HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant II

Vers 300-399

  Vers 300-399

[2,300] αἶγας ἀνιεμένους σιάλους θεὕοντας ἐν αὐλῇ.
Ἀντίνοος δἰθὺς γελάσας κίε Τηλεμάχοιο,
ἔν τἄρα οἱ φῦ χειρί, ἔπος τἔφατἔκ τὀνόμαζε·
"Τηλέμαχὑψαγόρη, μένος ἄσχετε, μή τί τοι ἄλλο
ἐν στήθεσσι κακὸν μελέτω ἔργον τε ἔπος τε,
305 ἀλλά μοι ἐσθιέμεν καὶ πινέμεν, ὡς τὸ πάρος περ.
ταῦτα δέ τοι μάλα πάντα τελευτήσουσιν Ἀχαιοί,
νῆα καὶ ἐξαίτους ἐρέτας, ἵνα θᾶσσον ἵκηαι
ἐς Πύλον ἠγαθέην μετἀγαυοῦ πατρὸς ἀκουήν."
τὸν δαὖ Τηλέμαχος πεπνυμένος ἀντίον ηὔδα·
310 "Ἀντίνο᾽, οὔ πως ἔστιν ὑπερφιάλοισι μεθὑμῖν
δαίνυσθαί τἀκέοντα καὶ εὐφραίνεσθαι ἕκηλον.
οὐχ ἅλις ὡς τὸ πάροιθεν ἐκείρετε πολλὰ καὶ ἐσθλὰ
κτήματἐμά, μνηστῆρες, ἐγὼ δἔτι νήπιος ἦα;
νῦν δὅτε δὴ μέγας εἰμὶ καὶ ἄλλων μῦθον ἀκούων
315 πυνθάνομαι, καὶ δή μοι ἀέξεται ἔνδοθι θυμός,
πειρήσω, ὥς κὔμμι κακὰς ἐπὶ κῆρας ἰήλω,
ἠὲ Πύλονδἐλθών, αὐτοῦ τῷδἐνὶ δήμῳ.
εἶμι μέν, οὐδἁλίη ὁδὸς ἔσσεται ἣν ἀγορεύω,
ἔμπορος· οὐ γὰρ νηὸς ἐπήβολος οὐδἐρετάων
320 γίγνομαι· ὥς νύ που ὔμμιν ἐείσατο κέρδιον εἶναι."
ῥα, καὶ ἐκ χειρὸς χεῖρα σπάσατἈντινόοιο
ῥεῖα· μνηστῆρες δὲ δόμον κάτα δαῖτα πένοντο.
οἱ δἐπελώβευον καὶ ἐκερτόμεον ἐπέεσσιν.
ὧδε δέ τις εἴπεσκε νέων ὑπερηνορεόντων·
325 " μάλα Τηλέμαχος φόνον ἡμῖν μερμηρίζει.
τινας ἐκ Πύλου ἄξει ἀμύντορας ἠμαθόεντος
γε καὶ Σπάρτηθεν, ἐπεί νύ περ ἵεται αἰνῶς·
ἠὲ καὶ εἰς Ἐφύρην ἐθέλει, πίειραν ἄρουραν,
ἐλθεῖν, ὄφρἔνθεν θυμοφθόρα φάρμακἐνείκῃ,
330 ἐν δὲ βάλῃ κρητῆρι καὶ ἡμέας πάντας ὀλέσσῃ."
ἄλλος δαὖτεἴπεσκε νέων ὑπερηνορεόντων·
"τίς δοἶδ᾽, εἴ κε καὶ αὐτὸς ἰὼν κοίλης ἐπὶ νηὸς
τῆλε φίλων ἀπόληται ἀλώμενος ὥς περ Ὀδυσσεύς;
οὕτω κεν καὶ μᾶλλον ὀφέλλειεν πόνον ἄμμιν·
335 κτήματα γάρ κεν πάντα δασαίμεθα, οἰκία δαὖτε
τούτου μητέρι δοῖμεν ἔχειν ἠδὅς τις ὀπυίοι."
ὣς φάν, δὑψόροφον θάλαμον κατεβήσετο πατρὸς
εὐρύν, ὅθι νητὸς χρυσὸς καὶ χαλκὸς ἔκειτο
ἐσθής τἐν χηλοῖσιν ἅλις τἐυῶδες ἔλαιον·
340 ἐν δὲ πίθοι οἴνοιο παλαιοῦ ἡδυπότοιο
ἕστασαν, ἄκρητον θεῖον ποτὸν ἐντὸς ἔχοντες,
ἑξείης ποτὶ τοῖχον ἀρηρότες, εἴ ποτὈδυσσεὺς
οἴκαδε νοστήσειε καὶ ἄλγεα πολλὰ μογήσας.
κληισταὶ δἔπεσαν σανίδες πυκινῶς ἀραρυῖαι,
345 δικλίδες· ἐν δὲ γυνὴ ταμίη νύκτας τε καὶ ἦμαρ
ἔσχ᾽, πάντἐφύλασσε νόου πολυϊδρείῃσιν,
Εὐρύκλει᾽, Ὦπος θυγάτηρ Πεισηνορίδαο.
τὴν τότε Τηλέμαχος προσέφη θαλαμόνδε καλέσσας·
"μαῖ᾽, ἄγε δή μοι οἶνον ἐν ἀμφιφορεῦσιν ἄφυσσον
[2,300] ils dépouillaient les chèvres; les porcs fumaient sur les charbons embrasés. Antinoüs vient en souriant à la rencontre de Télémaque; et lui serrant la main : "Illustre orateur, mais trop emporté, dit-il, laisse là les hautes actions et le faste de tes paroles; sans troubler ton coeur de soucis fâcheux, ne songe, comme avant ce jour, qu'à partager nos festins; prends en main la coupe. On se chargera du soin de préparer tout ce qu'il faut pour ton départ; tu auras un vaisseau et des compagnons fidèles, pour qu'un vol heureux et prompt te conduise dans la divine Pylos, où tu apprendras le destin de ton illustre père." "N'attendez point", répond Télémaque, "que je participe à vos festins odieux, hommes impies, et que, paisible spectateur de votre joie, je me livre au repos et aux plaisirs. Ne vous suffit-il donc pas, ô persécuteurs de ma mère, qu'avant ce temps je vous aie laissés ravir la meilleure partie de mes biens? Je n'étais qu'un enfant; mais aujourd'hui que ma stature est formée, que je saisis les discours des sages et que je les interroge, aujourd'hui que je sens croître mon courage en mon sein, je tenterai de conjurer votre perte, soit à Pylos, soit même dans ce palais. Je pars; aucun obstacle ne me détournera de mes desseins. Je pars sur un navire étranger car, enrichis de mes dépouilles, vous jugez qu'il vous est plus utile que je ne possède ni vaisseau ni rameurs." En disant ces mots il arrache sa main de celle d'Antinoüs. Cependant on préparait le festin dans le palais. Les chefs ne cessaient de proférer la raillerie et l'injure. Quoi de plus manifeste ? disait l'un de ces jeunes insolents ; Télémaque a formé contre nous des projets de mort. Il va chercher des secours dans l'aride Pylos, ou à Sparte; ce désir le dévore. Peut-être court-il jusque dans la fertile Éphyre pour en rapporter des poisons mortels qu'il jettera d'une main furtive dans nos coupes, et nous serons tous précipités dans les enfers. Sait-on, dit un autre, si, exposé sur un frêle vaisseau, égaré par les tempêtes, il ne périra pas comme Ulysse, loin de sa patrie? Par là, que de nouveaux soins il nous imposerait ! Il nous faudrait partager tous ses biens, céder son palais à sa mère et à celui qu'elle honorerait du nom de son époux. Mais Télémaque descend dans de vastes appartements où étaient rassemblées les richesses de son père; on y voyait de grands amas d'or et d'airain, des coffres précieux où se conservaient de superbes vêtements. Ce même lieu renfermait des huiles odorantes; le long du mur étaient rangées des urnes remplies d'un vin rare, devenu miel par les ans, nectar digne des immortels, et réservé pour Ulysse, si jamais ce héros, accablé du faix des infortunes, reportait ses pas dans son palais. Des portes solides à deux battants fermaient cette enceinte. Près d'elles une femme veillait jour et nuit sur ces richesses, c'était la fille d'Ops, la prudente Euryclée. Télémaque l'appelle : "Ma nourrice, dit-il, hâte-toi de puiser du vin le plus précieux
[2,350] ἡδύν, ὅτις μετὰ τὸν λαρώτατος ὃν σὺ φυλάσσεις
κεῖνον ὀιομένη τὸν κάμμορον, εἴ ποθεν ἔλθοι
διογενὴς Ὀδυσεὺς θάνατον καὶ κῆρας ἀλύξας.
δώδεκα δἔμπλησον καὶ πώμασιν ἄρσον ἅπαντας.
ἐν δέ μοι ἄλφιτα χεῦον ἐϋρραφέεσσι δοροῖσιν·
355 εἴκοσι δἔστω μέτρα μυληφάτου ἀλφίτου ἀκτῆς.
αὐτὴ δοἴη ἴσθι· τὰ δἁθρόα πάντα τετύχθω·
ἑσπέριος γὰρ ἐγὼν αἱρήσομαι, ὁππότε κεν δὴ
μήτηρ εἰς ὑπερῷἀναβῇ κοίτου τε μέδηται.
εἶμι γὰρ ἐς Σπάρτην τε καὶ ἐς Πύλον ἠμαθόεντα
360 νόστον πευσόμενος πατρὸς φίλου, ἤν που ἀκούσω."
ὣς φάτο, κώκυσεν δὲ φίλη τροφὸς Εὐρύκλεια,
καί ὀλοφυρομένη ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
"τίπτε δέ τοι, φίλε τέκνον, ἐνὶ φρεσὶ τοῦτο νόημα
ἔπλετο; πῇ δἐθέλεις ἰέναι πολλὴν ἐπὶ γαῖαν
365 μοῦνος ἐὼν ἀγαπητός; δὤλετο τηλόθι πάτρης
διογενὴς Ὀδυσεὺς ἀλλογνώτῳ ἐνὶ δήμῳ.
οἱ δέ τοι αὐτίκἰόντι κακὰ φράσσονται ὀπίσσω,
ὥς κε δόλῳ φθίῃς, τάδε δαὐτοὶ πάντα δάσονται.
ἀλλὰ μέναὖθἐπὶ σοῖσι καθήμενος· οὐδέ τί σε χρὴ
370 πόντον ἐπἀτρύγετον κακὰ πάσχειν οὐδἀλάλησθαι."
τὴν δαὖ Τηλέμαχος πεπνυμένος ἀντίον ηὔδα·
"θάρσει, μαῖ᾽, ἐπεὶ οὔ τοι ἄνευ θεοῦ ἥδε γε βουλή.
ἀλλὄμοσον μὴ μητρὶ φίλῃ τάδε μυθήσασθαι,
πρίν γὅτἂν ἑνδεκάτη τε δυωδεκάτη τε γένηται,
375 αὐτὴν ποθέσαι καὶ ἀφορμηθέντος ἀκοῦσαι,
ὡς ἂν μὴ κλαίουσα κατὰ χρόα καλὸν ἰάπτῃ."
ὣς ἄρἔφη, γρῆυς δὲ θεῶν μέγαν ὅρκον ἀπώμνυ.
αὐτὰρ ἐπεί ὄμοσέν τε τελεύτησέν τε τὸν ὅρκον,
αὐτίκἔπειτά οἱ οἶνον ἐν ἀμφιφορεῦσιν ἄφυσσεν,
380 ἐν δέ οἱ ἄλφιτα χεῦεν ἐϋρραφέεσσι δοροῖσι.
Τηλέμαχος δἐς δώματἰὼν μνηστῆρσιν ὁμίλει.
ἔνθαὖτἄλλἐνόησε θεά, γλαυκῶπις Ἀθήνη.
Τηλεμάχῳ ἐικυῖα κατὰ πτόλιν ᾤχετο πάντῃ,
καί ῥα ἑκάστῳ φωτὶ παρισταμένη φάτο μῦθον,
385 ἑσπερίους δἐπὶ νῆα θοὴν ἀγέρεσθαι ἀνώγει.
δαὖτε Φρονίοιο Νοήμονα φαίδιμον υἱὸν
ᾔτεε νῆα θοήν· δέ οἱ πρόφρων ὑπέδεκτο.
τότε νῆα θοὴν ἅλαδεἴρυσε, πάντα δἐν αὐτῇ
390 ὅπλἐτίθει, τά τε νῆες ἐύσσελμοι φορέουσι.
στῆσε δἐπἐσχατιῇ λιμένος, περὶ δἐσθλοὶ ἑταῖροι
ἁθρόοι ἠγερέθοντο· θεὰ δὤτρυνεν ἕκαστον.
ἔνθαὖτἄλλἐνόησε θεά, γλαυκῶπις Ἀθήνη.
βῆ ἰέναι πρὸς δώματὈδυσσῆος θείοιο·
395 ἔνθα μνηστήρεσσιν ἐπὶ γλυκὺν ὕπνον ἔχευε,
πλάζε δὲ πίνοντας, χειρῶν δἔκβαλλε κύπελλα.
οἱ δεὕδειν ὤρνυντο κατὰ πτόλιν, οὐδἄρἔτι δὴν
ἥατ᾽, ἐπεί σφισιν ὕπνος ἐπὶ βλεφάροισιν ἔπιπτεν.
αὐτὰρ Τηλέμαχον προσέφη γλαυκῶπις Ἀθήνη
[2,350] après celui que tu conserves pour un infortuné, s'il échappe jamais au malheur et à la mort; remplis-en douze urnes, tu les scelleras avec soin : répands dans de fortes outres de la farine du plus pur froment ; tu en compteras vingt mesures. Mais renferme dans ton sein mon secret, et remets tout en mes mains ce soir dès que ma mère, retirée dans son appartement, sera livrée au sommeil. Je cours à Pylos et à Sparte pour apprendre, s'il se peut, des nouvelles de mon père." A ces mots, la fidèle Euryclée pousse des cris douloureux, éclate en sanglots. "O mon cher fils, dit-elle, pourquoi as-tu formé ce dessein fatal? Iras-tu t'égarer seul et sans appui sur l'immense étendue de la terre, toi l'unique rejeton de Pénélope, et l'objet de toute notre tendresse ? Hélas! il a péri le magnanime Ulysse, loin de sa patrie, chez un peuple inconnu. A peine seras-tu parti que des pervers te dresseront des embûches mortelles, et se partageront toutes ces richesses. Demeure donc ici parmi nous, assis sur ton héritage; te préservent les dieux de t'exposer aux hasards infinis de la mer indomptée et d'une vie errante !" "Calme tes frayeurs, ma nourrice", répond Télémaque, "ce dessein n'est pas né sans la volonté des dieux. Mais jure-moi de cacher durant onze ou douze jours mon absence à ma mère; attends au moins qu'elle exige la présence de son fils, ou que d'autres l'aient instruite de ce départ. Je crains que la belle Pénélope ne se consume dans les larmes." Il dit : la vieille Euryclée se lie solennellement au secret en attestant les dieux. Dès que le serment est sorti de ses lèvres, elle remplit les urnes de vin, fait couler dans les outres la fleur de farine. Télémaque rejoint dans la salle les amants de sa mère. Athéna aux yeux clairs cependant est livrée à d'autres soins. Sous les traits de Télémaque elle parcourt la ville entière, choisit ceux qui doivent accompagner ce prince, ordonne à chacun d'entre eux de se rendre au rivage dès l'arrivée des ombres du soir. Elle demande un vaisseau à Noémon fils de Phronius ; il l'accorde avec joie. Le soleil termine sa course, et la nuit ombrage la terre. Aussitôt la déesse lance aux vagues le vaisseau léger, l'arme des agrès avec lesquels le navire le mieux équipé traverse les flots, et elle l'attache à l'extrémité du port. Déjà se rassemble en foule autour d'elle les braves compagnons de Télémaque; Athéna aux yeux clairs anime chacun d'eux par ses leçons. Elle fait plus, elle vole au palais d'Ulysse : là, au milieu de leur allégresse, elle épanche la vapeur du sommeil sur les yeux des princes. Ils portaient les coupes à leurs lèvres, elles tombent de leurs mains ; ils ne peuvent prolonger le festin; assoupis, ils se hâtent de se rendre à leurs demeures ; le sommeil accable leurs paupières.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site PHILOCTETES |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 26/05/2005