HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la paix (texte complet)

Paragraphes 120-129

  Paragraphes 120-129

[120] Καίτοι προσήκει τὰς ἀρετὰς ἀσκεῖν καὶ τὰς κακίας φεύγειν πολὺ μᾶλλον ταῖς πόλεσιν τοῖς ἰδιώταις. Ἀνὴρ μὲν γὰρ ἀσεβὴς καὶ πονηρὸς τυχὸν ἂν φθάσειε τελευτήσας πρὶν δοῦναι δίκην τῶν ἡμαρτημένων· αἱ δὲ πόλεις διὰ τὴν ἀθανασίαν ὑπομένουσι καὶ τὰς παρὰ τῶν ἀνθρώπων καὶ τὰς παρὰ τῶν θεῶν τιμωρίας. (121) Ὧν ἐνθυμουμένους χρὴ μὴ προσέχειν τὸν νοῦν τοῖς ἐν τῷ παρόντι μὲν χαριζομένοις, τοῦ δὲ μέλλοντος χρόνου μηδεμίαν ἐπιμέλειαν ποιουμένοις, μηδὲ τοῖς φιλεῖν μὲν τὸν δῆμον φάσκουσιν, ὅλην δὲ τὴν πόλιν λυμαινομένοις· ὡς καὶ πρότερον, ἐπειδὴ παρέλαβον οἱ τοιοῦτοι τὴν ἐπὶ τοῦ βήματος δυναστείαν, εἰς τοσαύτην ἄνοιαν προήγαγον τὴν πόλιν, ὥστε παθεῖν αὐτὴν οἷά περ ὀλίγῳ πρότερον ὑμῖν διηγησάμην. (122) καὶ πάντων μάλιστ' ἄν τις θαυμάσειεν, ὅτι προχειρίζεσθε δημαγωγοὺς οὐ τοὺς τὴν αὐτὴν γνώμην ἔχοντας τοῖς μεγάλην τὴν πόλιν ποιήσασιν, ἀλλὰ τοὺς ὅμοια καὶ λέγοντας καὶ πράττοντας τοῖς ἀπολέσασιν αὐτήν, καὶ ταῦτ' εἰδότες οὐ μόνον ἐν τῷ ποιῆσαι τὴν πόλιν εὐδαίμονα τοὺς χρηστοὺς τῶν πονηρῶν διαφέροντας, (123) ἀλλὰ καὶ τὴν δημοκρατίαν ἐπὶ μὲν ἐκείνων ἐν πολλοῖς ἔτεσιν οὔτε κινηθεῖσαν οὔτε μεταστᾶσαν, ἐπὶ δὲ τούτων ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ δὶς ἤδη καταλυθεῖσαν, καὶ τὰς φυγὰς τὰς ἐπὶ τῶν τυράννων καὶ τὰς ἐπὶ τῶν τριάκοντα γενομένας οὐ διὰ τοὺς συκοφάντας κατελθούσας, ἀλλὰ διὰ τοὺς μισοῦντας τοὺς τοιούτους καὶ μεγίστην ἐπ' ἀρετῇ δόξαν ἔχοντας. (124) Ἀλλ' ὅμως τηλικούτων ἡμῖν ὑπομνημάτων καταλελειμμένων ὡς ἐφ' ἑκατέρων αὐτῶν πόλις ἔπραττεν, οὕτω χαίρομεν ταῖς τῶν ῥητόρων πονηρίαις, ὥσθ' ὁρῶντες διὰ τὸν πόλεμον καὶ τὰς ταραχάς, ἃς οὗτοι πεποιήκασι, τῶν μὲν ἄλλων πολιτῶν πολλοὺς ἐκ τῶν πατρῴων ἐκπεπτωκότας, τούτους δ' ἐκ πενήτων πλουσίους γεγενημένους, οὐκ ἀγανακτοῦμεν οὐδὲ φθονοῦμεν ταῖς εὐπραγίαις αὐτῶν, (125) ἀλλ' ὑπομένομεν τὴν μὲν πόλιν διαβολὰς ἔχουσαν ὡς λυμαίνεται καὶ δασμολογεῖ τοὺς Ἕλληνας, τούτους δὲ τὰς ἐπικαρπίας λαμβάνοντας, καὶ τὸν μὲν δῆμον, ὅν φασιν οὗτοι δεῖν τῶν ἄλλων ἄρχειν, χεῖρον πράττοντα τῶν ταῖς ὀλιγαρχίαις δουλευόντων, οἷς δ' οὐδὲν ὑπῆρχεν ἀγαθόν, τούτους δὲ διὰ τὴν ἄνοιαν τὴν ἡμετέραν ἐκ ταπεινῶν εὐδαίμονας γεγενημένους. (126) Καίτοι Περικλῆς πρὸ τῶν τοιούτων δημαγωγὸς καταστάς, παραλαβὼν τὴν πόλιν χεῖρον μὲν φρονοῦσαν πρὶν κατασχεῖν τὴν ἀρχήν, ἔτι δ' ἀνεκτῶς πολιτευομένην, οὐκ ἐπὶ τὸν ἴδιον χρηματισμὸν ὥρμησεν, ἀλλὰ τὸν μὲν οἶκον ἐλάττω τὸν αὑτοῦ κατέλιπεν παρὰ τοῦ πατρὸς παρέλαβεν, εἰς δὲ τὴν ἀκρόπολιν ἀνήγαγεν ὀκτακισχίλια τάλαντα χωρὶς τῶν ἱερῶν. (127) Οὗτοι δὲ τοσοῦτον ἐκείνου διενηνόχασιν, ὥστε λέγειν μὲν τολμῶσιν ὡς διὰ τὴν τῶν κοινῶν ἐπιμέλειαν οὐ δύνανται τοῖς αὑτῶν ἰδίοις προσέχειν τὸν νοῦν, φαίνεται δὲ μὲν ἀμελούμενα τοσαύτην εἰληφότα τὴν ἐπίδοσιν, ὅσην οὐδ' ἂν εὔξασθαι τοῖς θεοῖς πρότερον ἠξίωσαν, τὸ δὲ πλῆθος ἡμῶν, οὗ κήδεσθαί φασιν, οὕτω διακείμενον ὥστε μηδένα τῶν πολιτῶν ἡδέως ζῆν μηδὲ ῥᾳθύμως, ἀλλ' ὀδυρμῶν μεστὴν εἶναι τὴν πόλιν. (128) Οἱ μὲν γὰρ τὰς πενίας καὶ τὰς ἐνδείας ἀναγκάζονται διεξιέναι καὶ θρηνεῖν πρὸς σφᾶς αὐτούς, οἱ δὲ τὸ πλῆθος τῶν προσταγμάτων καὶ τῶν λειτουργιῶν καὶ τὰ κακὰ τὰ περὶ τὰς συμμορίας καὶ τὰς ἀντιδόσεις· τοιαύτας ἐμποιεῖ λύπας, ὥστ' ἄλγιον ζῆν τοὺς τὰς οὐσίας κεκτημένους τοὺς συνεχῶς πενομένους. (129) Θαυμάζω δ' εἰ μὴ δύνασθε συνιδεῖν ὅτι γένος οὐδέν ἐστι κακονούστερον τῷ πλήθει πονηρῶν ῥητόρων καὶ δημαγωγῶν· πρὸς γὰρ τοῖς ἄλλοις κακοῖς καὶ τῶν κατὰ τὴν ἡμέραν ἑκάστην ἀναγκαίων οὗτοι μάλιστα βούλονται σπανίζειν ὑμᾶς, ὁρῶντες τοὺς μὲν ἐκ τῶν ἰδίων δυναμένους τὰ σφέτερ' αὐτῶν διοικεῖν τῆς πόλεως ὄντας καὶ τῶν τὰ βέλτιστα λεγόντων, [120] Il convient cependant aux États, plus encore qu'aux particuliers, de pratiquer les vertus et de fuir les vices. Un homme impie et méchant peut prévenir par sa mort le châtiment dû à ses crimes ; mais les villes, qui ne meurent pas, restent pour être punies par la vengeance et des hommes et des dieux. (121) 39. Pénétrés de ces vérités, vous ne devez écouter ni ceux qui cherchent à vous plaire dans le présent et qui ne tiennent aucun compte de l'avenir, ni ceux qui prétendent aimer le peuple, et qui bouleversent l'État ; comme on l'a vu autrefois, lorsque des hommes de ce caractère, après avoir usurpé l'empire de la tribune, ont poussé notre patrie à un tel excès d'égarement qu'elle a dû souffrir tous les maux que j'exposais, il y a peu d'instants, devant vous. (122) Mais ce qui surtout doit étonner, c'est de vous voir donner au peuple pour chefs, au lieu de citoyens animés du même esprit que ceux qui ont fait la grandeur de notre patrie, des hommes qui parlent et qui agissent comme ceux qui l'ont perdue; et cela, lorsque vous savez que les citoyens vertueux non seulement ont plus de puissance que les méchants pour rendre leur patrie heureuse, (123) mais aussi que, sous leur gouvernement, pendant un grand nombre d'années, notre démocratie n'a éprouvé ni secousse ni révolution; tandis que, sous le gouvernement des hommes pervers, elle a été deux fois détruite dans un court espace de temps, et que les citoyens exilés sous les tyrans et sous les Trente sont revenus dans leur pays, non avec l'appui des sycophantes, mais avec le secours de ceux qui, haïssant les hommes de ce caractère, s'étaient acquis la plus grande renommée à cause de leurs vertus. (124) 40. C'est pourtant lorsqu'il existe de semblables monuments de l'état de notre patrie sous l'un et l'autre système, que nous prenons un tel plaisir aux méchancetés des orateurs, qu'en voyant de nombreux citoyens dépouillés de l'héritage de leurs pères par suite de la guerre et des troubles dont ces hommes ont été les instigateurs, et en voyant ces mêmes hommes de pauvres devenus riches, loin de nous irriter, loin de porter envie à leur opulence, (125) nous supportons que notre ville soit accusée d'opprimer les Grecs, de les accabler par des tributs dont ces hommes seuls recueillent les fruits; et que ce peuple, auquel ils attribuent le droit de commander aux autres, soit plus malheureux que ceux qui gémissent sous le joug des oligarchies, pendant que des hommes qui ne possédaient rien s'élèvent, par l'effet de notre démence, de la position la plus humble aux plus brillantes prospérités. Avant eux, et dans un temps où il y avait déjà moins sagesse qu'avant l'établissement de notre suprématie, mais où l'État néanmoins était encore gouverné d'une manière tolérable, (126) Périclès, placé par le peuple à la tête des affaires, loin de profiter de cette position pour accroître ses richesses, laissa une fortune inférieure à celle qu'il avait reçue de son père, et fit porter huit mille talents dans la citadelle, sans compter les sommes consacrées aux dieux. (127) Mais les hommes d'aujourd'hui lui ressemblent si peu que, dans le même moment où ils ne craignent pas de dire que le soin des intérêts publics leur enlève la faculté de s'occuper de leurs propres intérêts, on voit ces intérêts, si négligés, prendre un accroissement que jamais ils n'auraient osé implorer de la faveur des dieux ; et cependant le peuple, qu'ils disent être l'unique objet de leur sollicitude, est plongé dans un tel état de souffrance qu'aucun citoyen ne jouit d'une existence douce et tranquille, et que la ville est remplie de lamentations et de plaintes. (128) Ainsi les uns sont contraints à dévoiler leur dénuement et leur misère, ou à gémir en secret ; les autres à déplorer la multitude des taxes et des fonctions publiques, les suites funestes des répartitions et des permutations. Enfin, nous en sommes arrivés à un tel excès d'infortune que la vie de ceux qui possèdent des propriétés est plus pénible que celle des malheureux condamnés à une perpétuelle indigence. (129) 41. Je m'étonne que vous ne puissiez pas comprendre qu'il n'est pas de race plus mal disposée pour le peuple que celle des orateurs pervers et des démagogues. Sans parler des autres maux dont ils sont la cause, ils voudraient, par-dessus tout, vous voir manquer des choses nécessaires à votre existence de chaque jour. Ils savent que les hommes qui peuvent subvenir à leurs besoins avec leurs propres ressources sont les hommes du pays et ceux qui parlent le mieux dans ses intérêts ;


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Dernière mise à jour : 26/09/2008