[10] τοῖς δὲ περὶ τοὺς λόγους οὐδὲν ἔξεστι τῶν τοιούτων, ἀλλ' ἀποτόμως καὶ τῶν
ὀνομάτων τοῖς πολιτικοῖς μόνον καὶ τῶν ἐνθυμημάτων τοῖς περὶ αὐτὰς τὰς πράξεις
ἀναγκαῖόν ἐστι χρῆσθαι. Πρὸς δὲ τούτοις οἱ μὲν μετὰ μέτρων καὶ ῥυθμῶν ἅπαντα
ποιοῦσιν, οἱ δ' οὐδενὸς τούτων κοινωνοῦσιν· ἃ τοσαύτην ἔχει χάριν, ὥστ' ἂν καὶ τῇ λέξει
καὶ τοῖς ἐνθυμήμασιν ἔχῃ κακῶς, ὅμως αὐταῖς ταῖς εὐρυθμίαις καὶ ταῖς συμμετρίαις
ψυχαγωγοῦσι τοὺς ἀκούοντας. (11) Γνοίη δ' ἄν τις ἐκεῖθεν τὴν δύναμιν αὐτῶν· ἢν γάρ
τις τῶν ποιημάτων τῶν εὐδοκιμούντων τὰ μὲν ὀνόματα καὶ τὰς διανοίας καταλίπῃ, τὸ δὲ
μέτρον διαλύσῃ, φανήσεται πολὺ καταδεέστερα τῆς δόξης ἧς νῦν ἔχομεν περὶ αὐτῶν.
Ὅμως δὲ καίπερ τοσοῦτον πλεονεκτούσης τῆς ποιήσεως, οὐκ ὀκνητέον, ἀλλ'
ἀποπειρατέον τῶν λόγων ἐστίν, εἰ καὶ τοῦτο δυνήσονται, τοὺς ἀγαθοὺς ἄνδρας εὐλογεῖν
μηδὲν χεῖρον τῶν ἐν ταῖς ᾠδαῖς καὶ τοῖς μέτροις ἐγκωμιαζόντων.
(12) Πρῶτον μὲν οὖν περὶ τῆς φύσεως τῆς Εὐαγόρου, καὶ τίνων ἦν ἀπόγονος, εἰ
καὶ πολλοὶ προεπίστανται, δοκεῖ μοι πρέπειν κἀμὲ τῶν ἄλλων ἕνεκα διελθεῖν περὶ
αὐτῶν, ἵνα πάντες εἰδῶσιν ὅτι καλλίστων αὐτῷ καὶ μεγίστων παραδειγμάτων
καταλειφθέντων οὐδὲν καταδεέστερον αὑτὸν ἐκείνων παρέσχεν. (13) Ὁμολογεῖται μὲν
γὰρ τοὺς ἀπὸ Διὸς εὐγενεστάτους τῶν ἡμιθέων εἶναι, τούτων δ' αὐτῶν οὐκ ἔστιν ὅστις
οὐκ ἂν Αἰακίδας προκρίνειεν· ἐν μὲν γὰρ τοῖς ἄλλοις γένεσιν εὑρήσομεν τοὺς μὲν
ὑπερβάλλοντας, τοὺς δὲ καταδεεστέρους ὄντας, οὗτοι δ' ἅπαντες ὀνομαστότατοι τῶν
καθ' αὑτοὺς γεγόνασιν.
(14) Τοῦτο μὲν γὰρ Αἰακὸς ὁ Διὸς μὲν ἔκγονος, τοῦ δὲ γένους τοῦ Τευκριδῶν
πρόγονος, τοσοῦτον διήνεγκεν ὥστε γενομένων αὐχμῶν ἐν τοῖς Ἕλλησι καὶ πολλῶν
ἀνθρώπων διαφθαρέντων, ἐπειδὴ τὸ μέγεθος τῆς συμφορᾶς ὑπερέβαλλεν, ἦλθον οἱ
προεστῶτες τῶν πόλεων ἱκετεύοντες αὐτόν, νομίζοντες διὰ τῆς συγγενείας καὶ τῆς
εὐσεβείας τῆς ἐκείνου τάχιστ' ἂν εὑρέσθαι παρὰ τῶν θεῶν τῶν παρόντων κακῶν
ἀπαλλαγήν. (15) Σωθέντες δὲ καὶ τυχόντες ὧν ἐδεήθησαν, ἱερὸν ἐν Αἰγίνῃ κατεστήσαντο
κοινὸν τῶν Ἑλλήνων, οὗπερ ἐκεῖνος ἐποιήσατο τὴν εὐχήν. Καὶ κατ' ἐκεῖνόν τε τὸν
χρόνον ἕως ἦν μετ' ἀνθρώπων, μετὰ καλλίστης ὢν δόξης διετέλεσεν· ἐπειδή τε
μετήλλαξε τὸν βίον, λέγεται παρὰ Πλούτωνι καὶ Κόρῃ μεγίστας τιμὰς ἔχων παρεδρεύειν
ἐκείνοις.
(16) Τούτου δὲ παῖδες ἦσαν Τελαμὼν καὶ Πηλεύς, ὧν ὁ μὲν ἕτερος μεθ' Ἡρακλέους
ἐπὶ Λαομέδοντα στρατευσάμενος ἀριστείων ἠξιώθη, Πηλεὺς δ' ἔν τε τῇ μάχῃ τῇ πρὸς
Κενταύρους ἀριστεύσας καὶ κατὰ πολλοὺς ἄλλους κινδύνους εὐδοκιμήσας Θέτιδι τῇ
Νηρέως, θνητὸς ὢν ἀθανάτῃ, συνῴκησε, καὶ μόνου τούτου φασὶ τῶν προγεγενημένων
ὑπὸ θεῶν ἐν τοῖς γάμοις ὑμέναιον ᾀσθῆναι.
(17) Τούτοιν δ' ἑκατέρου, Τελαμῶνος μὲν Αἴας καὶ Τεῦκρος ἐγενέσθην, Πηλέως δ'
Ἀχιλλεύς, οἳ μέγιστον καὶ σαφέστατον ἔλεγχον ἔδοσαν τῆς αὑτῶν ἀρετῆς· οὐ γὰρ ἐν ταῖς
αὑτῶν πόλεσι μόνον ἐπρώτευσαν, οὐδ' ἐν τοῖς τόποις ἐν οἷς κατῴκουν, ἀλλὰ στρατείας
τοῖς Ἕλλησιν ἐπὶ τοὺς βαρβάρους γενομένης, καὶ πολλῶν μὲν ἑκατέρων ἀθροισθέντων,
(18) οὐδενὸς δὲ τῶν ὀνομαστῶν ἀπολειφθέντος, ἐν τούτοις τοῖς κινδύνοις Ἀχιλλεὺς μὲν
ἁπάντων διήνεγκεν. Αἴας δὲ μετ' ἐκεῖνον ἠρίστευσε, Τεῦκρος δὲ τῆς τε τούτων
συγγενείας ἄξιος καὶ τῶν ἄλλων οὐδενὸς χείρων γενόμενος, ἐπειδὴ Τροίαν συνεξεῖλεν,
ἀφικόμενος εἰς Κύπρον Σαλαμῖνα*́ τε κατῴκισεν, ὁμώνυμον ποιήσας τῆς πρότερον
αὑτῷ πατρίδος οὔσης, καὶ τὸ γένος τὸ νῦν βασιλεῦον κατέλιπεν.
(19) Τὰ μὲν οὖν ἐξ ἀρχῆς Εὐαγόρᾳ παρὰ τῶν προγόνων ὑπάρξαντα τηλικαῦτα τὸ
μέγεθός ἐστιν. Τοῦτον δὲ τὸν τρόπον τῆς πόλεως κατοικισθείσης κατὰ μὲν ἀρχὰς οἱ
γεγονότες ἀπὸ Τεύκρου τὴν βασιλείαν εἶχον, χρόνῳ δ' ὕστερον ἀφικόμενος ἐκ Φοινίκης
ἀνὴρ φυγὰς καὶ πιστευθεὶς ὑπὸ τοῦ τότε βασιλεύοντος καὶ μεγάλας δυναστείας λαβὼν
οὐ χάριν ἔσχε τούτων,
| [10] Les orateurs,
au contraire, privés de toutes ces ressources, sont contraints de s'exprimer avec
précision, d'employer uniquement des termes de la langue commune et des pensées
qui ressortait du sujet. En outre, les poètes emploient constamment le rythme et la
mesure, tandis que les orateurs ne participent à aucun de ces deux avantages, dont le
charme est si attrayant que, quand bien même les pensées et les paroles offriraient
quelque chose de défectueux, ils entraîneraient les auditeurs par le nombre et la
cadence. (11) On peut, d'après ce que je vais dire, reconnaître la puissance de ces
moyens. Si quelqu'un, dans les poèmes les plus renommés, conservant les mots et les
pensées, essayait seulement de briser la mesure, il est certain que ces grands
ouvrages paraîtraient fort au-dessous de l'idée que nous en avons. Mais quelque
grands que puissent être les prestiges de la poésie, il ne faut pas perdre courage, il
faut voir si les hommes distingués pour leur vertu ne peuvent pas être loués dans un
discours éloquent, aussi bien que dans une poésie harmonieuse.
(12) 4. Et d'abord, pour ce qui touche à l'origine d'Évagoras et aux ancêtres dont il
était issu, encore que beaucoup d'hommes en soient instruits, je crois qu'il est
convenable d'en parler ici, à cause de ceux qui les ignorent, et afin que tout le monde
sache que les plus beaux et les plus nobles exemples lui ayant été laissés par ses
ancêtres, il ne s'est montré inférieur à aucun d'eux. (13) On convient unanimement
que, parmi les demi-dieux, les plus nobles sont les descendants de Jupiter, et il
n'existe personne qui n'accorde, parmi ceux-ci, le premier rang aux Eacides. Dans
toutes les autres races, on reconnaît que, si les uns sont des hommes supérieurs, les
autres sont des hommes d'un mérite ordinaire, tandis que tous les Eacides ont été les
hommes les plus renommés de leur temps.
(14) 5. Eacus, fils de Jupiter, auteur de la race des Teucrides, fut tellement
supérieur au reste des mortels, qu'une grande sécheresse ayant affligé la Grèce et fait
périr une partie de ses habitants, les chefs des villes, lorsque la grandeur du fléau eut
dépassé toutes les limites, se présentèrent comme suppliants devant lui, dans la
confiance que l'affinité du sang, réunie à la piété, obtiendrait bientôt des dieux la fin de
leurs misères. (15) Exaucés dans leurs vœux, ils bâtirent à Égine, au nom de tous les
Grecs, un temple dans le lieu même où Eacus avait adressé sa prière aux immortels.
A partir de cette époque, et tant qu'il resta parmi les hommes, Eacus continua de jouir
de la plus haute renommée; et lorsqu'il eut quitté la vie, la tradition nous apprend
qu'entouré des plus grands honneurs dans le palais de Pluton et de Proserpine, il a
pris place près de ces divinités.
(16) 6. Eacus eut pour fils Télamon et Pelée. Télamon, compagnon d'Hercule
dans la guerre que ce dieu fit à Laomédon, obtint le prix de la valeur ; Pelée, après
avoir signalé son courage dans le combat contre les Centaures, et s'être illustré dans
un grand nombre d'autres dangers, s'unit à Thétis, fille de Nérée, et, mortel, devint
l'époux d'une épouse immortelle ; enfin nous savons que pour lui seul, dans toute
l'antiquité, les dieux, présidant à ses noces, firent retentir eux-mêmes le chant de
l'hyménée.
(17) 7. Télamon eut pour fils Ajax et Teucer; Pelée fut le père d'Achille; et tous les
trois donnèrent les preuves les plus brillantes de leur courage. Mais ce n'était pas
assez pour eux d'occuper le premier rang dans leur patrie et dans les lieux qu'ils
habitaient : les Grecs ayant entrepris une expédition contre les Barbares,
d'innombrables armées s'étant réunies des deux côtés, (18) et aucun homme de
quelque renom n'étant resté dans ses foyers, Achille, dans ces luttes terribles,
surpassa tous les héros; Ajax obtint le second rang; Teucer, digne de la noble origine
qu'il partageait avec eux, ne se montra inférieur à aucun autre guerrier, et, après avoir
contribué à la conquête de Troie, il se rendit dans l'île de Cypre, bâtit Salamine, qu'il
appela du nom de sa première patrie, et fut l'auteur de la race qui y règne encore
aujourd'hui.
(19) 8. Telle a été, dans l'origine, la grandeur dont Évagoras fut redevable à ses
ancêtres. Salamine ayant été fondée connue nous l'avons dit, les descendants de
Teucer en furent les premiers rois. Dans la suite, un proscrit venu de la Phénicie,
admis dans la confiance du prince qui régnait alors, obtint près de lui un grand crédit :
mais, au lieu d'en éprouver de la reconnaissance,
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