[10] Νῦν δὲ παραπλήσιον ποιοῦσιν.
Ὥσπερ ἂν εἴ τις προσποιοῖτο κράτιστος εἶναι τῶν ἀθλητῶν ἐνταῦθα καταβαίνων, οὗ μηδεὶς
ἂν ἄλλος ἀξιώσειεν. Τίς γὰρ ἂν τῶν εὖ φρονούντων συμφορὰς ἐπαινεῖν ἐπιχειρήσειεν;
Ἀλλὰ δῆλον, ὅτι δι' ἀσθένειαν ἐνταῦθα καταφεύγουσιν. (11) Ἔστι γὰρ τῶν μὲν τοιούτων
συγγραμμάτων μία τις ὁδός, ἣν οὔθ' εὑρεῖν οὔτε μαθεῖν οὔτε μιμήσασθαι δύσκολόν ἐστιν·
οἱ δὲ κοινοὶ πιστοὶ καὶ τούτοις ὅμοιοι τῶν λόγων διὰ πολλῶν ἰδεῶν καὶ καιρῶν
δυσκαταμαθήτων εὑρίσκονταί τε καὶ λέγονται, καὶ τοσούτῳ χαλεπωτέραν ἔχουσι τὴν
σύνθεσιν, ὅσῳ περ τὸ σεμνύνεσθαι τοῦ σκώπτειν καὶ τὸ σπουδάζειν τοῦ παίζειν
ἐπιπονώτερόν ἐστιν. Σημεῖον δὲ μέγιστον· (12) τῶν μὲν γὰρ τοὺς βομβυλιοὺς καὶ τοὺς ἅλας
καὶ τὰ τοιαῦτα βουληθέντων ἐπαινεῖν οὐδεὶς πώποτε λόγων ἠπόρησεν, οἱ δὲ περὶ τῶν
ὁμολογουμένων ἀγαθῶν ἢ καλῶν ἢ τῶν διαφερόντων ἐπ' ἀρετῇ λέγειν ἐπιχειρήσαντες
πολὺ καταδεέστερον τῶν ὑπαρχόντων ἅπαντες εἰρήκασιν. (13) Οὐ γὰρ τῆς αὐτῆς γνώμης
ἐστὶν ἀξίως εἰπεῖν περὶ ἑκατέρων αὐτῶν, ἀλλὰ τὰ μὲν μικρὰ ῥᾴδιον τοῖς λόγοις
ὑπερβαλέσθαι, τῶν δὲ χαλεπὸν τοῦ μεγέθους ἐφικέσθαι· καὶ περὶ μὲν τῶν δόξαν ἐχόντων
σπάνιον εὑρεῖν, ἃ μηδεὶς πρότερον εἴρηκε, περὶ δὲ τῶν φαύλων καὶ ταπεινῶν ὅ τι ἄν τις
τύχῃ φθεγξάμενος ἅπαν ἴδιόν ἐστιν.
(14) Διὸ καὶ τὸν γράψαντα περὶ τῆς Ἑλένης ἐπαινῶ μάλιστα τῶν εὖ λέγειν τι
βουληθέντων, ὅτι περὶ τοιαύτης ἐμνήσθη γυναικός, ἣ καὶ τῷ γένει καὶ τῷ κάλλει καὶ τῇ δόξῃ
πολὺ διήνεγκεν. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῦτον μικρόν τι παρέλαθεν· φησὶ μὲν γὰρ ἐγκώμιον
γεγραφέναι περὶ αὐτῆς, τυγχάνει δ' ἀπολογίαν εἰρηκὼς ὑπὲρ τῶν ἐκείνῃ πεπραγμένων.
(15) Ἔστι δ' οὐκ ἐκ τῶν αὐτῶν ἰδεῶν οὐδὲ περὶ τῶν αὐτῶν ἔργων ὁ λόγος, ἀλλὰ πᾶν
τοὐναντίον· ἀπολογεῖσθαι μὲν γὰρ προσήκει περὶ τῶν ἀδικεῖν αἰτίαν ἐχόντων, ἐπαινεῖν δὲ
τοὺς ἐπ' ἀγαθῷ τινὶ διαφέροντας.
Ἵνα δὲ μὴ δοκῶ τὸ ῥᾷστον ποιεῖν, ἐπιτιμᾶν τοῖς ἄλλοις μηδὲν ἐπιδεικνὺς τῶν ἐμαυτοῦ,
πειράσομαι περὶ τῆς αὐτῆς ταύτης εἰπεῖν, παραλιπὼν ἅπαντα τὰ τοῖς ἄλλοις εἰρημένα.
(16) Τὴν μὲν οὖν ἀρχὴν τοῦ λόγου ποιήσομαι τὴν ἀρχὴν τοῦ γένους αὐτῆς. Πλείστων
γὰρ ἡμιθέων ὑπὸ Διὸς γεννηθέντων μόνης ταύτης γυναικὸς πατὴρ ἠξίωσε κληθῆναι.
Σπουδάσας δὲ μάλιστα περί τε τὸν ἐξ Ἀλκμήνης καὶ τοὺς ἐκ Λήδας, τοσούτῳ μᾶλλον
Ἑλένην Ἡρακλέους προὐτίμησεν ὥστε τῷ μὲν ἰσχὺν ἔδωκεν, ἣ βίᾳ τῶν ἄλλων κρατεῖν
δύναται, τῇ δὲ κάλλος ἀπένειμεν, ὃ καὶ τῆς ῥώμης αὐτῆς ἄρχειν πέφυκεν. (17) Εἰδὼς δὲ τὰς
ἐπιφανείας καὶ τὰς λαμπρότητας οὐκ ἐκ τῆς ἡσυχίας, ἀλλ' ἐκ τῶν πολέμων καὶ τῶν ἀγώνων
γιγνομένας, βουλόμενος αὐτῶν μὴ μόνον τὰ σώματ' εἰς θεοὺς ἀναγαγεῖν ἀλλὰ καὶ τὰς
δόξας ἀειμνήστους καταλιπεῖν, τοῦ μὲν ἐπίπονον καὶ φιλοκίνδυνον τὸν βίον κατέστησε, τῆς
δὲ περίβλεπτον καὶ περιμάχητον τὴν φύσιν ἐποίησεν.
(18) Καὶ πρῶτον μὲν Θησεύς, ὁ λεγόμενος μὲν Αἰγέως, γενόμενος δ' ἐκ Ποσειδῶνος,
ἰδὼν αὐτὴν οὔπω μὲν ἀκμάζουσαν, ἤδη δὲ τῶν ἄλλων διαφέρουσαν, τοσοῦτον ἡττήθη τοῦ
κάλλους ὁ κρατεῖν τῶν ἄλλων εἰθισμένος, ὥσθ' ὑπαρχούσης αὐτῷ καὶ πατρίδος μεγίστης
καὶ βασιλείας ἀσφαλεστάτης ἡγησάμενος οὐκ ἄξιον εἶναι ζῆν ἐπὶ τοῖς παροῦσιν ἀγαθοῖς
ἄνευ τῆς πρὸς ἐκείνην οἰκειότητος, (19) ἐπειδὴ παρὰ τῶν κυρίων οὐχ οἷός τ' ἦν αὐτὴν
λαβεῖν, ἀλλ' ἐπέμενον τήν τε τῆς παιδὸς ἡλικίαν καὶ τὸν χρησμὸν τὸν παρὰ τῆς Πυθίας,
ὑπεριδὼν τὴν ἀρχὴν τὴν Τυνδάρεω καὶ καταφρονήσας τῆς ῥώμης τῆς Κάστορος καὶ
Πολυδεύκους καὶ πάντων τῶν ἐν Λακεδαίμονι δεινῶν ὀλιγωρήσας, βίᾳ λαβὼν αὐτὴν εἰς
Ἄφιδναν τῆς Ἀττικῆς κατέθετο,
| [10] Ils agissent à peu près
comme le ferait un homme qui, après s'être proclamé le plus fort des athlètes,
descendrait dans une arène où personne ne daignerait le suivre. Quel est, parmi les
hommes de bon sens, celui qui entreprendrait l'éloge des calamités? Il est évident que
ces hommes ne cherchent qu'un refuge pour leur faiblesse ; (11) car il n'existe pour ces
sortes d'écrits qu'une seule voie, qu'il n'est pas difficile de trouver, d'apprendre et de
suivre, tandis que les discours d'une utilité générale, les discours dignes de foi, et ceux
que l'on peut leur assimiler, exigent de celui qui les compose et les prononce une variété
de formes, une convenance d'expressions, qu'il est difficile de connaître et d'appliquer; et
la composition en est d'autant plus laborieuse qu'il faut se donner plus de travail pour
parler avec noblesse que pour briller par la légèreté, pour être grave que pour être
enjoué. En voici la plus grande preuve : (12) jamais ceux qui ont voulu louer ou les
abeilles, ou le sel, ou de semblables objets , n'ont manqué d'expressions pour rendre leur
pensée ; mais ceux qui ont entrepris de parler de choses universellement reconnues pour
nobles et grandes, ou de célébrer des bouillies distingués par leur vertu, sont tous restés
de beaucoup au-dessous de la vérité. (13) Il n'appartient pas au même génie de
s'exprimer convenablement sur ces deux natures d'objets; car, s'il est facile de dépasser
par ses paroles le sujet que l'on traite lorsqu'il a peu d'importance, il est difficile
d'atteindre à la hauteur de celui qui commande l'admiration. Pour les choses qui ont de
l'éclat, il est rare de rencontrer des pensées qui n'aient encore été exprimées par
personne ; tandis que, pour celles qui sont dépourvues d'élévation ou de valeur, il est
nécessaire que l'orateur les tire de son propre fonds.
(14) 7. Voilà pourquoi, parmi les hommes qui ont voulu prêter à un sujet l'éclat de leur
éloquence, je loue surtout celui qui a écrit un éloge d'Hélène ; parce qu'il a rappelé la
mémoire d'une femme au-dessus de toute comparaison par sa beauté, sa naissance et
sa renommée. Toutefois une erreur légère a échappé a son jugement : il dit qu'il a écrit
l'éloge d'Hélène, et il se trouve avoir fait l'apologie de ses actions. (15) Mon discours n'est
pas de la même nature, il ne porte pas sur les mêmes objets; ou plutôt il est conçu dans
un ordre d'idées contraire. On fait l'apologie de ceux qui sont accusés d'avoir blessé la
justice : on loue ceux qui se distinguent par quelque noble qualité.
8. Mais, afin qu'on ne puisse pas m'accuser de faire ce qui est toujours facile ,
c'est-à-dire de blâmer les autres sans rien produire de moi-même, je vais essayer de parler
d'Hélène, en laissant de côté tout ce qui a été dit avant moi.
(16) 9. Je commencerai mon discours à l'origine de sa race. Beaucoup de demi-dieux
sont nés de Jupiter ; mais Hélène est la seule femme dont il ait voulu être appelé le père.
Bien que le fils d'Alcmène et les fils de Léda fussent l'objet particulier de ses soins, il
honora Hélène d'une telle prédilection , qu'après avoir doué Hercule de la force qui peut
tout dompter, il donna à Hélène la beauté qui subjugue la force elle-même. (17) Sachant
que la renommée et la gloire ne sont pas filles du repos, mais de la guerre et des
combats, et voulant non seulement placer Hercule et Hélène parmi les dieux, mais rendre
leur mémoire immortelle, à l'un il donna une vie pleine de travaux et de dangers ; et il
répandit sur l'autre une beauté digne d'attirer tous les regards et d'être disputée les armes
à la main.
(18) 10. Et d'abord Thésée, que l'on nomme le fils d'Égée, quoique, dans la réalité, il
doive le jour à Neptune, la voyant à une époque où elle n'était pas encore sortie de
l'enfance, mais où déjà sa beauté éclipsait celle de toutes les jeunes filles de son âge, se
sentit tellement subjugué par ses charmes que, bien qu'il fût accoutumé à commander
aux autres hommes, et qu'il fût à la fois chef de la patrie la plus puissante et possesseur
de la royauté la plus assurée, il ne crut pas qu'au sein même des prospérités dont il
jouissait, la vie put avoir quelque prix pour lui, s'il n'unissait sa destinée à celle d'Hélène;
(19) et, quand il reconnut qu'il était impossible de l'obtenir de ceux qui disposaient de son
sort, qu'ils attendaient, d'une part, l'âge où elle remplirait les conditions de l'hyménée, de
l'autre, une réponse de l'oracle d'Apollon , sans calculer la puissance de Tyndare, sans
considérer la force de Castor et de Pollux, sans tenir compte des dangers qui pouvaient le
menacer du côté de Lacédémone, il l'enleva, la conduisit dans Aphidna, au sein de
l'Attique,
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