[0] Ἑλένη.
(1) Εἰσί τινες οἳ μέγα φρονοῦσιν, ἢν ὑπόθεσιν ἄτοπον καὶ παράδοξον ποιησάμενοι
περὶ ταύτης ἀνεκτῶς εἰπεῖν δυνηθῶσι· καὶ καταγεγηράκασιν οἱ μὲν οὐ φάσκοντες οἷόν τ'
εἶναι ψευδῆ λέγειν οὐδ' ἀντιλέγειν οὐδὲ δύω λόγω περὶ τῶν αὐτῶν πραγμάτων ἀντειπεῖν, οἱ
δὲ διεξιόντες ὡς ἀνδρία καὶ σοφία καὶ δικαιοσύνη ταὐτόν ἐστι, καὶ φύσει μὲν οὐδὲν αὐτῶν
ἔχομεν, μία δ' ἐπιστήμη καθ' ἁπάντων ἐστίν· ἄλλοι δὲ περὶ τὰς ἔριδας διατρίβουσι τὰς
οὐδὲν μὲν ὠφελούσας, πράγματα δὲ παρέχειν τοῖς πλησιάζουσι δυναμένας.
(2) Ἐγὼ δ' εἰ μὲν ἑώρων νεωστὶ τὴν περιεργίαν ταύτην ἐν τοῖς λόγοις ἐγγεγενημένην
καὶ τούτους ἐπὶ τῇ καινότητι τῶν εὑρημένων φιλοτιμουμένους, οὐκ ἂν ὁμοίως ἐθαύμαζον
αὐτῶν· νῦν δὲ τίς ἐστιν οὕτως ὀψιμαθής, ὅστις οὐκ οἶδε Πρωταγόραν καὶ τοὺς κατ' ἐκεῖνον
τὸν χρόνον γενομένους σοφιστάς, ὅτι καὶ τοιαῦτα καὶ πολὺ τούτων πραγματωδέστερα
συγγράμματα κατέλιπον ἡμῖν; (3) Πῶς γὰρ ἄν τις ὑπερβάλοιτο Γοργίαν τὸν τολμήσαντα
λέγειν ὡς οὐδὲν τῶν ὄντων ἔστιν, ἢ Ζήνωνα τὸν ταὐτὰ δυνατὰ καὶ πάλιν ἀδύνατα
πειρώμενον ἀποφαίνειν, ἢ Μέλισσον ὃς ἀπείρων τὸ πλῆθος πεφυκότων τῶν πραγμάτων
ὡς ἑνὸς ὄντος τοῦ παντὸς ἐπεχείρησεν ἀποδείξεις εὑρίσκειν;
(4) Ἄλλ' ὅμως οὕτω φανερῶς ἐκείνων ἐπιδειξάντων ὅτι ῥᾴδιόν ἐστι, περὶ ὧν ἄν τις
πρόθηται, ψευδῆ μηχανήσασθαι λόγον, ἔτι περὶ τὸν τόπον τοῦτον διατρίβουσιν· οὓς ἐχρῆν
ἀφεμένους ταύτης τῆς τερθρείας, τῆς ἐν μὲν τοῖς λόγοις ἐξελέγχειν προσποιουμένης, ἐν δὲ
τοῖς ἔργοις πολὺν ἤδη χρόνον ἐξεληλεγμένης, τὴν ἀλήθειαν διώκειν, καὶ περὶ τὰς πράξεις
ἐν αἷς πολιτευόμεθα, (5) τοὺς συνόντας παιδεύειν, καὶ περὶ τὴν ἐμπειρίαν τὴν τούτων
γυμνάζειν, ἐνθυμουμένους ὅτι πολὺ κρεῖττόν ἐστι περὶ τῶν χρησίμων ἐπιεικῶς δοξάζειν ἢ
περὶ τῶν ἀχρήστων ἀκριβῶς ἐπίστασθαι, καὶ μικρὸν προέχειν ἐν τοῖς μεγάλοις μᾶλλον ἢ
πολὺ διαφέρειν ἐν τοῖς μικροῖς καὶ τοῖς μηδὲν πρὸς τὸν βίον ὠφελοῦσιν.
(6) Ἀλλὰ γὰρ οὐδενὸς αὐτοῖς ἄλλου μέλει πλὴν τοῦ χρηματίζεσθαι παρὰ τῶν
νεωτέρων. Ἔστι δ' ἡ περὶ τὰς ἔριδας φιλοσοφία δυναμένη τοῦτο ποιεῖν· οἱ γὰρ μήτε τῶν
ἰδίων πω μήτε τῶν κοινῶν φροντίζοντες τούτοις μάλιστα χαίρουσι τῶν λόγων οἳ μηδὲ πρὸς
ἓν χρήσιμοι τυγχάνουσιν ὄντες.
(7) Τοῖς μὲν οὖν τηλικούτοις πολλὴ συγγνώμη ταύτην ἔχειν τὴν διάνοιαν· ἐπὶ γὰρ
ἁπάντων τῶν πραγμάτων πρὸς τὰς περιττότητας καὶ τὰς θαυματοποιίας οὕτω διακείμενοι
διατελοῦσι· τοῖς δὲ παιδεύειν προσποιουμένοις ἄξιον ἐπιτιμᾶν, ὅτι κατηγοροῦσι μὲν τῶν ἐπὶ
τοῖς ἰδίοις συμβολαίοις ἐξαπατώντων καὶ μὴ δικαίως τοῖς λόγοις χρωμένων, αὐτοὶ δ'
ἐκείνων δεινότερα ποιοῦσιν· οἱ μὲν γὰρ ἄλλους τινὰς ἐζημίωσαν, οὗτοι δὲ τοὺς συνόντας
μάλιστα βλάπτουσιν.
(8) Τοσοῦτον δ' ἐπιδεδωκέναι πεποιήκασι τὸ ψευδολογεῖν ὥστ' ἤδη τινές, ὁρῶντες
τούτους ἐκ τῶν τοιούτων ὠφελουμένους, τολμῶσι γράφειν ὡς ἔστιν ὁ τῶν πτωχευόντων
καὶ φευγόντων βίος ζηλωτότερος ἢ τῶν ἄλλων ἀνθρώπων, καὶ ποιοῦνται τεκμήριον, ὡς εἰ
περὶ πονηρῶν πραγμάτων ἔχουσί τι λέγειν, περί γε τῶν καλῶν κἀγαθῶν ῥᾳδίως
εὐπορήσουσιν. (9) Ἐμοὶ δὲ δοκεῖ πάντων εἶναι καταγελαστότατον τὸ διὰ τούτων τῶν λόγων
ζητεῖν πείθειν ὡς περὶ τῶν πολιτικῶν ἐπιστήμην ἔχουσιν, ἐξὸν ἐν αὐτοῖς οἷς ἐπαγγέλλονται
τὴν ἐπίδειξιν ποιεῖσθαι· τοὺς γὰρ ἀμφισβητοῦντας τοῦ φρονεῖν καὶ φάσκοντας εἶναι
σοφιστὰς οὐκ ἐν τοῖς ἠμελημένοις ὑπὸ τῶν ἄλλων, ἀλλ' ἐν οἷς ἅπαντές εἰσιν ἀνταγωνισταί,
προσήκει διαφέρειν καὶ κρείττους εἶναι τῶν ἰδιωτῶν.
| [0] ÉLOGE D'HÉLÈNE.
(1) Il est des hommes qui conçoivent une grande idée d'eux-mêmes, lorsque après
avoir fait choix d'un sujet paradoxal ou bizarre, ils parviennent à le traiter d'une manière
supportable, et qui vieillissent, les uns, en répétant qu'il est impossible de dire ou de
contredire des mensonges, ou de composer deux discours en opposition sur le même
sujet ; les autres, que la valeur, la sagesse, la justice, sont une seule et même chose; que
nous ne tenons de la nature aucune de ces vertus, que l'éducation seule nous les
transmet ; d'autres enfin consument leur existence dans des discussions sans utilité, qui
ne peuvent qu'embarrasser l'esprit de leurs auditeurs.
(2) 2. Pour moi, si je voyais ces subtilités récemment introduites dans l'enseignement
de l'éloquence, et si ces hommes pouvaient se vanter de la nouveauté de leur
découverte, je serais moins étonné de leur orgueil ; mais qui pourrait aujourd'hui être
assez en arrière de la science pour ne pas savoir que Protagoras et les sophistes de son
temps nous ont laissé des écrits de la même nature, et encore beaucoup plus dépourvus
de raison? (3) Qui pourrait, en effet, dépasser Gorgias, lorsqu'il a l'audace d'avancer que
rien de ce qui est n'existe; ou Zénon, quand il veut démontrer que les mêmes choses sont
possibles et ne le sont pas; ou bien encore Mélissus, qui, lorsque la multitude des êtres
est infinie, prétend trouver des preuves que leur universalité n'est qu'une seule et même
chose?
(4) 3. C'est pourtant lorsque ces hommes ont montré, avec une si grande évidence,
qu'il est facile de faire un discours mensonger sur un sujet quel qu'il puisse être, que nos
sophistes s'agitent encore sur ce terrain. Ils devraient, au contraire, abandonnant un
charlatanisme qui veut prouver par des paroles ce qui depuis longtemps est démontré
faux par les faits, marcher à la poursuite de la vérité, enseigner à leurs disciples les
choses qui se rattachent à notre vie politique, (5) et les exercer de manière à leur donner
l'expérience des affaires, convaincus qu'il vaut mieux se former une opinion saine sur les
choses utiles, que d'apprécier habilement des objets qui ne le sont pas, et posséder une
légère supériorité dans les grandes choses, plutôt que d'exceller dans les petites, dans
celles qui ne contribuent en rien au perfectionnement de la vie.
(6) 4. Mais nos sophistes ne sont occupés que d'un seul soin, celui de s'enrichir aux
dépens des jeunes gens; or la science des discussions a la puissance de produire ce
résultat, parce que ceux qui n'ont aucun souci ni des intérêts privés, ni des intérêts
publics, se plaisent surtout aux discours entièrement dépourvus d'utilité.
(7) 5. On doit accorder une grande indulgence aux jeunes gens qui se laissent
entraîner dans cette voie ; la jeunesse, dans toutes les affaires, est naturellement portée
à l'exagération et au merveilleux ; mais les hommes qui ont la prétention d'instruire
méritent d'être blâmés, lorsque après avoir accusé ceux qui trompent dans les contrats et
qui font de leur éloquence un usage contraire à la justice, ils agissent eux-mêmes d'une
manière plus répréhensible encore. Les premiers nuisent à des hommes qui leur sont
étrangers, les autres nuisent surtout à leurs propres disciples.
(8) 6. Ils ont tellement fait prospérer l'art de débiter des mensonges, qu'en les voyant
s'enrichir par de tels moyens, il se rencontre des hommes qui osent écrire que la vie des
mendiants et des bannis est plus digne d'envie que toute autre. Ils concluent de la faculté
qu'ils ont de dire quelques paroles sur de misérables sujets, qu'il leur serait facile de
trouver en abondance des expressions pour des sujets nobles et utiles. (9) Mais ce qui
me paraît le comble du ridicule, c'est de chercher à persuader par de semblables discours
qu'ils possèdent la science des choses politiques, quand ils pourraient, dans leurs
promesses mêmes, donner la preuve de ce qu'ils avancent. Il ne convient pas à ceux qui
disputent le prix de la sagesse, et qui se vantent d'être sophistes, de l'emporter sur le
vulgaire en se montrant supérieurs dans les choses que tout le monde néglige, mais de
se signaler dans celles qui sont l'objet d'une émulation universelle.
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