HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Éloge d'Hélène (texte complet)

Paragraphes 30-39

  Paragraphes 30-39

[30] Ἐξ ἀμφοτέρων οὖν τούτων αἱροῦμαι τὰ μὲν πλεῖστα παραλιπεῖν διὰ τοὺς δυσκόλως ἀκροωμένους, περὶ δὲ τῶν ἄλλων ὡς ἂν δύνωμαι συντομώτατα διελθεῖν, ἵνα τὰ μὲν ἐκείνοις, τὰ δ' ἐμαυτῷ χαρίσωμαι, καὶ μὴ παντάπασιν ἡττηθῶ τῶν εἰθισμένων φθονεῖν καὶ τοῖς λεγομένοις ἅπασιν ἐπιτιμᾶν. (31) Τὴν μὲν οὖν ἀνδρίαν ἐν τούτοις ἐπεδείξατο τοῖς ἔργοις ἐν οἷς αὐτὸς καθ' αὑτὸν ἐκινδύνευσε, τὴν δ' ἐπιστήμην ἣν εἶχε πρὸς τὸν πόλεμον, ἐν ταῖς μάχαις αἷς μεθ' ὅλης τῆς πόλεως ἠγωνίσατο, τὴν δ' εὐσέβειαν τὴν πρὸς τοὺς θεοὺς ἔν τε ταῖς Ἀδράστου καὶ ταῖς τῶν παίδων τῶν Ἡρακλέους ἱκετείαις, τοὺς μὲν γὰρ μάχῃ νικήσας Πελοποννησίους διέσωσε, τῷ δὲ τοὺς ὑπὸ τῇ Καδμείᾳ τελευτήσαντας βίᾳ Θηβαίων θάψαι παρέδωκε, τὴν δ' ἄλλην ἀρετὴν καὶ τὴν σωφροσύνην ἔν τε τοῖς προειρημένοις καὶ μάλιστ' ἐν οἷς τὴν πόλιν διῴκησεν. (32) Ὁρῶν γὰρ τοὺς βίᾳ τῶν πολιτῶν ἄρχειν ζητοῦντας ἑτέροις δουλεύοντας καὶ τοὺς ἐπικίνδυνον τὸν βίον τοῖς ἄλλοις καθιστάντας αὐτοὺς περιδεῶς ζῶντας, καὶ πολεμεῖν ἀναγκαζομένους μετὰ μὲν τῶν πολιτῶν πρὸς τοὺς ἐπιστρατευομένους, μετὰ δ' ἄλλων τινῶν πρὸς τοὺς συμπολιτευομένους, (33) ἔτι δὲ συλῶντας μὲν τὰ τῶν θεῶν, ἀποκτείνοντας δὲ τοὺς βελτίστους τῶν πολιτῶν, ἀπιστοῦντας δὲ τοῖς οἰκειοτάτοις, οὐδὲν δὲ ῥᾳθυμότερον ζῶντας τῶν ἐπὶ θανάτῳ συνειλημμένων, ἀλλὰ τὰ μὲν ἔξω ζηλουμένους, αὐτοὺς δὲ παρ' αὑτοῖς μᾶλλον τῶν ἄλλων λυπουμένους· (34) τί γάρ ἐστιν ἄλγιον ζῆν ἀεὶ δεδιότα μή τις αὑτὸν τῶν παρεστώτων ἀποκτείνῃ, καὶ μηδὲν ἧττον φοβούμενον τοὺς φυλάττοντας τοὺς ἐπιβουλεύοντας; Τούτων ἁπάντων καταφρονήσας καὶ νομίσας οὐκ ἄρχοντας ἀλλὰ νοσήματα τῶν πόλεων εἶναι τοὺς τοιούτους, ἐπέδειξεν ὅτι ῥᾴδιόν ἐστιν ἅμα τυραννεῖν καὶ μηδὲν χεῖρον διακεῖσθαι τῶν ἐξ ἴσου πολιτευομένων. (35) Καὶ πρῶτον μὲν τὴν πόλιν σποράδην καὶ κατὰ κώμας οἰκοῦσαν εἰς ταὐτὸν συναγαγὼν τηλικαύτην ἐποίησεν ὥστ' ἔτι καὶ νῦν ἀπ' ἐκείνου τοῦ χρόνου μεγίστην τῶν Ἑλληνίδων εἶναι· μετὰ δὲ ταῦτα κοινὴν τὴν πατρίδα καταστήσας καὶ τὰς ψυχὰς τῶν συμπολιτευομένων ἐλευθερώσας ἐξ ἴσου τὴν ἅμιλλαν αὐτοῖς περὶ τῆς ἀρετῆς ἐποίησε, πιστεύων μὲν ὁμοίως αὐτῶν προέξειν ἀσκούντων ὥσπερ ἀμελούντων, εἰδὼς δὲ τὰς τιμὰς ἡδίους οὔσας τὰς παρὰ τῶν μέγα φρονούντων τὰς παρὰ τῶν δουλευόντων. (36) Τοσούτου δ' ἐδέησεν ἀκόντων τι ποιεῖν τῶν πολιτῶν ὥσθ' μὲν τὸν δῆμον καθίστη κύριον τῆς πολιτείας, οἱ δὲ μόνον αὐτὸν ἄρχειν ἠξίουν, ἡγούμενοι πιστοτέραν καὶ κοινοτέραν εἶναι τὴν ἐκείνου μοναρχίαν τῆς αὑτῶν δημοκρατίας. Οὐ γὰρ ὥσπερ ἕτεροι τοὺς μὲν πόνους ἄλλοις προσέταττε, τῶν δ' ἡδονῶν αὐτὸς μόνος ἀπέλαυεν, ἀλλὰ τοὺς μὲν κινδύνους ἰδίους ἐποιεῖτο, τὰς δ' ὠφελείας ἅπασιν εἰς τὸ κοινὸν ἀπεδίδου. (37) Καὶ γάρ τοι διετέλεσε τὸν βίον οὐκ ἐπιβουλευόμενος ἀλλ' ἀγαπώμενος, οὐδ' ἐπακτῷ δυνάμει τὴν ἀρχὴν διαφυλάττων, ἀλλὰ τῇ τῶν πολιτῶν εὐνοίᾳ δορυφορούμενος, τῇ μὲν ἐξουσίᾳ τυραννῶν, ταῖς δ' εὐεργεσίαις δημαγωγῶν· οὕτω γὰρ νομίμως καὶ καλῶς διῴκει τὴν πόλιν ὥστ' ἔτι καὶ νῦν ἴχνος τῆς ἐκείνου πραότητος ἐν τοῖς ἤθεσιν ἡμῶν καταλελεῖφθαι. (38) Τὴν δὴ γεννηθεῖσαν μὲν ὑπὸ Διός, κρατήσασαν δὲ τοιαύτης ἀρετῆς καὶ σωφροσύνης, πῶς οὐκ ἐπαινεῖν χρὴ καὶ τιμᾶν καὶ νομίζειν πολὺ τῶν πώποτε γενομένων διενεγκεῖν; Οὐ γὰρ δὴ μάρτυρά γε πιστότερον οὐδὲ κριτὴν ἱκανώτερον ἕξομεν ἐπαγαγέσθαι περὶ τῶν Ἑλένῃ προσόντων ἀγαθῶν τῆς Θησέως διανοίας. Ἵνα δὲ μὴ δοκῶ δι' ἀπορίαν περὶ τὸν αὐτὸν τόπον διατρίβειν, μηδ' ἀνδρὸς ἑνὸς δόξῃ καταχρώμενος ἐπαινεῖν αὐτήν, βούλομαι καὶ περὶ τῶν ἐχομένων διελθεῖν. (39) Μετὰ γὰρ τὴν Θησέως εἰς Ἅιδου κατάβασιν ἐπανελθούσης αὖθις εἰς Λακεδαίμονα καὶ πρὸς τὸ μνηστεύεσθαι λαβούσης ἡλικίαν ἅπαντες οἱ τότε βασιλεύοντες καὶ δυναστεύοντες τὴν αὐτὴν γνώμην ἔσχον περὶ αὐτῆς· ἐξὸν γὰρ αὐτοῖς λαμβάνειν ἐν ταῖς αὑτῶν πόλεσι γυναῖκας τὰς πρωτευούσας, ὑπεριδόντες τοὺς οἴκοι γάμους ἦλθον ἐκείνην μνηστεύσοντες. [30] Placé entre ces deux écueils, je préfère, pour échapper au blâme des auditeurs difficiles, abandonner la plupart des exploits de Thésée, et parler des autres le plus brièvement possible. J'agis ainsi pour leur être agréable, me satisfaire moi-même, et pour n'être pas complètement vaincu par des hommes accoutumés à céder aux suggestions de l'envie et à blâmer tout ce qu'ils entendent. (31) 15. Thésée a manifesté sa valeur dans les dangers où il s'est exposé seul ; sa science pour la guerre, dans les combats qu'il livra à la tête des armées de sa patrie; sa piété envers les dieux, dans l'accueil que trouvèrent auprès de lui les supplications d'Adraste et celles des enfants d'Hercule. Il a sauvé ces derniers en remportant une victoire sur les armées du Péloponnèse ; les soldats d'Adraste, frappés par le fer des Thébains sous les murs de la Cadmée, lui ont dû les honneurs de la sépulture ; enfin, il a montré sa constance et sa sagesse, non seulement dans les faits que nous avons rappelés, mais surtout dans la manière dont il a gouverné sa patrie. (32) 16. Il voyait ceux qui aspirent à dominer leurs concitoyens par la force devenir eux-mêmes les esclaves d'autres hommes, et ceux qui préparent une existence pleine de dangers pour les autres vivre dans des craintes continuelles et dans l'obligation de faire la guerre, d'une part, avec leurs concitoyens, contre les ennemis de leur pays ; de l'autre, avec des soldats étrangers contre leurs concitoyens. (33) Il les voyait dépouiller les temples des dieux, donner la mort aux meilleurs citoyens, se défier de leurs parents les plus proches, et vivre dans les mêmes anxiétés que les malfaiteurs qui attendent, chargés de chaînes, le moment de leur supplice : il les voyait au dehors un objet de jalousie, et, dans l'intérieur de leur palais, en proie à plus de calamités que les hommes d'une condition vulgaire (34) (qu'y a-t-il, en effet, de plus cruel que de vivre constamment dans la crainte d'être immolé par quelqu'un de ceux qui nous approchent, et de redouter les satellites qui nous gardent, à l'égal des ennemis qui nous dressent des embûches?). Or Thésée, plein de mépris pour une semblable existence, et convaincu que les hommes qui sont dans cette position ne sont pas les princes, mais les fléaux de leur pays, montra qu'il était facile d'être roi, et de n'être pas moins heureux que les citoyens qui vivent sous l'empire d'une loi égale pour tous. (35) 17. Et d'abord, réunissant les bourgs séparés qui formaient la cité d'Athènes, il donna à sa patrie un tel accroissement qu'elle a été, à partir de cette époque, et qu'elle est encore aujourd'hui la plus grande des villes de la Grèce. Ayant ensuite rendu la patrie commune à tous, et affranchi, en quelque sorte, l'Ame de ses concitoyens, il ouvrit des chances égales à la vertu pour arriver aux honneurs ; persuadé qu'il ne serait pas moins puissant si les citoyens participaient aux affaires publiques que s'ils y restaient étrangers, et regardant les hommages offerts par des hommes qui ont l'Ame élevée comme plus flatteurs et plus doux que ceux qui soit arrachés à des esclaves. (36) Il était si loin de rien faire contre le vœu de ses concitoyens, qu'il institua le peuple arbitre du gouvernement, tandis que le peuple eut désiré qu'il régnât seul ; convaincu qu'entre ses mains, la monarchie était plus fidèle aux lois, plus exacte observatrice de la justice, que leur propre démocratie. Contre l'usage de ceux qui disposent du pouvoir souverain, il ne faisait pas supporter le poids des travaux par le peuple, et ne réservait pas pour lui seul les jouissances du trône; mais, revendiquant pour lui les dangers, il partageait les avantages entre tous. (37) Aussi accomplit-il sa vie, non pas au milieu des embûches, mais entouré de l'affection de ses peuples; non pas appuyé sur une force étrangère pour maintenir son pouvoir, mais gardé par l'amour de ses concitoyens. En un mot, roi par la puissance, et chef populaire par les bienfaits , il gouverna sa patrie d'une manière si noble et si conforme aux lois, qu'aujourd'hui même on trouve encore dans nos mœurs des traces de la douceur de sou gouvernement. (38) 18. Comment ne faudrait-il pas louer et honorer une fille de Jupiter qui a fait fléchir une si noble vertu, une si haute sagesse? et comment ne pas la considérer comme de beaucoup supérieure à toutes les femmes qui jamais ont existé ? Non, il n'est pas possible de produire un témoin plus digne de foi, un juge plus éclairé des perfections d'Hélène, que la haute intelligence de Thésée. Mais, pour que l'on ne m'accuse pas de m'arrêter sur cette seule considération, à cause de l'insuffisance de mon sujet, et d'abuser de la gloire d'un homme célèbre pour relever celle d'Hélène, je reprends la suite des faits. (39) 19. Après la descente de Thésée aux enfers, Hélène revenue à Lacédémone, et ayant atteint l'âge où son hymen pouvait être recherché, tous les princes et tous les rois qui régnaient alors éprouvèrent à son égard le même sentiment que Thésée. Ils pouvaient choisir, dans leur pays, les femmes les plus distinguées; mais, dédaignant les alliances que leur offrait leur patrie, ils vinrent à Sparte solliciter la main d'Hélène.


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Dernière mise à jour : 16/10/2008