HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant IX

Vers 450-499

  Vers 450-499

[9,450] μακρὰ βιβάς, πρῶτος δὲ ῥοὰς ποταμῶν ἀφικάνεις,
πρῶτος δὲ σταθμόνδε λιλαίεαι ἀπονέεσθαι
ἑσπέριος· νῦν αὖτε πανύστατος. σύ γἄνακτος
ὀφθαλμὸν ποθέεις, τὸν ἀνὴρ κακὸς ἐξαλάωσε
σὺν λυγροῖς ἑτάροισι δαμασσάμενος φρένας οἴνῳ,
455 Οὖτις, ὃν οὔ πώ φημι πεφυγμένον εἶναι ὄλεθρον.
εἰ δὴ ὁμοφρονέοις ποτιφωνήεις τε γένοιο
εἰπεῖν ὅππῃ κεῖνος ἐμὸν μένος ἠλασκάζει·
τῷ κέ οἱ ἐγκέφαλός γε διὰ σπέος ἄλλυδις ἄλλῃ
θεινομένου ῥαίοιτο πρὸς οὔδεϊ, κὰδ δέ κἐμὸν κῆρ
460 λωφήσειε κακῶν, τά μοι οὐτιδανὸς πόρεν Οὖτις.᾽
"ὣς εἰπὼν τὸν κριὸν ἀπὸ ἕο πέμπε θύραζε.
ἐλθόντες δἠβαιὸν ἀπὸ σπείους τε καὶ αὐλῆς
πρῶτος ὑπἀρνειοῦ λυόμην, ὑπέλυσα δἑταίρους.
καρπαλίμως δὲ τὰ μῆλα ταναύποδα, πίονα δημῷ,
465 πολλὰ περιτροπέοντες ἐλαύνομεν, ὄφρἐπὶ νῆα
ἱκόμεθ᾽. ἀσπάσιοι δὲ φίλοις ἑτάροισι φάνημεν,
οἳ φύγομεν θάνατον, τοὺς δὲ στενάχοντο γοῶντες.
ἀλλἐγὼ οὐκ εἴων, ἀνὰ δὀφρύσι νεῦον ἑκάστῳ,
κλαίειν, ἀλλἐκέλευσα θοῶς καλλίτριχα μῆλα
470 πόλλἐν νηὶ βαλόντας ἐπιπλεῖν ἁλμυρὸν ὕδωρ.
οἱ δαἶψεἴσβαινον καὶ ἐπὶ κληῖσι καθῖζον,
ἑξῆς δἑζόμενοι πολιὴν ἅλα τύπτον ἐρετμοῖς.
ἀλλὅτε τόσσον ἀπῆν, ὅσσον τε γέγωνε βοήσας,
καὶ τότἐγὼ Κύκλωπα προσηύδων κερτομίοισι·
475 "Κύκλωψ, οὐκ ἄρἔμελλες ἀνάλκιδος ἀνδρὸς ἑταίρους
ἔδμεναι ἐν σπῆι γλαφυρῷ κρατερῆφι βίηφι.
καὶ λίην σέ γἔμελλε κιχήσεσθαι κακὰ ἔργα,
σχέτλι᾽, ἐπεὶ ξείνους οὐχ ἅζεο σῷ ἐνὶ οἴκῳ
ἐσθέμεναι· τῷ σε Ζεὺς τίσατο καὶ θεοὶ ἄλλοι.᾽
480 "ὣς ἐφάμην, δἔπειτα χολώσατο κηρόθι μᾶλλον,
ἧκε δἀπορρήξας κορυφὴν ὄρεος μεγάλοιο,
κὰδ δἔβαλε προπάροιθε νεὸς κυανοπρᾐροιο.
ἐκλύσθη δὲ θάλασσα κατερχομένης ὑπὸ πέτρης·
485 τὴν δαἶψἤπειρόνδε παλιρρόθιον φέρε κῦμα,
πλημυρὶς ἐκ πόντοιο, θέμωσε δὲ χέρσον ἱκέσθαι.
αὐτὰρ ἐγὼ χείρεσσι λαβὼν περιμήκεα κοντὸν
ὦσα παρέξ, ἑτάροισι δἐποτρύνας ἐκέλευσα
ἐμβαλέειν κώπῃς, ἵνὑπὲκ κακότητα φύγοιμεν,
490 κρατὶ κατανεύων· οἱ δὲ προπεσόντες ἔρεσσον.
ἀλλὅτε δὴ δὶς τόσσον ἅλα πρήσσοντες ἀπῆμεν,
καὶ τότε δὴ Κύκλωπα προσηύδων· ἀμφὶ δἑταῖροι
μειλιχίοις ἐπέεσσιν ἐρήτυον ἄλλοθεν ἄλλος·
"᾽σχέτλιε, τίπτἐθέλεις ἐρεθιζέμεν ἄγριον ἄνδρα;
495 ὃς καὶ νῦν πόντονδε βαλὼν βέλος ἤγαγε νῆα
αὖτις ἐς ἤπειρον, καὶ δὴ φάμεν αὐτόθὀλέσθαι.
εἰ δὲ φθεγξαμένου τευ αὐδήσαντος ἄκουσε,
σύν κεν ἄραξἡμέων κεφαλὰς καὶ νήια δοῦρα
μαρμάρῳ ὀκριόεντι βαλών· τόσσον γὰρ ἵησιν.᾽
[9,450] le premier pour arriver à l'eau des rivières; le premier tu désires rentrer à l'étable, le soir; aujourd'hui, te voilà le dernier de tous ! Regrettes-tu l'oeil de ton maître, cet oeil qu'un scélérat a crevé, avec ses maudits compagnons, ayant noyé mes esprits dans le vin, ce Personne qui n'a pas encore, je t'assure, échappé à la mort. Que n'as-tu mes sentiments et la parole, pour me dire où il fuit ma fureur ! Je lui éparpillerais la cervelle partout dans mon antre, en lui frappant la tête sur le sol, et mon coeur trouverait un soulagement aux maux que m'apporte ce vaurien de Personne ! » Ce disant, il poussait devant lui le bélier au dehors. Arrivés à faible distance de l'antre et de la cour, le premier je me déliai du bélier, et je déliai mes compagnons. Sans tarder nous poussons les moutons aux jambes minces, lourds de graisse, par longs détours, jusqu'à notre arrivée au vaisseau. Quelle joie pour nos chers compagnons à revoir ceux qui avaient échappé à la mort, quels cris et quels pleurs sur les autres ! Mais je défends, par un froncement de sourcil à chacun, que l'on pleure, et j'ordonne de jeter vite à bord nombre de moutons à la belle toison et de voguer sur l'eau salée. Mes hommes embarquaient aussitôt et s'asseyaient devant les tolets. Assis à leur rang, ils frappaient de leurs rames la mer écumante. Quand je ne fus pas trop loin pour faire entendre ma voix, j'adressai au Cyclope ces railleries : « Cyclope, ce n'était donc pas d'un homme sans vaillance que tu devais, au creux de ton antre, dévorer les compagnons avec ta sauvage violence ! De méchantes représailles devaient t'atteindre, cruel, qui ne craignais pas de manger des hôtes en ta maison. Aussi Zeus et les autres dieux se sont-ils vengés ! » Ainsi parlais-je; sa colère en fut accrue en son coeur; il arracha le faîte d'une grande montagne et nous le jeta; le roc ne tomba qu'à une faible distance du vaisseau à la proue sombre, et peu s'en fallut qu'il n'atteignît le sommet de l'étambot. Sa chute produisit un remous dans la mer; le flot revint en arrière jusqu'au rivage, flux parti du large, qui nous jeta presque à la côte. Mais moi, saisissant à deux mains une très longue gaffe, j'en écartai notre vaisseau, puis, excitant mes gens, je leur ordonnai de se jeter sur les rames, si nous voulions éviter un malheur, leur marquant la cadence de la tête. Eux, ramaient, penchés en avant. Lorsque nous sommes en mer deux fois plus loin, je veux héler le Cyclope; autour de moi, on cherche à me retenir par d'apaisantes paroles : « Malheureux ! pourquoi veux-tu exaspérer ce sauvage? En jetant ce projectile dans la mer, il vient de ramener notre vaisseau à la côte, et nous avons cru y périr. S'il entendait l'un de nous élever la voix et parler, il aurait tôt fait de briser nos têtes et les ais de notre nef, d'un âpre bloc; car il peut encore nous atteindre. »


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Dernière mise à jour : 6/10/2005