendre les armes ; nous entreprenons la guerre pour ainsi dire contre tous les peuples, et, au lieu de nous livrer aux exercices militaires, qui pourraient nous rendre capables de la soutenir, nous remplissons nos armées de transfuges, d'hommes sans patrie, de brigands qui affluent vers notre ville et qui marcheront contre nous avec celui qui leur offrira une solde meilleure. (45) Nous éprouvons pour ces misérables une telle sympathie que, si nos enfants avaient commis quelques fautes, nous refuserions d'en accepter la responsabilité, tandis que lorsqu'il s'agit des brigandages, des violences, des excès auxquels ces hommes se livrent, et dont le blâme retombe sur nous, loin de nous irriter, nous nous réjouissons d'entendre dire qu'ils ont commis quelque crime de cette nature. (46) Nous en sommes arrivés à un tel point de folie que, manquant nous-mêmes du nécessaire de chaque jour, nous faisons les derniers efforts pour entretenir des mercenaires, et nous opprimons nos alliés, nous les chargeons de tributs pour assurer le salaire de ces communs ennemis de tous les hommes. (47) Nous sommes tellement inférieurs à nos ancêtres, non seulement à ceux qui se sont couverts de gloire, mais à ceux qui ont encouru la haine des Grecs, que, lorsqu'ils avaient décrété d'entreprendre quelque guerre, ils regardaient comme un devoir, bien que l'acropole regorgeât d'argent et d'or, de s'exposer au danger pour assurer le succès de leur résolution; tandis que maintenant, dans l'état de pauvreté où nous sommes réduits, et lorsque nous possédons une population si nombreuse, on nous voit, à l'exemple du Grand Roi, recruter nos armées avec des soldats mercenaires. (48) Lorsqu'ils armaient des galères, ils embarquaient, pour le service maritime, les étrangers et les esclaves, et envoyaient les citoyens armés combattre l'ennemi; tandis qu'aujourd'hui, couvrant les soldats étrangers de nos armures, nous forçons les citoyens à ramer sur les galères; et lorsque nous descendons sur le territoire ennemi, ces hommes, qui prétendent commander à. la Grèce, se montrent sur le rivage emportant sous leur bras le coussin du rameur, pendant que les misérables dont je viens de présenter le tableau s'avancent au combat les armes à la main. (49) 17. Si cependant on nous voyait administrer avec sagesse le gouvernement intérieur de notre ville, on pourrait peut-être s'abandonner à la confiance pour le reste de nos intérêts; mais n'est-ce pas sous ce rapport que l'on doit avant tout s'indigner? Nous nous enorgueillissons d'être nés sur la terre que nous habitons ; nous prétendons que notre ville a été bâtie avant toutes les autres, et, lorsque nous devrions offrir à tous les peuples le modèle d'un gouvernement sage et régulier, nous administrons notre ville avec plus de désordre et de confusion qu'un peuple qui viendrait de jeter à l'instant les fondements d'une nouvelle patrie.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 26/09/2008