[18,500] δήμῳ πιφαύσκων, ὃ δ᾽ ἀναίνετο μηδὲν ἑλέσθαι·	
 ἄμφω δ᾽ ἱέσθην ἐπὶ ἴστορι πεῖραρ ἑλέσθαι.
 λαοὶ δ᾽ ἀμφοτέροισιν ἐπήπυον ἀμφὶς ἀρωγοί·
 κήρυκες δ᾽ ἄρα λαὸν ἐρήτυον· οἳ δὲ γέροντες
 εἵατ᾽ ἐπὶ ξεστοῖσι λίθοις ἱερῷ ἐνὶ κύκλῳ,
 505 σκῆπτρα δὲ κηρύκων ἐν χέρσ᾽ ἔχον ἠεροφώνων·	
 τοῖσιν ἔπειτ᾽ ἤϊσσον, ἀμοιβηδὶς δὲ δίκαζον.
 κεῖτο δ᾽ ἄρ᾽ ἐν μέσσοισι δύω χρυσοῖο τάλαντα,
 τῷ δόμεν ὃς μετὰ τοῖσι δίκην ἰθύντατα εἴποι.
 τὴν δ᾽ ἑτέρην πόλιν ἀμφὶ δύω στρατοὶ ἥατο λαῶν
 510 τεύχεσι λαμπόμενοι· δίχα δέ σφισιν ἥνδανε βουλή,	
 ἠὲ διαπραθέειν ἢ ἄνδιχα πάντα δάσασθαι
 κτῆσιν ὅσην πτολίεθρον ἐπήρατον ἐντὸς ἔεργεν·
 οἳ δ᾽ οὔ πω πείθοντο, λόχῳ δ᾽ ὑπεθωρήσσοντο.
 τεῖχος μέν ῥ᾽ ἄλοχοί τε φίλαι καὶ νήπια τέκνα
 515 ῥύατ᾽ ἐφεσταότες, μετὰ δ᾽ ἀνέρες οὓς ἔχε γῆρας·	
 οἳ δ᾽ ἴσαν· ἦρχε δ᾽ ἄρά σφιν Ἄρης καὶ Παλλὰς Ἀθήνη
 ἄμφω χρυσείω, χρύσεια δὲ εἵματα ἕσθην,
 καλὼ καὶ μεγάλω σὺν τεύχεσιν, ὥς τε θεώ περ
 ἀμφὶς ἀριζήλω· λαοὶ δ᾽ ὑπολίζονες ἦσαν.
 520 οἳ δ᾽ ὅτε δή ῥ᾽ ἵκανον ὅθι σφίσιν εἶκε λοχῆσαι	
 ἐν ποταμῷ, ὅθι τ᾽ ἀρδμὸς ἔην πάντεσσι βοτοῖσιν,
 ἔνθ᾽ ἄρα τοί γ᾽ ἵζοντ᾽ εἰλυμένοι αἴθοπι χαλκῷ.
 τοῖσι δ᾽ ἔπειτ᾽ ἀπάνευθε δύω σκοποὶ εἵατο λαῶν
 δέγμενοι ὁππότε μῆλα ἰδοίατο καὶ ἕλικας βοῦς.
 525 οἳ δὲ τάχα προγένοντο, δύω δ᾽ ἅμ᾽ ἕποντο νομῆες	
 τερπόμενοι σύριγξι· δόλον δ᾽ οὔ τι προνόησαν. 
 οἳ μὲν τὰ προϊδόντες ἐπέδραμον, ὦκα δ᾽ ἔπειτα
 τάμνοντ᾽ ἀμφὶ βοῶν ἀγέλας καὶ πώεα καλὰ
 ἀργεννέων οἰῶν, κτεῖνον δ᾽ ἐπὶ μηλοβοτῆρας.
 530 οἳ δ᾽ ὡς οὖν ἐπύθοντο πολὺν κέλαδον παρὰ βουσὶν	
 εἰράων προπάροιθε καθήμενοι, αὐτίκ᾽ ἐφ᾽ ἵππων
 βάντες ἀερσιπόδων μετεκίαθον, αἶψα δ᾽ ἵκοντο.
 στησάμενοι δ᾽ ἐμάχοντο μάχην ποταμοῖο παρ᾽ ὄχθας,
 βάλλον δ᾽ ἀλλήλους χαλκήρεσιν ἐγχείῃσιν.
 535 ἐν δ᾽ Ἔρις ἐν δὲ Κυδοιμὸς ὁμίλεον, ἐν δ᾽ ὀλοὴ Κήρ,	
 ἄλλον ζωὸν ἔχουσα νεούτατον, ἄλλον ἄουτον,
 ἄλλον τεθνηῶτα κατὰ μόθον ἕλκε ποδοῖιν·
 εἷμα δ᾽ ἔχ᾽ ἀμφ᾽ ὤμοισι δαφοινεὸν αἵματι φωτῶν.
 ὡμίλευν δ᾽ ὥς τε ζωοὶ βροτοὶ ἠδ᾽ ἐμάχοντο,
 540 νεκρούς τ᾽ ἀλλήλων ἔρυον κατατεθνηῶτας.	
 ἐν δ᾽ ἐτίθει νειὸν μαλακὴν πίειραν ἄρουραν
 εὐρεῖαν τρίπολον· πολλοὶ δ᾽ ἀροτῆρες ἐν αὐτῇ
 ζεύγεα δινεύοντες ἐλάστρεον ἔνθα καὶ ἔνθα.
 οἳ δ᾽ ὁπότε στρέψαντες ἱκοίατο τέλσον ἀρούρης,
 545 τοῖσι δ᾽ ἔπειτ᾽ ἐν χερσὶ δέπας μελιηδέος οἴνου	
 δόσκεν ἀνὴρ ἐπιών· τοὶ δὲ στρέψασκον ἀν᾽ ὄγμους,
 ἱέμενοι νειοῖο βαθείης τέλσον ἱκέσθαι.
 ἣ δὲ μελαίνετ᾽ ὄπισθεν, ἀρηρομένῃ δὲ ἐῴκει,
 χρυσείη περ ἐοῦσα· τὸ δὴ περὶ θαῦμα τέτυκτο.
 | [18,500] et le déclarait devant le peuple, l'autre niait 
avoir rien reçu. Tous deux s'élançaient vers un témoin, 
pour en finir. La foule criait, partie pour l'un, partie 
pour l'autre, soutenant l'un ou l'autre; des hérauts contenaient 
la foule. — Les anciens étaient assis sur des pierres 
polies, dans le cercle sacré. Leurs sceptres étaient aux 
mains des hérauts dont la voix ébranle l'air. Ils les prenaient 
ensuite, s'élançaient, donnaient leur avis à tour de 
rôle. Au milieu étaient déposés deux talents d'or, pour 
celui qui, entre eux, prononcerait le jugement le plus droit.
Autour de l'autre ville campaient deux armées, brillantes 
sous leurs armes. L'alternative agréée et offerte 
par les assiégeants était ou de détruire la ville, ou de 
partager en deux tous les biens que renfermait la cité 
charmante. Mais les assiégés n'y cédaient pas encore, 
et, pour une embuscade, s'armaient en secret. Le rempart, 
leurs femmes, leurs petits enfants le défendaient
— ils s'y dressaient —, et aussi les hommes que tenait 
la vieillesse. Les autres marchaient; à leur tête allaient 
Arès et Pallas Athénè, tous deux en or et d'or vêtus, 
beaux et grands avec leurs armes, comme des dieux, 
et très reconnaissables : les soldats, au-dessous d'eux,
étaient plus petits. Une fois arrivés au lieu convenable 
pour l'embuscade, dans le lit du fleuve où était l'abreuvoir 
pour tous les troupeaux, ils s'y postaient, couverts 
de bronze flamboyant. A distance de la troupe se tenaient 
deux guetteurs, attendant de voir les moutons et les boeufs 
aux cornes recourbées. Ceux-ci furent bientôt devant 
eux, suivis de deux pâtres, heureux de jouer de la syrinx : 
ils ne prévoyaient en rien le piège. Les voyant, les hommes 
cachés leur coururent sus. Vite, ils coupèrent et cernèrent 
les bandes de boeufs, et les beaux troupeaux de moutons 
blancs, et tuèrent là-dessus les bergers.
Les assaillants, apprenant le grand bruit fait autour 
des boeufs, en avant du lieu d'assemblée, où ils étaient 
assis, aussitôt, montant sur leurs chars aux chevaux 
piaffants, y allèrent et arrivèrent à l'instant. Prenant 
position, ils livraient bataille sur les rives du fleuve; et 
les combattants se frappaient les uns les autres, avec 
leurs piques de bronze. A eux se mêlaient la Discorde, 
et le Tumulte, et la Divinité funeste du trépas, qui tenait 
un homme, vivant, mais récemment blessé, un autre 
sans blessure, un autre mort, qu'à travers la mêlée elle 
tirait par les pieds. Son vêtement, sur ses épaules, était 
rouge du sang des hommes. Ces personnages se mêlaient 
comme des hommes vivants; ils combattaient, ils tiraient
à eux les cadavres les uns des autres.
Héphaïstos mettait aussi sur le bouclier une jachère 
meuble, grasse terre de labour, vaste, qui supporte 
trois façons. Beaucoup de laboureurs, faisant tourner 
leurs attelages, les y poussaient çà et là. Quand, ayant 
fait demi-tour, ils revenaient à la limite du champ, ils 
prenaient en main une coupe d'un vin doux comme le 
miel, donnée par un homme qui s'avançait. Et ils retournaient 
à leur sillon, impatients d'atteindre la limite de
la jachère profonde. Elle noircissait derrière eux, et ressemblait 
à une terre labourée, bien qu'elle fût d'or. Et 
cet ouvrage était une merveille extraordinaire.
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