[20] Ἀλλὰ νὴ Δία ἐπειδὴ τούτων οὐδὲν ἐποίησε,
τὴν οὐσίαν τοῦ Νικοστράτου διεχείρισεν; Ἀλλὰ καὶ ταῦτα μεμαρτύρηται ὑμῖν,
καὶ τὰ πλεῖστα οὐδ' αὐτὸς ἀρνεῖται. Προφάσεις δὲ οἴομαι ἀναγκαίας ἐφ'
ἑκάστας τῶν πράξεων εὑρῆσθαι· τί γὰρ ὑπολείπεται τῷ διαρρήδην
ὁμολογοῦντι;
(21) Σαφῶς μὲν οὖν ἴστε, ὦ ἄνδρες, ὅτι οὗτοι οὐ δικαίως τῶν Νικοστράτου ἐφίενται,
ἀλλὰ βούλονται μὲν ὑμᾶς ἐξαπατῆσαι, τουτουσὶ δὲ συγγενεῖς ὄντας ἐκείνου, ἃ οἱ νόμοι
ἔδοσαν αὐτοῖς, ἀποστερῆσαι. Οὐ μόνος δὲ Χαριάδης τοῦτο πεποίηκεν, ἀλλὰ καὶ ἄλλοι
πολλοὶ ἤδη τῶν ἐν τῇ ὑπερορίᾳ ἀποθνῃσκόντων οὐδὲ γιγνώσκοντες ἐνίους τῆς
οὐσίας ἠμφισβήτησαν· (22) Ἐνθυμοῦνται γὰρ ὅτι κατορθώσασι μὲν ἔσται τὰ ἀλλότρια
ἔχειν, διαμαρτοῦσι δὲ μικρὸς ὁ κίνδυνος· μαρτυρεῖν δὲ καὶ τὰ ψευδῆ τινες ἐθέλουσιν,
οἱ δ' ἔλεγχοι περὶ ἀφανῶν. Συνελόντι πολὺ τὸ διαφέρον κατὰ γένος ἢ κατὰ δόσιν
ἀμφισβητεῖν. Ἀλλ' ὑμᾶς χρή, ὦ ἄνδρες, πρῶτον μὲν τὰς διαθήκας σκοπεῖν, εἰ δοκοῦσι
γενέσθαι· τοῦτο γὰρ οἵ τε νόμοι ὑφ ηγοῦνται καὶ δικαιότατόν ἐστι. (23) Μὴ σαφῶς δὲ
μήτ' αὐτοὺς τὴν ἀλήθειαν εἰδότας, μήτε τῶν μαρτύρων τοῦ τελευτήσαντος ἐπιτηδείων
ὄντων, ἀλλὰ Χαριάδου τοῦ τἀλλότρια βουλομένου λαβεῖν, τί ἂν εἴη δικαιότερον ἢ τοῖς
συγγενέσι τὰ τοῦ συγγενοῦς ψηφίζεσθαι; Καὶ γὰρ εἴ τι οἵδε ἔπαθον, οὐδενὶ ἂν ἄλλῳ ἢ
Νικοστράτῳ τὰ τούτων ἐγένετο · κατὰ γὰρ τὸ αὐτὸ γένος ἂν ἠμφισβήτει, ἀνεψιὸς ὢν
αὐτοῖς ἐκ πατραδέλφων. (24) Μὰ Δί' ἀλλ' οὐκ ἔστιν ὁ Ἅγνων οὐδ' ὁ Ἁγνόθεος τοῦ
Νικοστράτου συγγενής, ὡς οἱ ἀντίδικοί φασιν, ἀλλ' ἕτεροι. Ἔπειτα τῷ μὲν κατὰ τὴν
δόσιν τοῦ κλήρου λαχόντι μαρτυροῦσιν, αὐτοὶ δὲ κατὰ τὸ γένος οὐκ ἀμφισβητήσουσιν;
Οὐ γὰρ εἰς τοῦτό γε ἀνοίας ἥκουσιν ὥστε πιστεύσαντες ταῖς διαθήκαις οὕτω ῥᾳδίως
τοσούτων χρημάτων ἀφίστανται. Ἀλλὰ μὴν καὶ ἐξ ὧν αὐτοὶ οὗτοι λέγουσι, τούσδε τοῖς
συγγενέσιν αὐτοῖς ἐπιδικάσασθαι συμφέρει τῶν Νικοστράτου μᾶλλον ἢ Χαριάδην. (25)
Εἰς γὰρ τὸν λοιπὸν χρόνον, εἰ μὲν οἵδε κατὰ τὸ γένος ἀμφισβητοῦντες λήψονται τὸν
κλῆρον, ἐξέσται καὶ τούτοις, ὁπόταν βούλωνται, κατὰ τὸ γένος λαχοῦσιν ἐπιδεῖξαι ὑμῖν
ὡς αὐτοὶ ἐγγυτέρω ἦσαν τοῦ Νικοστράτου, καὶ ὡς Σμίκρου ἦν καὶ οὐ Θρασυμάχου·
ἐὰν δὲ Χαριάδης αὐτῶν κληρονομήσῃ, οὐκ ἔσται οὐδενὶ συγγενεῖ ἐπὶ τὰ Νικοστράτου
ἐλθεῖν. Κατὰ δόσιν γὰρ ἔχοντος τοῦ ἐπιδεδικασμένου, τί φανοῦνται λέγοντες οἱ κατὰ τὸ
γένος λαγχάνοντες; (26) Ὅπερ ἂν οὖν καὶ ὑμῶν ἕκαστος ἀξιώσειε, τοῦτο καὶ τουτοισὶ
τοῖς νεανίσκοις βεβαιώσατε. Παρέσχοντο δ' ὑμῖν μάρτυρας πρῶτον μὲν ὡς ἀνεψιοί
εἰσιν ἐκ πατραδέλφων Νικοστράτου, ἔπειτα δὲ ὡς οὐδεπώποτε ἐκείνῳ διάφοροι ἦσαν,
ἔτι δὲ καὶ ὡς ἔθαψαν Νικόστρατον, πρὸς δὲ τούτοις ὡς Χαριάδης οὑτοσὶ οὐδαμῶς
οὔτ' ἐνθάδε οὔτ' ἐπὶ στρατεύματι ἐχρῆτο Νικοστράτῳ, ἔτι δὲ καὶ τὴν κοινωνίαν, ᾗ
μάλισθ' οὗτος ἰσχυρίζεται, ψευδῆ οὖσαν. (27) Καὶ ἄνευ τούτων, ὦ ἄνδρες, ἄξιον ὑμῖν
ἐξετάσαι ἑκατέρους αὐτῶν οἷοί εἰσι. Θράσιππος μὲν γὰρ ὁ Ἅγνωνος καὶ Ἁγνοθέου
πατὴρ ἤδη τι καὶ ἐλῃτούργησεν ὑμῖν καὶ εἰσήνεγκε, καὶ ἄλλως σπουδαῖος ἦν πολίτης·
αὐτοὶ δὲ οὗτοι οὔτε ἀποδεδημήκασιν οὐδαμοῖ πώποτε, ὅποι ἂν μὴ ὑμεῖς προστάξητε,
οὔτ' ἐνθάδε μένοντες ἄχρηστοί εἰσι τῇ πόλει, ἀλλὰ καὶ στρατεύονται καὶ εἰσφέρουσι καὶ
τἆλλα πάντα ποιοῦσι τὰ προσταττόμενα καὶ αὑτούς ςὡς πάντες ἴσασἰ κοσμίους
παρέχουσιν, (28) ὥστε πολὺ μᾶλλον τούτους προσήκει κατὰ δόσιν τῶν χρημάτων τῶν
Νικοστράτου ἢ Χαριάδην ἀμφισβητεῖν. Οὗτος γάρ, ὅτ' ἐπεδήμει ἐνθάδε, πρῶτον μὲν
εἰς τὸ δεσμωτήριον ὡς κλέπτης ὢν ἐπ' αὐτοφώρῳ ἀπήχθη, τότε δὲ ἀφεθεὶς μεθ'
ἑτέρων τινῶν ὑπὸ τῶν ἕνδεκα, οὓς δημοσίᾳ ἅπαντας ὑμεῖς ἀπεκτείνατε, πάλιν
ἀπογραφεὶς εἰς τὴν βουλὴν κακουργῶν, ὑποχωρῶν ᾤχετο καὶ οὐχ ὑπήκουσεν, (29)
ἀλλ' ἀπ' ἐκείνου ἑπτακαίδεκα ἐτῶν Ἀθήναζε οὐκ ἀφίκετο, πλὴν ἐπειδὴ Νικόστρατος
ἀπέθανε. Καὶ ὑπὲρ μὲν ὑμῶν οὔτε στρατείαν οὐδεμίαν ἐστράτευται οὔτε εἰσφορὰν
οὐδεμίαν εἰσενήνοχε, πλὴν εἴ τι ἄρα ἐξ ὅτου τῶν Νικοστράτου ἠμφισβήτησεν, οὔτ' ἄλλ'
οὐδὲν ὑμῖν λελῃτούργηκεν. Ἔπειτα τοιοῦτος ὢν οὐκ ἀγαπᾷ εἰ μὴ τῶν ἡμαρτημένων
δίκην δώσει, ἀλλὰ καὶ τῶν ἀλλοτρίων ἀμφισβητεῖ.
| [20] Eh bien,
par Zeus! Chariadès n'a rien fait de tout cela et n'en a pas moins mis la
main sur la fortune de Nicostrate. Tout cela, les témoins vous l'ont
déclaré, et lui-même ne s'en défend pas, au moins pour la plus grande
part. Il a seulement trouvé des prétextes pour justifier toute sa conduite. Il
en avait besoin, ce me semble, car reste-t-il une autre ressource à celui
qui avoue expressément?
21. Vous savez parfaitement, juges, que ces hommes convoitent
sans droit l'héritage de Nicostrate, qu'ils veulent vous tromper et enlever à
mes amis, qui sont les parents de Nicostrate, ce que les lois leur ont
donné. Chariadès n'est pas le seul qui ait fait cela; bien d'autres avant lui
ont revendiqué les successions de personnes mortes en pays étranger, et
que parfois ils ne connaissaient même pas. 22. Ils font ce raisonnement
que s'ils réussissent ils profiteront du bien d'autrui, que s'ils échouent,
après tout il n'y a pas grand danger à courir. On trouve des gens disposés
à faire de faux témoignages, et comment les convaincre de mensonge
quand les faits ne sont pas apparents? En résumé la revendication est
bien différente suivant qu'elle a pour objet une succession ab intestat ou
une succession testamentaire. Votre premier devoir, juges, est d'examiner
s'il y a un testament, car les lois le veulent ainsi et la justice l'exige. 23. Je
suppose qu'il y ait doute et que vous ne sachiez pas la vérité par vous-mêmes,
alors que les témoins sont intimement liés non avec le défunt
mais avec Chariadès, qui veut s'approprier le bien d'autrui, qu'y a-t-il en
ce cas de plus juste que d'adjuger par votre vote à des parents le bien de
leur parent? Car enfin s'il était arrivé malheur à mes amis, leurs biens ne
seraient allés à nul autre que Nicostrate qui les aurait réclamés au même
titre étant leur cousin, leurs pères à eux et à lui étant frères de père. 24.
Mais, s'écrient nos adversaires, ni Hagnon ni Hagnothêe ne sont parents
de Nicostrate. Les parents sont autres. Comment se fait-il alors que ces
autres parents donnent leur témoignage à celui qui réclame la succession
comme légataire, et qu'ils ne réclament pas eux-mêmes comme héritiers
du sang? Certes ils ne sont pas assez insensés pour croire au testament,
et renoncer si facilement à une si grande fortune. Au contraire il apparaît
par ce qu'ils disent eux-mêmes que l'intérêt des parents est de voir la
succession de Nicostrate adjugée à mes amis et non à Chariadès. 25. En
effet, si mes amis recueillent la succession réclamée par eux ab intestat,
ces autres parents aussi pourront un jour, quand ils voudront, former une
demande comme héritiers ab intestat, en vous prouvant qu'ils sont plus
proches en degré à l'égard de Nicostrate, et que Nicostrate était fils de
Smicros et non de Thrasymaque. Mais si c'est Chariadès qui hérite, il ne
sera plus permis à aucun parent de prétendre à la succession de
Nicostrate; en effet, du moment où elle aura été adjugée en vertu d'un
testament, comment pourra-t-elle être sérieusement réclamée par des
gens qui se prétendent héritiers ab intestat? 26. Assurez donc à ces
jeunes gens ce que chacun de vous réclamerait pour lui-même. Ils vous
ont produit des témoins qui déclarent en premier lieu qu'ils sont cousins
de Nicostrate, leurs pères étant frères de père, en second lieu qu'ils n'ont
jamais eu de différend avec Nicostrate; en outre, qu'ils ont rendu à
Nicostrate les derniers devoirs, que d'ailleurs Chariadès que voici n'a
jamais été le familier de Nicostrate, ni ici ni à l'armée, qu'enfin la société,
qu'il fait valoir comme son principal argument, est un mensonge. 27. Mais
laissons tout cela, juges. ll convient d'examiner encore l'une et l'autre
partie, et de voir qui vous avez devant vous. Thrasippe, le père d'Hagnon
et d'Hagnothée, vous avait déjà fourni des liturgies et des contributions, et
s'était d'ailleurs montré citoyen dévoué. Pour eux, ils ne se sont jamais,
en aucun temps, absentés d'Athènes, si ce n'est par votre ordre ; et
restant ici ils ne sont pas inutiles pour cette ville. Service militaire,
contributions, ils s'acquittent de tout ce qui leur est commandé, leur
conduite est, comme chacun sait, irréprochable. 28. A ce point ils
seraient bien mieux qualifiés que Chariadès, pour réclamer les biens de
Nicostrate en vertu d'un testament. En effet Chariadès, lorsqu'il vivait ici, a
commencé par se faire mener en prison, comme pris en flagrant délit de
vol; mis en liberté avec quelques autres, par les Onze, ceux-là mêmes
que vous avez tous mis à mort par un décret du peuple, dénoncé ensuite
au Sénat comme malfaiteur, il a pris la fuite au lieu d'obéir à la
citation. 29. Il est resté depuis lors dix-sept ans sans revenir à Athènes,
jusqu'à la mort de Nicostrate. Il ne vous a jamais servis ni en prenant part
à une expédition, ni en fournissant une contribution quelconque, à
l'exception de ce qu'il a pu verser depuis qu'il a réclamé les biens de
Nicostrate ; il n'a supporté non plus aucune liturgie. Après cela, étant ce
qu'il est, c'est peu pour lui de ne pas porter la peine de ses méfaits, il
réclame encore le bien d'autrui.
|