[110] Οἵ τινες οὖν, ἐν οἷς ἀεὶ ζῶσι καὶ περὶ ὧν αὐτοῖς μᾶλλον μέλει,
τὰ χείρω φαίνονται προαιρούμενοι, τί θαυμαστὸν εἰ περὶ τῆς ἀρχῆς τῆς κατὰ
θάλατταν ἀγνοοῦσι καὶ μάχονται πρὸς ἀλλήλους, περὶ ἧς μηδεὶς πώποτε αὐτοῖς
λογισμὸς εἰσῆλθεν;
(111) Ὁρᾶτε δὲ καὶ τὰς μοναρχίας τὰς ἐν ταῖς πόλεσι καθισταμένας, ὅσους ἔχουσι
τοὺς ἐπιθυμητὰς καὶ τοὺς ἑτοίμους ὄντας ὁτιοῦν πάσχειν ὥστε κατασχεῖν αὐτάς· αἷς τί
τῶν δεινῶν ἢ τῶν χαλεπῶν οὐ πρόσεστιν; Οὐκ εὐθὺς ἐπειδὰν λάβωσι τὰς δυναστείας,
ἐν τοσούτοις ἐμπεπλεγμένοι κακοῖς εἰσιν, (112) ὥστ' ἀναγκάζεσθαι πολεμεῖν μὲν ἅπασι
τοῖς πολίταις, μισεῖν δ' ὑφ' ὧν οὐδὲν κακὸν πεπόνθασιν, ἀπιστεῖν δὲ τοῖς φίλοις καὶ τοῖς
ἑταίροις τοῖς αὑτῶν, παρακατατίθεσθαι δὲ τὴν τῶν σωμάτων σωτηρίαν μισθοφόροις
ἀνθρώποις, οὓς οὐδὲ πώποτ' εἶδον, μηδὲν δ' ἧττον φοβεῖσθαι τοὺς φυλάττοντας ἢ τοὺς
ἐπιβουλεύοντας, οὕτω δ' ὑπόπτως πρὸς ἅπαντας ἔχειν ὥστε μηδὲ τοῖς οἰκειοτάτοις
θαρρεῖν πλησιάζοντας; (113) Εἰκότως· συνίσασι γὰρ τοὺς πρὸ αὑτῶν τετυραννευκότας
τοὺς μὲν ὑπὸ τῶν γονέων ἀνῃρημένους, τοὺς δ' ὑπὸ τῶν παίδων, τοὺς δ' ὑπ' ἀδελφῶν,
τοὺς δ' ὑπὸ γυναικῶν, ἔτι δὲ τὸ γένος αὐτῶν ἐξ ἀνθρώπων ἠφανισμένον. Ἀλλ' ὅμως
ὑπὸ τοσαύτας τὸ πλῆθος συμφορὰς ἑκόντες σφᾶς αὐτοὺς ὑποβάλλουσιν. Ὅπου δ' οἱ
πρωτεύοντες καὶ δόξας μεγίστας ἔχοντες τοσούτων κακῶν ἐρῶσι, τί δεῖ θαυμάζειν τοὺς
ἄλλους, εἰ τοιούτων ἑτέρων ἐπιθυμοῦσιν;
(114) Οὐκ ἀγνοῶ δ' ὅτι τὸν μὲν περὶ τῶν τυράννων λόγον ἀποδέχεσθε, τὸν δὲ περὶ
τῆς ἀρχῆς δυσκόλως ἀκούετε· πεπόνθατε γὰρ πάντων αἴσχιστον καὶ ῥᾳθυμότατον· ἃ
γὰρ ἐπὶ τῶν ἄλλων ὁρᾶτε, ταῦτ' ἐφ' ὑμῶν αὐτῶν ἀγνοεῖτε. Καίτοι τῶν φρονίμως
διακειμένων οὐκ ἐλάχιστον τοῦτο σημεῖόν ἐστιν, ἢν τὰς αὐτὰς πράξεις ἐπὶ πάντων τῶν
ὁμοίων φαίνωνται γνωρίζοντες. (115) Ὧν ὑμῖν οὐδὲν πώποτ' ἐμέλησεν, ἀλλὰ τὰς μὲν
τυραννίδας ἡγεῖσθε χαλεπὰς εἶναι καὶ βλαβερὰς οὐ μόνον τοῖς ἄλλοις ἀλλὰ καὶ τοῖς
ἔχουσιν αὐτάς, τὴν δ' ἀρχὴν τὴν κατὰ θάλατταν μέγιστον τῶν ἀγαθῶν, τὴν οὐδὲν οὔτε
τοῖς πάθεσιν οὔτε ταῖς πράξεσι τῶν μοναρχιῶν διαφέρουσαν. Καὶ τὰ μὲν Θηβαίων
πράγματα πονηρῶς ἔχειν νομίζετε, ὅτι τοὺς περιοίκους ἀδικοῦσιν, αὐτοὶ δ' οὐδὲν
βέλτιον τοὺς συμμάχους διοικοῦντες ἢ <>κεῖνοι τὴν Βοιωτίαν, ἡγεῖσθε πάντα τὰ δέοντα
πράττειν.
(116) Ἢν οὖν ἐμοὶ πεισθῆτε, παυσάμενοι τοῦ παντάπασιν εἰκῇ βουλεύεσθαι
προσέξετε τὸν νοῦν ὑμῖν αὐτοῖς καὶ τῇ πόλει, καὶ φιλοσοφήσετε καὶ σκέψεσθε τί τὸ
ποιῆσάν ἐστι τὼ πόλη τούτω, λέγω δὲ τὴν ἡμετέραν καὶ τὴν Λακεδαιμονίων, ἐκ
ταπεινῶν μὲν πραγμάτων ἑκατέραν ὁρμηθεῖσαν ἄρξαι τῶν Ἑλλήνων, ἐπεὶ δ'
ἀνυπέρβλητον τὴν δύναμιν ἔλαβον, περὶ ἀνδραποδισμοῦ κινδυνεῦσαι· (117) καὶ διὰ
τίνας αἰτίας Θετταλοὶ μέν, μεγίστους πλούτους παραλαβόντες καὶ χώραν ἀρίστην καὶ
πλείστην ἔχοντες, εἰς ἀπορίαν καθεστήκασι, Μεγαρεῖς δέ, μικρῶν αὐτοῖς καὶ φαύλων
τῶν ἐξ ἀρχῆς ὑπαρξάντων, καὶ γῆν μὲν οὐκ ἔχοντες οὐδὲ λιμένας οὐδ' ἀργυρεῖα, πέτρας
δὲ γεωργοῦντες, μεγίστους οἴκους τῶν Ἑλλήνων κέκτηνται· (118) κἀκείνων μὲν τὰς
ἀκροπόλεις ἄλλοι τινὲς ἀεὶ κατέχουσιν, ὄντων αὐτοῖς πλέον τρισχιλίων ἱππέων καὶ
πελταστῶν ἀναριθμήτων, οὗτοι δὲ μικρὰν δύναμιν ἔχοντες τὴν αὑτῶν ὅπως βούλονται
διοικοῦσιν· καὶ πρὸς τούτοις οἱ μὲν σφίσιν αὐτοῖς πολεμοῦσιν, οὗτοι δὲ μεταξὺ
Πελοποννησίων καὶ Θηβαίων καὶ τῆς ἡμετέρας πόλεως οἰκοῦντες εἰρήνην ἄγοντες
διατελοῦσιν. (119) Ἢν γὰρ ταῦτα καὶ τὰ τοιαῦτα διεξίητε πρὸς ὑμᾶς αὐτούς, εὑρήσετε
τὴν μὲν ἀκολασίαν καὶ τὴν ὕβριν τῶν κακῶν αἰτίαν γιγνομένην, τὴν δὲ σωφροσύνην τῶν
ἀγαθῶν.
Ἣν ὑμεῖς ἐπὶ μὲν τῶν ἰδιωτῶν ἐπαινεῖτε, καὶ νομίζετε τοὺς ταύτῃ χρωμένους
ἀσφαλέστατα ζῆν καὶ βελτίστους εἶναι τῶν πολιτῶν, τὸ δὲ κοινὸν ἡμῶν οὐκ οἴεσθε δεῖν
τοιοῦτο παρασκευάζειν.
| [110] Comment alors s'étonner que des hommes qui, dans les choses dont leur vie
habituelle se compose et qui sont l'objet particulier de leurs soins, préfèrent ce qui doit
leur nuire, ignorent ce qu'est l'empire de la mer, et luttent entre eux pour une
suprématie dont jamais ils n'ont jugé sainement ?
(111) 36. Considérez, les monarchies établies dans les villes, voyez combien de
prétendants y aspirent, et combien est grand le nombre de ceux qui consentent à tout
souffrir dans le but de s'en emparer ; et voyez, en même temps quelles difficultés,
quels périls en sont inséparables. Ceux qui usurpent le souverain pouvoir ne se
trouvent-ils pas, aussitôt qu'ils en sont les maîtres, engagés dans des difficultés telles
(112) qu'ils sont forcés d'être en guerre avec tous leurs concitoyens, de haïr des
hommes dont ils n'ont reçu aucune offense, de se méfier de leurs amis, de leurs
compagnons, de confier la sûreté de leur personne à des mercenaires qu'ils n'ont
jamais vus ; de redouter ceux qui les gardent, autant que ceux qui leur dressent des
embûches ; de vivre enfin à regard de tous dans un tel état de défiance qu'ils
n'abordent pas même avec sécurité leurs parents les plus proches ? (113) Et c'est
avec raison, car ils savent que les hommes qui avant eux ont exercé la tyrannie ont
été immolés, les uns par leurs pères, les autres par leurs enfants ; d'autres, par leurs
frères ou par leurs femmes, et que leur race a disparu de dessus la terre. Néanmoins
c'est par leur propre volonté qu'ils se précipitent dans de si nombreuses calamités.
Lorsque des hommes qui tiennent le premier rang dans leur pays et qui jouissent de la
plus haute considération souhaitent avec tant d'ardeur ce qui entraîne de si grands
maux, comment peut-on s'étonner que d'autres hommes éprouvent des désirs de la
même nature ?
(114) 37. Je n'ignore pas que vous approuvez mon discours en ce qui touche aux
tyrans, mais je sais aussi que vous écouter avec défaveur ce qui a rapport au
commandement, parce que, dominés par le plus honteux et le plus lâche des
sentiments, vous n'apercevez pas en vous-mêmes ce que vous voyez dans les autres.
Cependant juger les mêmes choses d'après les mêmes principes, dans toutes les
positions, n'est pas dans les hommes le signe le moins caractéristique d'un sens droit.
(115) Mais c'est une de ces vérités dont jamais vous ne vous êtes occupés ; vous
considérez la tyrannie comme un poids accablant, comme une chose funeste, non
seulement pour ceux qui la subissent, mais pour ceux mêmes qui la possèdent ; et en
même temps vous regardez comme le plus grand des biens l'empire de la mer, qui ne
diffère en rien des monarchies, ni par ses actes ni par les calamités qu'il entraîne.
Enfin vous êtes convaincus que les affaires des Thébains sont dans une situation
fâcheuse, parce qu'ils oppriment leurs voisins, et, lorsque vous ne traitez pas mieux
vos alliés que les Thébains ne traitent la Béotie, vous croyez suivre les lois d'une sage
politique.
(116) 38. Si donc vous m'accordez votre confiance, abandonnant de vaines
délibérations, vous appliquerez les facultés de votre esprit à vos intérêts véritables et à
ceux de votre patrie; vous rechercherez avec soin, avec sagesse, pour quelles raisons
les deux villes (j'entends la nôtre et celle de Lacédémone), parties de faibles
commencements, sont parvenues à commander à la Grèce ; pourquoi, après avoir
acquis une puissance qu'aucun peuple ne pouvait surpasser, elles se sont vues
exposées au danger d'être réduites en esclavage; (117) par quelles causes les
Thessaliens, qui, avec de grandes richesses, jouissaient de la contrée la plus étendue
et la plus fertile, sont tombés dans le dénuement; comment les Mégariens, dont les
ressources étaient d'abord faibles et restreintes, qui ne possèdent ni terres, ni ports, ni
mines d'argent, et qui cultivent des rochers, ont acquis les plus beaux établissements
de la Grèce ; (118) pourquoi les Thessaliens, qui ont plus de trois mille hommes de
cavalerie et une innombrable infanterie légère, voient toujours leurs forteresses
occupées par l'étranger; tandis que les Mégariens, qui n'ont qu'une armée peu
nombreuse, gouvernent comme il leur plaît leur république ; pourquoi, enfin, les
Thessaliens sont continuellement en guerre les uns contre les autres, tandis que les
Mégariens, placés entre le Péloponnèse, les Thébains et le territoire de l'Attique,
vivent dans une paix constante. (119) Si vous voulez réfléchir sur ces faits et sur
d'autres semblables, vous reconnaîtrez que la licence et l'orgueil sont la source de
tous les maux, la modération celle de tous les biens.
Vous louez la modération dans les particuliers; vous reconnaissez que la plus
parfaite sécurité est le partage de ceux qui la mettent en pratique ; vous les considérez
comme les meilleurs citoyens ; et, d'un autre côté, vous ne croyez pas devoir adopter
cette vertu comme règle de votre conduite politique.
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