[40] οὐ μιμησόμεθα τοὺς λόγους τοὺς ἐκείνων,
οὐδὲ περὶ μὲν τῆς πρὸς ἀλλήλους κακηγορίας νομοθετήσομεν, τῆς δ' εἰς τοὺς
θεοὺς παρρησίας ὀλιγωρήσομεν, ἀλλὰ φυλαξόμεθα καὶ νομιοῦμεν ὁμοίως ἀσεβεῖν τούς τε
λέγοντας τὰ τοιαῦτα καὶ τοὺς πιστεύοντας αὐτοῖς.
(41) Ἐγὼ μὲν οὖν οὐχ ὅπως τοὺς θεούς, ἀλλ' οὐδὲ τοὺς ἐξ ἐκείνων γεγονότας
οὐδεμιᾶς ἡγοῦμαι κακίας μετασχεῖν, ἀλλ' αὐτούς τε πάσας ἔχοντας τὰς ἀρετὰς φῦναι καὶ
τοῖς ἄλλοις τῶν καλλίστων ἐπιτηδευμάτων ἡγεμόνας καὶ διδασκάλους γεγενῆσθαι. Καὶ γὰρ
ἄλογον, εἰ τῆς μὲν ἡμετέρας εὐπαιδίας εἰς τοὺς θεοὺς τὴν αἰτίαν ἀναφέρομεν, τῆς δὲ
σφετέρας αὐτῶν μηδὲν αὐτοὺς φροντίζειν νομίζοιμεν. (42) Ἀλλ' εἰ μὲν ἡμῶν τις τῆς τῶν
ἀνθρώπων φύσεως κατασταίη κύριος, οὐδ' ἂν τοὺς οἰκέτας ἐάσειεν εἶναι πονηρούς·
ἐκείνων δὲ καταγιγνώσκομεν ὡς καὶ τοὺς ἐξ αὑτῶν γεγονότας περιεῖδον οὕτως ἀσεβεῖς καὶ
παρανόμους ὄντας. Καὶ σὺ μὲν οἴει καὶ τοὺς μηδὲν προσήκοντας, ἤν σοι πλησιάσωσι,
βελτίους ποιήσειν, τοὺς δὲ θεοὺς οὐδεμίαν ἡγεῖ τῆς τῶν παίδων ἀρετῆς ἔχειν ἐπιμέλειαν.
(43) Καίτοι κατὰ τὸν σὸν λόγον δυοῖν τοῖν αἰσχίστοιν οὐ διαμαρτάνουσιν· εἰ μὲν γὰρ μηδὲν
δέονται χρηστοὺς αὐτοὺς εἶναι, χείρους εἰσὶ τῶν ἀνθρώπων τὴν διάνοιαν, εἰ δὲ βούλονται
μέν, ἀποροῦσι δ' ὅπως ποιήσωσιν, ἐλάττω τῶν σοφιστῶν τὴν δύναμιν ἔχουσιν.
(44) Πολλῶν δ' ἐνόντων εἰπεῖν ἐξ ὧν ἄν τις καὶ τὸν ἔπαινον καὶ τὴν ἀπολογίαν
μηκύνειεν, οὐχ ἡγοῦμαι δεῖν μακρολογεῖν· οὐ γὰρ ἐπίδειξιν τοῖς ἄλλοις ποιούμενος, ἀλλ'
ὑποδεῖξαί σοι βουλόμενος ὡς χρὴ τούτων ἑκάτερον ποιεῖν, διείλεγμαι περὶ αὐτῶν, ἐπεὶ τόν
γε λόγον ὃν σὺ γέγραφας, οὐκ ἀπολογίαν ὑπὲρ Βουσίριδος, ἀλλ' ὁμολογίαν τῶν
ἐπικαλουμένων δικαίως ἄν τις εἶναι νομίσειεν. (45) Οὐ γὰρ ἀπολύεις αὐτὸν τῶν αἰτιῶν, ἀλλ'
ἀποφαίνεις ὡς καὶ τῶν ἄλλων τινὲς ταὐτὰ πεποιήκασι, ῥᾳθυμοτάτην τοῖς ἁμαρτάνουσιν
εὑρίσκων καταφυγήν. Εἰ γὰρ τῶν μὲν ἀδικημάτων μὴ ῥᾴδιον εὑρεῖν ὃ μήπω τυγχάνει
γεγενημένον, τοὺς δ' ἐφ' ἑκάστοις αὐτῶν ἁλισκομένους μηδὲν ἡγοίμεθα δεινὸν ποιεῖν, ὅταν
ἕτεροι ταὐτὰ φαίνωνται διαπεπραγμένοι, πῶς οὐκ ἂν καὶ τὰς ἀπολογίας ἅπασι ῥᾳδίας
ποιήσαιμεν, καὶ τοῖς βουλομένοις εἶναι πονηροῖς πολλὴν ἐξουσίαν παρασκευάσαιμεν;
(46) Μάλιστα δ' ἂν κατίδοις τὴν εὐήθειαν τῶν εἰρημένων ἐπὶ σαυτοῦ θεωρήσας.
Ἐνθυμήθητι γάρ· εἰ μεγάλων καὶ δεινῶν αἰτιῶν περὶ σὲ γεγονυιῶν τοῦτόν τις τὸν τρόπον
σοι συνείποι, πῶς ἂν διατεθείης; Ἐγὼ μὲν γὰρ οἶδ' ὅτι μᾶλλον ἂν αὐτὸν μισήσειας ἢ τοὺς
κατηγοροῦντας. Καίτοι πῶς οὐκ αἰσχρὸν τοιαύτας ὑπὲρ τῶν ἄλλων ποιεῖσθαι τὰς
ἀπολογίας, ἐφ' αἷς ὑπὲρ σαυτοῦ λεγομέναις μάλιστ' ἂν ὀργισθείης;
(47) Σκέψαι δὲ κἀκεῖνο καὶ δίελθε πρὸς αὑτόν. Εἴ τις τῶν σοι συνόντων ἐπαρθείη
ποιεῖν ἃ σὺ τυγχάνεις εὐλογῶν, πῶς οὐκ ἂν ἀθλιώτατος εἴη καὶ τῶν νῦν ὄντων καὶ τῶν
πώποτε γεγενημένων; Ἆρ' οὖν χρὴ τοιούτους λόγους γράφειν οἷς τοῦτο προσέσται
μέγιστον ἀγαθόν, ἢν μηδένα πεῖσαι τῶν ἀκουσάντων δυνηθῶσιν;
(48) Ἀλλὰ γὰρ ἴσως ἂν εἴποις ὡς οὐδὲ σὲ τοῦτο παρέλαθεν, ἀλλ' ἐβουλήθης τοῖς
φιλοσόφοις παράδειγμα καταλιπεῖν ὡς χρὴ περὶ τῶν αἰσχρῶν αἰτιῶν καὶ δυσχερῶν
πραγμάτων ποιεῖσθαι τὰς ἀπολογίας. Ἀλλ' εἰ καὶ πρότερον ἠγνόεις, οἶμαί σοι νῦν
γεγενῆσθαι φανερὸν ὅτι πολὺ θᾶττον ἄν τις σωθείη μηδὲν φθεγξάμενος ἢ τοῦτον τὸν
τρόπον ἀπολογησάμενος. (49) Καὶ μὲν δὴ καὶ τοῦτο δῆλον, ὅτι τῆς φιλοσοφίας ἐπικήρως
διακειμένης καὶ φθονουμένης διὰ τοὺς τοιούτους τῶν λόγων ἔτι μᾶλλον αὐτὴν μισήσουσιν.
Ἢν οὖν ἐμοὶ πείθῃ, μάλιστα μὲν οὐ ποιήσει τοῦ λοιποῦ πονηρὰς ὑποθέσεις, εἰ δὲ μή,
τοιαῦτα ζητήσεις λέγειν ἐξ ὧν μήτ' αὐτὸς χείρων εἶναι δόξεις μήτε τοὺς μιμουμένους λυμανεῖ
μήτε τὴν περὶ τοὺς λόγους παίδευσιν διαβαλεῖς.
| [40] nous n'imiterons pas leurs blasphèmes; et, quand nous faisons des lois pour
empocher les calomnies réciproques entre les citoyens, nous ne tolérerons pas une telle
insolence envers les dieux; nous veillerons sur nous-mêmes, nous considérerons comme
également impies les auteurs de ces fables et ceux qui les croient.
17. Pour moi, je suis convaincu que non seulement les dieux, mais les fils des dieux,
ne participent à aucune perversité; qu'ils sont, au contraire, dès leur naissance,
possesseurs de toutes les vertus, et qu'ils donnent le précepte et l'exemple des mœurs
les plus nobles et les plus pures. En effet, ce serait outrager la raison, lorsque nous
attribuons à la protection des dieux les heureuses dispositions de nos enfants, de croire
qu'ils ne mettent aucun soin à cultiver celles des leurs. (42) Quoi ! si quelqu'un de nous se
trouvait établi maître de la nature, il ne permettrait pas que les esclaves mêmes fussent
des hommes méchants; et nous condamnerions les dieux comme ayant toléré dans ceux
à qui ils ont donné le jour, un tel excès d'impiété et de perversité ! Vous-même, vous avez
l'intention de rendre plus vertueux, s'ils fréquentent votre école, des hommes qui ne vous
appartiennent à aucun titre, et vous pourriez supposer que les dieux n'ont aucun soin de
la vertu de leurs enfants ! (43) Mais, d'après votre jugement, les dieux ne pourraient
échapper à l'une de ces deux accusations également flétrissantes : car, s'ils ne veulent
pas que leurs fils soient des êtres vertueux, leurs sentiments sont au-dessous des
sentiments des hommes, et, s'ils le veulent et qu'ils n'aient pas le pouvoir de le faire, ils
ont moins de puissance que les sophistes.
(44) 18. Bien qu'il soit possible de dire beaucoup de choses qui ajouteraient à l'éloge
et à l'apologie de Busiris, je ne crois pas devoir donner plus d'étendue à mon discours;
mon but n'étant pas de faire ostentation d'éloquence, mais uniquement de vous montrer
comment chacun de ces deux genres d'ouvrages doit être traité : car le discours que vous
avez écrit pourrait avec justice être considéré, non comme l'apologie de Busiris, mais
comme l'aveu des crimes qui lui sont imputés. (45) Au lieu de le disculper des accusations
intentées contre lui, vous vous contentez de faire voir que d'autres ont fait des actes
semblables, ouvrant ainsi au crime le refuge le plus facile. Et en effet, si, parmi les crimes,
il est difficile d'en trouver un qui soit encore sans exemple, et si nous admettons que ceux
qui ont été surpris dans des actes coupables n'ont rien fait qui doive exciter l'indignation
du moment où il est reconnu que d'autres ont commis des fautes semblables, comment
n'aurions-nous pas rendu les apologies faciles pour tous , et préparé aux hommes qui
veulent être pervers la possibilité de le devenir ?
(46) 19. Vous reconnaîtriez surtout l'excessive simplicité de vos paroles, si vous
vouliez faire un retour sur vous-même. Réfléchissez, et voyez dans quelle disposition
d'esprit vous seriez si, étant accusé de faits graves et odieux, quelqu'un entreprenait de
vous défendre en se servant du moyen que vous avez employé. Quant à moi, je sais
qu'un pareil défenseur vous inspirerait plus de haine que vos accusateurs mêmes.
Comment donc ne serait-il pas honteux de faire en faveur des autres des apologies telles
que, si on les employait pour vous, elles vous inspireraient nécessairement l'irritation la
plus vive ?
(47) 20. Examinez encore et réfléchissez en vous-même. Si quelqu'un de vos
disciples, exalté par vos paroles, se laissait entraîner à faire des actes semblables à ceux
que vous louez, ne serait-il pas le plus misérable des hommes, aussi bien de ceux qui
existent que de ceux qui ont jamais existé? Faut-il donc composer des discours dont
l'effet le plus heureux serait qu'ils ne pussent persuader aucun des auditeurs ?
(48) 21. Peut-être direz-vous que cette observation ne vous a pas échappé, mais que
vous avez voulu laisser aux orateurs un exemple de la manière dont il faut défendre les
causes honteuses et faire l'apologie des actes difficiles à justifier. Mais, en admettant que
vous l'ayez, ignoré auparavant, je crois qu'il est aujourd'hui devenu évident pour vous
qu'on serait bien plutôt préservé par le silence que par une apologie de cette nature. (49)
De plus, il est évident que l'art oratoire, déjà faible et en butte à tant de jalousie,
deviendrait, par de semblables discours , l'objet d'une haine encore plus vive.
22. Si donc vous voulez me croire, vous vous abstiendrez à l'avenir de traiter des
sujets odieux, ou du moins vous essayerez de composer des ouvrages qui n'aient pas
pour effet de nuire à votre réputation et à celle des hommes qui voudraient vous imiter, et
de calomnier l'étude de l'éloquence.
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