[10] Καὶ οἱ μὲν εὐθὺς κατὰ τὰ πρῶτα ἐπὶ τὰ Νικοστράτου ᾄξαντες οὗτοί εἰσι·
Χαριάδης δὲ τότε μὲν οὐδαμοῦ ἠμφισβήτησεν, ὕστερον δὲ οὐ μόνον αὐτὸς
ἀλλὰ καὶ τὸ ἐκ τῆς ἑταίρας παιδίον εἰσποιῶν ἦλθε. Ταὐτὸ δ' ἦν αὐτῷ ὡς ἢ τῶν
χρημάτων κληρονομήσοντι ἢ τὸ παιδίον ἀστὸν ποιήσοντι. Αἰσθόμενος δὲ
καὶ οὗτος ὅτι περὶ τοῦ γένους ἐλεγχθήσοιτο, τὴν μὲν τοῦ παιδίου
ἀμφισβήτησιν παρέλυσεν, ἑαυτῷ δὲ κατὰ δόσιν παρακατέβαλεν.
(11) Ἐχρῆν μὲν οὖν, ὦ ἄνδρες, ὅστις κατὰ δόσιν χρημάτων
ἀμφισβητῶν ἡττηθείη, μὴ κατὰ τὸ τέλος ζημιοῦσθαι, ἀλλ' ἐφ' ὅσα περ
ληψόμενος ᾖει, τοσαῦτα τῇ πόλει ἀποτίνειν· οὕτω γὰρ οὔθ' οἱ νόμοι
κατεφρονοῦντο οὔτε τὰ γένη ὑβρίζετο, πρὸ δὲ τούτων οὐδ' ἂν τῶν
τεθνεώτων οὐδεὶς κατεψεύδετο. Ἐπειδὴ δὲ ἅπασι καὶ τῶν ἀλλοτρίων
ἁπάντων, καθ' ὅ τι ἄν τις βούληται, ἀμφισβητεῖν ἔξεστιν, ὑμᾶς χρὴ περὶ
αὐτῶν ὡς οἷόν τ' ἀκριβέστατα ἐξετάζειν καὶ μηδὲν εἰς ὅσον δύνασθε
παραλείπειν. (12) Ἐν μόναις δὲ ταῖς τῶν κλήρων εἰσαγωγαῖς δοκεῖ μοι
προσήκειν τεκμηρίοις μᾶλλον ἢ μάρτυσι πιστεύειν. Περὶ μὲν γὰρ τῶν
ἄλλων συμβολαίων οὐ πάνυ χαλεπὸν τοὺς τὰ ψευδῆ μαρτυροῦντας
ἐλέγχειν· ζῶντος γὰρ καὶ παρόντος τοῦ πράξαντος καταμαρτυροῦσι· περὶ
δὲ τῶν διαθηκῶν πῶς ἄν τις γνοίη τοὺς μὴ τἀληθῆ λέγοντας, εἰ μὴ πάνυ
μεγάλα τὰ διαφέροντα εἴη, αὐτοῦ μὲν καθ' οὗ μαρτυροῦσι τεθνεῶτος, τῶν
δὲ συγγενῶν μηδὲν τῶν πεπραγμένων εἰδότων, τοῦ δὲ ἐλέγχου μηδαμῶς
ἀκριβοῦς γιγνομένου; (13) Ἔτι δέ, ὦ ἄνδρες, καὶ τῶν διατιθεμένων οἱ
πολλοὶ οὐδὲ λέγουσι τοῖς παραγιγνομένοις ὅ τι διατίθενται, ἀλλ' αὐτοῦ
μόνου, τοῦ καταλιπεῖν διαθήκας, μάρτυρας παρίστανται, τοῦ δὲ
συμβαίνοντός ἐστι καὶ γραμματεῖον ἀλλαγῆναι καὶ τἀναντία ταῖς τοῦ
τεθνεῶτος διαθήκαις μεταγραφῆναι· οὐδὲν γὰρ μᾶλλον οἱ μάρτυρες
εἴσονται, εἰ ἐφ' αἷς ἐκλήθησαν διαθήκαις, αὗται ἀποφαίνονται. (14) Ὁπότε
δὲ καὶ τοὺς ὁμολογουμένως παραγενομένους οἷόν τ' ἐστὶν ἐξαπατῆσαι,
πῶς οὐκ ἂν ὑμᾶς γε τοὺς μηδὲν τοῦ πράγματος εἰδότας πολὺ μᾶλλον
ἑτοιμότερόν τις παρακρούσασθαι ἐγχειρήσειεν ;
Ἀλλὰ μὴν καὶ ὁ νόμος, ὦ ἄνδρες, οὐκ ἐάν τις διαθῆται μόνον, κυρίας
εἶναι κελεύει τὰς διαθήκας, ἀλλὰ ἐὰν εὖ φρονῶν. Σκεπτέον δὴ ὑμῖν πρῶτον
μὲν εἰ ἐποιήσατο τὰς διαθήκας, ἔπειτα εἰ μὴ παρανοῶν διέθετο. (15)
Ἀντιλεγόντων δ' ἡμῶν μηδὲ τὸ παράπαν γενέσθαι τὰς διαθήκας, ἐκ τίνος
ἂν τρόπου, εἴ τις παρανοῶν διέθετο, γνοίητε, πρὶν περὶ αὐτοῦ τοῦ
διαθέσθαι πιστεῦσαι; Τοὺς μὲν οὖν κατὰ τὴν δόσιν ἀμφισβητοῦντας ὁρᾶτε
ὅσον ἔργον ἐστὶν αἰσθέσθαι εἰ ἀληθῆ λέγουσι, τοὺς δὲ κατὰ τὸ γένος
πρῶτον μὲν οὐδὲν δεῖ μάρτυρας παρασχέσθαι ὡς αὑτῶν ἐστιν ὁ κλῆρος
ςπαρὰ πάντων γὰρ ὡμολόγηται τοῖς ἐγγυτάτω γένους τὰ τοῦ
τελευτήσαντος γίγνεσθαἰ, (16) ἔπειτα οἱ νόμοι οὐ μόνον οἱ περὶ τῶν γενῶν
ἀλλὰ καὶ οἱ περὶ τῶν δόσεων τοῖς συγγενέσι βοηθοῦσι. Δοῦναι μὲν γὰρ ὁ
νόμος οὐδενὶ ἐᾷ τὰ ἑαυτοῦ, ἐὰν ὑπὸ γήρως ἢ ὑπὸ νόσου ἢ ὑπὸ τῶν ἄλλων
ἃ καὶ ὑμεῖς ἴστε παρανοήσῃ· κατὰ δὲ τὸ γένος καὶ τὰ τοῦ ὁπωσοῦν
διακειμένου ὁ ἐγγύτατα γένους ἀναμφισβητήτως λαμβάνει. (17) Χωρὶς δὲ
τούτων ταῖς μὲν διαθήκαις διὰ μαρτύρων ὑμᾶς δεῖ πιστεῦσαι, ὑφ' ὧν ἔνι καὶ
ἐξαπατηθῆναι ιοὐ γὰρ ἂν ἦσαν ψευδομαρτυρίων ἐπισκήψεισσ, τῇ δ'
ἀγχιστείᾳ δι' ὑμῶν αὐτῶν· κατὰ γὰρ τοὺς νόμους οἱ συγγενεῖς
ἀμφισβητοῦσιν, οὓς ὑμεῖς ἔθεσθε. (18) Πρὸς δὲ τούτοις, ὦ ἄνδρες, εἰ μὲν
οἱ κατὰ τὰς διαθήκας ἀμφισβητοῦντες ὁμολογουμένως Νικοστράτῳ
ἐπιτήδειοι ὄντες ἐτύγχανον, τὸ μὲν ἀκριβὲς οὐδ' ἂν οὕτως, ὅμως μέντοι
μᾶλλον εἰκὸς ἦν ἀληθεῖς εἶναι δόξειν τὰς διαθήκας· ἤδη γάρ τινες οὐκ εὖ
διακείμενοι τοῖς συγγενέσιν ὀθνείους φίλους τῶν πάνυ σφόδρα
προσηκόντων περὶ πλείονος ἐποιήσαντο· νῦν δὲ οὔτε συσσίτους οὔτε
φίλους οὔτ' ἐν τάξει τῇ αὐτῇ ... Τούτων δ' ὑμῖν μάρτυρας ἁπάντων
παρεσχήμεθα. (19) Ὃ δὲ μέγιστον, καὶ μάλιστα τῆς Χαριάδου ἀναιδείας
καταμαρτυρεῖ, τοῦτο σκέψασθε. Ὅπου γὰρ τὸν αὑτὸν ποιησάμενον οὔτ'
ἀποθανόντα ἀνείλετο οὔτ' ἔκαυσεν οὔτε ὠστολόγησεν, ἀλλὰ πάντα τοῖς
μηδὲν προσήκουσι παρῆκε ποιῆσαι, πῶς οὐκ ἂν ἀνοσιώτατος εἴη, ὃς τῷ
τεθνεῶτι μηδὲν τῶν νομιζομένων ποιήσας τῶν χρημάτων αὐτοῦ
κληρονομεῖν ἀξιοῖ;
| [10] Voilà ceux qui dans les premiers moments se sont jetés sur la fortune de Nicostrate. Quant à Chariadès il n'a soulevé, alors aucune contestation. C'est plus
tard qu'il s'est présenté, en son nom d'abord, puis comme voulant lui créer
pour fils adoptif l'enfant d'une courtisane. Il espérait par là de deux choses
l'une, ou bien devenir lui-même héritier ou bien faire de cet enfant un
citoyen, mais il s'aperçut, lui aussi, qu'il succomberait sur la question
d'état civil, aussi il abandonna la contestation soulevée au nom de
l'enfant, et forma une demande pour lui-même comme légataire.
11. En vérité, juges, quand on revendique une succession comme
légataire et qu'on perd son procès, il faudrait que le taux de l'amende à
payer ne fût pas limité. On devrait payer à l'État une somme égale à celle
qu'on est venu réclamer. De la sorte les lois ne seraient pas méprisées,
les droits de la parenté ne seraient pas foulés aux pieds; surtout la
mémoire des défunts ne serait jamais calomniée. Puisqu'il en est
autrement, puisqu'il est permis à tous de revendiquer tout ce qui
appartient à autrui, ainsi qu'ils le jugent à propos, c'est vous qui devez
examiner ces choses avec toute l'exactitude dont vous êtes capables et
ne rien négliger s'il est possible. 12. Or, dans les actions relatives aux
successions il y a cela de particulier à mon sens, qu'il convient d'ajouter
foi aux indices plus qu'aux témoins. En effet, dans les autres affaires, il
n'est pas très difficile de convaincre les faux témoins, puisque celui contre
qui ils déposent, celui qui a fait l'acte est là vivant et présent. Mais quand
il s'agit d'un testament, comment connaître ceux qui ne disent pas la
vérité, à moins que l'intérêt ne soit très grand, quand celui contre qui les
témoins déposent est mort, que les parents ne savent rien de ce qui s'est
passé et que la preuve contraire ne peut être faite exactement? 13. Il y a
plus, juges; en général, quand on fait son testament on ne dit pas aux
personnes présentes quelles en sont les dispositions. On ne fait venir des
témoins que pour constater un fait unique, à savoir qu'on laisse un
testament. Un hasard peut faire qu'il y ait substitution d'un écrit à un autre,
ou que des dispositions nouvelles soient introduites après coup, en
contradiction avec celles qu'avait prises le défunt. Les témoins, en effet,
ne savent pas mieux que d'autres si le testament produit est bien celui
pour lequel ils ont été appelés. 14. Or, s'il est possible de tromper ceux
qui ont, de l'aveu de tous, assisté à l'acte, comment n'essaierait-on pas,
chose bien plus aisée, de vous faire tomber dans un piège, vous qui ne
savez rien de l'affaire?
Voyez encore ceci, juges. La loi ne dit pas que quand un homme
aura testé, cela suffira pour que son testament soit valable. Elle exige qu'il
ait testé étant sain l'esprit. Vous avez donc à examiner d'abord s'il a
réellement fait le testament, et ensuite s'il n'était pas hors de son bon sens
lorsqu'il a testé. 15. Quand donc nous venons dire qu'il n'y a pas eu de
testament du tout, comment vous y prendrez-vous pour savoir si le
testateur était hors de son bon sens avant d'avoir admis l'existence d'un
testament? Vous voyez par là combien il importe de vérifier si ceux qui
revendiquent comme légataires disent bien la vérité. Tout autre est la
condition de ceux qui réclament comme héritiers du sang. D'abord ils
n'ont pas besoin de produire des témoins pour prouver que la succession
leur appartient. En effet, tout le monde reconnaît que les biens du défunt
appartiennent aux plus proches parents. 16. Ensuite les lois viennent
toujours en aide aux héritiers du sang, celles qui régissent les dons et
legs comme celles qui constituent la famille. En effet, la loi ne permet pas
qu'on donne son bien si on a l'esprit troublé par l'âge ou la maladie ou par
une des autres causes que vous connaissez. Au contraire lorsqu'il s'agit
d'une succession ab intestat, le plus proche parent la recueille sans
difficulté, quel qu'ait été l'état d'esprit du défunt. 17. En outre c'est sur la
foi des témoins que vous croyez à l'existence d'un testament; or, il peut se
faire que les témoins vous trompent, autrement il n'y aurait jamais de
poursuites pour faux témoignage, tandis que sur le fait de la proximité
vous n'en croyez que vous-mêmes, car les héritiers du sang suivent dans
leurs revendications les lois que vous-mêmes avez faites. 18. Ce n'est
pas tout encore, juges. Si ceux qui revendiquent en invoquant le
testament étaient reconnus avoir été dans l'intimité de Nicostrate, ce ne
serait pas là sans doute une preuve, mais pourtant ce serait une
présomption en faveur de la sincérité du testament. En effet, on a vu plus
d'une fois des gens mal disposés à l'égard de leurs familles, préférer des
amis étrangers à des parents qui les touchaient de très près. Aujourd'hui il
ne s'agit ni de commensaux, ni d'amis, ni de compagnons d'armes. Sur
tous ces points nous vous avons produit des témoins. 19. Mais voici ce
qu'il y a de plus fort, et qui met dans tout son jour l'impudence de
Chariadès. Considérez ceci. Quand il n'a ni pris part au convoi funèbre, ni
allumé le bûcher, ni recueilli les cendres de celui qui était son père
adoptif, quand il a laissé faire toutes ces choses par des gens qui ne
tenaient même pas au défunt, comment ne pas reconnaître qu'il oublié
tous ses devoirs, lui qui, sans avoir accompli l'honneur du défunt aucune
des cérémonies d'usage, prétend recueillir sa succession?
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