[30] Ἴσως ἂν οὖν τοῖς εἰρημένοις ἀπαντήσειας, ὅτι τὴν μὲν χώραν καὶ τοὺς νόμους καὶ
τὴν εὐσέβειαν, ἔτι δὲ τὴν φιλοσοφίαν ἐπαινῶ τὴν Αἰγυπτίων, ὡς δὲ τούτων αἴτιος ἦν, ὃν
ὑπεθέμην, οὐδεμίαν ἔχω λέγειν ἀπόδειξιν.
Ἐγὼ δ' εἰ μὲν ἄλλος τίς μοι τὸν τρόπον τοῦτον ἐπέπληττεν, ἡγούμην ἂν αὐτὸν
πεπαιδευμένως ἐπιτιμᾶν· σοὶ δ' οὐ προσήκει ταύτην ποιεῖσθαι τὴν ἐπίληψιν. (31)
Βουληθεὶς γὰρ Βούσιριν εὐλογεῖν προείλου λέγειν, ὡς τόν τε Νεῖλον περὶ τὴν χώραν
περιέρρηξε καὶ τῶν ξένων τοὺς ἀφικνουμένους θύων κατήσθιεν· ὡς δὲ ταῦτ' ἐποίησεν
οὐδεμίαν πίστιν εἴρηκας. Καίτοι πῶς οὐ καταγέλαστόν ἐστι ταῦτα παρὰ τῶν ἄλλων
ἀπαιτεῖν, οἷς αὐτὸς μηδὲ κατὰ μικρὸν τυγχάνεις κεχρημένος; (32) Ἀλλὰ τοσούτῳ πλέον
ἡμῶν ἀπέχεις τοῦ πιστὰ λέγειν, ὅσον ἐγὼ μὲν οὐδενὸς αὐτὸν αἰτιῶμαι τῶν ἀδυνάτων ἀλλὰ
νόμων καὶ πολιτείας, αἵπερ εἰσὶ πράξεις τῶν ἀνδρῶν τῶν καλῶν κἀγαθῶν· σὺ δὲ τοιούτων
δημιουργὸν ἀποφαίνεις, ὧν οὐδέτερον οὐδεὶς ἂν ἀνθρώπων ποιήσειεν, ἀλλὰ τὸ μὲν τῆς
τῶν θηρίων ὠμότητος, τὸ δὲ τῆς τῶν θεῶν δυνάμεως ἔργον ἐστίν. (33) Ἔπειτ' εἰ καὶ
τυγχάνομεν ἀμφότεροι ψευδῆ λέγοντες, ἀλλ' οὖν ἐγὼ μὲν κέχρημαι τούτοις τοῖς λόγοις,
οἷσπερ χρὴ τοὺς ἐπαινοῦντας, σὺ δ' οἷς προσήκει τοὺς λοιδοροῦντας· ὥστ' οὐ μόνον τῆς
ἀληθείας αὐτῶν ἀλλὰ καὶ τῆς ἰδέας ὅλης δι' ἧς εὐλογεῖν δεῖ, φαίνει διημαρτηκώς.
(34) Χωρὶς δὲ τούτων εἰ δεῖ τῶν σῶν ἀπαλλαγέντα τὸν ἐμὸν λόγον ἐξετάζειν, οὐδεὶς ἂν
αὐτῷ δικαίως ἐπιπλήξειεν. Εἰ μὲν γὰρ ἄλλος τις ἦν φανερὸς ὁ ταῦτα πράξας, ἁγώ φημι
γεγενῆσθαι δι' ἐκεῖνον, ὁμολογῶ λίαν εἶναι τολμηρός, εἰ περὶ ὧν ἅπαντες ἐπίστανται, (35)
περὶ τούτων μεταπείθειν ἐπιχειρῶ. Νῦν δ' ἐν κοινῷ τῶν πραγμάτων ὄντων καὶ δοξάσαι
δέον περὶ αὐτῶν, τίν' ἄν τις τῶν ἐκεῖ καθεστώτων ἐκ τῶν εἰκότων σκοπούμενος αἰτιώτερον
εἶναι νομίσειεν ἢ τὸν ἐκ Ποσειδῶνος μὲν γεγονότα, πρὸς δὲ μητρὸς ἀπὸ Διὸς ὄντα,
μεγίστην δὲ δύναμιν τῶν καθ' αὑτὸν κτησάμενον καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις ὀνομαστότατον
γεγενημένον; Οὐ γὰρ δή που τοὺς ἁπάντων τούτων ἀπολελειμμένους προσήκει μᾶλλον ἢ
κεῖνον τηλικούτων ἀγαθῶν εὑρετὰς γενέσθαι.
(36) Καὶ μὲν δὴ καὶ τοῖς χρόνοις ῥᾳδίως ἄν τις τοὺς λόγους τοὺς τῶν λοιδορούντων
ἐκεῖνον ψευδεῖς ὄντας ἐπιδείξειεν. Οἱ γὰρ αὐτοὶ τῆς τε Βουσίριδος ξενοφονίας κατηγοροῦσι
καί φασιν αὐτὸν ὑφ' Ἡρακλέους ἀποθανεῖν· (37) ὁμολογεῖται δὲ παρὰ πάντων τῶν
λογοποιῶν Περσέως τοῦ Διὸς καὶ Δανάης Ἡρακλέα μὲν εἶναι τέτταρσι γενεαῖς νεώτερον,
Βούσιριν δὲ πλέον ἢ διακοσίοις ἔτεσι πρεσβύτερον. Καίτοι τὸν βουλόμενον ἀπολύσασθαι
τὴν ὑπὲρ ἐκείνου διαβολὴν πῶς οὐκ ἄτοπόν ἐστι ταύτην τὴν πίστιν παραλιπεῖν, τὴν οὕτως
ἐναργῆ καὶ τηλικαύτην δύναμιν ἔχουσαν;
(38) Ἀλλὰ γὰρ οὐδέν σοι τῆς ἀληθείας ἐμέλησεν, ἀλλὰ ταῖς τῶν ποιητῶν βλασφημίαις
ἐπηκολούθησας, οἳ δεινότερα μὲν πεποιηκότας καὶ πεπονθότας ἀποφαίνουσι τοὺς ἐκ τῶν
ἀθανάτων γεγονότας ἢ τοὺς ἐκ τῶν ἀνθρώπων τῶν ἀνοσιωτάτων, τοιούτους δὲ λόγους
περὶ αὐτῶν τῶν θεῶν εἰρήκασιν, οἵους οὐδεὶς ἂν περὶ τῶν ἐχθρῶν εἰπεῖν τολμήσειεν· οὐ
γὰρ μόνον κλοπὰς καὶ μοιχείας καὶ παρ' ἀνθρώποις θητείας αὐτοῖς ὠνείδισαν, ἀλλὰ καὶ
παίδων βρώσεις καὶ πατέρων ἐκτομὰς καὶ μητέρων δεσμοὺς καὶ πολλὰς ἄλλας ἀνομίας
κατ' αὐτῶν ἐλογοποίησαν. (39) Ὑπὲρ ὧν τὴν μὲν ἀξίαν δίκην οὐκ ἔδοσαν, οὐ μὴν
ἀτιμώρητοί γε διέφυγον, ἀλλ' οἱ μὲν αὐτῶν ἀλῆται καὶ τῶν καθ' ἡμέραν ἐνδεεῖς κατέστησαν,
οἱ δ' ἐτυφλώθησαν, ἄλλος δὲ φεύγων τὴν πατρίδα καὶ τοῖς οἰκειοτάτοις πολεμῶν ἅπαντα
τὸν χρόνον διετέλεσεν, Ὀρφεὺς δ' ὁ μάλιστα τούτων τῶν λόγων ἁψάμενος, διασπασθεὶς
τὸν βίον ἐτελεύτησεν· ὥστ' ἢν σωφρονῶμεν,
| [30] 12. Peut-être m'objecterez-vous que, dans les choses que j'ai dites, je loue le
pays, les lois, la piété, la philosophie des Égyptiens , sans pouvoir établir la preuve que
Busiris, à qui j'attribue tous ces biens, en ait été l'auteur.
13. Si un autre que vous m'adressait ce reproche, je pourrais croire qu'il s'appuie,
pour me blâmer, sur une érudition véritable; mais une pareille supposition ne peut vous
convenir. (31) Lorsque vous avez voulu louer Busiris, vous avez dit qu'il avait forcé le Nil à
couler autour de l'Égypte, et qu'il dévorait, après les avoir immolés, les étrangers qui
arrivaient dans ses États ; or vous n'avez donné aucune preuve de votre assertion. N'est-il pas ridicule d'exiger que les autres fassent pour vous ce dont vous n'avez pas même fait
pour eux la plus petite partie? (32) Vous êtes d'ailleurs, comparativement à nous, d'autant
plus loin d'avoir dit des choses dignes de confiance que je n'ai rien attribué d'impossible à
Busiris ; que je lui ai attribué des lois, des institutions politiques, qui conviennent à des
hommes distingués par leur caractère; tandis que vous le représentez comme l'auteur de
deux actes qui ne peuvent appartenir à aucune créature humaine, puisque l'un est digne
de la cruauté des bêtes féroces, et que l'autre exigerait la puissance des dieux. (33) De
plus, en supposant même que, tous deux, nous eussions mis en avant des faits contraires
à la vérité, du moins me suis-je servi d'expressions qui conviennent à ceux qui veulent
donner des louanges , tandis que celles dont vous vous servez appartiennent aux
hommes qui veulent flétrir par des injures; en sorte que non seulement vous vous êtes
écarte de la vérité, mais vous avez entièrement manqué aux formes qu'il est convenable
d'observer lorsqu'on fait un éloge.
(34) 14. Indépendamment de ces observations , et lors même que mon discours
devrait être examiné sans le comparer avec le vôtre, personne encore ne pourrait le
blâmer avec justice. S'il était constant qu'un autre eût été l'auteur des choses que
j'attribue à Busiris, je conviens qu'il y aurait de ma part un excès de témérité à
entreprendre de changer les convictions sur des faits connus de tout le monde. (35) Mais,
quand ces faits sont livrés à l'investigation commune, et quand il faut, à leur égard,
procéder par conjecture, à qui, en jugeant d'après les probabilités, pourrait-on attribuer
les institutions fondées dans ce pays plutôt qu'au fils de Neptune, qui descend de Jupiter
par sa mère, à l'homme enfin qui s'est créé une puissance supérieure à celle de tous les
hommes de son temps, et qui a joui chez les Grecs de la plus haute renommée ? Il est
impossible de penser que ceux qui lui étaient inférieurs à tous ces titres aient été, plutôt
que lui, les auteurs de si grands bienfaits.
(36) 15. Au reste, il est facile, par le rapprochement des époques, de montrer que les
discours de ceux qui attaquent Busiris sont des discours mensongers. Les intimes
hommes qui l'accusent du meurtre de ses hôtes prétendent qu'il est mort de la main
d'Hercule. (37) Or il est reconnu par tous les historiens qu'Hercule est moins ancien de
quatre générations que Persée, fils de Jupiter et de Danaé, et que Busiris vivait plus de
deux siècles avant Persée. N'est-il donc pas étrange, lorsqu'on veut détruire l'accusation
dirigée contre Busiris. de négliger une preuve si forte et si évidente ?
(38) 16. Mais, pour vous, loin de tenir compte de la vérité, vous vous êtes attaché aux
calomnies inventées par les poètes, qui ont accusé les enfants des dieux d'avoir commis
et supporté de plus grandes indignités que les enfants des hommes les plus impies, et qui
ont employé à l'égard des dieux eux-mêmes des paroles telles qu'aucun homme n'oserait
en proférer de semblables à l'égard de ses ennemis. Les poètes, en effet, ont accusé les
dieux non seulement de larcin, d'adultère, de service mercenaire chez les hommes; ils les
ont aussi représentés comme ayant mangé leurs enfants, mutilé leurs pères, enchaîné
leurs mères, et s'étant rendus coupables d'une foule d'autres énormités. (39) Ils n'ont pas
reçu des châtiments proportionnés à leurs crimes; mais du moins n'ont-ils pas
entièrement échappé à la punition. Les uns ont été réduits à errer dans l'indigence,
d'autres ont perdu la lumière des cieux ; un autre, exilé de sa patrie, a combattu jusqu'au
terme de sa vie contre les hommes de son sang ; enfin le principal auteur de ces fictions
impies, Orphée , a péri déchiré et mis en pièces. Par conséquent, si nous sommes sages,
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