HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Éloge de Busiris (texte complet)

Paragraphes 20-29

  Paragraphes 20-29

[20] Εἰ μὲν γὰρ ἅπαντες μιμησαίμεθα τὴν Λακεδαιμονίων ἀργίαν καὶ πλεονεξίαν, εὐθὺς ἂν ἀπολοίμεθα καὶ διὰ τὴν ἔνδειαν τῶν καθ' ἡμέραν καὶ διὰ τὸν πόλεμον τὸν πρὸς ἡμᾶς αὐτούς· εἰ δὲ τοῖς Αἰγυπτίων νόμοις χρῆσθαι βουληθεῖμεν, καὶ τοῖς μὲν ἐργάζεσθαι, τοῖς δὲ τὰ τούτων σῴζειν δόξειεν, ἕκαστοι τὴν αὑτῶν ἔχοντες εὐδαιμόνως ἂν τὸν βίον διατελοῖμεν. (21) Καὶ μὲν δὴ καὶ τῆς περὶ τὴν φρόνησιν ἐπιμελείας εἰκότως ἄν τις ἐκεῖνον αἴτιον νομίσειεν. Τοῖς γὰρ ἱερεῦσι παρεσκεύασεν εὐπορίαν μὲν ταῖς ἐκ τῶν ἱερῶν προσόδοις, σωφροσύνην δὲ ταῖς ἁγνείαις ταῖς ὑπὸ τῶν νόμων προστεταγμέναις, σχολὴν δὲ ταῖς ἀποθανεῖν· (22) μεθ' ὧν ἐκεῖνοι βιοτεύοντες τοῖς μὲν σώμασιν ἰατρικὴν ἐξεῦρον ἐπικουρίαν, οὐ διακεκινδυνευμένοις φαρμάκοις χρωμένην ἀλλὰ τοιούτοις, τὴν μὲν ἀσφάλειαν ὁμοίαν ἔχει τῇ τροφῇ τῇ καθ' ἡμέραν, τὰς δ' ὠφελείας τηλικαύτας ὥστ' ἐκείνους ὁμολογουμένως ὑγιεινοτάτους εἶναι καὶ μακροβιωτάτους, ταῖς δὲ ψυχαῖς φιλοσοφίας ἄσκησιν κατέδειξαν, καὶ νομοθετῆσαι καὶ τὴν φύσιν τῶν ὄντων ζητῆσαι δύναται. (23) Καὶ τοὺς μὲν πρεσβυτέρους ἐπὶ τὰ μέγιστα τῶν πραγμάτων ἔταξεν, τοὺς δὲ νεωτέρους ἀμελήσαντας τῶν ἡδονῶν ἐπ' ἀστρολογίᾳ καὶ λογισμοῖς καὶ γεωμετρίᾳ διατρίβειν ἔπεισεν, ὧν τὰς δυνάμεις οἱ μὲν ὡς πρὸς ἔνια χρησίμους ἐπαινοῦσιν, οἱ δ' ὡς πλεῖστα πρὸς ἀρετὴν συμβαλλομένας ἀποφαίνειν ἐπιχειροῦσιν. (24) Μάλιστα δ' ἄξιον ἐπαινεῖν καὶ θαυμάζειν τὴν εὐσέβειαν αὐτῶν καὶ τὴν περὶ τοὺς θεοὺς θεραπείαν. Ὅσοι μὲν γὰρ σφᾶς αὐτοὺς οὕτω κατεσχημάτισαν ὥστ' κατὰ σοφίαν κατ' ἄλλην τιν' ἀρετὴν ὑπολαμβάνεσθαι μειζόνως κατὰ τὴν ἀξίαν, οὗτοι μὲν βλάπτουσι τοὺς ἐξαπατηθέντας· ὅσοι δὲ τῶν θείων πραγμάτων οὕτω προέστησαν ὥστε καὶ τὰς ἐπιμελείας καὶ τὰς τιμωρίας εἶναι δοκεῖν ἀκριβεστέρας τῶν συμβαινόντων, οἱ δὲ τοιοῦτοι πλεῖστα τὸν βίον τὸν τῶν ἀνθρώπων ὠφελοῦσιν. (25) Καὶ γὰρ τὴν ἀρχὴν οἱ τὸν φόβον ἡμῖν ἐνεργασάμενοι τοῦτον αἴτιοι γεγόνασι τοῦ μὴ παντάπασι θηριωδῶς διακεῖσθαι πρὸς ἀλλήλους. Ἐκεῖνοι τοίνυν οὕτως ἁγίως περὶ ταῦτα καὶ σεμνῶς ἔχουσιν ὥστε καὶ τοὺς ὅρκους πιστοτέρους εἶναι τοὺς ἐν τοῖς ἐκείνων ἱεροῖς τοὺς παρὰ τοῖς ἄλλοις καθεστῶτας, καὶ τῶν ἁμαρτημάτων ἕκαστον οἴεσθαι παραχρῆμα δώσειν δίκην, ἀλλ' οὐ διαλήσειν τὸν παρόντα χρόνον, οὐδ' εἰς τοὺς παῖδας ἀναβληθήσεσθαι τὰς τιμωρίας. (26) Καὶ ταῦτ' εἰκότως δοξάζουσιν· πολλὰς γὰρ αὐτοῖς καὶ παντοδαπὰς ἀσκήσεις τῆς ὁσιότητος ἐκεῖνος κατέστησεν, ὅστις καὶ τῶν ζῴων τῶν παρ' ἡμῖν καταφρονουμένων ἔστιν σέβεσθαι καὶ τιμᾶν ἐνομοθέτησεν, οὐκ ἀγνοῶν τὴν δύναμιν αὐτῶν, ἀλλ' ἅμα μὲν ἐθίζειν οἰόμενος δεῖν τὸν ὄχλον ἐμμένειν ἅπασι τοῖς ὑπὸ τῶν ἀρχόντων παραγγελλομένοις, (27) ἅμα δὲ βουλόμενος πεῖραν λαμβάνειν ἐν τοῖς φανεροῖς, ἥντινα περὶ τῶν ἀφανῶν διάνοιαν ἔχουσιν. Ἐνόμιζε γὰρ τοὺς μὲν τούτων ὀλιγωροῦντας τυχὸν καὶ τῶν μειζόνων καταφρονήσειν, τοὺς δ' ἐπὶ πάντων ὁμοίως ἐμμένοντας τῇ τάξει βεβαίως ἔσεσθαι τὴν αὑτῶν εὐσέβειαν ἐπιδεδειγμένους. (28) Ἔχοι δ' ἄν τις μὴ σπεύδειν ὡρμημένος πολλὰ καὶ θαυμαστὰ περὶ τῆς ὁσιότητος αὐτῶν διελθεῖν, ἣν οὔτε μόνος οὔτε πρῶτος ἐγὼ τυγχάνω καθεωρακώς, ἀλλὰ πολλοὶ καὶ τῶν ὄντων καὶ τῶν προγεγενημένων, ὧν καὶ Πυθαγόρας Σάμιός ἐστιν· ὃς ἀφικόμενος εἰς Αἴγυπτον καὶ μαθητὴς ἐκείνων γενόμενος τήν τ' ἄλλην φιλοσοφίαν πρῶτος εἰς τοὺς Ἕλληνας ἐκόμισε, καὶ τὰ περὶ τὰς θυσίας καὶ τὰς ἁγιστείας τὰς ἐν τοῖς ἱεροῖς ἐπιφανέστερον τῶν ἄλλων ἐσπούδασεν, ἡγούμενος, εἰ καὶ μηδὲν αὐτῷ διὰ ταῦτα πλέον γίγνοιτο παρὰ τῶν θεῶν, ἀλλ' οὖν παρά γε τοῖς ἀνθρώποις ἐκ τούτων μάλιστ' εὐδοκιμήσειν. (29) Ὅπερ αὐτῷ καὶ συνέβη· τοσοῦτον γὰρ εὐδοξίᾳ τοὺς ἄλλους ὑπερέβαλεν, ὥστε καὶ τοὺς νεωτέρους ἅπαντας ἐπιθυμεῖν αὐτοῦ μαθητὰς εἶναι, καὶ τοὺς πρεσβυτέρους ἥδιον ὁρᾶν τοὺς παῖδας τοὺς αὑτῶν ἐκείνῳ συγγιγνομένους τῶν οἰκείων ἐπιμελουμένους. Καὶ τούτοις οὐχ οἷόν τ' ἀπιστεῖν· ἔτι γὰρ καὶ νῦν τοὺς προσποιουμένους ἐκείνου μαθητὰς εἶναι μᾶλλον σιγῶντας θαυμάζουσιν τοὺς ἐπὶ τῷ λέγειν μεγίστην δόξαν ἔχοντας. [20] Si nous voulions tous imiter l'oisiveté et l'ambitieuse cupidité des Lacédémoniens, nous péririons à l'instant, et par la privation des nécessités de chaque jour, et par la guerre que nous nous ferions entre nous ; tandis que, si nous voulions, au contraire, nous servir des lois égyptiennes, et s'il convenait aux uns de se livrer au travail, aux autres de garantir les possessions des premiers, chacun, tout en restant maître de ce qui lui appartient, accomplirait sa vie au sein d'une félicité parfaite. (21) 9. On pourrait encore avec raison attribuer à Busiris le soin que les Égyptiens apportent à l'étude de la sagesse. C'est lui qui a préparé pour les prêtres l'abondance dans le produit des sacrifices, la vertu dans la chasteté imposée par les lois, le loisir dans l'exemption des dangers de la guerre et des travaux de la paix ; (22) et c'est grâce à de si précieux avantages que les prêtres égyptiens ont découvert un art de guérir qui, se servant de remèdes toujours sans danger, et présentant la même sécurité que les aliments ordinaires, exerce une influence tellement salutaire que, d'un consentement unanime, les Égyptiens sont, de tous les peuples, ceux qui jouissent de la meilleure santé et chez qui la longévité est la plus grande, en même temps que leurs esprits sont disposés à l'étude de cette philosophie également capable d'établir des lois pour les empires et de pénétrer les secrets delà nature. (23) Ajoutons encore que les Égyptiens confiaient aux vieillards les emplois les plus importants, et qu'ils persuadaient aux jeunes gens de négliger les plaisirs pour s'adonner à l'étude de l'astrologie, de l'arithmétique et de la géométrie, sciences qui sont louées par les uns comme utiles pour s'élever à de nouvelles connaissances, et que d'autres s'efforcent de montrer comme ayant la plus grande influence pour arriver à la vertu. (24) 10. Mais c'est principalement pour leur piété et pour le culte qu'ils rendent à la divinité qu'il est juste de louer et d'admirer les Égyptiens. Tous ceux qui cherchent à obtenir, sous le rapport de la sagesse ou de toute autre vertu, une réputation supérieure à celle qu'ils méritent, nuisent à ceux qu'ils trompent ; ceux qui président aux choses saintes de manière à nous faire croire que les soins protecteurs de la divinité et les châtiments qu'elle inflige sont réglés avec une plus grande exactitude qu'ils ne le sont en réalité, contribuent puissamment à l'amélioration de la vie humaine; (25) et nous devons aux sages qui ont su dès l'origine inspirer la crainte des châtiments immédiats, de ne pas vivre entre nous comme des animaux sauvages. Les Égyptiens traitent tout ce qui a rapport à la religion avec tant de sainteté et de majesté, que les serments religieux sont plus sacrés chez eux que chez les autres peuples; ils croient que chaque faute recevra immédiatement sa punition, et personne n'a la pensée que, cette faute échappant à la connaissance du temps présent, le châtiment en soit reporté sur les enfants des coupables. Ce n'est point au hasard que les Égyptiens se sont formé cette opinion, c'est parce que Busiris a établi parmi eux des pratiques de piété aussi variées que nombreuses ; c'est lui qui leur a fait une loi d'honorer et de révérer des animaux méprisés parmi nous, non qu'il ignorât le peu de puissance de ces animaux, mais parce qu'il croyait devoir accoutumer les peuples à se conformer à toutes les prescriptions des magistrats, (27) en même temps qu'il voulait saisir dans les choses apparentes l'indication de leurs dispositions à l'égard de celles qui étaient cachées. Il était convaincu que ceux qui négligeaient les premières pourraient peut-être mépriser aussi celles qui avaient plus d'importance : tandis que ceux qui demeuraient en toutes choses fidèles observateurs de la loi donnaient la preuve que leur piété serait inébranlable. (28) 11. Celui qui ne serait pas obligé de se hâter pourrait rappeler touchant la piété des Égyptiens beaucoup de choses admirables; et je ne suis ni le seul ni le premier qui l'ait remarquée. Beaucoup d'autres l'ont signalée, soit parmi ceux qui vivent, soit parmi ceux qui ont existé autrefois, et Pythagore de Samos est de ce nombre. Ayant été en Égypte et s'étant fait le disciple des Égyptiens, il apporta le premier chez les Grecs cette philosophie étrangère , et acquit une grande célébrité par l'étude de ce qui concerne les sacrifices et les cérémonies observées dans les temples; il pensait que, quand bien même il n'obtiendrait par ce moyen aucune autre faveur des dieux, il recueillerait au moins une grande renommée parmi les hommes. (29) C'est ce qui lui est arrivé : car il a tellement surpassé les philosophes de son temps par sa réputation que tous les jeunes gens désiraient être ses disciples , et que les vieillards éprouvaient plus de plaisir à voir leurs enfants fréquenter son école qu'à les voir occupés de soins domestiques. Il est impossible d'en douter, puisqu'encore aujourd'hui, alors même qu'ils se taisent, on admire ceux qui se donnent pour ses disciples, plus que ceux qui jouissent de la plus haute célébrité par leur éloquence.


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Dernière mise à jour : 16/10/2008