HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant V

Vers 350-399

  Vers 350-399

[5,350] πολλὸν ἀπἠπείρου, αὐτὸς δἀπονόσφι τραπέσθαι."
ὣς ἄρα φωνήσασα θεὰ κρήδεμνον ἔδωκεν,
αὐτὴ δἂψ ἐς πόντον ἐδύσετο κυμαίνοντα
αἰθυίῃ ἐικυῖα· μέλαν δέ κῦμα κάλυψεν.
αὐτὰρ μερμήριξε πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς,
355 ὀχθήσας δἄρα εἶπε πρὸς ὃν μεγαλήτορα θυμόν·
" μοι ἐγώ, μή τίς μοι ὑφαίνῃσιν δόλον αὖτε
ἀθανάτων, τέ με σχεδίης ἀποβῆναι ἀνώγει.
ἀλλὰ μάλοὔ πω πείσομ᾽, ἐπεὶ ἑκὰς ὀφθαλμοῖσιν
γαῖαν ἐγὼν ἰδόμην, ὅθι μοι φάτο φύξιμον εἶναι.
360 ἀλλὰ μάλὧδἔρξω, δοκέει δέ μοι εἶναι ἄριστον·
ὄφρἂν μέν κεν δούρατἐν ἁρμονίῃσιν ἀρήρῃ,
τόφραὐτοῦ μενέω καὶ τλήσομαι ἄλγεα πάσχων·
αὐτὰρ ἐπὴν δή μοι σχεδίην διὰ κῦμα τινάξῃ,
νήξομ᾽, ἐπεὶ οὐ μέν τι πάρα προνοῆσαι ἄμεινον."
365 ἧος ταῦθὥρμαινε κατὰ φρένα καὶ κατὰ θυμόν,
ὦρσε δἐπὶ μέγα κῦμα Ποσειδάων ἐνοσίχθων,
δεινόν τἀργαλέον τε, κατηρεφές, ἤλασε δαὐτόν.
ὡς δἄνεμος ζαὴς ἠΐων θημῶνα τινάξῃ
καρφαλέων· τὰ μὲν ἄρ τε διεσκέδασἄλλυδις ἄλλῃ·
370 ὣς τῆς δούρατα μακρὰ διεσκέδασ᾽. αὐτὰρ Ὀδυσσεὺς
ἀμφἑνὶ δούρατι βαῖνε, κέληθὡς ἵππον ἐλαύνων,
εἵματα δἐξαπέδυνε, τά οἱ πόρε δῖα Καλυψώ.
αὐτίκα δὲ κρήδεμνον ὑπὸ στέρνοιο τάνυσσεν,
αὐτὸς δὲ πρηνὴς ἁλὶ κάππεσε, χεῖρε πετάσσας,
375 νηχέμεναι μεμαώς. ἴδε δὲ κρείων ἐνοσίχθων,
κινήσας δὲ κάρη προτὶ ὃν μυθήσατο θυμόν·
"οὕτω νῦν κακὰ πολλὰ παθὼν ἀλόω κατὰ πόντον,
εἰς κεν ἀνθρώποισι διοτρεφέεσσι μιγήῃς.
ἀλλοὐδὥς σε ἔολπα ὀνόσσεσθαι κακότητος."
380 ὣς ἄρα φωνήσας ἵμασεν καλλίτριχας ἵππους,
ἵκετο δεἰς Αἰγάς, ὅθι οἱ κλυτὰ δώματἔασιν.
αὐτὰρ Ἀθηναίη κούρη Διὸς ἄλλἐνόησεν.
τοι τῶν ἄλλων ἀνέμων κατέδησε κελεύθους,
παύσασθαι δἐκέλευσε καὶ εὐνηθῆναι ἅπαντας·
385 ὦρσε δἐπὶ κραιπνὸν Βορέην, πρὸ δὲ κύματἔαξεν,
ἧος Φαιήκεσσι φιληρέτμοισι μιγείη
διογενὴς Ὀδυσεὺς θάνατον καὶ κῆρας ἀλύξας.
ἔνθα δύω νύκτας δύο τἤματα κύματι πηγῷ
πλάζετο, πολλὰ δέ οἱ κραδίη προτιόσσετὄλεθρον.
390 ἀλλὅτε δὴ τρίτον ἦμαρ ἐυπλόκαμος τέλεσἨώς,
καὶ τότἔπειτἄνεμος μὲν ἐπαύσατο ἠδὲ γαλήνη
ἔπλετο νηνεμίη· δἄρα σχεδὸν εἴσιδε γαῖαν
ὀξὺ μάλα προϊδών, μεγάλου ὑπὸ κύματος ἀρθείς.
ὡς δὅτἂν ἀσπάσιος βίοτος παίδεσσι φανήῃ
395 πατρός, ὃς ἐν νούσῳ κεῖται κρατέρἄλγεα πάσχων,
δηρὸν τηκόμενος, στυγερὸς δέ οἱ ἔχραε δαίμων,
ἀσπάσιον δἄρα τόν γε θεοὶ κακότητος ἔλυσαν,
ὣς Ὀδυσεῖ ἀσπαστὸν ἐείσατο γαῖα καὶ ὕλη,
νῆχε δἐπειγόμενος ποσὶν ἠπείρου ἐπιβῆναι.
[5,350] rejette-le loin de la côte; toi-même alors détourne-toi. » Ayant ainsi parlé, la déesse lui donna son voile; puis elle replongea dans la mer houleuse, sous la forme d'une mouette, et le flot noir la recouvrit. Et l'illustre Ulysse qui avait tant souffert, se mit à réfléchir, et, gémissant, il dit à son coeur magnanime : "Hélas ! pourvu qu'un Immortel n'ourdisse pas contre moi une nouvelle ruse, en m'ordonnant de quitter mon radeau ! Je ne veux pas encore lui obéir; car mes yeux n'ont vu que de trop loin la terre, où, disait-il, est pour moi le salut. Voici ce que je ferai : c'est le parti qui me semble meilleur. Tant que ces planches resteront unies par leurs chevilles, je resterai sur ce radeau, et j'endurerai mes maux. Mais, dès que le flot aura disjoint mon radeau, je nagerai, puisque je n'ai rien de mieux à prévoir". Pendant qu'il agitait ces pensées en son esprit et son coeur, Posidon, l'Ébranleur de la Terre, souleva une grande vague, terrible, effroyable, formant une voûte au-dessus de sa tête, et qui s'écroula sur lui. Quand un fort coup de vent disperse un tas de paille sèche, les chaumes s'éparpillent en tous sens; ainsi la vague dissémina les longues planches. Ulysse monta sur une, la chevauchant comme un cheval de course, et dépouilla les vêtements que lui avait donnés l'auguste Calypso. Aussitôt, il étendit le voile sur sa poitrine, et plongea tête baissée dans la mer, ayant étendu les bras dans le dessein de nager. Le puissant Ébranleur de la Terre le vit, et, hochant la tête, il tint ce discours en son coeur : « Maintenant que tu as souffert tant de maux, erre sur les flots à l'aventure jusqu'à ce que tu te mêles à des hommes, nourrissons de Zeus. Mais même ainsi, tu ne croiras pas, je pense, n'avoir pas eu ton compte de malheur. Ayant dit, il fouetta ses chevaux à la belle crinière, et il atteignit Égée, où il a un palais fameux. Cependant Athéné, la fille de Zeus, conçut un nouveau dessein. Elle entrava la marche des autres vents, ordonnant à tous de faire trêve et de s'endormir, puis elle fit lever un vif Borée et brisa les vagues sur le chemin, afin qu'Ulysse, rejeton de Zeus, pût se mêler aux Phéaciens amis de la rame, après avoir évité la mort et les Kères. Alors, deux nuits et deux jours il dériva sur les puissantes houles, et maintes fois son coeur entrevit la mort. Mais quand Aurore aux belles boucles amena le troisième jour, tout aussitôt le vent cessa, le calme survint sans un souffle, et Ulysse aperçut la terre toute proche; il y jetait des regards perçants du haut d'une grande lame. Comme des enfants éprouvent grande joie à voir revivre un père que la maladie retenait au lit en proie aux âpres souffrances, dont il était depuis longtemps consumé; un génie méchant s'était abattu sur lui : quel ravissement quand les dieux l'ont délivré de son mal ! Aussi ravissantes semblaient à Ulysse la terre et la forêt ! Il se hâta de nager pour prendre pied sur le rivage.


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Dernière mise à jour : 9/09/2005