[13,100] ἔκτοθεν· ἔντοσθεν δέ τ᾽ ἄνευ δεσμοῖο μένουσι
νῆες ἐΰσσελμοι, ὅτ᾽ ἂν ὅρμου μέτρον ἵκωνται.
αὐτὰρ ἐπὶ κρατὸς λιμένος τανύφυλλος ἐλαίη,
ἀγχόθι δ᾽ αὐτῆς ἄντρον ἐπήρατον ἠεροειδές,
ἱρὸν νυμφάων αἱ νηϊάδες καλέονται.
105 ἐν δὲ κρητῆρές τε καὶ ἀμφιφορῆες ἔασιν
λάϊνοι· ἔνθα δ᾽ ἔπειτα τιθαιβώσσουσι μέλισσαι.
ἐν δ᾽ ἱστοὶ λίθεοι περιμήκεες, ἔνθα τε νύμφαι
φάρε᾽ ὑφαίνουσιν ἁλιπόρφυρα, θαῦμα ἰδέσθαι·
ἐν δ᾽ ὕδατ᾽ ἀενάοντα. δύω δέ τέ οἱ θύραι εἰσίν,
110 αἱ μὲν πρὸς Βορέαο καταιβαταὶ ἀνθρώποισιν,
αἱ δ᾽ αὖ πρὸς Νότου εἰσὶ θεώτεραι· οὐδέ τι κείνῃ
ἄνδρες ἐσέρχονται, ἀλλ᾽ ἀθανάτων ὁδός ἐστιν.
ἔνθ᾽ οἵ γ᾽ εἰσέλασαν, πρὶν εἰδότες· ἡ μὲν ἔπειτα
ἠπείρῳ ἐπέκελσεν, ὅσον τ᾽ ἐπὶ ἥμισυ πάσης,
115 σπερχομένη· τοῖον γὰρ ἐπείγετο χέρσ᾽ ἐρετάων·
οἱ δ᾽ ἐκ νηὸς βάντες ἐϋζύγου ἤπειρόνδε
πρῶτον Ὀδυσσῆα γλαφυρῆς ἐκ νηὸς ἄειραν
αὐτῷ σύν τε λίνῳ καὶ ῥήγεϊ σιγαλόεντι,
κὰδ δ᾽ ἄρ᾽ ἐπὶ ψαμάθῳ ἔθεσαν δεδμημένον ὕπνῳ,
120 ἐκ δὲ κτήματ᾽ ἄειραν, ἅ οἱ Φαίηκες ἀγαυοὶ
ὤπασαν οἴκαδ᾽ ἰόντι διὰ μεγάθυμον Ἀθήνην.
καὶ τὰ μὲν οὖν παρὰ πυθμέν᾽ ἐλαίης ἀθρόα θῆκαν
ἐκτὸς ὁδοῦ, μή πώς τις ὁδιτάων ἀνθρώπων,
πρίν γ᾽ Ὀδυσῆ᾽ ἔγρεσθαι, ἐπελθὼν δηλήσαιτο·
125 αὐτοὶ δ᾽ αὖτ᾽ οἶκόνδε πάλιν κίον. οὐδ᾽ ἐνοσίχθων
λήθετ᾽ ἀπειλάων, τὰς ἀντιθέῳ Ὀδυσῆϊ
πρῶτον ἐπηπείλησε, Διὸς δ᾽ ἐξείρετο βουλήν·
"Ζεῦ πάτερ, οὐκέτ᾽ ἐγώ γε μετ᾽ ἀθανάτοισι θεοῖσι
τιμήεις ἔσομαι, ὅτε με βροτοὶ οὔ τι τίουσιν,
130 Φαίηκες, τοί πέρ τοι ἐμῆς ἔξ εἰσι γενέθλης.
καὶ γὰρ νῦν Ὀδυσῆ᾽ ἐφάμην κακὰ πολλὰ παθόντα
οἴκαδ᾽ ἐλεύσεσθαι· νόστον δέ οἱ οὔ ποτ᾽ ἀπηύρων
πάγχυ, ἐπεὶ σὺ πρῶτον ὑπέσχεο καὶ κατένευσας.
οἱ δ᾽ εὕδοντ᾽ ἐν νηῒ θοῇ ἐπὶ πόντον ἄγοντες
135 κάτθεσαν εἰν Ἰθάκῃ, ἔδοσαν δέ οἱ ἄσπετα δῶρα,
χαλκόν τε χρυσόν τε ἅλις ἐσθῆτά θ᾽ ὑφαντήν,
πόλλ᾽, ὅσ᾽ ἂν οὐδέ ποτε Τροίης ἐξήρατ᾽ Ὀδυσσεύς,
εἴ περ ἀπήμων ἦλθε, λαχὼν ἀπὸ ληΐδος αἶσαν."
τὸν δ᾽ ἀπαμειβόμενος προσέφη νεφεληγερέτα Ζεὺς·
140 "ὢ πόποι, ἐννοσίγαι᾽ εὐρυσθενές, οἷον ἔειπες.
οὔ τί σ᾽ ἀτιμάζουσι θεοί· χαλεπὸν δέ κεν εἴη
πρεσβύτατον καὶ ἄριστον ἀτιμίῃσιν ἰάλλειν.
ἀνδρῶν δ᾽ εἴ πέρ τίς σε βίῃ καὶ κάρτεϊ εἴκων
οὔ τι τίει. σοὶ δ᾽ ἐστὶ καὶ ἐξοπίσω τίσις αἰεί.
145 ἔρξον ὅπως ἐθέλεις καί τοι φίλον ἔπλετο θυμῷ."
τὸν δ᾽ ἠμείβετ᾽ ἔπειτα Ποσειδάων ἐνοσίχθων·
"αἶψά κ᾽ ἐγὼν ἔρξαιμι, κελαινεφές, ὡς ἀγορεύεις·
ἀλλὰ σὸν αἰεὶ θυμὸν ὀπίζομαι ἠδ᾽ ἀλεείνω.
νῦν αὖ Φαιήκων ἐθέλω περικαλλέα νῆα,
| [13,100] à l'intérieur les vaisseaux aux solides bordages y peuvent
rester sans amarre, quand ils ont atteint le point où se jette l'ancre.
A l'entrée du port, un olivier déploie son feuillage et tout près s'ouvre
une grotte aimable et sombre, consacrée aux nymphes,
qu'on appelle Naïades. On y voit des cratères, des amphores
à deux anses, en pierre, où les abeilles font leur miel,
et de longs métiers de pierre, où les nymphes tissent,
merveille pour les yeux, des étoffes, teintes au pourpre
de mer; on y voit encore des sources jamais taries; et
cet antre a deux portes : par l'une, du côté de Borée,
peuvent descendre les hommes; l'autre, du côté de Notos,
est réservée aux dieux: les hommes ne passent point par
là, c'est le chemin des Immortels.
Dans ce port entrent les Phéaciens, qui déjà le connaissaient.
La nef s'échoua sur la grève, hors de l'eau jusqu'à
moitié, tel était l'élan dont se hâtaient de la pousser les
bras des rameurs. Eux, débarquant du vaisseau à la
coque bien charpentée, déposèrent d'abord sur le rivage
Ulysse, qu'ils avaient soulevé hors de la nef creuse
avec le drap de lin et la couverture moirée; ils le placèrent
sur le sable, encore dompté par le sommeil, puis débarquèrent
les richesses, dont l'avaient pourvu les nobles
Phéaciens, pour son retour en son logis, grâce à la magnanime
Athéné. Ils les mirent en tas au pied de l'olivier,
hors du chemin, de peur qu'un passant ne vînt les détruire,
avant le réveil d'Ulysse.
Et eux, s'en retournaient en leurs maisons.
Mais l'Ébranleur de la terre n'avait pas oublié les
menaces, autrefois par lui lancées contre le divin Ulysse,
et il alla prendre conseil de Zeus. « Zeus, mon père,
je ne serai plus en honneur parmi les dieux immortels,
puisque des mortels n'ont de moi aucun respect, les
Phéaciens, qui pourtant sont issus de ma descendance.
Je me disais bien que maintenant même, Ulysse, après
avoir souffert tant de maux, rentrerait au logis; je ne
l'ai jamais privé du retour, au moins tout à fait, puisqu'une
fois, tu lui en as fait la promesse appuyée d'un
signe de ta tête. Mais ceux-ci, l'ayant conduit dans un
rapide vaisseau sur la mer, l'ont déposé endormi en
Ithaque, et lui ont fait des présents innombrables,
bronze, or par monceaux, vêtements tissés, bien plus
qu'Ulysse n'en eût jamais emporté de Troie, s'il en était
revenu sans encombre, après avoir obtenu du sort sa part du butin. »
Zeus, assembleur des nues, lui dit en réponse : « Ah !
vraiment ! Qu'as-tu dit, toi, l'Ébranleur de la terre, dont
la force se fait sentir au loin? Les dieux ne te manquent
point de respect. Il ferait beau voir qu'on outrageât le
plus ancien, le plus vaillant. Et si, parmi les hommes,
quelqu'un écoutant trop sa force et son audace oublie
de te respecter, l'avenir t'offre toujours des moyens de
te venger. Fais donc comme tu veux et comme le désir
t'en vint au coeur. »
Posidon, Ébranleur de la terre, lui repartit sur-le-champ :
« J'aurais fait sans tarder comme tu dis, dieu
des sombres nuées, mais je redoute toujours ta colère,
et cherche à l'éviter. Et maintenant, ce beau vaisseau
des Phéaciens, je veux, pendant qu'il revient de convoyer Ulysse,
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