HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant IX

Vers 50-99

  Vers 50-99

[9,50] ἀνδράσι μάρνασθαι καὶ ὅθι χρὴ πεζὸν ἐόντα.
ἦλθον ἔπειθὅσα φύλλα καὶ ἄνθεα γίγνεται ὥρῃ,
ἠέριοι· τότε δή ῥα κακὴ Διὸς αἶσα παρέστη
ἡμῖν αἰνομόροισιν, ἵνἄλγεα πολλὰ πάθοιμεν.
στησάμενοι δἐμάχοντο μάχην παρὰ νηυσὶ θοῇσι,
55 βάλλον δἀλλήλους χαλκήρεσιν ἐγχείῃσιν.
ὄφρα μὲν ἠὼς ἦν καὶ ἀέξετο ἱερὸν ἦμαρ,
τόφρα δἀλεξόμενοι μένομεν πλέονάς περ ἐόντας.
ἦμος δἠέλιος μετενίσσετο βουλυτόνδε,
καὶ τότε δὴ Κίκονες κλῖναν δαμάσαντες Ἀχαιούς.
60 ἓξ δἀφἑκάστης νηὸς ἐυκνήμιδες ἑταῖροι
ὤλονθ᾽· οἱ δἄλλοι φύγομεν θάνατόν τε μόρον τε.
"ἔνθεν δὲ προτέρω πλέομεν ἀκαχήμενοι ἦτορ,
ἄσμενοι ἐκ θανάτοιο, φίλους ὀλέσαντες ἑταίρους.
οὐδἄρα μοι προτέρω νῆες κίον ἀμφιέλισσαι,
65 πρίν τινα τῶν δειλῶν ἑτάρων τρὶς ἕκαστον ἀῦσαι,
οἳ θάνον ἐν πεδίῳ Κικόνων ὕπο δῃωθέντες.
νηυσὶ δἐπῶρσἄνεμον Βορέην νεφεληγερέτα Ζεὺς
λαίλαπι θεσπεσίῃ, σὺν δὲ νεφέεσσι κάλυψε
γαῖαν ὁμοῦ καὶ πόντον· ὀρώρει δοὐρανόθεν νύξ.
70 αἱ μὲν ἔπειτἐφέροντἐπικάρσιαι, ἱστία δέ σφιν
τριχθά τε καὶ τετραχθὰ διέσχισεν ἲς ἀνέμοιο.
καὶ τὰ μὲν ἐς νῆας κάθεμεν, δείσαντες ὄλεθρον,
αὐτὰς δἐσσυμένως προερέσσαμεν ἤπειρόνδε.
ἔνθα δύω νύκτας δύο τἤματα συνεχὲς αἰεὶ
75 κείμεθ᾽, ὁμοῦ καμάτῳ τε καὶ ἄλγεσι θυμὸν ἔδοντες.
ἀλλὅτε δὴ τρίτον ἦμαρ ἐυπλόκαμος τέλεσἨώς,
ἱστοὺς στησάμενοι ἀνά θἱστία λεύκἐρύσαντες
ἥμεθα, τὰς δἄνεμός τε κυβερνῆταί τἴθυνον.
καί νύ κεν ἀσκηθὴς ἱκόμην ἐς πατρίδα γαῖαν·
80 ἀλλά με κῦμα ῥόος τε περιγνάμπτοντα Μάλειαν
καὶ Βορέης ἀπέωσε, παρέπλαγξεν δὲ Κυθήρων.
"ἔνθεν δἐννῆμαρ φερόμην ὀλοοῖς ἀνέμοισιν
πόντον ἐπἰχθυόεντα· ἀτὰρ δεκάτῃ ἐπέβημεν
γαίης Λωτοφάγων, οἵ τἄνθινον εἶδαρ ἔδουσιν.
85 ἔνθα δἐπἠπείρου βῆμεν καὶ ἀφυσσάμεθὕδωρ,
αἶψα δὲ δεῖπνον ἕλοντο θοῇς παρὰ νηυσὶν ἑταῖροι.
αὐτὰρ ἐπεὶ σίτοιό τἐπασσάμεθἠδὲ ποτῆτος,
δὴ τοτἐγὼν ἑτάρους προΐειν πεύθεσθαι ἰόντας,
οἵ τινες ἀνέρες εἶεν ἐπὶ χθονὶ σῖτον ἔδοντες
90 ἄνδρε δύω κρίνας, τρίτατον κήρυχἅμὀπάσσας.
οἱ δαἶψοἰχόμενοι μίγεν ἀνδράσι Λωτοφάγοισιν·
οὐδἄρα Λωτοφάγοι μήδονθἑτάροισιν ὄλεθρον
ἡμετέροις, ἀλλά σφι δόσαν λωτοῖο πάσασθαι.
τῶν δὅς τις λωτοῖο φάγοι μελιηδέα καρπόν,
95 οὐκέτἀπαγγεῖλαι πάλιν ἤθελεν οὐδὲ νέεσθαι,
ἀλλαὐτοῦ βούλοντο μετἀνδράσι Λωτοφάγοισι
λωτὸν ἐρεπτόμενοι μενέμεν νόστου τε λαθέσθαι.
τοὺς μὲν ἐγὼν ἐπὶ νῆας ἄγον κλαίοντας ἀνάγκῃ,
νηυσὶ δἐνὶ γλαφυρῇσιν ὑπὸ ζυγὰ δῆσα ἐρύσσας.
[9,50] et savaient combattre leurs ennemis sur un char et, si besoin était, à pied. Ils arrivèrent donc un matin au crépuscule, nombreux comme les feuilles et les fleurs dans la saison. AIors, Zeus nous infligea le malheur d'une terrible destinée, pour nous faire éprouver maintes souffrances. Les Cicones engagèrent le combat en bon ordre sur le flanc de nos vaisseaux rapides; on se lançait mutuellement des javelots de bronze. Pendant l'aurore et la montée du jour sacré, nous leur résistions et tenions ferme contre les ennemis plus nombreux; mais quand le soleil s'inclina vers l'heure de dételer les boeufs, alors ils firent fléchir et domptèrent les Achéens. Sur chaque vaisseau, six de mes compagnons aux bonnes jambières périrent; nous autres, nous fuyions loin de la mort et du destin. Dès lors, nous voguions de l'avant, le coeur affligé par la perte de nos compagnons, heureux pourtant d'avoir évité la mort. Mais je ne laissai pas mes nefs en forme de croissant aller plus loin sans appeler d'abord et par trois fois chacun de nos malheureux compagnons, qui avaient péri sur la plage, tués par les Cicones. Puis Zeus, assembleur de nuées, lança contre nos vaisseaux un Borée qui soufflait en indicible ouragan, et il couvrit de nuages à la fois la terre et la mer; du ciel s'était précipitée la nuit. Les nefs étaient emportées, la proue inclinée et les voiles se déchirèrent en trois et quatre lambeaux par la violence du vent. On les amène aux vaisseaux par crainte de périr, et l'on fait force de rames pour gagner la terre. Alors deux nuits et deux jours, sans trêve nous restâmes prostrés, nous rongeant le coeur tout ensemble de fatigue et de chagrin. Mais, quand Aurore aux belles boucles eut fait naître le troisième jour, ayant dressé les mâts et déployé les voiles blanches, nous prenions nos places, et le vent et les pilotes dirigeaient les nefs. Et peut-être serais-je arrivé sans dommage à la terre paternelle; mais les flots, le courant et Borée me détournèrent, comme je doublais le Malée, et m'égarèrent au delà de Cythère. Dès lors, neuf jours durant, je fus emporté par des vents funestes sur la mer poissonneuse; puis, le dixième on mit le pied sur la terre des Lotophages, qui pour nourriture ont des fleurs. Là, nous marchâmes sur le continent; on puisa de l'eau, et, bien vite, mes compagnons prirent leur repas sur les vaisseaux rapides. Mais, quand nous eûmes mangé notre pain et bu notre boisson, alors je les envoyai reconnaître quels mangeurs de pain habitaient cette terre; j'avais choisi deux hommes, et leur avais donné pour troisième un héraut. Et partant aussitôt, ils allèrent se mêler aux Lotophages. Ceux-ci ne voulaient point leur mort; mais ils leur donnèrent du lotos à manger; or, quiconque en avait mangé le fruit doux comme le miel, ne voulait plus rapporter les nouvelles ni s'en revenir, mais rester là parmi les Lotophages, à se repaître du lotos dans l'oubli du retour. Et je dus, moi, les ramener de force tout en larmes à leurs vaisseaux; je les tirai et les attachai à fond de cale sous les bancs,


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Dernière mise à jour : 6/10/2005